Il faut aimer le commissaire Maigret et sa gentille femme pour apprécier les « Maigret » de Simenon. Personnellement, je les aime bien ; je viens de temps en temps prendre de leurs nouvelles dans l’une ou l’autre enquête du célèbre commissaire. J’aime particulièrement Madame Maigret, qui soigne si bien son mari, qui s’inquiète de sa santé, de ses humeurs ; quand il a l’air fatigué, elle lui prépare une tisane, quand il est trop bougon elle lui propose une sortie au cinéma avec une petite pause au café du coin pour déguster la bonne bière qui berce et qui console... bref elle est charmante.

Et justement, ce « Maigret »-ci a un petit parfum supplémentaire parce que Madame Maigret s’est mêlée de l’enquête, et sans rien dire à son commissaire de mari, dites donc ! soi-disant pour ne pas le fâcher, en réalité parce que elle a estimé que, dans certains domaines comme les manies vestimentaires des dames, les hommes pourraient commettre des impairs.

Et puis ce « Maigret » est particulièrement bien troussé : il y a une fumée suspecte, un enlèvement d’enfant, une comtesse qui disparaît, un avocat véreux qui joue au plus fin avec Maigret, un ancien policier converti dans de sordides tripots et puis la meute des journalistes qui se sont jetés sur l’enquête pour en faire une affaire à sensation… Bref l’affaire est terriblement carabinée, peut-être un peu moins psychologique que d’habitude, mais passionnante de bout en bout.

Tous les « Maigret » nous réservent « un bon moment de lecture » comme dirait notre amie Koudoux, et selon moi, celui-ci, comme enquête policière, est à classer parmi les meilleurs.

Il ya la petite dame du square d’Anvers, mais si, vous savez celle qui porte un tailleur bleu et un chapeau blanc ; les deux dents humaines retrouvées dans le calorifère du Flamand qui est aussi relieur. Une malle qui disparaît, un enfant qui joue, des taxis en veux-tu en voilà où tous ces personnages, à commencer par notre commissaire préféré, sillonnent les quatres coins de Paris. La rue de Turenne, les filatures, les rebondissements, l’avocat et son bras droit sans oublier Fernande. Et si madame Maigret a une amie, c’est bien à l’insu de son plein gré.
Un Maigret très « policier « . Je le préfère quand il est « psycho ». Question de goût, notez.


Extrait :

- Vous l’aimez ?
- Ce mot-là ne veut rien dire. Il en faudrait un autre, un mot fait exprès, qui n’existe pas.