L'Arabe du futur, tome 2: Une jeunesse au Moyen-Orient, 1984-1985 de Riad Sattouf

L'Arabe du futur, tome 2: Une jeunesse au Moyen-Orient, 1984-1985 de Riad Sattouf

Catégorie(s) : Bande dessinée => Humour

Critiqué par Elko, le 13 mai 2018 (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 894ème position).
Visites : 3 888 

Le prisme de l'innocence

Riad Sattouf poursuit la relation de ses souvenirs d’enfance. Comme tout enfant sa vie est rythmée entre famille et école. Au travers de scénettes du quotidien, tantôt drôles, tantôt révoltantes, tantôt émouvantes, c’est la Syrie des années 80 qui se dessine et de façon générale une tyrannie dans un pays musulman. Notamment l’endoctrinement de masse qui commence dès l’école. Mais aussi la misère, l’antisémitisme, la violence, les traditions.
La bonne idée de Riad Sattouf est d’observer le monde avec ses yeux d’enfant. Où le ressenti prime, sans jugement, indulgence ou parti pris. Où les évènements se vivent comme ils viennent. Naturellement. Au lecteur d'y porter le regard qu'il veut.

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Les éditions

  • Une jeunesse au Moyen-Orient, 1984-1985 [Texte imprimé] Riad Sattouf
    de Sattouf, Riad
    Allary / Images (Paris)
    ISBN : 9782370730541 ; 20,90 € ; 11/06/2015 ; 160 p. ; Broché
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Dure réalité en Syrie

9 étoiles

Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 14 août 2024

Riad a six ans. Ce second volume se déroule principalement en Syrie, avec un court intermède en Bretagne. L’enfant modèle aux cheveux blonds va bientôt se confronter à la dure réalité en allant pour la première fois à l’école du village où se sont installés ses parents. Son père rechignera à l’accompagner, car ce n’est pas dans la tradition syrienne, mais cèdera devant les pleurs de son fils. Ce dernier avait pourtant de bonnes raisons de redouter l’école… Dans ce qui constituera une des principaux passages du livre, Riad va découvrir les méthodes d’enseignement peu orthodoxes du pays, dans une classe où les filles sont totalement absentes. Sa maîtresse, sorte de mère maquerelle sadique envoyée par l’Etat, armée d’une énorme batte de base-ball (on a réellement peine à y croire), n’hésitant pas à s’en servir pour taper sur les doigts de ses élèves, est réellement effrayante. Une sorte d’avant-goût, ou peut-être un avertissement sur le sort réservé par le gouvernement aux futurs opposants… avec visiblement le consentement complice des parents craintifs, mais cela, l’auteur n’en parle pas…

Riad fera également une rencontre qui le marquera, celle de sa jeune tante Leila, déjà veuve ( !), qui lui prodiguera quelques conseils en matière de dessin… Dans ce monde patriarcal à l’extrême, la jeune veuve connaîtra un destin tragique le jour où on apprendra qu’elle est enceinte… une honte insupportable pour la famille que seul un « crime d’honneur » pourra laver ! Un événement qui montre que les féminicides restent monnaie courante dans cette culture et que la vie d’une femme, tout juste bonne à s’occuper des tâches ménagères, compte peu, en particulier dans les campagnes…

Le lecteur fera également connaissance avec le cousin général de son père, Abou Hassan, un homme richissime et qui veut que ça se sache… Avec sa femme qui aime les bijoux clinquants et son fils unique, jouant seul dans sa chambre avec ses nombreux jouets, il vit dans une imposante demeure envahie par l’humidité et les fissures, mais peu importe, du moment que l’on puisse la voir de loin… Cela suffira à impressionner le « docteur » Al Sattouf qui voit en son cousin un modèle, et ne reculera devant aucune flatterie ni aucune fanfaronnade, dans l’espoir secret de faire partie de son cercle de fréquentations… En attendant de pouvoir construire sa villa de ses rêves, il se contentera, histoire d’épater la galerie, de fumer des Dunhill achetées au duty-free…

Et pourtant, sur ce pays aux mœurs étranges et qui pourraient rebuter le Français lambda, Riad Sattouf se contente d’être observateur sans porter de jugement à l’emporte-pièce même si l’on sent l’ironie pointer vaguement derrière le factuel décrit avec ses yeux d’enfant. D’ailleurs, il confesse avoir eu beaucoup de mal à cette époque avec le français que sa mère tentait de lui enseigner. « L’arabe, dit-il, [lui] semblait plus logique, et le français [lui] apparaissait comme une activité risquée où l’on pouvait multiplier les erreurs sans même s’en apercevoir. »

Qu'as-tu appris à l'école mon fils...

8 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 10 février 2023

Difficile de ne pas penser à la chanson de Graeme Allwright écrite en 1968
"Qu'as-tu appris à l'école mon fils
À l'école aujourd'hui
J'ai appris qu'il n'faut mentir jamais
Qu'il y a des bons et des mauvais
Que je suis libre comme tout le monde
Même si le maître parfois me gronde
C'est ça qu'on m'a dit à l'école Papa... "

Riad fait une expérience bien différente de l’école. L’enseignant gronde aussi, mais frappe avec une violence acceptée.
Toujours surprise et admirative de l’intelligence de l’enfant capable de survivre dans cet univers, sa capacité d’adaptation.
Avec encore son lot de révoltes et de sourires.

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