Sapiens : Une brève histoire de l'humanité de Yuval Noah Harari
(Sapiens : a brief history of humankind)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
Moyenne des notes : (basée sur 13 avis)
Cote pondérée : (686ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 13 390
La longue marche de la mondialisation
Aux dernières nouvelles de la génétique, Neandertal avant de disparaître aurait transmis quelques gènes à Sapiens en train de prendre pied en Eurasie au sortir de son berceau africain. Voilà de quoi faire tomber WASP(1) de son piédestal et mettre fin à certaine ségrégation rampante qui a la vie dure. Avant la Révolution agricole et les premières domestications animales les peuples fourrageurs (nommés communément chasseurs-cueilleurs) vivaient dans des petites structures égalitaires et solidaires sans doute plus heureux et moins soumis que leurs futurs descendants devenus paysans à la sueur de leur front. Une évolution culturelle fulgurante en a résulté conduisant en une grosse centaine de siècles à ce que nous sommes devenus pour le meilleur et pour le pire.
Chemin faisant villages, villes, empires, civilisations se sont succédé dont les traces auraient disparu corps et biens sans les sciences apparues quelques millénaires plus tard après une autre révolution aux conséquences inimaginables, le déploiement d’une pensée scientifique. Au lieu de s’en remettre à l’ordre établi dictant ce que l’on doit savoir, quelques esprits rebelles s’inquiétant de leur propre ignorance ce sont mis à chercher des réponses. Ils vivaient dans une péninsule ouest-européenne excentrée qui a connu dès lors une expansion sans précédent. Leurs empereurs, princes et marchands se sont crus destinés à dominer les autres mondes afin de leur apporter les bienfaits de leurs découvertes (thèse officielle démentie par les victimes…). Tirée par l’idée d’un progrès continu fondé sur une énergie inépuisable, une spirale tricotant impérialisme, capitalisme, confiance, libéralisme, technologie, consumérisme, s’est mise en place. Le temps que les grandes puissances mondiales asiatiques de l’époque y prennent garde il était trop tard.
Dans la veine du « Singe nu » de Desmond Morris (1967) on retrouve avec « Sapiens » le même humour « so british(2) » servi par un style alerte et admirablement traduit qui pousse à rire page après page. Excessivement bien documenté ce récit maintes et maintes fois raconté par les archéologues, paléoanthropologues, historiens, économistes soulève de vastes questions philosophiques à commencer par « où voulons-nous aller ? » qui lui donnent encore plus d’intérêt. A ne pas manquer.
(1) White Anglo-Saxon Protestant, autrement la population blanche européenne « pure souche » se pensant par faveur divine supérieure au reste du monde
(2) Même s’il est écrit par un historien israélien maître de conférences à l’Université hébraïque de Jérusalem
Les éditions
-
Sapiens [Texte imprimé], une brève histoire de l'humanité Yuval Noah Harari traduit de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat
de Harari, Yuval Noah Dauzat, Pierre-Emmanuel (Traducteur)
Albin Michel
ISBN : 9782226257017 ; 24,00 € ; 02/09/2015 ; 450 p. ; Broché
Les livres liés
- Sapiens : Une brève histoire de l'humanité
- Homo Deus, Une brève histoire de l'avenir
Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Les critiques éclairs (12)
» Enregistrez-vous pour publier une critique éclair!
Ou sont les sources ?
Critique de Ludo79 (, Inscrit le 12 février 2022, 49 ans) - 12 février 2022
Non seulement il empile les aphorismes péremptoires sans aucun scrupule mais n'hésite pas non plus à sauter du coq à l'âne.
Mais qui est Juval Harari ? Scientologue ? Fasciné ? Fascisé ? Difficile de le classer mais on peut lui reprocher son manque de sources pour étayer ses assertions osées, parfois douteuses. L'intelligence c'est une valeur universelle, l'auteur serait bien venu de l'accepter et de respecter ses lecteurs.
Dans le style prospective et sciences dures on recommandera plutôt Visions de Michio Kaku.
Humain plus qu'humain.
Critique de Maranatha (, Inscrit le 17 janvier 2019, 52 ans) - 31 décembre 2019
C'est le sous-titre qui m'avait happé à la librairie et je m'étais dit que relire une histoire de l'épopée humaine ne pouvait pas me faire de mal.
