Bidochon (Les), tome 20 : Les Bidochon n'arrêtent pas le progrès de Christian Binet
Catégorie(s) : Bande dessinée => Humour
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Les Bidochon, des français moyens comme toi et moi
Je vais une nouvelle fois étaler mon immense culture et ma gigantesque érudition, que je montre volontiers à tous les passants, en faisant ici même la critique du dernier tome des fantastiques aventures du couple vedette de « Fluide Glaciale ». Je pourrais parler du dernier roman écrit sous neuroleptiques de Michel Houellebecq, qui a un style aussi vif que celui d'un informaticien dépressif, sans l'avoir lu comme le font la plupart des critiques, on me dira, mais je préfère « les Bidochons » : Robert et Raymonde, on est tous un peu Robert sur les bords, nous les z-hômmes, et les femmes sont toutes un peu des Raymondes au milieu voire un peu partout. Robert et Raymonde se sont mariés tardivement, ils auraient aimé avoir des gosses mais ce n'était plus possible car Robert a des problèmes de tuyauterie. Ils trompent leur ennui à deux, Raymonde et lui, en s'occupant avec les dernières conn...trouvailles disponibles : dans les deux derniers albums, ils surfaient sur Internet et se passionnaient pour l'astrologie et autres sciences occultes, et c'était un peu moins drôle, on sentait la lassitude de Binet pour la série. Dans celui-là il est beaucoup plus en forme, comme ses héros. Il n'empêche, mon préféré reste le 15 : "Bidochon Mère". La "môman" de Robert s'est retourné un ongle, elle en profite pour faire venir son fils en lui faisant croire qu'elle souffre le martyre, et tenter de le "récupérer", celui-ci tombant dans le panneau, la croyant mourante. Raymonde supporte beaucoup de choses et elle finit par sauver in extremis son mariage..
On croit que c'est du mépris, du dédain, de la condescendance, mais Binet sait bien qu'il est ses créatures, et moi je sais que l'on est toujours le Bidochon, ou le plouc, d'un autre. Moi-même j'apprécie des plaisirs tout à fait ploucs comme grignoter un cornet de frites à Lille devant la gare, manger des moules face au port de Barneville en les accompagnant d'un petit muscadet, écouter des chansons à la con, le dernier tube pour midinette ou regarder un film que les cinéphiles distingués n'évoquent qu'en se bouchant le nez. D'ailleurs, ce n'est pas forcément un comportement plouc que tout cela, mais peut-être encore plus snob que de se pâmer devant la dernière oeuvre coûteuse et absconse d'un créateur de "projets" ou d'"happenings" à la mode (on ne parle plus d'artiste, ça c'est plouc). Le plouc est en fait un médiocre qui aime sa médiocrité et son esclavage, souvent il se vante d'être bien vu de son patron ou de sa crémière. Le plouc n'aime pas que l'on connaisse un peu plus de choses que lui dans certains domaines, il se sent alors attaqué dans ce qu'il croit être sa virilité. Le plouc n'est pas automatiquement un franchouillard ou un "beauf", ce peut être un bobo, car une autre caractéristique du plouc est que son univers s'arrête à son nombril.
Dans cet alboume, Robert, qui est né de la dernière pluie, se laisse avoir par un catalogue d'objets complètement inutiles mais modernes, comme le « cooler » qui tient les bières au froid et permet de conserver la chaleur des steacks cuits sur le barbecue, le « poivrier lumineux » qui éclaire l'assiette grâce une dynamo incorporée, les sacs d'« engrais biodégradables » qui se délitent tous seuls quand il pleut, le « cric gonflable » qui évite de se pencher pour changer une roue, le « pincitoasts » qui permet de ne pas se lever de table pour prendre les tartines dans le grille-pains, le « pouce-bouchons » qui permet de déboucher une bouteille de vin sans effort musculaire, l'« évaluateur » qui mesure n'importe quelle distance avec un laser incorporé, le « parasol bronzant » qui laisse passer les UV, les larves de coccinelles que l'on place au pinceau sur les plantes du jardin (là c'est Raymonde qui trouve ça génial, tout comme les raquettes de potager, inadaptées quand le téléphone sonne, le « simulateur de présence », qui fait peur aux voleurs quand on est absent, le « purificateur-ioniseur » qui ventile les pièces et les ionise, ce qui change tout, le « foret sans perceuses », un peu dur à utiliser celui-là, il faut pousser dessus avec un marteau pendant que votre assistant tourne la vis...
Les éditions
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Les Bidochon n'arrêtent pas le progrès [Texte imprimé] Binet
de Binet, Christian
Audie
ISBN : 9782352070238 ; 10,95 € ; 01/09/2010 ; 47 p. ; Album
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