Une saison pour la peur de James Lee Burke

Une saison pour la peur de James Lee Burke
( A morning for flamingos)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Rotko, le 20 avril 2003 (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 452ème position).
Visites : 6 923  (depuis Novembre 2007)

Le "meilleur ennemi" de l'homme ? lui-même.

Dave Robicheau aurait une existence plus tranquille s'il avait l'âme moins agitée. Chargé d'accompagner deux détenus, il ne peut s'opposer à leur évasion et se retrouve éclopé et traumatisé à l'hopital, avec des cauchemars qui lui rappellent le Vietnam.
L'un de ses amis lui propose une mission pour qu'il échappe à son vague à l'âme : infiltrer un réseau de trafiquants de drogue pour mettre fin à leurs activités. Robicheau accepte d'être "un judas de profession", auprès du caïd Tony Cardo, personnage plus complexe qu'il n'y paraît, et qui curieusement lui ressemble. "Nous avons tous notre petit panier de serpents personnel", dit ce "caïd", drogué aux amphètes.
La violence chez Burke n'est plus le monopole des méchants, elle est dans l'histoire du pays, et dans les obsessions des personnages. L'adversaire est moins l'ennemi que soi-même. Pas lieu d'être fier de soi : on fut peureux, alcoolique, infidèle, on ne sait même plus sur quelle rive est la loyauté.
Burke dépasse donc le cadre du thriller traditionnel, et son écriture témoigne de l'influence d'Hemingway, ici avouée, et encore plus visible dans
"Vers une aube radieuse".

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Une amitié risquée

10 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 14 août 2023

Ce quatrième opus de la série "Dave Robicheaux" est assurément une totale réussite et probablement mon préféré pour le moment (je n'en ai lu que 5 sur les 23 de la série ; "Dans la brume électrique...", qui est le sixième, il y à longtemps, et les quatre premiers). "Une saison pour la peur", traduction hasardeuse, extrêmement libre même, de "A Morning for flamingos" (l'explication du titre original est donnée vers la moitié du roman, par le personnage de Kim), montre Robicheaux accepter une mission risquée proposée par un ami appartenant au SRS (un office fédéral anti-drogue) : infiltrer la pègre de la Nouvelle-Orléans, et plus particulièrement la bande de Tony Cardo, afin de les faire tomber pour trafic. Pour lui qui sort tout juste d'un vrai traumatisme (il s'est fait tirer dessus, et a failli y passer, par un taulard qu'il escortait jusqu'au pénitencier d'Angola, afin qu'il y soit exécuté ; le taulard s'est fait la malle, embarquant avec lui un autre condamné à mort, probablement innocent mais de couleur noire, dont un membre de la famille supplie Robicheaux de l'aider à l'innocenter), la mission est plus que risquée, mais il l'accepte tout de même, et va se lier d'amitié avec Cardo, un mec plus complexe qu'il n'y paraît, avec qui il partage certains points communs...
Pas très étendu (430 pages en poche), ce quatrième cru est une vraie réussite, je ne vois rien à dire de négatif. Dialogues encore une fois parfaits, descriptions savoureuses, ambiance magnifique, James Lee Burke y brille de mille feux. Ca ferait un film remarquable.
J'aimerais cependant bien savoir qui est ce mec sur la couverture (une photo issue d'un film ? On dirait vaguement Dennis Hooper mais je ne pense pas que ça soit lui quand même). J'ai eu du mal à ne pas mettre cette tête sur le personnage de Cardo, malgré qu'il ne soit pas décrit de cette manière dans le roman...

Vengeance aveugle !

8 étoiles

Critique de Pakstones (saubens, Inscrit le 2 septembre 2010, 58 ans) - 10 mai 2014

Hey sucker, voici le retour de Dave Robichaux, ex flic alcoolo, hanté par un passé tragique et attiré par des sables mouvants.

C'est suite à un arrachage qui va mal tourner, que "belle mèche" va accepter un taf des plus dangereux.
Infiltrer la mafia de la New Orléans au coté de Tony Cardo, caïd de la dope, plombé aux amphét.

Une histoire de coeur va renaitre avec Bootsie Mouton, son premier A., mais son désir de vengeance prédomine dans cette foutue histoire, et va l'amener dans une spirale violente au risque de tout perdre.

Boggs, Boggs, Boggs, tu dynamites cet horizon mortuaire semé de déchirure indélébile.

Et c'est bien ça ce que l'on aime chez J.L. BURKE, ne pas savoir la limite du bien et du mal, ne pas savoir qui va se faire repasser, ne pas savoir le dénouement avant d'avoir fini le dernier chap.

Podna, je te le dis, tu as là un putain de book, qui va te faire glisser quelques perles de sueurs froides dans le dos.

J't'aurai prévenu old men !!!

Dave Robicheaux : quatrième acte

8 étoiles

Critique de Ayor (, Inscrit le 31 janvier 2005, 52 ans) - 23 janvier 2011

Le scénario est cette fois-ci un peu différent puisque l'auteur nous propose une plongée directe dans le milieu de la pègre de La Nouvelle Orléans.
Et une fois de plus il sait y faire pour nous proposer une bonne histoire, même si je l'ai trouvée peut-être un ton en dessous des trois premières. On commence à bien connaitre son héros récurrent, Dave Robicheaux, qui ici se pose tout un tas de questions sur sa loyauté, sur ce qu'il doit faire et bien évidemment sur lui-même. Le travail d'introspection et le suspense qui en découle sont des plus intéressants, tout comme d'ailleurs la psychologie des personnages secondaires.
Et toujours en toile de fond, ces paysages fantastiques décrits avec précision et passion par un écrivain talentueux.

