Les dix enfants que madame Ming n'a jamais eus de Éric-Emmanuel Schmitt
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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un conte philosophique
Eric-Emmanuel Schmitt nous propose un petit ouvrage sur le thème de la Chine et du confucianisme.
Madame Ming est une "dame pipi" qui raconte la vie de ses 10 enfants à un narrateur étranger. Celui-ci se demande pendant tout le livre si elle fabule ou si elle a vraiment 10 enfants dans ce pays avec une politique de l'enfant unique. Le mystère sera éclairci à la fin du livre.
On peut lire cette oeuvre comme une petite nouvelle qui détend, mais le fond reste une analyse soutenue de références humanistes et à mes yeux, le thème principal reste le confucianisme : Confucius prône que les changements d'une société ne sont possibles qu'en commençant au niveau familial et à travers les exemples des personnalités différentes de ces 10 enfants, l'auteur traite l'idée de comment atteindre la vertu de la richesse intérieure.
Le choix de la "dame pipi" n'a, à mon avis pas été laissé au hasard par l'auteur. En bas de la société dans cette Chine qui a envoyé ses intellectuelles aux champs, je suppose qu'il l'a nommée Ming en rapport avec la dynastie qui correspond à l'apogée du confucianisme.(?)
Comme d'habitude, ses oeuvres sont très courtes et concises. On peut/doit s'arrêter sur certains passages, comme par exemple cette citation : "l’expérience est une bougie qui n'éclaire que celui qui la tient."
Ca réveille le cerveau, c'est un bon dessert !
Les éditions
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Les dix enfants que madame Ming n'a jamais eus [Texte imprimé] Éric-Emmanuel Schmitt
de Schmitt, Éric-Emmanuel
Albin Michel
ISBN : 9782226220691 ; 7,50 € ; 02/04/2012 ; 114 p. ; Broché
Les livres liés
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Un peu de confucianisme
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 22 juin 2016
Une nouvelle où dégoulinent les bons sentiments comme presque toujours chez E.E. Schmitt ce que nous change un peu de ce « monde de brutes » dans lequel nous sommes plongés par les temps qui courent
Extraits :
- « Pas trop d’isolement, pas trop de relations, l’exact milieu, voilà la sagesse »
- La question me semble celle-ci : pourquoi les hommes ne supportent-ils pas la vérité ? Premièrement, parce que la vérité les déçoit. Deuxièmement, parce que la vérité manque souvent d’intérêt. Troisièmement, parce la vérité n’a guère l’allure du vrai – la plupart des faussetés sont mieux troussées. Quatrièmement, parce que la vérité blesse.
- Qui plante la vertu ne doit pas oublier de l’arroser souvent.
Roman ? Nouvelle ?
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 25 mai 2016
Quand il s'agit de qualité on peut tout pardonner et quand en plus il est question du père de la rêveuse d'Ostende il convient d'être clément...
Mais il faut bien dire que j'attendais beaucoup plus que de courtes phrases dignes d'un cours de morale, ou de pensées de Confucius jetées en vrac au gré de la trame d'un récit un peu facile.
La vérité est sans doute le mensonge qui nous plaît le plus.
L'imaginaire qui sauve
Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 6 juillet 2014
Le narrateur, commercial, se retrouve fréquemment en Chine pour ses occupations professionnelles et rencontre au Grand Palace madame Ming, la préposée aux toilettes pour hommes. C’est l’objet de longues conversations sur la vie de famille où chacun des dix enfants présumés entre en scène alors que neuf d’entre eux sont nés de l’imagination de madame Ming.
En filigrane, une belle réflexion sur l’imaginaire que chacun de nous cultive pour recouvrir d’or le quotidien pas toujours des plus agréables.
L’auteur parvient à tenir le lecteur en haleine par la découverte progressive des présumés enfants de madame Ming. Quelle imagination !
