Cité de verre de Paul Auster

Cité de verre de Paul Auster
( The locked room)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Pendragon, le 6 février 2002 (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 16 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (990ème position).
Visites : 20 695  (depuis Novembre 2007)

... ou le Paul Auster des débuts

Cité de verre est le premier tome de la trilogie new-yorkaise de Paul Auster. Ecrit en 1985, ce roman décrit le parcours erratique d’un homme qui voit un jour sa vie bouleversée parce qu’on l'a pris pour un autre.
Ecrivain plus ou moins raté, Quinn est un soir contacté par le couple Stillman qui le prend pour un détective privé du nom de Paul Auster ! Et Quinn, par désœuvrement, accepte la mission qui lui est confiée.
Nous suivons alors Quinn qui suit lui-même un autre Stillman, qui ne suit, lui, que son chemin de pensées, proches de la folie. Le récit devient alors une déambulation au sein des rues de New York, au sein des neurones perturbés de Quinn et de Stillman, au sein du chaos !
Comme toujours dans l'œuvre d'Auster, il y a un basculement, net et précis, qui oblige le lecteur à se demander s'il lit toujours un roman prétendu réel ou s'il est passé dans le fantastique. Dans ce cas, c’est pour le moins « glauque » et l'on se perd en tergiversations sur le pourquoi du passage de Quinn de l’autre côté du miroir, vers cette autre dimension, qui confond les moulins à vent et les chevaliers ou la bassine du barbier avec un heaume, vers cette cité de verre où tout n'est que reflets d'une réalité.
Roman étrange et fermé, il oscille sans cesse entre le drame et la réflexion… et toujours, le poids des gratte-ciels pèse sur nos épaules, nous laissant pantois de suffocation.

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"Le cahier rouge évidemment n'est que la moitié de l'histoire"

8 étoiles

Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans) - 5 novembre 2019

Plus encore que dans le Plan Déchiqueté de Kobo Abé qui procède d'un schéma quelque peu similaire, on s'égare dans ce texte étourdissant. Il faut dire que les incessantes mises en abîme, le dédoublement des personnages et les questions sur le langage amènent à perdre le lecteur. Les rues de New-York se révèlent être un cahier d'écriture où Daniel Quinn, le protagoniste central du roman, se dissous lentement, emporté par sa folie ou sa fiévreuse imagination: comme dans le Plan Déchiqueté les êtres et les lieux s'avèrent n'être qu'un décor vide, tandis que le récit lui-même perd tout son sens pour le personnage principal.

Où se situe la vérité ? Comment dire les choses puisque les mots nous trompent et n'y suffisent pas ? Qui manipule le récit ? Toutes ces interrogations hantent Cité de Verre, tandis que les allusions aux grandes œuvres de la littérature, aussi bien qu'à certaines passages de la Bible (les gratte-ciel de New-York ne seraient-ils pas d'ailleurs un écho à la Tour de Babel qui défie Dieu ?) finissent par donner un tour métaphysique, voire mystique à cette étrange métaphore.

Étrange métaphore en effet, car Cité de Verre reste sans doute ouverte à moult interprétations possibles, à un questionnement sans fin, presque à l'image de celui qu'affectionne par exemple la philosophie talmudique. Puissant exercice, sorte de manifeste aux énigmatiques mystères, Cité de Verre m'a personnellement assez fasciné, même si je pense que je n'ai réussi à en saisir toutes les clés.

