Feint

avatar 02/04/2023 @ 18:52:08
http://hublots2.blogspot.com/2020/03/…

@Feint
Effectivement, en lisant ce lien, on se rend compte que l’auteur d’une autobiographie choisit de sélectionner une série d’épisodes de sa vie dans le but de se faire valoir ou de se victimiser ou, simplement, d’amuser le lecteur.
Mais plus j’y pense, plus je me dis qu’il doit être bien difficile de raconter sa vie objectivement. Une bonne autobiographie ne doit pas être une vantardise ni non plus une confession.
Mais oui. L'objectivité n'existe pas.

Shelton
avatar 03/04/2023 @ 09:34:31
J’ai l’impression que dans une autobiographie l’auteur aura envie de raconter sa vie telle qu’il aurait voulu qu’elle se passe. Ou alors il aura tendance à se glorifier ou à se faire plus malheureux qu’il n’a été en réalité. Ça doit être difficile de se juger soi-même !


J'ai trouvé un ouvrage qui sans répondre à toutes tes questions, cher Saint Jean-Baptiste, pose bien un certain nombre d'éléments et qui est passionnant : L'autobiographie, VI° rencontre psychanalytiques d'Aix-en-Provence 1987, éditions Les belles lettres.

Il s'agit d'un collectif avec des participations de Neyraut, Pontalis, Lejeune, Mijolla-Mellor, Schaeffer et Jackson...

Peut-être que je prendrai le temps d'en écrire une critique sur le site... Enfin, dès que j'ai un peu de temps !

Débézed

avatar 03/04/2023 @ 18:59:10
Sans compter que, même sans réelle intention, la mémoire peut être très souvent sélective. Je sais que si j'écrivais une autobiographie, il y aurait certainement quelques lacunes, il y a certaines choses dont nous n'aimons pas forcément nous souvenir !

Shelton
avatar 04/04/2023 @ 13:17:49
Tu as raison Débézed et, en même temps, ces lacunes n'enlèvent pas l'intérêt au tout même incomplet. Je pense à Agatha Christie qui "oublie" une ou deux ou trois "petites choses" dans son Autobiographie et l'ouvrage reste un bon livre à lire pour ceux qui aiment ses romans policiers...

Shelton
avatar 10/04/2023 @ 10:35:51
"Je ne pense pas qu'il y ait de l'orgueil et de l'impertinence à écrire l'histoire de sa propre vie, encore moins à choisir, dans les souvenirs que cette vie a laissés en nous, ceux qui nous paraissent valoir la peine d'être conservés. Pour ma part, je crois accomplir un devoir, assez pénible même, car je ne connais rien de plus malaisé que se définir et de se résumer en personne."

George Sand

Et je continue mon petit bonhomme de chemin au pays de l'autobiographie...

Shelton
avatar 11/04/2023 @ 06:05:38
Une première série d'ouvrages que j'ai lus (ou suis entrain de terminer) dans le cadre de ma réflexion sur l'autobiographie. Certains, la majorité même, sont déjà sur le site...

Ceux qui ne dormaient pas, journal, 1944-1946
Jacqueline Mesnil-Amar

Examen de conscience, Nous étions vaincus, mais nous nous croyions innocents
August von Kageneck
https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/16402

Histoire de ma vie
George Sand
https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/11054

Mon évasion
Benoîte Groult
https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/20395

Même le silence a une fin
Ingrid Betancourt
https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/25378

Je n’aurai pas le temps
Hubert Reeves
https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/42000

Cette chance que j’ai eue
Jacques Vendroux

L’amour après
Marceline Loridan-Ivens
https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/52826

Trente mille jours
Maurice Genevoix
https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/31206

Enfance
Nathalie Sarraute
https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/5736

Si le grain ne meurt
André Gide
https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/820

Shelton
avatar 12/04/2023 @ 11:02:49
Quelques autres ouvrages pertinents sur le sujet de l'autobiographie...

Journal d'un prisonnier
Général André Zeller

Excursions dans la zone intérieure
Paul Auster

C'est moi qui souligne
Nina Berberova
https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/1459

Des monts célestes aux sables rouges
Ella Maillart
https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/9160

Cafés de la mémoire
Chantal Thomas

Mes origines
Frédéric Mistral

Débézed

avatar 12/04/2023 @ 16:04:15
Tu as raison Débézed et, en même temps, ces lacunes n'enlèvent pas l'intérêt au tout même incomplet. Je pense à Agatha Christie qui "oublie" une ou deux ou trois "petites choses" dans son Autobiographie et l'ouvrage reste un bon livre à lire pour ceux qui aiment ses romans policiers...


