Zakuro de Aki Shimazaki

Zakuro de Aki Shimazaki

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Dudule, le 8 mars 2011 (Orléans, Inscrite le 11 mars 2005, - ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 380ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 5 954 

Roaman de la filiation

Le titre du roman Zakuro signifie grenade, le fruit préféré de Banzô, le père de Tsuyoshi Toda qui a été déporté en 1945 en Sibérie. Plus aucunes traces, de nouvelles de lui, seule sa mère, atteinte d’Alzheimer, continue d’espérer le retour de son mari.
Petit à petit, l’auteur nous fait découvrir le dénouement de cette histoire, dans un style épuré, magnifique, avec l’Histoire des années 1970 en toile de fond, les relations entre le Japon et l’Union Soviétique, les Etats-Unis.
Aki Shimazaki est un auteur à découvrir, il ne faut pas passer à côté, même après avoir refermé son livre l’histoire continue à nous poursuivre.

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une étrange histoire

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 75 ans) - 31 décembre 2022

Quelle étrange histoire ! Un père disparu, jamais revenu des terribles camps sibériens où il a été interné lorsque l’URSS a repris la Mandchourie au Japon à l’issue de la seconde guerre mondiale. Une mère à la mémoire défaillante, qui près de vingt ans plus tard attend toujours le retour de son mari, persuadée qu’il est toujours en vie. Qui croire ? Dans ce merveilleux petit roman sur la mémoire et l’oubli, Aki Shimazaki a mis tout son talent pour nous conter l’histoire touchante de Tsuyoshi, dans sa quête de vérité sur le passé douloureux de sa famille. Mais c’est aussi, comme dans tous ses romans, une leçon d’histoire, l’évocation d’événements peu ou mal connus de l’histoire du Japon. Un régal…

Jolie découverte

8 étoiles

Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 17 avril 2014

Malgré le tragique de l'histoire de ce père qui aurait oublié sa famille, les années difficiles qu'il a passées en Sibérie, le traitement inhumain qu'il a subi, "Zakuro" est un roman qui coule, doucement, pudiquement, avec quelques touches d'une grande poésie et de jolies images. Il permet aussi d'apprendre la persécution dont ont été victimes des milliers de Japonais, de découvrir certaines coutumes et croyances, la valeur des symboles, une ouverture sur ce monde que je connais très peu.
Jolie découverte que ce roman, je ne manquerai pas de lire d'autres ouvrages d'Aki Shimazaki.

Petits délices japonais...

8 étoiles

Critique de Kikounette (Nîmes, Inscrite le 15 mai 2003, 52 ans) - 7 mars 2012

Vraiment les petits romans de Aki SHIMAZAKI se lisent comme on boit du petit lait. Encore une fois, je me suis laissée porter par cette histoire. Ici, l'auteur nous raconte l'histoire d'un personnage secondaire de "Mitsuba" l'un des cadres de l'entreprise Goshima où travaille Takashi Aoki. J'ai beaucoup aimé. A présent, j'ai commencé "Tonbo" qui là raconte l'histoire de Nobu le collègue de travail de Takashi Aoki le principal personnage de "Mitsuba". Ces petits romans, nous plongent dans la vie quotidienne des japonais à différentes périodes de l'histoire japonaise et nous apprennent sur leurs coutumes, leurs mentalités qui influencent beaucoup leur vie. A lire car vraiment très bien et vite lu.

Le Japon au coeur de l'Histoire

8 étoiles

Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 13 février 2012

Le roman Zakuro fait allusion aux camps de travail sibériens, où furent conduits 600,000 Japonais, accusés d’avoir participé à l’occupation de la Chine lors de la Deuxième Guerre mondiale.

L’auteure, qui habite Montréal, s’accroche à cette référence historique qu’elle dynamise à travers une famille japonaise, victime des déportations ordonnées par l’Union soviétique, qui s’est portée à la défense de la Chine. Établi avec les siens en Mandchourie, le père fut expédié, en 1942, vers l’enfer des goulags. Jamais on n’eut de ses nouvelles, même après la libération des prisonniers. Ce n’est que 25 ans plus tard que son fils Tsuyoshi apprit qu’il était encore vivant. Après quelques recherches, il le retraça dans une ville près de Tokyo, où il tenait un restaurant, le Zakuro.

La justification de l’absence paternelle sert d’intrigue. C’est avec pudeur que l’auteure évente le lourd secret d’un homme frappé par la fatalité. Pas d’éclat pour tenter de mystifier le lecteur. Même si le drame se présente à l’intérieur de balises qui contiennent les débordements névrotiques, la charge émotive n’en est pas moins vibrante.

