Blake & Mortimer, Tome 27 : Le cri du Moloch de Jean Dufaux (Scénario), Christian Cailleaux (Dessin), Etienne Schréder (Dessin)

Blake & Mortimer, Tome 27 : Le cri du Moloch de Jean Dufaux (Scénario), Christian Cailleaux (Dessin), Etienne Schréder (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Aventures, policiers et thrillers

Critiqué par Hervé28, le 21 novembre 2020 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 54 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 3 étoiles (55 483ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 5 235 

Décevant !

Avec « le cri du Moloch » Dufaux achève ce qu’il avait débuté avec « l’onde Septimus », il y a déjà 7 ans. C’est d’ailleurs curieux qu’il n’est fait aucune référence au premier opus sur la couverture de ce 27ème volume. En effet, c’est un peu tromper l’acheteur occasionnel de la série Blake et Mortimer de ne pas mentionner que « le cri du Moloch » est une suite de « l’onde Septimus ».
Plaçant «Blake et Mortimer » dans mon trio de mes séries préférées, je me suis précipité la veille de la sortie chez mon libraire pour récupérer mon exemplaire , dans l’édition dite du bibliophile. Pourtant, je savais que j’allais être déçu par la lecture de cet opus, « l’onde Septimus » m’ayant laissé un assez mauvais souvenir (je relis très régulièrement les « Blake et Mortimer », canal historique et les albums de reprises, mais j’ai vraiment du mal à relire « l’onde Septimus », qui est franchement raté)
Mais l’effet madeleine de Proust l’a finalement emporté, et, je n’ai pas pu résister à la tentation d’acheter ce nouvel album (et puis, je n’aime pas avoir de trou dans mes séries) pour découvrir nos célèbres gentlemen déambuler dans la city.
Il faut tout de même avouer que le dessin de Christian Cailleaux, épaulé par Etienne Schréder, est bon , voire réussi, même si celui d’Antoine Aubin était remarquable dans le premier volume de l’histoire (sauf les dernières pages, bâclées pour des raisons bassement commerciales). On peut toutefois lui reprocher un visage de Mortimer parfois peu ressemblant d’une page sur l’autre (en particulier, dans un hors texte page 46 de l’édition bibliophile) Par contre, le personnage du capitaine Blake est bien soigné. Seuls les décors ne sont pas aussi fouillés et aussi précis que d’habitude. J’ai aussi apprécié l’aspect encore plus ressemblant, dans ce volume, d’un Pierre Brasseur pour le personnage du docteur Scaramian. Et Laurence Croix , une coloriste remarquable, nous offre un très bon rendu des couleurs, tout du moins pour l’édition bibliophile que je possède, certains ayant noté (sur l’excellent site du « centaurclub ») des couleurs violacées sur la première planche de l’édition cultura.
Côté scénario, et bien Jean Dufaux nous rejoue le Jean Dufaux de « l’onde Sptimus » . J’ai entendu la journaliste spécialisée de la bd sur RTL, le jour de la sortie, avouer de rien avoir compris à l’album. Et je ne suis pas loin de partager son avis. Tout comme dans « l’onde Septimus », l’histoire débute bien mais dérive rapidement vers une histoire de science-fiction qui n’a pas sa place dans le monde de Blake et Mortimer. Paradoxalement, le meilleur album de reprise de Blake et Mortimer reste à mes yeux « l’étrange rendez-vous », qui pourtant a un côté science-fiction plus qu’affirmé. Mais n’est pas Van Hamme qui veut, et l’histoire s’inscrivait parfaitement dans le monde de Jacobs, à tel point que le maître du bois des pauvres n’aurait certes pas renié ce scénario, à mon humble avis.
A force d’appuyer les références au « Mystère de la Grande Pyramide », à « la Marque jaune » (le Moloch entouré de flammes page 54 par exemple ) et à Jacobs, cela devient lourd.(la référence à la vente de la couverture originale du « Mystère de l’Espadon », page 27 n’apporte rien à l’histoire). Jean Dufaux aurait sans doute aimé aller encore plus loin, mais l’éditeur (béni soit son saint nom !) a tout de même résisté à certaines de ses volontés (comme faire venir le cheikh Abdel Razek du «Mystère de la grande pyramide» à Londres, afin de psychanalyser Olrik, ou encore montrer Olrik à l’enterrement de son père) . D’ailleurs, on ne reprendra plus Dufaux sur cette série car comme celui-ci l’a affirmé : « Mais non, moi, je suis le cancre de la classe parmi ceux qui ont repris Blake et Mortimer, on ne me demandera plus rien. Mais cela a été une page intéressante dans ma carrière, qui m’a beaucoup appris sur les relations auteur-éditeur et que j’évoquerai je pense plus longuement au moment d’écrire mes mémoires». Je pense qu’il a du mal prendre le fait que pour « le dernier pharaon » (album très réussi, par ailleurs), Schuiten ait bénéficié d’une liberté de scénario beaucoup plus grande.
Tout comme Yves Sente avec les Beatles dans « la Machination Voronov », Jean Dufaux a peut-être aussi eu tort de dater la série en faisant apparaitre la reine Élisabeth II dans l’album, Edgar P. Jacobs s’étant toujours refusé à ce petit jeu. Mais il s’agit là d’un détail.
Je n’attendais pas grand-chose de cet album, sauf le fait de retrouver mes héros dans une nouvelle aventure. Cela tombe bien, cet opus ne restera pas pour moi un album incontournable des albums de reprise. Il faut remonter au « bâton de Plutarque » (2014) pour retrouver une qualité scénaristique et graphique (« la vallée des immortels » nous proposait un dessin magnifique voire parfait, mais dommage, le scénario du tome 2 ressemblait à un naufrage)
Espérons que « huit heures à Berlin » dessiné par Antoine Aubin et scénarisé par Fromental et Bocquet sorte du lot, en attendant le retour de Van Hamme pour un ultime scénario avec « le dernier espadon », by jove !

