De nouveau, l’action de ce troisième tome se joue principalement en Syrie. Pourtant, le vent commencer à tourner et la lassitude gagne. La mère de Riad exprime son ras-le-bol de plus en plus vigoureusement, fatiguée de vivre dans le village du père, un trou perdu où les coupures d’électricité sont récurrentes et l’eau devient parfois marron. Peu à peu, son désir de repartir vivre en France se fera plus pressant ! Même le père ressent une lassitude qu’il peine à montrer, plus par orgueil que par patience… d’ailleurs, sa patience volera en éclat au cours de la scène la plus mémorable de ce volet, une scène croustillante où il va rentrer en conflit avec sa propre mère, mais dont on ne divulgâchera rien ici pour reprendre une expression favorite de l’auteur…

Riad, quant à lui, est toujours « remarquable » ! Il poursuit l’école dans le petit village de Ter Maaleh, avec un nouvel instituteur, chrétien cette fois, mais pas moins sadique que les précédents… Pendant les préparatifs des fêtes de Noël, alors qu’il accompagne ses parents à Homs en quête des rares magasins non rationnés — et à prix d’or — pour préparer le repas de Noël, il tombera en arrêt devant une statue géante en plastique. Ce sera sa première rencontre avec Goldorak, une véritable révélation ! Il y aura aussi la découverte des VHS et des films à la Mad Max, puis une autre révélation : celle de Conan le Barbare. Riad, qui n’avait jamais vu un « homme aussi beau et musclé », sera littéralement subjugué ! Pour faire plaisir à son père et peut-être donner le change, le petit Riad, dont les cheveux deviennent peu à peu « blond-châtain », va s’essayer au ramadan pour la première… et dernière fois de sa vie. Son père, « pratiquant » de circonstance, ne cherchera pas à le contraindre, et semblera même plutôt satisfait au fond de lui de le voir renoncer.

Ce tome verra madame Sattouf tomber enceinte pour la troisième fois. Désemparée et pas vraiment enthousiaste pour élever un troisième enfant dans un contexte difficile pour elle, elle rentrera en France pour l’accouchement. Quand au père, qui déplore la corruption qui gangrène son pays, on réalisera que lui-même n’est pas aussi irréprochable qu’il prétend l’être… Enfin, Riad va se faire circoncire avec ses deux frères, mais pour lui, l’opération ne se passera pas aussi bien que prévu, hormis le fait qu’il tombera dans les pommes. La plaie s’étant infectée, le gamin devra « marcher comme un cow-boy » pendant quelques temps…

Au bout du troisième tome, l’envie de poursuivre la lecture de cette épopée familiale ne fait que se renforcer. Riad Sattouf possède ce talent de nous captiver avec ses anecdotes à la fois ordinaires (pour un natif des Pays arabes) et édifiantes (pour un Occidental peu familier des mœurs syriennes).