Je m'attendais à une chronologie classique avec des faits historiques, archéologiques, scientifiques et plein d'autres choses en ique.
Ce n'est pas exactement de cette manière qu'est constitué le livre.
C'est une frise qui démarre aux premiers temps jusqu'à une projection vers l'homme a-mortel et le transhumanisme.
De nos pères, leurs pérégrinations, leurs cultures, leurs moeurs, tout cela teinté de sociologie, de philosophie, écologie, d'économie, etc.
C'est fort intéressant et très intelligemment écrit.
Les débuts des sociétés, l'écriture, l'art,la religion, tout est passé en revue.
L'auteur est homosexuel, pratique la méditation et vit au sein d'une communauté en Israël. Tout cela n'est pas anodin. On sent une rancoeur à l'égard du christianisme, un peu envers l'islam.
Pour l'auteur Dieu n'a rien à voir dans notre histoire.
Je pense qu'il s'agit d'un progressiste athée.
Le genre d'homme qui s'inscrit pleinement dans l'histoire moderne du monde, se sentant intégré dans ce monde globalisé.
Cela ne remet en aucun cas la qualité de son livre qui est très agréable à lire.
C'est pavé qui n'est pas indigeste, certains passage m'ont ravi, d'autres agacé mais toujours suscité mon intérêt.
C'est un livre qui a eu beaucoup de succès, je regrette une chose c'est de ne pas l'avoir lu plus tôt.
Je le recommande sans hésiter.
Un livre qui fait réfléchir et qui vous suit partout
Critique de Didoumelie (, Inscrite le 5 septembre 2008, 52 ans) - 30 septembre 2019
C'est un livre exceptionnel qu'il faut lire, qui donne à réfléchir, à penser, à remettre en question ou du moins à plat tout ce qu'on pense savoir de l'Homme,de son évolution, de la Religion, etc.
Et auquel vous repenserez tout au long des jours qui suivront, puisqu'il est de cette trempe et de cette puissance-là. Il ne peut laisser personne indifférent.
Il y a parfois des passages un peu lourds à lire, c'est vrai, et qui méritent qu'on relise doucement pour comprendre, tant l'écriture est parfois dense. Ceci n'enlève toutefois rien à sa qualité.
A lire de toute urgence !
Intéressant mais avec des bémols
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 2 juin 2019
Pour les plus anciens d’entre nous, cet ouvrage fait penser au très remarquable « Le singe nu » de Desmond Morris. On saluera ici quelques articles remarquables quant à leur concision et leur efficacité. A remarquer en passant que si Harari vilipende volontiers les écolos, il éprouve une sympathie certaine pour les fourrageurs (cueilleurs-chasseurs) ; notez que c’est encore son droit.
L’auteur le dit lui-même : quand on se tourne vers le passé, on émet des théories qui sont en fait le plus souvent des supputations. En science, ce qui est tenu pour vrai aujourd’hui ne le sera plus nécessairement demain. Et parfois, Harari prend ouvertement parti.
On dit aussi souvent que l’argent fait tourner le monde. Il en est de même pour l’orgueil (donc le pouvoir). Que dire alors du sexe, de la sexualité. Pas ou peu grand-chose de tout cela dans cet ouvrage. Le sexe, la sexualité auraient mérité un chapitre à eux tous seuls…
A épingler :
- Dans le chapitre « Le déluge » sous le sous chapitre « Arche de Noé » (PP 95-97) : une remarquable description sur la destruction systématique par l’Homo Sapiens des animaux qui l’entourent.
- Excellent chapitre que ce « Credo capitaliste » avec tout particulièrement la traite des Noirs et le Congo belge (voir plus bas) (« L’enfer capitaliste »).
- Fameux article sur l’élevage intensif. Pas étonnant de Yuval Noah Harari soit devenu végan. In « La vie sur un tapis roulant », pp 400 à 406.
Extraits :
- Il est douteux qu’Homo Sapiens soit encore dans les parages dans un millénaire.
- (A propos de l’extinction de près de la moitié des animaux perpétrée par Homo Sapiens) Cette tragédie écologique s’est rejoué en miniature un nombre incalculable de fois après la Révolution agricole. Ile après île, les données archéologiques racontent la même histoire. La scène d’ouverture montre une population riche et variée de gros animaux, sans aucune trace d’humains. Dans la scène 2, l’apparition de Sapiens est attestée par un os humain, une pointe de lance et, peut-être, un tesson de poterie. L’enchaînement est rapide avec la scène trois dans laquelle des hommes et des femmes occupent le centre, tandis que la plupart des gros animaux et beaucoup de plus petits ont disparus.
