La chambre dérobée de Paul Auster

La chambre dérobée de Paul Auster
( The Locked room)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Pendragon, le 12 février 2002 (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 12 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 194ème position).
Visites : 9 130  (depuis Novembre 2007)

Trilogie new-yorkaise, suite et fin

Voilà le troisième roman achevé. Et c'est dans un crescendo merveilleux que ce cycle se termine. En effet, La Chambre Dérobée est un véritable chef-d'œuvre d'écriture, de style, de talent et d’imagination, le tout lié par une psychologie profonde et noire (c’est Auster quand même) des personnages.
L'histoire est plus logique, plus facile à suivre que les deux premiers tomes, il n'y a pas à proprement parler de césure ou de basculement dans la folie. il y a juste une lente chute en pente douce…
Un jour, un homme reçoit un appel de la femme de son meilleur ami, enfin, son ex-meilleur ami, ils ne se sont plus vus depuis des années. Elle a pour lui la dernière requête de son mari qui a disparu depuis des semaines… Triple choc, son ami n’est plus, il lui est demandé de publier toute son oeuvre (considérable) et sa femme est belle, très belle.
Commence alors une histoire dans la lignée des deux premiers tomes, où l’enquête d’un homme prend le pas sur sa vie propre. Il y aura quand même une césure, une révélation, une surprise que je ne peux ici dévoiler, il y aura cette plongée sans rappel vers les tréfonds de l'homme, il y aura cette descente vertigineuse dans l'animalité dans ce qu’elle a de plus abject, il y aura cette perte de conscience, de toute conscience, il y aura de sombres combats intérieurs. et toujours cette narration au premier degré qui vous prend les tripes et qui oblige le lecteur à vivre intensément les tourments de l'homme.
De main de maître, Auster nous a ici livré le meilleur de lui-même, un don de soi qui ne laisse pas indifférent. Il se met en scène lui-même au sein de ses romans et dans celui-ci en particulier car un bref passage fait mention des deux premiers tomes et de leur relation avec leur auteur. Cela ne rend que les choses plus vraies encore. Epoustouflant !
Ne soyez point rebutés et laissez-vous emmener en ces noirs plans où l'âme elle-même se déchire en lambeaux…

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Les éditions

  • La Chambre dérobée [Texte imprimé], roman Paul Auster trad. de l'américain par Pierre Furlan
    de Auster, Paul Furlan, Pierre (Traducteur)
    Actes Sud / Romans Nouvell
    ISBN : 9782868692764 ; 17,10 € ; 10/08/1993 ; 164 p. ; Broch
  • La chambre dérobée [Texte imprimé], roman Paul Auster trad. de l'américain par Pierre Furlan
    de Auster, Paul Furlan, Pierre (Traducteur)
    le Livre de poche / Le Livre de poche.
    ISBN : 9782253135203 ; 0,01 € ; 01/06/1994 ; 155 p. ; Poche
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Les livres liés

  Trilogie new-yorkaise.

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Trilogie ou triptyque ?

7 étoiles

Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans) - 2 décembre 2019

À nouveau le parallèle avec les deux premiers romans de la trilogie ne peut être que frappant, car les thématiques du double et de la création littéraire y sont omniprésents. Il est ainsi vraiment troublant que ces trois histoires (Cité de Verre, les Revenants, et celui-ci) soient « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre », c’est-à-dire, comme le souligne Paul Auster lui-même je crois, des variantes les unes des autres.

La chambre dérobée donne ainsi également, comme les deux autres, un sentiment de vertige, même si c’est sans doute le moins conceptuel des trois récits qui compose la trilogie. Je dirais qu’on respire un peu plus, malgré les mystères et quelques choses encore d’oppressants, car le narrateur semble avoir une vraie vie, un passé, une vie sociale, beaucoup plus riche et explicite que les deux précédentes figures principales. Contrairement à Daniel Quinn (Cité de Verre) ou à Bleu (les Revenants) qui s’enfoncent au fur et à mesure du récit dans une spirale de non-sens, le narrateur de La chambre dérobée, en dépit du fantôme de Fanshawe qui le hante, à une vie qui tendrait plutôt, au fil du roman, à prendre de l’épaisseur, puisqu’il épouse sa compagne, adopte son fils et profite du succès littéraire des œuvres de son double.

