Suzanne et les jeunes hommes de Georges Duhamel

Suzanne et les jeunes hommes de Georges Duhamel

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par CC.RIDER, le 21 juillet 2012 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 890ème position).
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Le monde impitoyable du théâtre

Suzanne fait partie de la troupe du théâtre des Carmes, elle en est même l'actrice vedette quand Eric Vidame, le directeur et metteur en scène, pour de sordides questions d'argent préfère donner sa place à la maîtresse d'un de ses mécènes. Voyant tous ses rêves de grands rôles du répertoire lui échapper, elle part s'installer à Nesles, à la Cavée des Portes, demeure du peintre Philippe Baudoin. Elle y découvre une famille d'artistes, tous peintres, sculpteurs ou musiciens, vivant dans une grande harmonie et dans une belle simplicité, une sorte de maison du bonheur ouverte à tous les talents et où tous les jeunes hommes sont amoureux d'elle. Venue pour un court séjour, elle y restera deux mois. Pendant ce temps, Joseph voyage en Egypte, Cécile donne des concerts en Suède et Laurent se trouve à Lisbonne.
Ce neuvième et avant dernier tome de la « Chronique des Pasquier » est assez différent des autres à plus d'un titre. Plus de récit épistolaire, plus de narration tous azimuts, mais une concentration sur le personnage attachant et ambigu de Suzanne, cette âme souffrante qui ne se réalise qu'à travers la comédie et finalement ne peut vivre que par procuration. Duhamel consacre pratiquement tout le livre à cette plongée dans le monde impitoyable du théâtre avec ses metteurs en scène prétentieux, ses comédiens plus ou moins serviles ou cabots et toutes les splendeurs et misères de la mise en oeuvre d'une pièce de théâtre. Véridique et affligeant. La famille Baudoin représente une sorte d'antithèse un peu idyllique qui démontre par l'absurde que l'art peut aussi être vécu en toute gratuité et en toute sincérité naïve. Un beau roman qui reste dans le domaine familial et au sujet duquel le lecteur ne pourra s'empêcher de se poser une question de simple vraisemblance. Tous les hommes de la famille sont partis à la guerre en 1914 et tous sont revenus sains et saufs (excepté Justin, l'ami juif). Quelle chance inouïe !

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Un peu en-dessous

8 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 17 décembre 2024

Ce tome est consacré à la cadette, Suzanne. Elle est une actrice renommée et douée, elle est très belle, et elle a beaucoup d'amoureux qui se languissent d'elle. Mais elle semble incapable d'aimer autre chose que son art. Le théâtre c'est sa vie et elle en souffre parfois. Alors que le rôle qu'elle veut lui est refusé, pour des raisons mercantiles, elle part vivre à la campagne dans une famille d'hurluberlus très sympathiques, dont bien sur l'ainé des garçons est amoureux d'elle.

Dans ce tome, consacré au théâtre, l'auteur adapte son style à son sujet et on verse souvent dans le conte de fée, l'histoire est racontée à la manière d'une fable par moment. J'ai moins aimé ce volume même si le destin de Suzanne est très bien rendu.

La bucolique

8 étoiles

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 22 décembre 2023

Suzanne est la fille cadette de la famille Pasquier. Elle est comédienne dans une troupe de théâtre à une époque - nous sommes dans l’entre deux guerres - où le théâtre était la grande mode ; elle est jolie comme un cœur et elle est la coqueluche du « tout-Paris » mais c’est une fille sérieuse.

Un jour on lui refuse un rôle qu’elle avait préparé pour le donner à une « pouffiasse » qui joue très mal mais qui est la maîtresse d’un homme très riche qui va renflouer la troupe. Alors elle se retire à la campagne dans une famille d’admirateurs transis. Il s’ensuit une espèce de bucolique, un retour à la nature, une nature qui est si belle et qui sent si bon, où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil… C’est bien raconté et on s’amuse mais on se demande : qu’est-ce qui lui a pris, à ce bon Duhamel, de se lancer dans cette espèce de pastorale à l’eau de rose, qui sent tellement la guimauve que tout lecteur bien constitué risquerait de remettre cœur sur carreau.

Pourtant il faut reconnaître que le caractère et la personnalité de notre Suzanne sont parfaitement définis. Elle incarne ces actrices un peu trop candides, qui se sont données toute entière à leur art et qui deviennent la proie d’exploiteurs éhontés et de manipulateurs qui s’enrichissent à leurs dépens.

Malgré ce côté bucolique un peu forcé à mon goût, ce neuvième volume des Pasquier reste un livre bien écrit, bien construit, et certainement, dans son genre, un beau classique de la littérature française.

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