- Ne croyez pas les écolos qui prétendent que nos ancêtres vivaient en harmonie avec la nature. Bien avant la Révolution industrielle, Homo Sapiens dépassait tous les autres organismes pour avoir poussé le plus d’espèce animales et végétales à l’extinction. Nous avons le privilège douteux d’être l’espèce la plus meurtrière des annales de la biologie.
- Le fermier moyen travaillait plus dur que le fourrageur moyen et se nourrissait moins bien. La Révolution agricole fut la plus grande escroquerie de l’histoire. Qui en fut responsable ? Ni les rois, ni les prêtres, ni les marchands. Les coupables furent une poignée d’espèces végétales, dont le riz, le blé et les pommes de terre. Ce sont ces plantes qui domestiquèrent l’Homo Sapiens, plutôt que l’inverse.
- En 306, le christianisme était à peine plus qu’une secte orientale ésotérique. Auriez-vous suggéré alors qu’il était sur le point de devenir la religion de l’Etat romain, on vous aurait ri au nez, comme on vous raillerait aujourd’hui si vous hasardiez qu’en 2050 Hare Krishna sera la religion officielle des Etats-Unis. En octobre 1913, les bolcheviks n’étaient qu’une petite faction d’extrémistes russes. Aucune personne raisonnable n’aurait prédit qu’à peine quatre ans plus tard ils prendraient le pouvoir. En l’an 600 de notre ère, l’idée qu’une bande d’Arabes séjournant dans le désert allait bientôt conquérir un immense territoire allant de l’Atlantique à l’Inde était encore plus ridicule.
- (Pour le coup, là Harari a tout faux) : A mesure qu’on avance dans le XXIè siècle, le nationalisme perd du terrain.
- En 1876, le roi Léopold II de Belgique créa une organisation humanitaire non-gouvernementale dont le but déclaré était d’explorer l’Afrique centrale et de combattre le trafic d’esclaves le long du fleuve Congo. Elle avait aussi pour mission d’améliorer les conditions de vie des habitants de la région en construisant des routes, des écoles et des hôpitaux. En 1885, les puissances européennes acceptèrent de donner à cette organisation le contrôle de 2,3 millions de km2 dans le bassin du Congo. Ce territoire, soixante-quinze fois plus grand que la Belgique, allait être désormais connu sous le nom d’Etat libre du Congo. Nul ne demanda leur avis aux 20 ou 30 millions d’habitants de ce territoire.
Très vite, l’organisation humanitaire se transforma en entreprise commerciale dont l’objectif véritable était la croissance et le profit. Oubliés les écoles et les hôpitaux. Le bassin du Congo se couvrit plutôt de mines et de plantations, le plus souvent dirigées par des fonctionnaires belges qui exploitaient implacablement la population locale. Particulièrement notoire était l’industrie du caoutchouc. Ce dernier devient rapidement un produit industriel de base, et son exportation la principale source de revenus du Congo. Les villageois africains chargés de récolter le caoutchouc se virent imposer des quotas toujours plus hauts. Ceux qui n’y parvenaient pas étaient brutalement châtiés pour leur « paresse » : on leur coupait les mains, les bras, par exemple, quand on ne massacrait pas des villages entiers. Entre 1885 et 1908, d’après les estimations les plus modérées, la poursuite de la croissance et des profits coûta la vie à 6 millions de personnes (au moins 20% de la population du Congo). Certaines estimations vont jusqu’à 10 millions de morts.
Après 1908, et surtout après 1945, la cupidité capitaliste fut légèrement bridée, notamment du fait de la peur du communisme.(….) »
- Le gâteau économique peut-il cependant croître éternellement ? Tout gâteau nécessite des matières premières et de l’énergie. Des prophètes de malheur nous préviennent que tôt ou tard Homo Sapiens épuisera les matières premières de la planète Terre. Et que se passera-t-il ensuite ?
- Toutes les activités et industries humaines réunies consomment annuellement autour de 500 exajoules, soit l’équivalent de l’énergie que la Terre reçoit du soleil en 90 petites minutes.
