Le Désert de Bièvres de Georges Duhamel

Le Désert de Bièvres de Georges Duhamel

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par CC.RIDER, le 13 juillet 2012 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 749ème position).
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Les charmes de la vie communautaire

En janvier 1907, Laurent et quelques-uns de ses amis artistes décident de se lancer dans un projet un peu utopique : créer un phalanstère, sorte de communauté hippie avant la lettre. Ils emménagent à Bièvres, non loin de Verrières, dans une vaste maison délabrée et installent une presse à imprimer dans une des salles communes. Ils s'appelleront « Les Solitaires », travailleront de leurs mains, cultiveront la terre et élèveront quelques animaux. Ainsi seront-ils libres et heureux et ne dépendront d'aucun système. Première concession : il leur faut trouver des mécènes désireux d'investir dans le projet et des clients prêts à leur passer commande pour que leur petite entreprise soit viable... Justin Weill, l'ami juif de Laurent est le plus enthousiaste. Il sera le plus gros contributeur, le premier installé et le dernier parti. Laurent mettra entre parenthèses ses études de médecine si brillamment commencées. Il recevra la Légion d'honneur pour s'être inoculé le vaccin antipneumococcique découvert par son patron Hermerel et pour avoir fait grandement avancer les connaissances médicales.
Ce cinquième tome de la Chronique des Pasquier est très différent du précédent. Beaucoup plus vivant, beaucoup plus pittoresque. Cette expérience de vie communautaire inspirée des idées libertaires et anarchistes de Fourier est absolument passionnante. S'y révèlent toutes sortes d'attitudes, de caractères et de fortes personnalités comme le musicien Testevel, le peintre Brénugat ou le poète Sénac. Tout ce petit monde, plein d'illusions et de générosité, prêt à toutes les concessions, découvre peu à peu les difficultés de la vie en groupe. Au bout du compte, le paradis rêvé se transforme en enfer, même pavé de bonnes intentions. Les mêmes causes entrainant les mêmes effets, les phalanstères du début du 20ème siècle n'eurent pas plus de réussite que ceux de la fin du XIXème ou du XXème. En moins d'un an, il se passe une foule de choses et c'est absolument passionnant de réalisme et de vécu. Pour l'instant, le meilleur tome de la série.

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Les éditions

  • Chronique des Pasquier [Texte imprimé] Georges Duhamel,...
    de Duhamel, Georges
    Gallimard / Collection Folio.
    ISBN : 9782070364732 ; EUR 4,20 ; 17/10/1973 ; 248 p. p. ; Poche
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La bohème, on était jeune, on était fou… (air connu).

9 étoiles

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 30 novembre 2023

Avec ce cinquième Pasquier, un des fils Pasquier, Laurent, qui en fait est l’auteur, a repris le récit avec « je ». Il raconte qu’il s’est laissé embrigader dans une bande de jeunes épris de liberté, qui a décidé de vivre en communauté dans une grande demeure de la lointaine banlieue parisienne. Alors nous avons droit aux amusantes péripéties de la vie en commun, et à un croquis plutôt réussi des différents personnages de la communauté. Ce n’est plus « la belle littérature » des débuts mais c’est toujours amusant à lire.

Ces rêveurs se sont imaginés de s’improviser imprimeurs ! Alors là on est en pleine euphorie parce que tous les imprimeurs du monde vous diront que l’imprimerie, « les arts graphiques », comme on dit dans le métier, nécessite un long et laborieux apprentissage. Mais passons ! En une journée ces doux rêveurs, en se mettant tous au travail, ont réussi à composer quatre lignes de typographie et ils ont tiré une épreuve pleine de taches et de fautes ! Et ils s’imaginent qu’à ce régime l’imprimerie va leur procurer de quoi vivre ! Mais soyons cléments, le rêve est si beau…

Finalement, on ne parle plus de la famille Pasquier dans ce cinquième tome ; le fils Pasquier, Laurent, qui en fait est l’auteur, parle de son expérience avec ses amis. On ne s’est pas ennuyé. On s’est rendu compte combien la vie en commun est toujours très difficile si pas impossible ; il paraît que même dans les couvents de religieuses on se crêperait le chignon si les religieuses enlevaient leur coiffe...

Avec ce tome, on a découvert une nouvelle facette du talent de Georges Duhamel : celle du portrait et de la mise en scène. Ce n’est plus de la grande littérature mais c’est toujours bien tapé et on s’amuse. Maintenant on passera aux tomes suivants en espérant qu’on y retrouvera la famille Pasquier.

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