Quand Paul Auster rencontre Paul Auster

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 15 juillet 2014

Premier roman de Paul Auster, consacré comme de bien entendu à New York, en personnage principal préféré de Paul Auster. Les situations sont typiquement « austeriennes », floues, ambiguës, laissant toute place à l’interprétation personnelle et aux spéculations.
Daniel Quinn est un homme catégorie « brisé ». Il a perdu dans un accident femme et fils. Il vit depuis reclus volontaire, ayant renoncé à une carrière littéraire pour n’écrire plus que des polars alimentaires sous pseudo. Et voilà que Daniel Quinn reçoit un appel téléphonique, une erreur manifestement, destinée à un détective privé : … Paul Auster ! Contre toute attente, Quinn va endosser l’identité de Paul Auster, rencontrer la famille Stillman ; Peter et sa femme.
Une personnalité plus qu’étrange, ce Peter Stillman, qui se prétend avoir été enfermé dans son enfance, cloîtré par son père, Peter Stillman (il aime ce genre de confusion notre Paul Auster. Paul Auster, l’auteur, pas le détective privé !) et qui est terrifié par la sortie de prison imminente du Peter Stillman père. Il engage donc Paul Auster/Daniel Quinn pour surveiller son père et l’empêcher de lui nuire.
Déjà compliqué, non ? Mais avec Paul Auster tout peut arriver et dériver vers du fantastique genre cauchemar éveillé. La situation va évoluer au fil des filatures effectuées par Quinn derrière Peter Stillman. Il discerne progresivement un message dans les pérégrinations effectuées quotidiennement dans New York par Peter Stillman père. Un message qui semble confirmer les craintes du fils. Puis le père va disparaître brutalement. Quinn/Paul Auster se met alors en tête de retrouver le Paul Auster détective à qui l’appel initial était destiné, espérant ainsi démêler l’écheveau. Il trouve un Paul Auster … écrivain (quand on vous dit qu’il aime ce genre de confusions, notre Paul Auster !!) qui ne pourra l’aider.
En désespoir de cause, il planquera devant l’immeuble de son client, le Peter Stillman fils, pour prévenir toute mauvaise action du père, planque qui prendra définitivement une tournure « austerienne », basculement vers une forme de folie et la clochardisation.
De tout ceci nous en prendrons connaissance par la relation au quotidien des actes et réflexions de Daniel Quinn dans son cahier rouge, cahier rouge retrouvé par le narrateur …
Le seul aspect qui me gêne chez Paul Auster, c’est cet aspect artificiel, volontairement compliqué et à multiples entrées de ses constructions. Comme si l’histoire était délibérément cultivée « hors-sol ». Personnellement je préfère les fraises cultivées en pleine terre plutôt qu’hors-sol, sur support artificiel et alimentées de substrats synthétiques !

Fascinant

9 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 4 mai 2013

Quinn, écrivain de romans policiers, reçoit un coup de fil, un appel à l’aide lancé sur un faux numéro. A partir de là, il va être happé dans la folie d’une enquête infernale...
Difficile de parler de ce livre qui m’a fasciné et de rendre sa complexité. Il y a bien sur l’enquête et le suspense.
Il y a l’errance dans cette ville de New York qui semble dévorer et faire disparaître les individus.
Il y a la folie logique de Stillman que Quinn piste.
Il y a surtout une passionnante construction, avec des emboîtements et des jeux d’identité. Trois identités pour le héros. Un détective qui n’existe pas.
Un Paul Auster que nous croisons dans le livre, auteur lui aussi et qui mène une fascinante réflexion en se demandant qui est le véritable auteur de Don Quichotte, réflexion qui se transpose pour la Cité de verre puisque se mêlent Paul Auster (le vrai), Quinn qui tient un journal et le narrateur qui l’a recueilli.
J’espère que ces phrases embrouillées ne vous découragent pas, je ne sais comment vous dire qu'il faut vraiment découvrir ce roman !

Ce n'est pas mon véritable nom

9 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 25 septembre 2011

A la suite d’un bien étrange coup de téléphone, l’écrivain Daniel Quinn accepte de devenir le célèbre détective, Paul Auster. Paul Auster qui, dans l’histoire, est aussi écrivain mais n’est pas Quinn ( si vous suivez, mais là, on brûle les étapes ).
L’enquête consiste à prendre en filature un certain Stillman, à surveiller ses faits et gestes car madame Stillman, Virginia, soupçonne son mari d’en vouloir à la vie de leur fils, Peter. Quinn se prend au jeu, trop même : il finira clochard. Pourquoi prend-il donc pour argent comptant tout ce qu’on lui dit ? Les Stillman disparaîtront.
Assez bluffant ! les lettres formées par les apparentes errances de Stillman dans New York. Excellente, la pérégrination de Quinn dans Manhattan et remarquable son article dans le cahier rouge à propos des mendiants et des clochards.

Ce roman est un vrai roman new-yorkais car, chapitre après chapitre, on ressent bien que l’histoire devait se dérouler dans cette ville et nulle part ailleurs. Faut dire qu’il est signé : Paul Auster, écrivain ( cette fois ! ) de son état et chantre de la Grosse Pomme.

4 étoiles!