L'édifiant voyage de l'animal au post-humain
Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 21 mars 2019
Séduisante d’abord, par son argumentation claire et divertissante et un esprit de synthèse cohérent.
Mais aussi par ses points de vue singuliers qui éclairent différemment des idées simples, apparaissant ainsi sous un jour inattendu et intriguant. Par exemple lorsqu’il affirme que le blé a autant domestiqué l’homme qu’il a été domestiqué par lui. Ou encore que la prospérité d’une espèce (souvent synonyme de propagation ou de prolifération) n’a pas beaucoup à voir avec celle des individus (que ce soit pour les animaux d’élevage ou même Homo sapiens). Que la première découverte scientifique c'est la reconnaissance de l'ignorance. Ou enfin que l’ordre mondial ne repose que sur des conventions imaginaires tacitement acceptées par le plus grand nombre.
Sa réflexion est également anxiogène, elle nous accable, nous les Sapiens, tant sur notre empreinte environnementale désastreuse que sur notre prétendue évolution vers un horizon meilleur. Il entrevoit une déshumanisation de notre espèce, une transition vers une autre conscience, notre disparition en somme.
Un des axes de sa démonstration est de constater que l’Homo sapiens s’est singularisé du monde animal en substituant à l’évolution biologique une évolution culturelle. Celle-ci est infiniment plus rapide et donc délétère puisqu’elle ne permet ni à notre environnement ni à la nature humaine de s’y adapter.
Cet ouvrage met donc mal à l’aise. Avec ce paradoxe où d’un côté il nous culpabilise : voyez ce que nous avons détruit et pour quel résultat (sommes-nous au final plus heureux que nos ancêtres fourrageurs)? De l’autre côté il nous réduit à la somme de nos atavismes et de nos conditionnements, nous déniant tout véritable libre arbitre.
J’ai été convaincu par la plupart de ses théories sur le Sapiens que nous fumes. Sur le Sapiens que nous sommes, je reste dubitatif, peut-être parce que son diagnostic me dérange. Et pour celui que nous serons, je n’ai pas aimé ses projections. Elles m’effrayent trop. Probablement mon cerveau reptilien qui me met en garde.
L'homme et son destin.
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 30 octobre 2018
Mais ce n’est pas parole d’Évangile et il est permis d’en douter. Personnellement, je crois que la nature de l’homme a toujours été la même depuis les origines. Il y a toujours eu des colériques, des violents, des égoïstes et des jaloux, qui rendaient la vie infernale aux autres, du temps des chasseurs-cueilleurs comme de nos jours.
Ma conviction est que la sédentarisation a été pour le Sapiens une bénédiction : il a quitté la vie animale pour commencer une vie d’homme, avec ce qu’elle lui réserve de pire mais aussi de meilleur.
Ce qu’il dit plus loin sur les différentes races humaines, dont seul le Sapiens a survécu, paraît plausible ; c’est intéressant et bien expliqué mais ce n’est pas certain. Tous les anthropologues ne sont pas du même avis.
Mais l’essentiel du livre se trouve ailleurs. Plus loin il explique, à sa façon, l’organisation des Sapiens en société. Il examine le code d’Hammourabi, les droits de l’homme, la société Peugeot, les religions, le capitalisme et autre mythe du progrès. Selon lui, tous ces concepts permettent d’administrer les gens selon des codes qui n’existent que tant qu’on y croit et qui changent toujours avec le temps. Je pense qu’il y a dans ses théories à boire et à manger. Mais son propos est toujours présenté avec une belle logique qui entraîne facilement l’adhésion du lecteur.
Le chapitre sur les religions est à mon avis le plus intéressant. Il explique très bien ce que sont les religions. Mais son point de vue est très matérialiste et, surtout, il ne retient des religions que le côté communautaire et social. Pour lui, les idéologies telles que le communisme, et le nationalisme, ainsi que d’autres systèmes tels que le capitalisme et la mondialisation, sont des équivalents de religions dans la mesure où ces concepts étendent leur emprise sur le monde et conditionnent la vie en société à la manière des religions. Ses démonstrations sont très subtiles et convaincantes mais elles peuvent être mises à caution.