Le triptyque de Paul Auster est resté pour ma part hermétique sur de nombreux points. Cela ne m’a pas dérangé personnellement, c’est ce qui le rend aussi fascinant que passionnant. La trilogie m’a impressionné, à la fois par la maîtrise narrative qu’elle suppose, par les ponts que l’écrivain a su tisser entre chacune des parties et par la thématique de la création littéraire qu’elle aborde de manière toute à fait singulière.

2,5 étoiles!

5 étoiles

Critique de Js75 (, Inscrit le 14 septembre 2009, 41 ans) - 9 juillet 2010

La chambre dérobée est la troisième et dernière histoire de la trilogie new-yorkaise de Paul Auster. Contrairement aux deux premières histoires, d'un très bon niveau, cette dernière histoire est moyenne. En effet, l'histoire est sans grande originalité et est truffée de digressions. La trilogie se clôt donc sur une note moyenne.

Très bon!

8 étoiles

Critique de Math_h (Cahors, Inscrit le 11 août 2008, 38 ans) - 20 janvier 2009

Dernier tome de la trilogie New Yorkaise, mon préféré reste le premier mais quoi qu'il en soit un très bon bouquin, noirceur, folie,... Tous les ingrédients qui font que Auster est Auster.

Chambre à part

9 étoiles

Critique de Jean Meurtrier (Tilff, Inscrit le 19 janvier 2005, 49 ans) - 14 septembre 2007

Ce troisième volume de la trilogie new-yorkaise tranche avec les deux précédents, comme s’il n’avait pas été écrit dans la foulée. Il m’apparaît plus richement travaillé, plus humain, proposant des personnages subtils et fascinants, confirmation que la série va crescendo sauf en ce qui concerne l’importance de la Grosse Pomme dans le récit.
Les deux autres tomes sont clairement cités dans celui-ci, mais il n’est pas facile de découvrir de réels points communs en plus de ceux qui sont explicitement exposés. Les personnages ne se superposent pas de manière évidente à travers les trois livres. Cependant, il n’est pas exclu de penser qu’à chaque opus Paul Auster se dédouble pour finalement faire disparaître un exemplaire de lui-même.
En général, je n’apprécie guère les histoires relatant une irrémédiable descente aux enfers où le lecteur se sent impuissant face aux erreurs du personnage principal. Mais avec Paul Auster il en va tout autrement. Les sentiments et états d’âme se succèdent, se prennent à contre-pied (et nous avec), s’annulent. Les évènements donnent lieu à des interprétations qui évoluent avec le recul débouchant sur des résultats étonnants. Loin d’être déstabilisé ou de se sentir abusé, le lecteur suit fidèlement l’auteur à travers ses tortueuses mais admirables réflexions. A relire!

De beaucoup supérieur aux deux premiers tomes

10 étoiles

Critique de FightingIntellectual (Montréal, Inscrit le 12 mars 2004, 42 ans) - 22 juin 2007

Je crois, d'entrée de jeu, que ce roman m'a tellement plu que je pense l'ajouter à ma liste de livres préférés de Critiques Libres. Un roman auto-référentiel au coton, où l'art de se raconter est réinventé par Auster dans ce roman qui traverse toute la trilogie.

J'en suis laissé pantois devant tant de maîtrise d'un sujet aussi difficile. Auster s'expulse lui-même de son récit en complétant la trilogie, mais se recherche de la même façon que les personnages de Pirandello recherchent leur auteur. Les boucles de vie Auster/Fanshawe sont merveilleusement entremêlées, le texte est le pot-aux-roses du texte, un incroyable roman.

Troisième texte

8 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 9 novembre 2005

Un bon récit qui clôt parfaitement cette trilogie en étendant des passerelles vers les deux court romans précédents. On nage dans du Auster à son plus pur avec ce narrateur qui s’approprie la vie d’un ami d’enfance, un écrivain qu’il croit décédé. Il devient le père de son enfant, il vit avec sa copine et publie ses écrits.

