Il suffit d'une seule personne pour sortir quelqu'un de la misère

Ce roman historique se passe dans le milieu du X1Xe siècle. Une famille irlandaise fuit son pays pour échapper à la famine de la pomme de terre. Elle connaîtra d’infernales conditions à ce voyage: celles de l’exploitation des voyageurs par des passeurs véreux, celles des vaisseaux insalubres bourrés de passagers dont plusieurs mourront de malnutrition. Pour les survivants, ils seront isolés sur une île, en quarantaine, où la maladie aura raison des parents de cette famille.

Il aura fallu beaucoup de courage aux deux orphelines, Fanette et Amanda, pour commencer une nouvelle vie au Québec. Ayant besoin de main d’œuvre, les Cloutier les engagent en échange de leur nourriture. S’enfuir, si jeunes, de la ferme où elles étaient exploitées, n’était pas une mince décision à prendre dans un pays étranger, sans ressources et sans relations. Suite au départ, en catimini, de sa sœur aînée, Amanda, l’héroïne Fanette, âgée de neuf ans, s’enfuit dans l’espoir de trouver son aînée, et rencontre une dame patronnesse de Québec, du nom de Emma Portelance, qui changera le cours de sa vie. Fanette rase d’être piétinée par le cheval du boghei de Madame Emma Portelance. Constatant son état pitoyable, Emma ramène Fanette chez elle pour la soigner. Elle deviendra sa protégée. Ainsi commence la saga de l’héroïne, jusqu’à son mariage. Dès le début du roman, Emma Portelance hérite du domaine de son père. Administré par Isidore Dolbeau, qui accepte mal qu’une femme voie à l’achat d’équipements et surtout à la vérification du livre de comptes. Il fait sentir à Emma que la place d’une femme n’est pas à la tête d’une seigneurie; sur ce, Emma lui laisse savoir que c’est elle, la patronne. Des événements pas toujours heureux se passeront dans la maison d’Emma. Elle saura parer les coups. Enfin, Fanette montrera un caractère autoritaire au moment de faire face à son cruel beau-père de Malbaie, le notaire Grandmont, lorsqu’il s’agira de son mariage avec Philippe, que ce soit pour ne pas qu’il empêche son fils d’étudier en médecine ou pour obliger sa sœur, Rosalie, d’entrer en religion. Toujours Fanette continuera de lutter pour se tailler une place dans la haute société, mais surtout pour retrouver sa sœur aînée, qu’elle n’avait jamais pu oublier.

C’est une intrigue animée de personnages émouvants et crédibles. L’auteur Suzanne Aubry doit sûrement aimer la ville de Québec pour y installer ses personnages principaux. À remarquer que les femmes de ce roman sont dominantes, très fortes et modernes pour les années 1847-48. La bienfaitrice, Emma Portelance, en plus de sa forte personnalité, est avant-gardiste, frôle même le féminisme récent. Ce qui nous laisse perplexes et semble discordant pour l’époque. C’est une histoire bien écrite, bien structurée, même qu’à la fin, on sent qu’il y aura une suite.

• 

  Fanette, tome 1 : A la conquête de la haute ville de Suzanne Aubry

  de Aubry, Suzanne
  Libre expression
  ISBN : 9782764803523 ; 26,13 € ; 28/01/2008 ; 472 p. ; Paperback

  Go Amazon