Swan Peak de James Lee Burke

Swan Peak de James Lee Burke
(Swan Peak)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par BMR & MAM, le 3 juin 2012 (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 63 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 202ème position).
Visites : 4 414 

Cadavres en série sous le Big Sky

Après les mémorables Brumes électriques du bayou, on continue la route de l'ouest avec James Lee Burke, du côté de Swan Peak.
Comme leur auteur, les héros de J.L. Burke quittent de plus en plus souvent la Louisiane où Katrina a ravagé les côtes et les coeurs.
Nous voici donc avec James Lee Burke, Dave Robicheaux et les autres sous le Big Sky du Montana.
Comme toujours avec cet auteur, les paysages font partie non pas du décor mais de l'histoire et même des personnages qui sont indissociables des espaces dans lesquels ils vivent.
Dave Robicheaux, sa femme Molly, son pote Clete, sont venus pêcher dans les rivières du Montana, aux pieds des Rocheuses, sous le grand ciel bleu.

[...] Il y avait encore des endroits où l'on pouvait vivre sans être sur ordinateur, se dit-il, des vallées juste en bord de route, sur les hauteurs de la ligne Idaho-Montana. Il connaissait une ville, au nord du Nevada, à deux mille mètres d'altitude, où l'on allait chercher son courrier à la poste restante et où l'on passait son temps à jouer aux cartes et à pêcher la truite dans une rivière si froide que les arc-en-ciel avaient sur les flancs une bande d'un violet pourpre.

Mais les vacances s'arrêtent là. Avec James Lee Burke pas question de passer de bons moments entre potes à taquiner la truite. Pour la pêche à la mouche, voyez plutôt le regretté William G. Tapply.
Dans l'Amérique de J.L. Burke, les Rockies sont toujours là, le ciel est toujours bleu, mais rien ne va plus. Il ne reste que deux générations de cow-boys meurtris par les guerres du Vietnam (ça on connaissait) et d'Irak (et oui, désormais). Il ne reste que la nostalgie d'un Ouest qui n'est plus ce qu'il était.
Il ne reste que le fric et la violence (j'allais dire gratuite, mais non justement).
Du fric, il y en a dans ces coins de pêche idylliques où sont installés quelques milliardaires peu regardant sur les conditions de leur réussite.
De la violence, il y en a pendant les vacances de Dave et Clete puisqu'un tueur commet des crimes plutôt horribles sur une série de victimes qui ne semblent pas avoir grand chose de commun entre elles.
Mais comme d'habitude avec cet auteur peu importe l'intrigue policière qui n'est là que pour nous tenir en éveil : si on lit J.L. Burke c'est avant tout pour son ambiance et les errances de ses personnages poursuivis par leur passé, tourmentés entre alcool, sexe, violence, religion, amour, vengeance, ... et j'en passe.
Et des personnages, il y en a : les seconds rôles sont largement fouillés, peut-être même plus que Dave Robicheaux lui-même, que l'on est supposé bien connaître désormais. L'histoire est complexe, touffue parfois même brouillée (c'est pas forcément ce qu'on apprécie le plus chez J.L. Burke) et il faut accepter de se laisser balader par le bout du nez sous le grand ciel bleu du Montana.

[...] Il était temps d'envisager les choses sous un autre angle. La convergence de tant d'éléments divergents sur le ranch d'Albert était trop forte pour qu'il s'agisse dune coïncidence. Clete était entré sans le faire exprès sur le ranch Wellstone, suscitant une réaction des employés de Wellstone, puis des Wellstone eux-mêmes. Un étudiant ayant des liens avec les prédicateurs des Wellstone avait été enlevé et assassiné sur la crête derrière la maison d'Albert. [...] Enfin, Troyce Nix, lui aussi du Texas, était apparu sur la scène, à la recherche d'un homme qui lui avait planté une lame, un homme dont je pensais qu'Albert savait qu'il s'agissait de son nouvel employé.