Ayant repris du service auprès du shérif pour rembourser des dettes contractées dans l'épisode précédent, Dave Robicheaux tombe dans une embuscade lors d'un transfert de prisonniers. Gravement blessé, il se remet doucement de ce traumatique évènement lorsqu'il est contacté par Minos P.Dautrieve, un ami faisant partie de la force présidentielle sur les stupéfiants, qui lui propose une infiltration au sein de la bande de Tony Cardo, un des boss de la pègre de La Nouvelle Orléans. D'abord hésitant, Dave accepte finalement le travail.

Et un plaisir de lecture

7 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 7 novembre 2007

« Elle avait toujours aimé les roses et les belles-de-nuit. Les parterres fleuris sur sa pelouse et dans les zones ombragées autour de la coulée en étaient couvertes, lorsqu’elle habitait Spanish Lake. Aujourd’hui, elle cultivait des belles-de-nuit mauve et or le long du mur du patio sur Camp Street. Leurs fleurs avaient déja grainé avant l’hiver et les semences ressemblaient à de gros grains de poivre noir sur les briques patinées, mais ses rosiers jaunes et hybrides de bleu étaient encore épanouis, les roses aussi grosses qu’un poing. Le ciel à l’ouest était zébré de pourpre au travers des chênes, et des feuilles mortes flottaient au-dessus des tunnels de lumière sous-marine dans sa piscine. L’air était lourd, chargé du goût fumé de la viande qui grillait sur le barbecue, frais et doux-amer de toutes les senteurs de l’automne, telles ces odeurs de chaumes de cannes à sucre en train de brûler ou de noix de pacane en train de moisir dans leur coque sous l’arbre. »

On est en Louisiane, là, à la Nouvelle-Orléans, puisque dans la série « Dave Robicheaux ». Qui pourra douter à la lecture de l’extrait ci-dessus, d’une part de l’amour de James Lee Burke pour sa Louisiane, d’autre part de l’importance donnée dans son écriture aux odeurs, aux images, aux goûts, mais également aux sentiments, souvent violents et contradictoires des protagonistes. C’est que, manifestement la Louisiane n’est pas une contrée tendre pour les humains qui y résident,
Dave Robicheaux, dans cet épisode, a repiqué au travail chez le shériff (curieux pays quand même !), pour de simples raisons alimentaires. Et il est d’entrée confronté à un sale boulot : convoyer deux condamnés à mort vers l’endroit ultime. Ca va mal se passer puisque son collègue se fera tuer, que lui-même se prendra une balle dans le ventre et que les deux condamnés s’échappent.
Dans le laps de temps qui suit ; no man’s land entre la vie normale et l’inactivité, celui de la convalescence, Dave sera confronté, comme souvent chez James Lee Burke, aux fantômes de sa vie passée, et notamment de son passage à la guerre au Viet-Nâm. Il va, peut-être pour exorciser ces démons, aller un peu plus loin et prendre des risques insensés en acceptant de jouer l’infiltration, comme faux flic défroqué, de la Mafia de la drogue à la Nouvelle-Orléans. Là rien ne se passera comme il pouvait le prévoir. D’ailleurs avec James Lee Burke, ça se passe rarement comment on pourrait le prévoir ! Les sentiments les plus purs comme les plus obscurs vont prendre le pas sur sa mission et … vogue la galère.
Mais Clete Purcell est là pour veiller sur son ami. Des forces plus obscures aussi peut-être ? Anecdotiquement, c’est dans cet épisode que Dave Robicheaux retrouve Bootsie Mouton, son amour de jeunesse et que l’histoire se renoue.
C’est violent, c’est fort, bourré d’émotions (et au pays de l’oncle Sam ce n’est peut-être pas toujours facile à mettre en exergue). Personnellement je vibre toujours autant sur James Lee Burke, au point d’avoir l’impression d’avoir déjà voyagé près de la Nouvelle-Orléans !

Robicheaux joue copain-copain avec un caïd

9 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 27 août 2007

Voilà que notre Robicheaux a repris du service auprès de la police! Et l’une de ses premières tâches sera d’infiltrer un réseau de trafiquants de drogue, ce qu’il accepte bon gré mal gré. Il joue tellement finement qu’il deviendra l’ami du caïd, Tony Cardo. Et c’est ici que l’on voit l’un des atouts principaux de la psychologie des personnages de Burke : jamais blancs, jamais noirs, toujours gris. Car ce Tony Cardo semble avoir un bon fond. Il s’occupe à merveille et avec un dévouement sans limite de son petit garçon handicapé, par exemple. A tel point que ses supérieurs doivent plusieurs fois prendre Robicheaux entre quatre z’yeux pour lui rappeler que ce même Tony est celui qui vend de la drogue, qui s’enrichit proportionnellement à la dépendance de certains, qui ne fait pas de quartier à ses ennemis, qui tue lorsqu’il le faut. Bien sûr, la morale sera sauve, mais comme toujours avec Burke, cette morale est nuancée, ses limites sont floues, il n’y a pas d’absolu avec lui, que du relatif. Cela vaut également pour ses relations avec Bootsie, son premier amour qu’il retrouve par hasard dans cet univers. Avec elle, cela se passera plutôt bien, trop peut-être ? Trahira-t-elle ses confidences ?

Ce volume est très abouti et figure certainement parmi les points forts des aventures de Robicheaux.

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