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Raté

1 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 41 ans) - 25 mai 2021

Je me souviens, au moment de la sortie de "L'Onde Septimus", m'être dit : "faire une suite à "La Marque Jaune" ? Quel est l'intérêt ?" et, une fois la lecture de l'album achevée, je me suis effectivement demandé où était l'intérêt de cette suite, et même qu'est-ce qui était passé par la tête des auteurs (Dufaux/Aubin/Schréder) pour ce qui est de l'écriture du scénario. C'était un vrai ratage, le premier dans la série entière et, je l'espérais alors, le seul et unique.
A la lecture de ce "Cri Du Moloch", je me suis exclamé "et de deux !". Je pense que cet album réussit l'exploit d'être pire encore que "L'Onde Septimus" dont il est la suite et, je l'espère, fin.
Déjà que le tome 2 de "La Vallée Des Immortels" m'a déçu, sans parler du one-shot de Van Dormael, mais là, c'est le pompon. Quels que soient les auteurs qui feront l'album suivant, une chose est sûre, ils ont un boulevard pour faire mieux que ça !

Un léger mieux...

4 étoiles

Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 46 ans) - 27 décembre 2020

Ainsi s'achève cette histoire scénarisée par Dufaux, suite du mythique La Marque Jaune en deux tomes: Le médiocre L'Onde Septimus qui date déjà de 2013 ne m'avait pas emballé; c'est le moins que l'on puisse dire, Le Cri du Moloch est à peine plus réussi.
Les incursions dans la science-fiction ne sont pas les plus grandes réussites de la série, déjà Le Mystère de l'Atlantide ou les 3 formules du Professeur Sato de feu Jacobs, comptent parmi les albums que j'apprécie le moins.
Ici Dufaux complique trop la trame scénaristique: à trop vouloir en faire, il se fourvoie et son histoire qui pouvait présenter quelque intérêt retombe comme un soufflé au fil des planches de cet album qui parvient tout de même à rétablir un peu l'ensemble.
L'invasion de la Terre par des forces extra-terrestres associée à la menace intérieure est une constante du genre, et de H.G Wells à la série télévisée "V", on ne compte plus ces menaces venues de l'espace qui ont pesé sur cette bonne vieille Terre. Ici, le danger est contré par un seul homme, Olrik qui parvient en contrôlant l'Onde Septimus à déjouer le plan des visiteurs qui se sont infiltrés à bord des Orphéus et sont cachés dans les souterrains de Londres. Un mélange abracadabrantesque de forces télépathiques, de technologies extra-terrestres, de complot de l'Etat profond et de dictature scientifique.
C'est la multiplication de détails qui tue le développement d'une trame qui aurait pu donner quelques belles pages, mais cette histoire de signes sur les bâtiments londoniens, les errements de Banks et de son équipe et d'autres arcs narratifs secondaires font que l'histoire générale manque de corps et finit par lasser. Si l'on ajoute à cela des narratifs maladroits et le dessin décevant de la première partie de l'album, on arrive à un tome vraiment très moyen, qui pâtit également d'une première partie (à lire obligatoirement) pour le coup médiocre.