Quand il part de son a priori « c’était mieux avant », le lecteur fera, là aussi, la part des choses. Pour lui, le polythéisme valait mieux que le monothéisme et le monothéisme valait mieux que les croyances actuelles en un humanisme diffus et confus.
Il constate l’inanité de l’humanisme à la mode d’aujourd’hui, qui voudrait que l’homme soit individualiste et libre mais, en même temps, soumis aux lois du collectivisme et de l’égalitarisme, ce qui est, évidemment, incompatible. Ici on ne peut que lui donner raison.
Après avoir philosophé sur « qu’est-ce que le bonheur ? » avec beaucoup d’exemples plutôt amusants mais parfois un peu simplistes, il aborde sa vision du futur de l’humanité et le tableau qu’il nous présente est carrément affolant. Selon lui, l’homme va se substituer au Créateur, parfois pour le meilleur, mais le plus souvent pour le pire.
Cette vision est basée sur les découvertes en biologie et en biochimie. Il nous dit que, désormais sans repères, avec la perte de ses valeurs et de ses certitudes, sans plus aucune croyance ni dans les lois naturelles, ni dans la tradition, ni dans les religions, ni dans la sagesse des anciens, l’humanité, guidée par l’empirisme, s’est lancée dans des transformations génétiques qui pourraient conduire l’homme à sa perte.
Ce dernier chapitre du livre n’est pas du tout de la science-fiction. Il est basé sur une information tout à fait exacte des découvertes scientifiques qui, nous dit-il, sont mises sous le tapis pour ne pas effrayer les gens. Ça donne au lecteur un avant-goût d’apocalypse. Personnellement, je crois que l’auteur, cette fois-ci, aura raison quand il nous dira : « c’était mieux avant ».
Le grand intérêt de ce livre est qu’il est sérieux, sans être trop savant. Il aborde les grands thèmes de l’humanité, surtout dans son évolution sociale. Ses démonstrations sont parfois amusantes et parfois simplistes mais elles sont toujours claires et ne virent jamais à la vulgarisation. Tous les lecteurs pourront tout comprendre et nourrir leurs réflexions sur les grandes questions qui mènent le monde, depuis les origines jusqu’à une fin du monde qui, selon lui, pourrait arriver un peu plus vite qu’on ne le pense. Une très belle lecture assurément, qui suscite beaucoup de réflexions et ne manque jamais d’intérêt.
Rappelons pour l’anecdote que Barack Obama en aurait fait son livre de chevet.
Notre histoire de famille sur 300000 ans en 500pages
Critique de Nav33 (, Inscrit le 17 octobre 2009, 76 ans) - 27 janvier 2018
J'ai eu l’impression par moment que l'auteur, loin d'être péremptoire, écrivait pour mettre lui même au clair sa propre réflexion sur les sujets les plus difficiles ? C'est d'ailleurs une des fonctions de l'écriture.
Dans cette histoire vertigineuse de Sapiens j'ai retenu quatre grande ruptures qui sont mises en lumière :
1) Après au moins 230 000 ans de cohabitation et même de métissage avec d'autres hommes (dont Neandertal) , Sapiens , sans transformation biologique opère une « révolution cognitive » grâce à une capacité de socialisation entre un très grand nombre d'individus qui lui permet de supplanter tous les autres hommes.
2) Avec la révolution agricole il se sédentarise , connaît une explosion démographique. Les villes apparaissent . Les biens matériels sont multipliés , des minorités n'ont plus besoin d'assurer leur propre subsistance et peuvent se consacrer aux religions , aux arts , au savoir , les conflits deviennent systématiques .
3) Depuis 1500 de notre ère la méthode scientifique et le capitalisme coopèrent pour aboutir à la révolution industrielle
4) L'évolution Darwinienne pourrait faire place à un « «dessein intelligent » avec la capacité de Sapiens de transformer les êtres vivants y compris lui même à travers le génie génétique et les cyborgs. Cette transformation irait inéluctablement vers quelque chose que nous ne pouvons même pas imaginer. Question de décennie , de siècle ou de millénaire , mais peu par rapport au 300000 ans d'existence de Sapiens
Ce livre m'a permis de combler nombre de lacunes dans mes connaissances , notamment celles des religions , un sujet qui m’intéresse habituellement assez peu , mais que j'ai trouvé ici présenté de manière claire et synthétique.
