La femme au masque de chair de Donna Leon

La femme au masque de chair de Donna Leon
(About face)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par CH, le 4 juin 2012 (Inscrit le 2 janvier 2007, 71 ans)
La note : 4 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 962ème position).
Visites : 5 457 

En quête d'enquête

Donna Leon aime Venise. Elle l'a prouvé dans ses précédents livres et le montre encore dans celui-ci.
Son roman fleure bon de ces rues et canaletti hors des sentiers battus par les touristes. Les restaurant et bars connus des seuls initiés sentent l’authenticité.
On y retrouve aussi une société empreinte de traditions et de culture.

Donna Leon sait parfaitement capter les traits de la société vénitienne. Le commissaire est de l'ancienne école où le contact humain prime sur les nouveaux gadgets informatiques.
Elle sait aussi dépeindre l'ambiance d'un microcosme professionnel. A travers la hiérarchie du commissaire, on y retrouve tous les archétypes des ambitieux, des incompétents, des serviles et des indispensables.
Elle montre également le cloisonnement qu'il y a entre les polices locales et les carabinieri.

Donna Leon montre les deux faces du monde affairiste de la Cité. On y retrouve les codes de déontologie de la bonne société, mais aussi les codes d'honneur de l'autre société; celle venue de Naples... où l'argent n'a pas d'odeur.
On voit aussi que Venise subit les règles des marchés de la mondialisation.

Là où Donna Léon pêche, c'est au niveau de la trame de l'enquête. Le trafic des déchets sert de fil conducteur. Bon sujet en soi, mais l'intrigue est aussi simpliste que son traitement.

Et la femme au masque de chair dans tout cela? Juste un zeste d'amour.

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Trafic de déchets

7 étoiles

Critique de Anonyme12 (, Inscrite le 27 février 2010, 14 ans) - 6 mars 2016

Trafic de déchets à Venise salie par des irresponsables, un sujet abordé autour d'un verre de grappa, comme souvent chez Brunetti, et c'est ce qui en fait le charme. L'histoire démarre lentement, (James Bond n'était pas libre) au rythme des vaporetto et de Venise sous la neige. Les choses deviennent plus gênantes lorsqu'on découvre un mort puis un deuxième , d'un service concurrent, au centre industriel de Marghera. Argent sale, mafia, casino... loin de la carte postale ...Le chapitre 22 apporte un éclairage intéressant sur la destination de ce trafic , et Donna Leon , en bonne scénariste, sait éviter les poncifs et apporter un peu de profondeur et de complexité au personnage de Brunetti , en proie à des contradictions. Ici, son beau-père va jouer un rôle important. Un nouveau personnage apparaît également et va donner un autre point de vue sur la signora Franca, pour un dénouement surprenant.
Un bon scénario, mais une petite faiblesse sur l'intrigue, des liens indéfectibles aussi avec Venise, y a-t-il un victorieux dans cette affaire, si ce n'est l'amour familial, c'est la question que l'on peut se poser.

Qui est Franca Marinello?

8 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 5 juin 2013

Fidèle à ses héros, Donna Leon nous emmène une nouvelle fois au sein de la famille Brunetti. Les enfants grandissent, mais Paola est toujours une professeure aussi érudite et Guido un commissaire vénitien amateur de bon vin et des petits plats préparés par son épouse.

C'est chez les parents de Paola que va débuter l'intrigue. Le comte Falier, riche et distingué homme d'affaires, a invité sa fille et son gendre à un souper élégant, plaçant Brunetti face à Franca Marinello, l'épouse d'un certain Cataldo, riche homme d'affaires, soucieux de s'associer avec le Comte. La jeune femme, deux fois plus jeune que son mari, impressionne d'abord le commissaire par son visage ; entièrement refait et donc curieusement inexpressif. Puis, elle le séduit par ses connaissances littéraires, et la qualité de ses lectures classiques.
Mais rien n'était dû au hasard ; le lendemain, son beau-père l'appelle pour lui demander ce qu'il pense de Cataldo et de sa femme, puis quelques jours plus tard , c'est l'épouse elle-même qui vient au bureau de Brunetti.

Parallèlement, Brunetti est contacté par un carabinier Guarino venu demander une aide discrète pour retrouver l'assassin d'un transporteur véreux qui était aussi son indic et qui détenait probablement des informations explosives sur de mystérieux chargements pour le compte de la Camorra.

Bien sûr, tout ceci finira par se rejoindre. Mais pas forcément de la façon à laquelle on s'attendait.
Bien loin des romans policiers effrénés, Donna Leon nous séduit d'abord par une ambiance originale, une intrigue où Venise n'est pas qu'un simple décor, où les interrogations morales du héros nous le rendent plus humain.

Les sentiments de Brunetti

7 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 9 mars 2013

Guido Brunetti et son épouse Paola sont invité à un repas au palais Falier et font la connaissance du couple Cataldo. L'homme est un homme d'affaire véreux qui voudrait s'associer au beau-père de Brunetti, tandis que sa femme Franca arbore un masque de cire dû à une chirurgie esthétique en apparence ratée. La femme intrigue le commissaire, elle cite les classiques, donne son avis sur la politique et voue une admiration sans bornes à son mari. Lorsque Orazio Falier demande à son gendre de renseigner sur eux, Brunetti éprouve un malaise qu'il a du mal à discerner mais il s'exécute. Parallèlement, il se retrouve plongé dans un trafic de déchets toxiques comme il en existe tant de par le monde. Un carabinier récemment venu solliciter son aide a trouvé la mort près d'un dépôt; Brunetti s'en veut de ne pas lui avoir accordé davantage d'attention.

Une enquête qui suit un fil conducteur par moments boiteux. Donna Leon s'appesantit beaucoup sur les relations ambigües établies entre Guido Brunetti et Franca Cataldo, on devine les hésitations, on les comprend mais il y a des longueurs et des parties dont le lecteur se passerait volontiers. Cependant, cette histoire aide à mettre en lumière, si besoin en était, la grande humanité de Brunetti et une fois le livre refermé, on se rend compte qu'on éprouve décidément beaucoup d'attachement pour le bonhomme.
L'autre enquête sert de moteur au récit, il s'articule autour de cela bien que celle-ci devienne finalement secondaire à côté du drame humain qui se joue chez les Cataldo et que l'auteur a parfaitement saisi, dans toute sa subtilité.
Sans doute pas le meilleur numéro de la série mais on a le sentiment que Donna Leon tente de prendre un tournant, de donner un autre visage à son héros, histoire qu'il ne s'essouffle pas. Alors pourquoi pas ?

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