Moi, j'ai aimé !

8 étoiles

Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 67 ans) - 24 novembre 2020

Une adaptation est toujours, quoi que l’on puisse dire, une trahison. Certes, elle peut être volontaire ou pas, caricaturale ou pas, de bon goût ou pas, acceptable par le public ou pas… Après, vous en conviendrez, c’est à chacun des spectateurs, lecteurs, auditeurs… de se faire sa propre idée ! Il en est de même – et pourquoi imaginer qu’il ne puisse pas en être ainsi – avec une reprise d’une série, de héros, d’histoire… Regardons donc cet album « Le cri du Moloch » de Jean Dufaux (scénariste) et Christian Cailleaux et Etienne Schréder (dessinateurs). Il s’agit du vingt-septième album des aventures de Blake et Mortimer, série créée par Edgar P Jacobs…

Cet opus termine le cycle commencé avec « L’onde Septimus », histoire qui venait prolonger l’album mythique « La Marque jaune ». La première remarque est que cette histoire, du coup, s’est étalée dans le temps – en termes de création – entre 1953 et 2020 ! Ce n’est pas rien ! Une maladresse de la part de l’éditeur est de n’avoir pas donné cette indication sur la quatrième de couverture car il n’est pas possible de profiter de ce dernier volet de l’histoire sans avoir lu le début…

Dans cette histoire, pour être assez clair, je vais séparer plusieurs aspects : le scénario, le dessin, les personnages, la cohérence de l’ensemble…

Le scénario de Jean Dufaux – contrairement à de nombreuses critiques entendues depuis quelques jours – est pour moi assez clair. L’humanité est mise en danger par une force « extraterrestre » qui a envoyé des éléments précurseurs ou éclaireurs. Londres est directement visée et les dirigeants du Royaume-Uni ne réagissent pas très vite car probablement déjà infiltrés… Heureusement, le capitaine Francis Blake veille sur le royaume avec la protection de la reine… Très rapidement, l’histoire bascule de l’espionnage à la science-fiction et je rappelle que ce n’est pas réellement iconoclaste de la part des repreneurs… Edgar P Jacobs aimait bien naviguer en zone trouble entre polar, espionnage, science-fiction et fantastique… Ce n’est donc pas une nouveauté absolue !

Parlons dessin et narration graphique. Dès l’ouverture de l’album, on sait que l’on est bien dans du « Blake et Mortimer ». Le dessin est conforme, la présence de longs textes et la narration graphique avec son faux rythme lent, tout nous confirme notre présence dans le style de Jacobs. J’entends bien ceux qui regrettent ceci ou cela, tel personnage moins bien dessiné ou un encrage différent… Je rappelle qu’il s’agit bien d’une reprise pas d’une copie conforme ! Alors, je l’avoue j’ai plutôt bien apprécié le dessin de Christian Cailleaux aidé par Etienne Schréder. L’ensemble donne une belle touche graphique et j’ai trouvé cela plutôt bien réussi !

Pour les personnages, quelques remarques permettront de préciser comment je les ai appréciés dans cette histoire. Tout d’abord, Francis Blake et Philip Mortimer agissent de façon assez séparée durant toute la première partie de l’album. Pour un peu, ils seraient presque fâchés ou entrain de bouder. Leur perception du danger n’est pas identique : Francis privilégie la sécurité du royaume tandis que Philip aurait tendance à développer une curiosité scientifique assez dangereuse… Heureusement, à la fin, ils se retrouvent… Quand même, ce sont bien les héros !

Héros ? Quoi que… En effet, Olrik est aussi un personnage capital de cet épisode et le personnage est assez ambigu. Certes, c’est le méchant, c’est l’ennemi de Blake et Mortimer, mais tout bon méchant doit avoir des points fascinants et le scénariste joue là-dessus. Occasion de rappeler encore que Jacobs ne détestait pas Olrik qu’il trouvait assez humain, en fait… Là, il est prêt à se sacrifier pour sauver l’humanité… Enfin, presque !

Donc, au bilan, j’ai bien apprécié la cohérence globale et je suis très heureux de voir comment le scénariste a réussi à terminer le tout. Il faut dire que j’avais un peu peur que jamais l’album ne sorte et que nous devions imaginer nous-mêmes la fin de « L’onde Septimus »…

Comme il y a de nombreuses références à d’autres albums de la série, n’hésitez surtout pas à tout relire, en particulier « Le secret de l’Espadon » et « Le mystère de la grande pyramide »…

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