Chacun peut retrouver des chapitres très familiers et des thèmes abordés sous des angles nouveaux et suscitant la réflexion , et parfois , malgré humour fréquent , un certain malaise propre à notre condition de ..Sapiens.
En route vers le divin !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 14 janvier 2018
"Voilà soixante-dix mille ans, Homo sapiens n'était encore qu'un animal insignifiant qui vaquait à ses affaires dans un coin de l'Afrique.
Au fil des millénaires suivants, il s'est transformé en maître de la planète entière et en terreur de l'écosystème.Il est aujourd'hui en passe de devenir un dieu, sur le point de d'acquérir non seulement une jeunesse éternelle, mais aussi les capacités divines de destruction et de création."
L'auteur nous livre un incroyable essai sur les pourquoi de la suprématie de l'homo sapiens sur la planète en un temps record.
Les révolutions agricoles et industrielles, certes, mais surtout une prodigieuse capacité à raconter des histoires. Des constructions mentales qui vont régir des communautés d'hommes toujours plus importantes.
Quelques millions d'individus, il y a 150 mille ans à une population mondiale de 7 milliards d'hommes aujourd'hui.
Au delà des questionnements historiques et biologiques, c'est sur les sentiers religieux, économiques, philosophiques et éthiques que nous emmène l'auteur.
Le capitalisme comme une religion !
L'ouvrage se referme sur le devenir de l'Homo sapiens; sa disparition programmée ?
La très grande force de cet ouvrage est l'originalité de sa présentation .
L'auteur ne respecte pas la chronologie historique mais avance ses hypothèses et nous invite à nous interroger.
Un livre grand public, sérieux, documenté, drôle et terriblement intelligent.
Un succès de librairie mérité pour un livre indispensable.
Qui sommes-nous et ou allons-nous ?
Chapeau bas Mr Harari !
Un gourou new age
Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 6 janvier 2018
Les commentaires, eux, sont contestables ! « L'histoire s'achèvera quand les hommes deviendront des dieux. » peut-on lire en quatrième de couverture. Ou bien l'auteur parle de l'invention de l'agriculture comme de « la plus grande escroquerie de l'histoire. »
Mais, cette brève histoire permet d'avoir une vue synthétique sur 100000 ans d'histoire d'homo sapien.
Une monumentale et passionnante histoire de l’humanité
Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans) - 28 octobre 2017
Du big bang à l’ère nucléaire, tout y est et rien n’est laissé de côté même si le corps de l’ouvrage est constitué par la vie et l’histoire des sapiens qui apparurent il y a 70 000 ans ou plus.
L’auteur a choisi en fonction de son étude et de ses choix de découper ces dizaines de milliers d’années en trois révolutions fondamentales :
- La révolution cognitive qui marque le début de l’ère des sapiens ;
- La révolution agricole il y a 12 000 ans ;
- La Révolution scientifique, commencée il y a 3 siècles et qui peut sonner le glas de l’humanité.
Que du progrès dira-t-on ? Oui mais à quel prix.
Quand les fourrageurs, cueilleurs et chasseurs ont décidé de planter et d’élever des animaux, il leur fallut travailler beaucoup plus et s’exposer à des maladies nouvelles et à des famines inconnues auparavant.
C’était le prix du « progrès ».
L’histoire va de plus en plus vite ….
Un paysans espagnol ayant vécu en l’an 1000 qui se serait réveillé en 1500 aurait trouvé le monde bien familier malgré des changements relativement importants … « Mais un matelot de Christophe Colomb qui aurait sombré dans un sommeil analogue pour se réveiller à la sonnerie d’un iPhone au XXIème siècle se retrouverait dans un monde étrange, voire totalement incompréhensible.
Une pensée pourrait bien lui traverser l’esprit : « Serait-ce le paradis ? A moins que ce ne soit l’enfer ? » »
D’où viennent les religions, très proches les unes des autres, les monothéistes ayant emprunté au polythéisme ?
Il n’y a qu’un dieu dans la religion catholique mais tellement de saints sans parler de la « vierge » du fils et du Saint Esprit. La religion musulmane n’étant pas en reste.
Comment sommes-nous arrivés à la notion de nation et de droits de l’homme et jusqu’où peut nous mener la globalisation née avec la naissance du capitalisme ?
Quel est l’avenir du genre humain avec cette course vers le modernisme, la recherche d’une consommation maximale au dépend d’une planète qui est au centre des préoccupations des politiques, le temps d’une conférence ?
