Encres de Chine de Xiaolong Qiu

Encres de Chine de Xiaolong Qiu
( When red is black)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Asiatique , Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Richard, le 14 décembre 2007 (Inscrit le 30 janvier 2004, 78 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 762ème position).
Visites : 6 115 

intrigues dans la Chine contemporaine

Avec « Encres de Chine » Qui Xiaolong nous accompagne à nouveau dans le Shangai contemporain. Par le biais d’une enquête policière prétexte menée par ses personnages récurrents l’inspecteur Chen et son adjoint Yu, Qiu Xiaolong fait un inventaire de la situation post révolution culturelle. On y rencontre ceux qui ont été laissés pour compte, avec dans le même paquet : anciennes victimes de la révolution culturelle (pseudo droitistes), anciens tortionnaires gardes rouges devenus obsolètes, petits fonctionnaires honnêtes. A côté de ce peuple de fourmis prospèrent les nouveaux riches, nouveaux industriels, nouveaux promoteurs dont les fortunes rapides sont largement facilités par la corruption des élites et l’appui des mafias.

L’intrigue policière, l’assassinat d’une ancienne garde rouge compagne d’un poète déchu mort en détention, est secondaire elle nous permet de naviguer à l’intérieur de ces diverses strates de la population chinoise.

Dans la littérature de Qui Xialong ,à l’opposé du sujet traité, le ton n’est jamais grave, on y trouve un zeste d’humour, de poésie et de pittoresque (notamment dans les descriptions gastronomiques, celles des petits métiers : la décortiqueuse de crevette…).

Un roman « policier » qui en dit beaucoup sur la Chine contemporaine.

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Les éditions

  • Encres de Chine [Texte imprimé] Qiu Xialong trad. de l'anglais par Claire Mulkai
    de Qiu, Xiaolong Mulkai, Claire (Traducteur)
    Liana Levi / À corps et à crime
    ISBN : 9782867463518 ; 17,60 € ; 05/02/2004 ; 313 p. ; Broché
  • Encres de Chine [Texte imprimé], roman Qiu Xialong traduit de l'anglais (États-Unis) par Claire Mulkai
    de Qiu, Xiaolong Mulkai, Claire (Traducteur)
    Seuil / Points (Paris)
    ISBN : 9782020795630 ; 6,85 € ; 02/03/2006 ; 313 p. ; Broché
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Les livres liés

« Ce qui doit arriver finit par arriver »

9 étoiles

Critique de Ardeo (Flémalle, Inscrit le 29 juin 2012, 77 ans) - 28 novembre 2017

« Encres de Chine » est le 3e roman de Qiu Xiaolong que je lis après « Mort d’une héroïne » et « Cyber China » (dont bizarrement personne n’a eu envie de s’emparer parmi les lecteurs de Critiqueslibres).
Pour moi, ce roman-ci est de même valeur que les autres, c’est-à-dire très bien. Il aborde des thèmes chers à cet auteur chinois « réfugié » aux States après les évènements de Tian’anmen. On sent que ce Monsieur connait parfaitement la Chine et qu’il aime ses habitants qui deviennent les personnages qu’il crée dans son roman. Il est très critique avec les « régimes » qui se sont succédé dans son pays depuis Mao et la Révolution Culturelle jusqu’au libéralisme forcené que nous connaissons un peu mieux aujourd’hui. Ses romans -et celui-ci en particulier- nous permettent donc d’avoir un éclairage de l’intérieur de l’empire chinois, de mieux comprendre l’énorme saut dans la modernité dont nous sommes des témoins lointains mais concernés, aussi de savoir que comme dans d’autres pays acquis au libéralisme économique, il y a des laissés-pour-compte et ils sont vraiment très nombreux à ne pas bénéficier du « miracle économique ». Des gens très très riches et beaucoup de pauvres, miséreux parfois -même si nous pouvons vérifier que chacun mange à sa faim. D'ailleurs, une marotte de Qiu est la description de la nourriture et des repas. La cuisine et les petits plats de restaurant intéressent donc nos personnages -comme dans les autres romans ! Tout comme la littérature, la poésie chinoise, les proverbes de Confucius, les devises et les maximes dont le livre est semé. Chen, l’inspecteur principal a d’ailleurs pris un congé pour traduire un texte en anglais et l’héroïne décédée par meurtre avait beaucoup à voir avec un certain recueil de poésie. Quant à l’autre inspecteur, Yu, le personnage le plus positif du roman, de grade moins élevé que Chen, il vit sur une seule pièce dans Shanghai avec sa femme (intellectuelle mais employée dans un restaurant) et son fils étudiant … pour lequel ils rêvent d’un avenir meilleur sans corruption, injustice et gangrène sociale. Et il enquête sur le meurtre avec l'aide discrète de Chen ...
Au total, donc, un livre « à lire » comme « Cyber China » que je recommande de nouveau.