Il y a du théâtre grec dans le Montana. De la tragédie. Les histoires de chacun convergent ici et la conjonction de tous ces destins ne présage rien de bon. Page après page on s'achemine inexorablement vers la catastrophe.
Même le shérif du coin voit bien qu'avec Dave et son pote Clete, ce sont les ennuis qui arrivent :

[...] Vous n'avez pas la maladie de la vache folle, en Lousiane, non ? Au Montana, c'est ce qu'on craignait le plus. Du moins, jusqu'à ce que vous arriviez les gars.

On aurait peut-être dû numéroter les cadavres ...

Pour celles et ceux qui aiment les grands espaces.

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Dave Robicheaux, 17ème opus

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 30 décembre 2017

James Lee Burke, Louisianais de naissance et de coeur, a aussi une autre résidence privilégiée, à l’autre bout du pays : le Montana. Et de fait il a un autre héros récurrent, Billy Bob Holland, qui évolue là-bas.
Dave Robicheaux avait déjà eu l’occasion de vivre un épisode au Montana, en compagnie de Clete Purcel, et l’épisode (« Black cherry Blues ») avait laissé des traces. Cette fois Dave Robicheaux revient au Montana avec Molly, sa femme, et Clete Purcel pour venir pêcher (faire un coucou à Jim Harrison peut-être !!) dans le ranch d’un ami. Bien sûr, James Lee Burke n’a pas écrit un épisode au Montana pour ne nous parler que de pêche à la truite même si son aptitude à faire vivre des paysages est réelle, et Dieu sait que les paysages du Montana sont inspirants !
Et non ! C’est qu’il se passe de drôles de choses justement. Et il y a aussi de vieilles relations qui se manifestent auprès de Dave et Clete, des relations qui datent de leur premier passage au Montana qui s’était soldé par l’élimination de Sally Dio, un boss de la Mafia. Deux anciens hommes de main qui reconnaissent Clete et qui ne lui veulent pas spécialement du bien. Et puis des meurtres apparemment sans lien ; deux étudiants. Et puis le shériff de Missoula qui voit l’arrivée de Dave Robicheaux comme une des « plaies d’Egypte » plutôt que comme une aide mais qui collabore avec lui pourtant.
Et puis une enquête pas forcément simple, mais l’occasion surtout pour James Lee Burke de magnifier cette nature démesurément belle du Montana. Et pour le lecteur de retrouver ce lyrisme particulier et cette façon de considérer la condition de « l’Homo Americanus », sans illusions et en toute franchise de James Lee Burke.
Des personnages toujours bouleversants, d’autres à classer au rang de vermine, des milliardaires qui sont toujours du même côté du manche … Je brûle de l’envie de lire ce que James Lee Burke pourra nous écrire dans le contexte « Donald Trump » !

Dave Robicheaux : dix-septième acte

8 étoiles

Critique de Ayor (, Inscrit le 31 janvier 2005, 51 ans) - 10 février 2015

Ce roman se déroule dans le Montana où Dave Robicheaux, son épouse et Clete Purcel passent quelques temps chez un ami possédant un ranch dans les montagnes.
Comme à son habitude, l'auteur nous donne une description riche de la faune et de la flore de l'endroit où de déroule cette histoire. Mais c'est surtout dans le domaine de la psychologie humaine qu'il excelle avec des portraits ciselés à l'extrême. D'ailleurs James Lee Burke ne sait pas faire dans la simplicité, à tel point que certaines situations sont à la limite de la compréhension, et les dialogues tellement blindés d'allusions et de non-dits que les suivre relève souvent de l'exploit. Il faut avouer que cela est parfois pénible, et que l'on peut légitimement se demander comment font les protagonistes pour se comprendre et s'y retrouver tant le manque de clarté est évident.

Sinon rien de neuf concernant une intrigue et des personnages semblables à ceux des tomes précédents. James Lee Burke pourrait en écrire des dizaines d'autres du même genre sans spécialement se renouveler, et pourtant il réussit toujours à nous embarquer.

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