Avec un esprit de synthèse incroyable, Aki Shimazaki englobe toute la mentalité nipponne à travers l’intimité de personnages attachés aux valeurs de leur pays et ouverts sur le monde. Roman qui connaît son apothéose dans une allégorie merveilleuse à l’effigie du drapeau japonais quand la femme du revenant, atteinte de la maladie d’Alzheimer, tient un zakuro, le fruit rouge du grenadier, sur sa jupe blanche en guise d’offrande pour saluer le retour de son mari. Symbole d’autant plus fort que Nixon maintenait une politique protectionniste à l’égard du Japon.

Bref, l’auteur se sert de l’Histoire du Japon pour montrer quelles furent les répercussions des événements dans le quotidien du peuple. En somme, c’est éminemment politique.

dans le fruit était l'énergie

10 étoiles

Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 12 février 2012

La première page : " Nous sommes dimanche. Il fait beau. Dans le jardin, les chrysanthèmes sont en pleine floraison. Jaune, rose, blanc, orange... Les fleurs brillent, éclairées par la lumière du soleil. Les moineaux gazouillent dans l'arbre du zakuro, dont les fruits sont mûrs. Le ciel est limpide, l'air pur. Nous sommes à la mi-automne, ma saison favorite.
On vient de prendre le repas du midi. Il est rendu deux heures. Bientôt, j'irai chercher ma mère, qui habite dans une maison pour les gens atteints de démence sénile. Pour le moment, je me repose dans le salon en lisant le journal. À côté, mon neveu Satoshi fait ses devoirs. Devant lui sont posés un atlas du monde, un livre de géographie et une boîte de crayons de couleur. Il lit le livre, la tête baissée. Un instant, mon regard se fixe sur le petit grain de beauté au bas de sa nuque. Tout noir, son contour se détache nettement sur la peau brun pâle.
La maison est silencieuse. Ma femme est sortie faire des courses avec ma sœur, mère de Satoshi. Ce soir, toute ma famille se réunira chez nous : mon petit frère, mes deux petites sœurs, leurs enfants et ma mère. «Nous» signifie ma femme et moi.
Nous n'avons pas d'enfants, mais cela ne nous attriste pas, car mes neveux et nièces nous rendent visite de temps en temps, surtout Satoshi. Ma femme, enfant unique, les chérit comme s'ils étaient les siens. En fait, je suis beaucoup plus âgé que mon frère et mes sœurs et je traite leurs enfants comme s'ils étaient mes petits-enfants. D'ailleurs, les enfants ne connaissent pas leurs grand-pères. Le père de ma femme est mort quand elle était encore en bas âge. Et quant à mon père, il a disparu en Sibérie après la fin de la guerre, en 1945."

Ma lecture :
Dans le fruit était l'énergie...

L’auteure vit à Montréal et écrit en français…qu’elle émaille de délicieuses expressions japonaises expliquées en fin de livre et qui fleurissent les pages comme autant d’offrandes visuelles et musicales à sa culture. L'œuvre devient un bijou doté d’une énergie surprenante. Ou serait-ce simplement ce fruit mystérieux, la grenade, nommée Zakuro qui déborde de mystère et d’énergie? Dès le début, on se laisse porter par l’écriture dépouillée et sobre comme un intérieur japonais mais qui à travers la simplicité capte les moindres sentiments, ceux du narrateur et ceux des autres membres de la famille, avec vérité et humilité.

Tsuyoshi n’a pas vu son père depuis vingt-cinq ans. Tout le monde le porte pour mort, y compris l’administration. Le koseki n’en fait plus aucune mention mais sa femme, éprise de Zakuro comme aux premiers jours, le fait exister de tous ses vœux. Elle développe un Alzeihmer qui gomme son chagrin de tous les jours et la projette dans un passé heureux. Soutenant sa mère avec détermination, Tsuyoshi voue un culte à son père disparu et essaie toujours de se figurer comment son père aurait agi en telle ou telle circonstance. Il décide de retrouver sa piste et va de révélation en révélation jusqu’à ce que soit mis à nu l’essence même de l’amour et de la tendresse et un conflit moral traité avec dignité. Et aussi ce que la Sibérie réservait aux prisonniers japonais.

On savoure ce petit roman tragique et tranchant où tout le monde fait face aux difficultés avec courage, où la symbolique des saisons, des fleurs, du fruit de grenadier, des photos, des vêtements, d’un grain de beauté, et des mets consommés est porteuse de vérité profonde. La froideur apparente est bien trompeuse, c’est émouvant, sensible et digne pour rendre le poids des secrets moins lourd à porter.

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  Shimazaki, podcast à écouter 6 Saule 19 avril 2014 @ 01:13

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