Ca ne retire rien à l'intérêt des ces textes, le tout est de les prendre avec toute la prudence nécessaire et de bien les recouper avec d'autres sources. Cinquante ans après, j'ai encore des réflexes d'historien !

Débézed

avatar 12/04/2023 @ 16:05:00
http://hublots2.blogspot.com/2020/03/…

@Feint
Effectivement, en lisant ce lien, on se rend compte que l’auteur d’une autobiographie choisit de sélectionner une série d’épisodes de sa vie dans le but de se faire valoir ou de se victimiser ou, simplement, d’amuser le lecteur.
Mais plus j’y pense, plus je me dis qu’il doit être bien difficile de raconter sa vie objectivement. Une bonne autobiographie ne doit pas être une vantardise ni non plus une confession.

Mais oui. L'objectivité n'existe pas.


Evidemment, on le saurait si elle existait !

Shelton
avatar 16/04/2023 @ 14:03:04
Dans cette nouvelle intervention sur mon travail sur l’autobiographie, je voudrais vous expliquer comment j’ai choisi de diviser mon champ de recherche nonobstant les visions universitaires dont j’ai pris connaissance. Après tout, je suis bien libre de prendre le chemin qui me plait puisque je ne suis pas tenu par des dogmes, des programmes ou des obligations institutionnelles… D’ailleurs, tous les ouvrages publiés sur le sujet ne sont pas des copies conformes, certains auteurs osent, eux-aussi, prendre leurs chemins de traverse… Dans le domaine de la lecture, et c’est bien de cela qu’il s’agit, le plaisir est notre guide ou devrait l’être !

Je vais donc considérer une distinction majeure, on pourrait la nommer : le temps entre l’action et l’écriture. Cela permet de mettre d’un côté les journaux intimes écrits au jour le jour, les lettres écrites juste après l’évènement vécu et les autres actions autobiographiques, c'est-à-dire celles ou l’auteur prend un certain temps entre l’action et l’écriture. Ce temps peut-être d’ailleurs parfois très long et l’écriture naître quand la brume vient submerger la mémoire mais c’est une autre affaire…

Alors, je sais bien que les « journaux » ne sont pas tous autobiographiques et que certains analystes ne les considèrent aucunement dans la catégorie « autobiographie ». Ici, je vais les inclure dans mon champ, du moins pour le moment, mais en les catégorisant à part. J’aurais donc un chapitre, une conférence dédiée, une réflexion singulière sur les « journaux ». Je ne parlerai par contre que des journaux intimes (même s’ils sont publiés à un moment) et non des journaux tenus par certains auteurs sur des thèmes spécifiques : journal diplomatique, journal de bord d’un bâtiment marin ou autre… Les journaux qui m’intéressent sont ceux de la même nature que ceux d’André Gide, Alain, Julien Green…

Après cette première distinction, restait à savoir si les confessions de Saint-Augustin, les Essais de Montaigne, les Confessions de Rousseau, celles de Paul Verlaine étaient bien des œuvres autobiographiques. Là encore, comme pour les journaux, je les garde même si pour certaines de ces œuvres il y aura des nuances à apporter et je le ferai le moment venu…

Mais la grande catégorie des œuvres autobiographiques, c'est-à-dire ces livres dans lesquels une personne décide de se raconter, mérite certainement d’être fractionnée sans d’ailleurs porter de jugement de valeur sur une catégorie ou une autre. Voici, pour le moment, à ce stade de mes lectures et de mes réflexions, les catégories que j’entraperçois…

1 L’autobiographie classique et assumée comme telle

Evidemment, je n’aime pas trop ce terme de « classique » mais il a le mérite de porter un sens pour beaucoup. L’autrice ou l’auteur se met devant son papier (aujourd’hui ce sera plus souvent son écran mais je reste un peu vieux jeu) et elle ou il écrit sa vie. Il peut le faire à la première personne ou pas car on n’est jamais obligé de dire « je » pour parler de soi. Au même titre qu’un auteur qui dit « je » ne parle pas nécessairement de lui…

On peut aussi affirmer, dès maintenant, que cette autobiographie classique ne signifie pas que celui qui écrit dit « la » vérité. Il nous livre « sa » vérité, de bonne foi ou pas…

Dans cette catégorie, je classe sans aucune hésitation « Autobiographie » d’Agatha Christie ou « Histoire de ma vie » de George Sand, liste absolument ouverte même si c’est toujours plus agréable de donner quelques exemples précis, lus ou entrain d’être lus…