entre policier et poésie

8 étoiles

Critique de Clubber14 (Paris, Inscrit le 1 janvier 2010, 44 ans) - 5 avril 2017

J'ai beaucoup apprécié ce livre car il est pour moi d'un tout nouveau genre. C'est la première fois que je lis cet auteur et la sensation que j'en retire, une fois la lecture achevée, est d'avoir voyagé sur un nuage. En effet, et bien que le thème ne s'y prête pas du tout, à savoir que nous suivons deux policiers dans la traque d'un assassin dans une résidence pauvre de Shangai, les multiples poèmes, poésie, vues de l'esprit, morales qu'inclut l'auteur au travers du récit ne peuvent que nous emmener vers une réflexion philosophique intense. Et c'est finalement bien plus qu'un roman policier que nous lisons. Nous plongeons dans la Chine de la fin du XXème siècle, qui se reconstruit petit à petit et se remet doucement des dictatures communistes qu'elle a connues. La Révolution culturelle chinoise est au centre du roman, nous y sommes plongés et essayons de comprendre comment vivaient à cette époque-là auteurs, philosophes, artistes en tous genres qui n'avaient le droit de s'exposer ouvertement et d'exprimer leurs points de vue, tant sociaux que culturels et bien sûr politiques. C'est donc entre poèmes et réflexions sur la vie, sur les sentiments, sur la famille et l'amitié, que le lecteur vogue dans ce livre.... Un très agréable moment de lecture où la zenitude prend le pas sur le rythme classique et effréné des romans policiers occidentaux...

passage au chinois

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 29 juin 2013

Un roman policier, écrit par un chinois ayant émigré aux États-Unis après les événements de la place Tian'anmen (printemps 1989). L'action se passe à Shanghai. L'inspecteur Yu Guangming, de la Police Criminelle, enquête sur le meurtre étrange de Yue Lige, anciennement membre des Brigades Rouges et aujourd'hui considérée comme une opposante au régime via son livre autobiographique "Mort d'un professeur chinois". L'enquête va être longue et difficile car il ne faut surtout pas qu'elle puisse déboucher sur un quelconque problème politique. Le Parti veille ! L'intrigue, passionnante de bout en bout, sert en fait de prétexte, comme dans tout roman policier digne de ce nom, à une dissection au scalpel du fonctionnement d'une société écartelée entre une idéologie officielle tournée vers le bonheur du peuple et un fonctionnement économique et social favorisant son exploitation. Le regard de Qiu Xiaolong est acéré, et l'humour et les abondantes références culinaires qui en feront saliver plus d'un(e) ne masquent guère l'amertume qui se dégage de la réalité sociale que nous dépeint l'auteur.

Enquête dans le Shangai contemporain

7 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 4 mars 2013

Où l’on trouve le littéraire et poète inspecteur Chen et son second, Yu, pour une nouvelle enquête dans le Shangai moderne. Une enquête qui nous donne l’occasion de nous plonger dans ce pays changeant et si rétif à notre entendement. Quoique là encore, comme dans « De soie et de sang », l’enquête n’est pas menée à proprement parler par Chen qui ce coup ci se voit proposer une fortune par un « Monsieur Gros sous » (j’adore cette expression !) - comprendre un nouveau riche - ultra capitaliste au pays du communisme officiel (trop tordant la Chine !) pour réaliser une traduction d’un document publicitaire, marketing, d’un vaste projet immobilier grandiose (et des projets immobiliers grandioses dans la Chine nouvelle … !) en collaboration avec des fonds américains. Chen prend quinze jours de vacances pour mener à bien la traduction et c’est donc Yu qui s’y colle. Et pas de chance l’affaire est sensible, politique (quelque chose n’est pas politique en Chine ?!).
Yue, ex Garde rouge (ça ne nous rajeunit pas !) qui a participé à la « Révolution Culturelle » (jamais révolution a autant usurpé son nom !) puis a subi l’épuration quand il a fallu se débarrasser de Gardes rouges trop encombrants, a été assassinée dans son réduit exigu qui lui servait de logement au sein d’un « shikumen » (l’intérêt de lire Qiu Xiaolong c’est d’apprendre à connaître par exemple ce qu’étaient les « shikumen », genre d’HLM horizontaux de l’époque coloniale).
Mais c’est que Yue, à la réputation encombrante, avait une petite célébrité et son meurtre pourrait jeter une ombre sur le pouvoir chinois. L’enquête devient ipso facto hautement politique et le pauvre Yu doit faire preuve de toutes ses réserves de flegme pour résister au secrétaire du Parti, Li, qui lui proposerait volontiers le résultat de l’enquête avant que celle-ci aboutisse !
Nous suivons donc le déroulement de l’enquête, suivie à distance et de très loin en très loin par Chen qui, lui, peaufine la traduction dont il est chargé tout en pressentant bien qu’on n’a rien pour rien, et que l’offre mirobolante du « Monsieur Gros sous » pourrait bien cacher quelque chose …
C’est en même temps de multiples aperçus sur la réalité de la Chine contemporaine que nous donne à voir Qiu Xiaolong. C’est passionnant, pas pénible pour un sou (un petit sou pour l’occasion !). Seule difficulté potentielle, si l’on ne lit pas vite, il y a certainement moyen de se perdre dans les patronymes chinois et d’y perdre un peu son … mandarin !


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