Un requiem allemand de Philip Kerr

Un requiem allemand de Philip Kerr
( A German requiem)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Sibylline, le 28 octobre 2004 (Normandie, Inscrite le 31 mai 2004, 74 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 618ème position).
Visites : 7 904  (depuis Novembre 2007)

L'après guerre

Troisième volet de la « Trilogie berlinoise ».
Nous sommes en 1947, toujours à Berlin. Hitler est mort et la guerre est finie. La ville n’est pratiquement plus que ruines et nous retrouvons notre personnage principal : Bernard Gunther. Il avait fini la guerre comme soldat, sur le front russe. Maintenant, revenu dans les ruines de Berlin, il a repris son activité de détective privé, se faisant davantage payer par le troc que par monnaie peu sonnante. L’époque, là encore, joue un rôle primordial. Elle est à la misère, aux maisons détruites, aux occupants méprisants et omnipotents ainsi que, de chaque côté, à la force qui fait droit. Bref, une situation d’invasion récente. La ville est divisée en secteurs, que les armées des vainqueurs se sont partagés. Le pire, c’est le côté russe, et justement, c’est là que Bernie va devoir mener son enquête.
Engagé par un colonel des forces d’occupation russes afin de prouver l’innocence d’une ancienne connaissance accusée d’avoir tué un officier américain, Gunther est toujours aussi réaliste. Pas de détective qui prend en riant de terribles coups sur le crâne qui le laissent inconscient, mais pas diminué, pas de héros qui vit de l’air du temps, pas de charmeur dans les bras duquel toutes les femmes se précipitent. Rien de tout cela. Un type qui a presque l’air vrai, avec ses difficultés et la misère sordide autour.
Cet après-guerre est, pour notre détective, l’occasion d’un regard sur son passé, sur ce qu’il a pu être amené à faire. Bernie ne se sent pas innocent de tout comme pourrait l’être le héros toujours sûr de lui d’un polar moins fouillé. L’après-guerre est aussi, pour les nazis, l’occasion et plus, la nécessité absolue, de s’organiser un anonymat alors que se déroulent les procès de Nuremberg et que les troupes d’occupation sont à la recherche fébrile des meneurs, tant pour les éliminer que pour, au contraire, les employer (ne nous le cachons pas). L’époque n’est guère à la déontologie.
Kerr, nous conduit ainsi sur la piste d’Heinrich Müller, chef de la gestapo (effectivement disparu en 1945) et que nous retrouvons ici. Tout comme nous retrouvons Arthur Nebe (chef de la police criminelle) qui, mêlé à l’attentat contre Hitler, est censé avoir été pendu en 1945. Pour la vraie histoire, Nebe a bel et bien été pendu, quant au gestapo Müller, on ne l’a jamais retrouvé. Il devait être sous les ruines de Berlin, mais il y a des contestations à ce sujet et on l’a beaucoup cherché…
Une intrigue compliquée, où personne n’est ce qu’il a l’air d’être, mais passionnante.
Pour situer l’ambiance, quand le livre se termine, le lecteur passe sur le tournage d’une scène du film « Le troisième homme »…

On peut ne lire qu’un des romans de cette trilogie, ou encore lire les trois dans le désordre. Ils sont parfaitement compréhensibles distinctement. Mais pour les amateurs, je conseille vivement la lecture des trois dans l’ordre. C’est plus agréable.
Trilogie berlinoise : « L’été de cristal », « La pâle figure » et « Un requiem allemand »

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La rédemption d’un héros

9 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 6 mai 2018

Au début de l’année 1948 dans un Berlin dévasté à la veille du blocus, nous retrouvons au cours de ce troisième volet, Bernie Gunther, là où les nouveaux maîtres des lieux, les Américains et les Russes mettent en place les jalons de la guerre froide. Il est rapidement envoyé à Vienne, à l’époque occupée tant par les Soviétiques que par les alliés occidentaux. Les Russes n’ont en effet renoncé à l’Autriche qu’en août 1953 ; un changement de stratégie liée à la mort de Staline.

Au cours du récit on découvre progressivement les activités de notre héros pendant la guerre, son enrôlement dans les SS, son passage par un camp de prisonniers et son évasion avant d’échapper à une mort certaine. Au cours de ces années, il n’a pas perdu sa franchise, le sens de sa répartie et son humour. Il a repris ses activités de détective et s’est remariée.

Un colonel russe lui confie une enquête dont l’objectif réel est visiblement caché, mais comme il s’agit de sortir d’un mauvais pas son ancien collègue Emil Becker, victime d’une cabale et qui risque la corde, il accepte de s’impliquer dans cette nouvelle affaire qui va tenir le lecteur en haleine.

Toujours de la même veine et un nouveau mélange de fiction et d’histoire contemporaine qui captivera les amateurs de ce genre de roman.