2 L’autobiographie poétique

L’autobiographie poétique doit être, du moins j’en suis convaincu, classée à part. Sur le fond, elle ressemble comme deux gouttes d’eau à la première catégorie mais, par la forme, souvent elle se teinte par le choix des mots, l’ellipse, l’épuration du texte, d’un voile plus ou moins épais qui éloigne, ou pas, le lecteur de la vérité d’une vie… Il n’en demeure pas moins que dans de nombreux cas il s’agit bien d’autobiographie sans aucun doute… On peut penser à des textes de Victor Hugo mais aussi, puisque je suis dans son département, à Lamartine…

3 L’autobiographie engagée

Ici, dans ce cas spécifique, l’autrice ou l’auteur raconte sa vie, ou une parcelle de sa vie, pour défendre à travers son cas une cause supérieure comme la nation, l’Europe, la résistance, les femmes, les animaux… et la liste pourrait être infinie ! Je pense à un texte très ancien, peut-être une des premières œuvres autobiographiques, à savoir Les confessions de Saint-Augustin. Il se raconte pour nous convaincre, nous convertir, nous transformer en Chrétiens. Plus proche de nous, on peut citer Annie Ernaux qui ne se raconte pas par nombrilisme mais bien pour lutter contre l’injustice faite aux plus faibles, aux oubliés, aux plus pauvres, aux femmes… Et il n’en demeure pas moins qu’à travers ses ouvrages, elle se raconte bien, de façon autobiographique, indiscutablement… Parfois on est proche de la catégorie suivante mais ce n’est pas grave car il ne faut jamais enfermer une œuvre dans une petite boite étanche…

4 L’autobiographie romanesque

L’autobiographie romanesque ou romancée est plus délicate à cerner car parfois, certains romans sont autobiographiques sans l’avouer clairement tandis que d’autres l’annoncent en ne l’étant que fort peu… C’est presque une jungle dans laquelle il est bien agréable de se perdre, enfin surtout quand elle est bien écrite par Sabatier, Pagnol, Colette, Sand… Dans ces ouvrages, il y a plus que des inspirations autobiographiques, mais il y a aussi des éléments fictionnels certains parfois très importants. Cela peut toucher à des personnages, des faits, des dates… Parfois on s’éloigne quelque peu de la vérité – mais la vérité existe-t-elle réellement ? – cependant pour qui sait lire entre les lignes, on est bien dans l’autobiographie ! C’est ainsi que j’ai lu et aimé ces ouvrages de Marcel Pagnol que ma mère nîmoise m’a glissé dans les mains : La gloire de mon père, Le château de ma mère, Le temps de secrets, Le temps des amours…

5 L’autobiographie psychologique ou psychanalytique

Enfin, dans ce champ très large de l’autobiographie, je voudrais mettre à part certains ouvrages dont les aspects psychologiques ou même psychanalytiques sont très forts. L’autrice ou l’auteur, face aux faits dont il se souvient et qu’il narre, tente d’en chercher les causes, les origines, les conséquences… On pourrait presque parler d’autoanalyse en quelque sorte… En écrivant ces lignes, je pense à un ouvrage de Paul Auster, Excursions dans la zone intérieure »… mais pas que !

6 L’autobiographie de personnalités connues (people en quelque sorte)

Je ne vais pas trop explorer ce domaine. Je ne le sous-estime pas mais je n’arrive pas trop à me motiver pour y passer le temps qu’il faudrait pour exploiter un volume incroyable de textes dont certains, je le concède volontiers, peuvent être remarquables. Je m’abstiendrai donc, sans porter de jugement de valeur, sans empêcher certains d’aller les lire et j’y consacrerai du temps, peut-être, qui sait, dans le futur…

Dans une prochaine intervention, je tenterai de parler du journal intime, du journal rendu public avec ou sans correction, du journal publié de façon posthume et même du comportement de certains sur Internet…

Enfin, je n’oublie pas les Mémoires, Essais et Confessions qui appartiennent bien souvent au travail autobiographiques aussi et qui auront leurs places ici aussi…

Je rappelle que mon travail est en vue d’une série de quatre interventions publiques d’une heure trente chacune et que je n’ai pas encore mon fil conducteur… Je défriche, je défriche encore et donc j’en suis qu’à la lecture, le début de tout !!!

Shelton
avatar 16/04/2023 @ 21:07:00
D'ailleurs, si quelqu'un avait par hasard des statistiques sur les auteurs de biographies ou les lecteurs, je suis preneur. Par exemple homme ou femme, vieux ou jeune, de leur vivant ou posthume... lecteurs ou lectrices... Cela peut être surprenant, qui sait ?