8 étoiles

Critique de Js75 (, Inscrit le 14 septembre 2009, 41 ans) - 6 juillet 2010

Cité de Verre est la première histoire de la trilogie new-yorkaise et elle est d'un très bon niveau.Narration originale,personnage principal attachant et thèmes intéressants.Un thriller métaphysique captivant.Une belle réussite.

heureusement j'ai lu Auster!

10 étoiles

Critique de Soup34 (, Inscrit le 30 septembre 2007, 44 ans) - 21 avril 2010

je n'avais jamais lu de livre de littérature américaine au sens noble du terme et je m'en serais voulu de rater ce livre.
L'histoire est prenante, le personnage principal est complexe et torturé à souhait. L'auteur met lentement toutes les pièces du puzzle en place pour à la fin déclencher un bouleversement inattendu et génial chez le personnage.
Un très bon livre, je m'en vais de ce pas lire le deuxième.

Tourbillon identitaire particulièrement tordu

7 étoiles

Critique de Calepin (Québec, Inscrit le 11 décembre 2006, 43 ans) - 28 mai 2009

Résumé : Quinn, un auteur reclus écrivant désormais sous un pseudonyme, reçoit des appels à l'aide destiné à un certain Paul Auster. Il décide de se prendre pour ce Auster et débute une enquête qui le mènera vers un gouffre.

Mon avis : Je ne suis pas un amateur de roman policier. Est-ce le cas de celui-là ? À mon sens, pas vraiment, vu l'importance de l'intériorité du personnage principal. Son parcours intérieur face aux problèmes à enquêter sur l'étrange Peter Stillman m'a fasciné tant par sa complexité que par sa précision. On s'enfonce avec le personnage dans ce gouffre où il perd peu à peu sa vie actuelle, voire son identité. C'est d'ailleurs le thème central du roman sans l'ombre d'un doute et Auster le traite très bien.

Il m'a fallu plusieurs dizaines de pages pour accrocher, contient quelques longueurs et l'étrangeté de la fin m'a laissé perplexe. Individuellement, ce livre laisse trop de questions et semble incomplet dans sa réflexion identitaire. Je sais qu'il fait parti d'une trilogie, mais j'aurais souhaité davantage dès le premier.

Chef d'oeuvre...

8 étoiles

Critique de Math_h (Cahors, Inscrit le 11 août 2008, 38 ans) - 16 septembre 2008

Je vais pas répéter tout ce qui a été très bien dit plus haut, je vais donc faire court... Un roman prenant, surprenant, intense...
J'ai eu un grand plaisir à le lire.

Verre sans tain

7 étoiles

Critique de Jean Meurtrier (Tilff, Inscrit le 19 janvier 2005, 49 ans) - 7 septembre 2007

«La cité de verre» se lit facilement, grâce à sa narration directe et linéaire. A l’instar d’une bonne partie de la littérature américaine, le style dépouillé m’a laissé une impression de vide, un manque de consistance qui peut opportunément se traduire ici par la solitude des grandes villes, telle New-York où se dissout progressivement Daniel Quinn.
Le récit hésite continuellement à basculer dans le fantastique, ce qui n’est pas rare dans les années 80. Alors qu’on se sent chavirer par quelque bizarrerie, un fait ou une conversation terre-à-terre nous raccroche au concret. Ce n’est que dans les dernières pages que le lecteur plonge définitivement dans l’irrationnel. Remarquons par ailleurs que le procédé de Don Quichotte, selon les suppositions de Paul Auster (le personnage), a pu être utilisé pour le récit que Quinn a rédigé dans son carnet rouge, avec la complicité involontaire du narrateur au moment où il fait son apparition.
Même si ce premier opus de la trilogie ne m’a pas déçu, je dirais en guise de conclusion que les romans qui parlent d’écrivains en proie au doute tournent souvent en rond.

Aaaaah ces postmodernistes américains!

8 étoiles

Critique de FightingIntellectual (Montréal, Inscrit le 12 mars 2004, 42 ans) - 23 décembre 2006

Je viens de lire ce bouquin sur la recommandation d'un professeur qui connaît mon dada pour les littérature américaine. La démarche d'Auster est très intéressante. Daniel Quinn est Max Work, est Paul Auster, et William Wilson. Déjà là Auster situe son personnage... et se situe lui-même aux confins de son héritage littéraire. C'est un des nombreux exemples d'un héros postmoderne situé en perspective de Poe et de la littérature des Chandler, Hammett et compagnie.