On observe un schéma assez semblable aux deux premiers épisodes, soit une trame où les cadavres s’amoncellent au cours des chapitres, mais derrière toute cette viande froide, c’est la démonstration d’enjeux beaucoup plus vastes qui rend le récit plus politique que policier. Mais il y a quelque chose plus par rapport aux épisodes précédents, c'est la possibilité laissée à un ancien SS de racheter son passé en se convertissant en chasseur de criminel de guerre. Une bonne manière de conclure cette trilogie berlinoise.

Troisième épisode de la Trilogie berlinoise

9 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 12 juillet 2013

Un aparté tout d’abord ; étonnant que ce soit un romancier écossais qui s’empare de cette période de l’Histoire et du lieu, l’Allemagne nazie. Etonnant ? Un peu moins quand on apprend que Philip Kerr, outre qu’il est écossais est d’abord historien.
Trilogie ? Oui, il y a trois romans (« L’été de cristal », « La pâle figure », « Un requiem allemand ») qui se suivent, chronologiquement en tout cas même si des périodes sont sautées, et avec un héros récurrent : Bernhard Günther, alias Bernie pour les intimes, une espèce de Nestor Burma des années 30 – 40, à l’accent totalement germanique !
Philip Kerr fait carrément l’impasse sur les années de la guerre et nous emmène directement en 1947. Berlin est occupé par les quatre nations victorieuses et déjà l’occupation soviétique s’avère la plus terrible. On apprend au fil de la narration qu’en tant que policier Bernie a été versé chez les SS, mais que pour éviter d’avoir à refuser des ordres d’élimination physique de civils, de prisonniers, il a demandé à être transféré au front russe. Il a été fait prisonnier et s’en est sorti. Et maintenant il reprend, vaille que vaille dans une ville dévastée, son activité de détective privé. Mais le syndrome « Nestor Burma » s’estompe, on rentre plutôt dans l’ambiance « Troisième homme », le roman de Graham Greene. D’autant que, dans le cadre d’une intrigue particulièrement sophistiquée évoquant plutôt le billard à … beaucoup de bandes ( !), il se fait recruter par un colonel du Renseignement russe pour aller, à Vienne, trouver les preuves de l’innocence d’un ancien collègue de Bernie, Becker, dans le meurtre d’un officier américain.
L’ambiguïté qu’on imagine régner en ces années et en ces lieux, croisements des nations victorieuses qui jouent chacune leurs partitions, est remarquablement rendue. Bernie se retrouve manipulé à son insu et nous assistons en toute fin, lors du retour à Berlin, à ce qui préludera à l’engrenage menant au Mur, la fameux Mur de Berlin – pas si vieux finalement et qui nous apparait pourtant tellement anachronique …
Il y a de la chasse aux Nazis, des actes de simple survie, des manœuvres de barbouzards … On s’y retrouve, avec bonheur. Philip Kerr a signé là de la belle ouvrage !

Troisième round

8 étoiles

Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 45 ans) - 9 mai 2013

Grâce à "un requiem allemand", Philip Kerr entraîne le lecteur dans Berlin et Vienne de l'après guerre. Dès le départ, j'ai mis le pied en 1947, au milieu des manipulations des services de renseignements russes et américains, qui ont pris une place importante dans l'Allemagne et l'Autriche vaincues. Du côté nazi, les anciens hauts gradés, très utiles pour ces service de renseignements, gardent une grande influence et une grande force psychologique, qui leur permettent d'avoir une nouvelle fois le droit de vie ou de mort sur les individus.
C'est dans ce contexte que Bernie est entraîné, pour l'argent, dans cette spirale d'espions où il ne peut faire confiance à personne et est utilisé par les deux camps afin d'arriver à leurs fins.
Dans ce troisième volet de la trilogie berlinoise, le personnage de Bernie Gunther se façonne avec ses points forts (force de caractère, honnêteté, persévérance, insolence...) et ses points faibles (les femmes, son histoire personnelle...). Et on comprend bien volontiers que ce personnage pourtant si fort, ne peut que subir les lois de son époque et doit vivre avec le passé terrible du peuple auquel il appartient.
Au fil des romans, Bernie devient de plus en plus attachant, et je prends un réel plaisir à le suivre dans ses enquêtes.

Un Requiem allemand

6 étoiles

Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 45 ans) - 6 août 2011

Je dois avouer que je suis assez déçu de ce troisième tome de la trilogie berlinoise. Le deux premiers étaient quand même assez bons et avaient une ambiance que j'aimais beaucoup. Avec ce troisième tome, j'ai l'impression d'avoir perdu cette ambiance. De plus, l'histoire était ennuyante par moments. J'ai eu beaucoup de difficulté à embarquer. Tout le livre fait allusion aux maladies transmissibles sexuellement. Un moment donné ça commence à en devenir achalant. Je ne suis pas encore certain de lire les deux autres livres que l'auteur a écrit après. On verra avec le temps.

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