Le vent qui gémit de Tony Hillerman

Le vent qui gémit de Tony Hillerman
( The wailing wind)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par El grillo, le 5 août 2009 (val d'oise, Inscrit le 4 mai 2008, 50 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 814ème position).
Visites : 4 537 

Un vent bref et léger

Lorsque Bernadette Manuelito, membre de la police Tribale Navajo et collègue de Jim Chee, tente de reconstituer le parcours effectué dans la journée par l’homme qu’elle a découvert mort dans un pick-up truck abandonné, il est pour elle naturel de s’interroger sur les graines et les bardanes restées accrochées au corps, et de se tourner vers Hosteen Yellow, le frère aîné de sa mère, homme-médecine aux conseils empreints d’une grande sagesse. Imprégnée de sa culture, elle ne va toutefois pas inspecter le cadavre avec toute la précision requise et se méprend sur la cause du décès.
Ce début d’enquête raté va lui être reproché par le FBI et par voie de conséquence, par son supérieur, le sergent Jim Chee. Bernie, outrée, décide de travailler en franc-tireur, parcourt les lieux où le crime a pu être commis... Leaphorn, récemment retraité et parcouru de fourmis dans les jambes, décide de donner un coup de main à ses ex-collègues quand il apprend que la mort du jeune homme pourrait être lié à une vieille affaire de meurtre par légitime défense entre deux baroudeurs du coin, épris l'un l'autre des filons d'or de la région.


Un bon début, Hillerman ajoute un troisième larron, plutôt larronne, à son duo habituel en la personne de Bernadette, pas franchement encore à l'aise avec les procédures de scènes de crimes et encore influencée dans ses démarches professionnelles par son background Navajo. Vous me direz, c'est pour ça qu'on lit du Hillerman: avoir un autre abord, une vision différente d'une enquête classique par le biais de méthodes non conventionnelles dues à la culture indienne.
L'effet ne prend pas tout à fait ici où l'enquête se révèle finalement assez traditionnelle avec toutefois quelques bons passages liés le plus souvent aux visites dans le milieu Navajo et aux attributs culturels qui en découlent. Pour le reste, les multiples interrogatoires et le peu d'action peuvent rendre cette lecture lymphatique, heureusement, le roman est court.
J'ai lu çà et là que le roman est décrit par quelques-uns comme une oeuvre mineure d'Hillerman, je veux bien le croire.

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Opus n°15 de Tony Hillerman

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 23 octobre 2022

Tony Hillerman est un auteur de polar ethnique, centré sur les Navajos et les Hopis (Sud-Ouest des USA, entre Nouveau-Mexique et Arizona), qui, entre 1970 et 2006 a publié 18 ouvrages qui constituent un tout, une suite, avec pour protagonistes principaux Joe Leaphorn, puis Jim Chee, tous deux de la Police Tribale Navajo.
Les trois premiers ouvrages constituent la trilogie Joe Leaphorn, les trois suivants la trilogie Jim Chee. Les romans de Tony Hillerman se distinguent par une volonté quasi ethnographique d’informer le lecteur des us et coutumes navajos, des paysages dans lesquels Hopis et Navajos évoluent. Une intrigue policière soutient le corps du roman et Joe Leaphorn comme Jim Chee sont là pour la résoudre.
Pour qui a pu voyager dans ces déserts de la région des « Four corners », la lecture de Tony Hillerman résonne terriblement. Pour ceux qui prépareraient un voyage par là-bas, sa lecture est des plus profitable.
Joe Leaphorn est à la retraite mais s’embête bien un peu et le sergent Jim Chee est aux affaires avec une jeune enquêtrice, navajo elle aussi, Bernadette Manuelito.
Bernadette est envoyée sur les lieux désertiques – en même temps, dans les « four corners » y a-t-il autre chose que des lieux désertiques ?!- où un pick-up a été abandonné. Elle y découvre un cadavre à l’intérieur et faute d’avoir été suffisamment vigilante, elle ne perçoit pas qu’il s’agit d’un meurtre et perturbe quelque peu la scène de ce qui est en réalité un crime. D’où réprimandes sévères de son chef, Jim Chee, dont elle est plutôt amoureuse et surtout du FBI qui la considère, bien sûr du haut de leur statut de Fédéraux, comme quantité négligeable.
Elle ne baissera pas les bras et poursuivra en sous-marin les investigations pour tenter de se racheter. C’est d’ailleurs de son point de vue que nous suivons cette enquête, toujours aussi passionnante pour qui s’intéresse à cette civilisation navajo et à ce coin de l’Ouest des USA.
Petite histoire féministe pour conclure, racontée par le « vieux » Joe Leaphorn à Bernadette Manuelito :

»- Quand j’étais beaucoup plus jeune, un vieux monsieur zuni m’a raconté la légende qui correspond à ça, chez eux. Deux de leurs jeunes chasseurs sauvent une libellule prisonnière de la boue. Elle leur accorde les souhaits auxquels on a généralement droit dans ce genre d’histoire. L’un des deux exprime le désir de devenir l’homme le plus intelligent du monde. La libellule lui répond : « Accordé ». Mais le second chasseur veut être plus intelligent que l’homme le plus intelligent du monde.
Sur ces mots, il observa un instant de silence, en partie pour ménager ses effets, en partie pour voir si Bernie avait déjà entendu une version de ce récit, et en partie pour s’assurer qu’elle avait suffisamment retrouvé le moral pour l’écouter. Elle l’écoutait.
- Alors la libellule change le second chasseur en femme, dit-elle en riant et en hachant la tête. »


A propos d’intelligence, lisez Tony Hillerman. C’est un monstre d’intelligence et de bienveillance …



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