Feint

avatar 18/04/2023 @ 09:40:42
Et n'oublie pas la BD ! ;) (David B, Baudouin...)
Et quid du récit autobiographique dont le personnage principal n'est pas l'auteur mais un proche de l'auteur ?

Shelton
avatar 18/04/2023 @ 10:10:45
Pour la BD, je n'avais pas oublié, tu t'en doutes...

Pour le récit autobiographique dont le personnage principal n'est pas l'acteur des faits lui-même mais un proche, je n'y avais pas encore pensé... A voir donc !

Feint

avatar 18/04/2023 @ 18:07:32
Pour la BD, je n'avais pas oublié, tu t'en doutes...

Pour le récit autobiographique dont le personnage principal n'est pas l'acteur des faits lui-même mais un proche, je n'y avais pas encore pensé... A voir donc !

Je m'en doutais bien !

Couma aco, de Baudouin, par exemple. Ou l'Ascension du Haut Mal de David B. Moi-même j'en ai un commis un (ou peut-être deux - sans dessiner).

Shelton
avatar 18/04/2023 @ 22:01:02
Je ne peux pas oublier Baudoin car c'est un véritable ami...

Shelton
avatar 19/04/2023 @ 08:17:01
Toujours dans le cadre de mes recherches sur l'autobiographie pour préparer un cycle de conférences, lecture ce matin d'un petit opus passionnant, Quelques messages personnels, de Pierre Clémenti.

Ce petit texte circonstanciel - l'auteur fait 18 mois de prison en Italie pour de la détention d'un peu de drogue avant de bénéficier d'un non lieu - est à la fois un réquisitoire contre la justice italienne mais, aussi, un témoignage personnel sur une expérience qui l'a complètement bouleversé, durablement et, même, à jamais...

Atypique dans l'autobiographie, par la taille, le ton, l'émotion... A lire !

Pieronnelle

avatar 19/04/2023 @ 11:29:39
Atypique aussi le Journal de Katherine Mansfield, écrivaine et poétesse de Nouvelle Zelande ; écrit dès 1904 à l'âge de 16 ans (elle mourra très jeune en 1923) il est à fleur de peau et intimement lié à son oeuvre générale. Ecrivaine oubliée elle faisait pourtant l'admiration de Virginia Woolf...
Merci pour ce fil Shelton !

Shelton
avatar 19/04/2023 @ 12:03:26
Je ne connais pas du tout Katherine Mansfield mais je vais chercher à découvrir...

Feint

avatar 19/04/2023 @ 17:47:16
Je ne peux pas oublier Baudoin car c'est un véritable ami...
Flûte j'ai écorché son nom. (J'ai eu aussi l'occasion de discuter longuement avec lui à deux ou trois reprises, pourtant.)

Shelton
avatar 23/04/2023 @ 12:53:20
Parfois, plonger dans une autobiographie, c'est découvrir une époque avec ses stéréotypes, ses us et coutumes... Exemple !

On veut parfois nous faire croire que la mise à l’écart des grosses tailles vestimentaires (enfin surtout des personnes qui en ont besoin) ne serait que le fruit récent d’une discrimination impitoyable. Il faudrait lutter contre la grossophobie de cette société moderne… Un sentiment qui n’existait pas avant, bien sûr !

Loin de moi l’idée d’accepter la grossophobie, ceux qui me connaissent éclateraient de rire avec raison, mais ma lecture matinale d’une autobiographie m’a bien confirmé que cette grossophobie ne date pas de la fin du vingtième siècle…

Dans « La romancière et l’archéologue », un livre d’Agatha Christie, notre autrice bourgeoise et aisée va faire ses emplettes vestimentaires avant de partir avec son mari pour une saison de fouilles archéologiques. Elle a bien du mal à trouver des vêtements à sa taille (tout est trop serré) et les vendeuses sont particulièrement désagréables avec une « vielle » femme un peu « ronde » qui cherche des vêtements compatibles avec la chaleur… Je ne veux pas tout vous citer mais voici le ton…

« Oh ! détestables grandes tailles ! Qu’il est humiliant d’être de grande taille ! Et combien plus humiliant encore d’être cataloguée ainsi ! »

« Oh ! non, mâdâme, nous n’avons pas de grandes tailles. Cela ne serait guère approprié, ne trouvez-vous pas ? »

Le pire étant le passage au rayon « croisière »…

Certes notre « bourgeoise » va bien arriver à trouver des vêtements pour sa campagne de fouilles mais ce chapitre de courses est révélateur de la vision des choses entre les deux guerres mondiales… Rien de très nouveau, finalement…

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