Bien sûr, tout ceci permet à Auster d’exploiter ses thèmes fétiches comme le hasard, la double identité et la confusion des genres. Ce n’est pas aisé comme lecture mais il est difficile de résister au charme et à l’intelligence d’une narration si bien construite.

Conscience vs conscience

8 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 27 avril 2004

Ce récit qui clôt la trilogie new-yorkaise est probablement le plus lisible des trois, en ceci qu’il présente davantage que les autres le déroulement classique d’une vraie histoire crédible. Oui, enfin, c’est jamais « classique-classique » avec Auster, mais on se comprend…

La première page donne le ton : « Nos vies nous emportent selon des modes que nous ne pouvons maîtriser, et presque rien ne nous reste. Ce presque rien meurt avec nous et la mort est quelque chose qui nous arrive tous les jours ». Le récit entier est contenu dans ces quelques mots. L’histoire commence lorsque le narrateur reçoit une lettre de la femme de son meilleur ami qu’il n’a plus vu depuis des années. Sophie lui explique que Fanshawe a disparu depuis six mois. Elle le suppose mort et a une lourde demande à soumettre au narrateur. Narrateur qui semble un homme comme tout le monde, avec ses failles, ses fantômes. Narrateur qui au fil de son enquête croit poursuivre la trace de Fanshawe, alors que d’une manière plus insidieuse, c’est Fanshawe qui est sur ses pas. A nouveau, je me répète, Auster développe un talent incroyable pour décrire le cheminement des pensées à l’intérieur de la conscience. Talent qu’il s’applique à lui-même en analysant sa trilogie au coeur de troisième volet ! « Ces trois récits, au bout du compte, sont la même histoire, mais chacun représente un stade différent de ma conscience de ce à quoi elle se rapporte. (…) Il y a maintenant longtemps que je me démène pour dire adieu à quelque chose et, en réalité, seule cette lutte compte. L’histoire n’est pas dans les mots, elle est dans la lutte. »

Si je me réfère aux connaisseurs d’Auster, la trilogie new-yorkaise n’est pas l’ouvrage qu’ils préfèrent. Ce qui me laisse fébrile à l’idée que le meilleur est encore à venir…

Déroutant !

8 étoiles

Critique de Féline (Binche, Inscrite le 27 juin 2002, 46 ans) - 20 avril 2004

Voilà, la trilogie est close. Si il est vrai que ce dernier tome semble plus abordable que les deux premiers, j'avoue avoir été un peu décontenancée par l'issue.
Il n'en demeure pas moins un excellent Paul Auster, qui ne m'a jamais déçu jusqu'ici.

Bien d'accord !

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 12 février 2002

On ne connaît pas vraiment Auster sans avoir lu cette trilogie, qui est une part des plus essentielles dans son oeuvre globale. Cela, je ne le nie pas ! Simplement je pense qu'il ne faut pas pénétrer l'univers d'un nouvel auteur (pour le lecteur), en débutant par ce qu'il a écrit de plus dur.

mini précision

9 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 12 février 2002

Il est vrai que la Trilogie n'est pas gaie, je suis entièrement d'accord avec Jules, et je suis aussi d'accord avec lui lorsqu'il nous dit de ne pas commencer par celle-ci si l'on veut découvrir l'univers de Paul Auster, mais (il y a toujours un mais), si l'on connaît déjà l'univers "austerien", il "faut" lire cette trilogie qui, comme j'espère l'avoir fait comprendre dans mes trois critiques, descend profondément au sein de ce que l'âme peut avoir de plus sombre et de plus triste. Ce n'est pas gai, certes, mais quelle puissance !

Superbe !

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 12 février 2002

Ce livre est un excellent Paul Auster. Mais, comme pour une bonne partie de son oeuvre, il faut aimer ce qui est très sombre, ce qui va chercher ce qui se trouve tout au fond de notre conscience et de nos instincts. Pour qui aborderait Auster, je ne conseillerais pas d'aller vers Anna Blume ou la Trilogie New Yorkaise ! Aucun n'est gai, mais il en est qui ont une histoire bien plus facile à suivre. En premier je conseillerais "Moon Palace", en second "Monsieur Vertigo" et en trois "Léviathan".

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