Le dernier chapitre du livre aborde la question de notre futur, de la recherche de l’immortalité qui passe entre autres par des manipulations génétiques qui peuvent conduire au meilleur avec la guérison de maladies aujourd’hui incurables mais aussi au pire, c’est-à-dire à l’inhumanité !
Jean-François Chalot
Exceptionnel
Critique de Botchman (, Inscrit le 23 août 2009, 52 ans) - 19 mars 2017
Notre histoire
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 18 mars 2017
Au début nos ancêtres étaient assez bas dans la chaine alimentaire, se contentant de manger des plus petits animaux et d'être mangés par les plus gros. Mais, avec la révolution cognitive, les Sapiens s'organisent et prennent le dessus même sur les très gros animaux. Ensuite ce sera la révolution agricole : l'homme invente la culture du blé, se sédentarise... et en devient bien malheureux. Finie l'insouciance des chasseurs - cueilleurs : l'homme trime maintenant au travail et attrape des maladies, devient dépendant du climat, la population explose et le niveau de vie individuel diminue. C'est pourquoi l'auteur parle de la grande escroquerie que fut la révolution agricole. A noter que pour les autres espèces et la planète, l'ascension du Sapiens fut un désastre partout et toujours : chaque fois que l'homme a colonisé des territoires la faune y a quasiment disparu.
Ensuite il y eut l'invention de la monnaie, les empires, la révolution industrielle et récemment une nouvelle révolution a démarré avec une accélération phénoménale des progrès technologiques. Sommes-nous plus heureux avec tout ces progrès ? Probablement pas, par exemple on peut supposer que la vie d'un chasseur - cueilleur était bien plus agréable que la vie actuelle d'une ouvrière chinoise. En outre, ce qui caractérise notre époque c'est la mainmise de l'état et du marché (qui sont devenus notre père et notre mère) sur nos vies, au détriment de la famille et de la communauté proche. Or, le niveau de bonheur de l'homme est fortement déterminé par sa communauté proche. Bref, l'histoire montre que ces grandes révolutions ont bien sûr fait évoluer l'humanité dans son ensemble, mais cependant au niveau individuel cela a souvent été source de malheurs.
Un aspect très intéressant dans ce livre est les réflexions sur le rôle très important des religions dans l'histoire de l'humanité. On peut dire que notre époque se caractérise par l'émergence de nouvelles religions qui remplacent les anciennes monothéistes : il s'agit de l'humanisme (qui est à proprement parler une religion), du capitalisme. Les droits de l'homme, qui nous semblent comme une évidence, ne sont jamais qu'une nouvelle sorte de religion : c'est très bien expliqué et je suis tout à fait de son avis. Bien sûr parler de religion pour le communisme, le nationalisme, le capitalisme,.. n'est sémantiquement pas entièrement correct. Cependant, à part l'aspect du surnaturel et la question de la vie après la mort, il y a de grosses similitudes : il s'agit de structures de pensées supra-humaines qui permettent à l'homme de former des communautés toujours plus grandes. Avec le capitalisme et la mondialisation, on crée une communauté réellement globale, à l'échelle de l'humanité.
Dans le futur proche, on entrevoit le fait que Dieu disparait et que c'est l'homme qui devient Dieu. Selon l'auteur il n'y a jamais eu de dessein intelligent dans la création (la sélection naturelle suffisant à expliquer l'humanité), mais c'est en train de changer : l'homme sera très bientôt en mesure de créer des nouvelles espèces, voire de se rendre immortel, et pour la première fois l'évolution sera déterminée par une intelligence.
Ce livre m'a prodigieusement intéressé et donné à réfléchir même si je ne suis pas toujours d'accord avec sa vision de la religion ni avec sa façon de tout rapporter à la sélection naturelle. C'est plutôt bien écrit, facile à lire et accessible à tous (nécessitant parfois des passages sur wikipédia à la limite). Je le recommande chaudement.
Forums: Sapiens : Une brève histoire de l'humanité
Sujets | Messages | Utilisateur | Dernier message | |
---|---|---|---|---|
A Ludo 79 | 2 | Frunny | 12 février 2022 @ 20:15 |
Autres discussion autour de Sapiens : Une brève histoire de l'humanité »