Entre roman, nouvelle et conte philosophique
Critique de Claire A (, Inscrite le 15 juin 2013, 34 ans) - 15 juin 2013
Ce roman s’inscrit parfaitement dans sa collection, qui vise à faire réfléchir le lecteur sur différents systèmes de pensée. Ici, chacun est représenté par un des enfants et illustré par plusieurs anecdotes. La structure narrative participe fortement à la construction du propos de l’auteur. Il y a un parallèle établi entre les étages de l’hôtel, où l’on parle continuellement de finance, et le sous-sol, où s’engagent systématiquement des discussions philosophiques. Celles-ci sont incarnées par le personnage de Madame Ming. Son discours est parsemé de maximes de Confucius, telles que « celui qui déplace la montagne commence à enlever les petites pierres » (p.72). Face à elle, le riche Français incarne le mode de vie occidental par excellence. Mais cette rencontre et les échanges qui l’accompagnent, le narrateur les cherche. Il découvre qu’il en a besoin : cela l’ouvre aux valeurs humanistes qu’il a tendance à fuir, et l’amène finalement à une introspection sur son rapport à la paternité et à la vie en générale, qui déteint sur le lecteur.
La démarche générale du roman, basée sur la confrontation de deux modes de vie opposés, est très intéressante. Elle fonctionne d’autant plus qu’il n’y a aucun jugement de valeur de la part de l’auteur. La dimension dialogique fait qu’on passe aisément de l’un à l’autre. Cependant, l’intrigue est trop éloignée de ces raisonnements philosophiques, de ce fait, l’ensemble est bancal. La relation amicale qui se crée entre un business man et une dame-pipi est peu crédible. L’écart entre le discours de cette dernière et son rang social doit également être souligné. Aussi, le dénouement est sans surprise et la réflexion prend le pas sur la trame narrative, comme en témoigne la brièveté du livre. Le choix du roman, même s’il s’avère ludique et optimiste, n’était donc peut-être pas le plus judicieux pour porter ces problématiques.
Une autre dame-pipi
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 21 octobre 2012
« C'est l'imagination qui singularise, l'imagination qui arrache à la banalité, à la répétition, à l'uniformité. »
En écoutant cette dame, tout en bas de l'échelle sociale, parler de ses dix enfants, et sa vision sage de la vie, un homme d'affaire européen va modifier doucement sa façon de penser puis le cours de sa vie.
« Pour atteindre l'harmonie entre soi et les autres, il faut analyser les pensées, les filtrer, en refouler certaines. »
Malgré la morale de l'histoire, l'éventuel doute sur la réalité de cette famille, le questionnement du héros, je reste déçue par ce court roman auquel je pourrais reprocher l'abondance de sentences, une fin trop facile de la part d'un auteur dont j'affectionne particulièrement les nouvelles.
Humanisme et confucianisme
Critique de Saumar (Montréal, Inscrite le 15 août 2009, 91 ans) - 16 juillet 2012
Un jour, notre homme d’affaires laisse glisser une photo que madame Ming ramasse, en lui disant qu’il a deux beaux enfants. À cet instant, elle lui annonce qu’elle en a dix, et lui dévoile, avec poésie, les caractères de chacun d’eux. L'homme d'affaires hésite entre le mépris face à son mensonge et le bonheur qui émane de cette dame, lorsqu'elle décrit ses enfants, ce qui le laisse perplexe, dans un pays de l’enfant unique. Il sourit et retourne à ses activités. Nous aussi, lecteurs, ne sommes pas dupes. C’est le pouvoir de l’imagination qui nous fascine, la véracité nous importe peu, dans ce conte. « C’est l’imagination qui singularise, l’imagination qui arrache à la banalité » (p.43).
Notre voyageur de commerce qui, n’ayant pas connu le bonheur d’être père, comprend la nostalgie de madame Ming et son besoin d’évasion, en parlant de sa famille imaginaire. Bouleversera-t-elle le choix qu’il avait déjà fait? Et le désir de nombreux enfants pour madame Ming, était-ce la peur de se retrouver seule en fin de vie? Une dernière citation «La vérité, c’est juste le mensonge qui nous plaît le plus » (p.105).
L’auteur, Éric-Emmanuel Schmitt, nous fait partager plusieurs aphorismes de l’œuvre philosophique des “Entretiens de Confucius ”, ce qui en fait une lecture qui plaît et détend, tout en nous conviant à la réflexion, au bonheur et à la sagesse.
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