C'est, à mon avis, un constat intéressant d'impossibilité d'une littérature à 100% originale en cette époque. Un constat de l'importance de citer implicitement ou non dans son oeuvre. C'est également un constat d'honnêteté que fait Auster face à la mode des polars instaurée par tous les auteurs à la Robert Ludlum ou Patricia Highsmith. C'est une position de force et d'originalité qu'a réclamé Auster avec le premier tome de sa trilogie. Il m'a donné envie de lire la suite... romanesquement et littérairement parlant

Premier texte

8 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 3 novembre 2005

Une aventure qui désoriente. J’ai surtout aimé la façon dont Auster s’amuse avec lui-même, fait entrer en contact sa réalité personnelle à celle de son imaginaire. On en ressort confus évidemment, mais tout comme celle de Modiano, la déroute bien menée apporte quand même son lot de plaisir et d’intrigue.

Décourageant

3 étoiles

Critique de Manu55 (João Pessoa, Inscrit le 21 janvier 2004, 51 ans) - 25 septembre 2004

Sur les conseils de mon libraire, je ne connaissais pas encore critiques libres alors, intrigué par cet auteur, je me suis plongé dans la Trilogie New-Yorkaise il y a maintenant quelque temps.
Et bien rien. Pas moyen d'accrocher à ce livre. J'ai péniblement terminé la cité de verre, et simplement commencé le suivant, dont j'ai oublié le titre.
Je ne sais pas d'où ce dégoût est venu... Le fait que le héros du livre porte le nom de l'auteur, aie la même profession que l'auteur m'a dérangé. La structure du récit, le style de l'auteur m'ont aussi dérangé... je l'ai trouvé prétentieux, pesant.

Disparition identitaire

9 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 27 avril 2004

Incroyable comme tout tourne, dans ce livre (comme dans la vie, non ?), autour de la problématique de l’identité fluctuante des êtres, des choses et même des mots. Les pseudonymes correspondent parfois à des personnages réels : Quinn, objet d’une méprise, accepte d’endosser le nom de … Paul Auster et sa profession : détective privé. Chargé de suivre un certain Stillman, Quinn-Auster se perdra davantage dans les méandres de son esprit tortueux que dans ceux de New York.

Si vous n’avez pas encore lu « Cité de verre », ne lisez pas la suite de ma critique-éclair car j’y dévoile un aspect final…

Certains pourraient déplorer l’absence de fin, en bonne et due forme : Quinn disparaît, sans que nous sachions ce qui lui est arrivé. J’y vois personnellement l’aboutissement du thème du livre. En effet, terminer l’histoire par « l’évaporation » totale de Quinn évite de le faire mourir, par exemple, car cela aurait été lui rendre son identité. Ici, la confusion ou la perte d’identité se fond en déliquescence totale. Grandiose !


Déroutant

7 étoiles

Critique de Féline (Binche, Inscrite le 27 juin 2002, 46 ans) - 8 avril 2004

Mais comme toujours avec Paul Auster, un roman terriblement bien construit et surprenant. La quatrième de couverture parle de dépossession et c'est réellement ce qui m'a marqué dans ce roman, le personnage, en se faisant passer pour quelqu'un d'autres, Paul Auster himself, est totalement dépossédé de sa personnalité. Ce qui n'était qu'une manière pour lui, de se fuir le temps de quelques instants devient une réelle obsession. C'est également une réflexion sur le travail de création littéraire qui s'apparente finalement, si l'on en croit Paul Auster, et qui est encore plus flagrant dans le deuxième tome de la trilogie (revenants), à de la dépossession.

Malgré tout, je rejoins Jules et j'émets également une réserve, préférant moi aussi les romans tels que Moon Palace, Le Livre des illusions ou Leviathan.

Une superbe critique !

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 7 février 2002

Elle rend parfaitement bien toute l'ambiance de ce roman, ainsi que les pensées qui doivent traverser l'esprit d'un lecteur qui se pose des questions quant à savoir où il est exactement !... Quel monde il traverse, le réel ou un monde fictif... Personnellement je ne mettrai que quatre étoiles à ce livre. Pourquoi ? Parce que je préfère l'Auster des livres un peu plus aéré, comme Moon Palace, Monsieur Vertigo, ou Léviathan, même si ses héros sont rarement des gens dits "simples" dans leur tête.

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