Orages d'acier de Ernst Jünger
( In Stahlgewittern)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Littérature => Romans historiques
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L'ultime
Journaux de guerre d'un jeune allemand engagé volontaire pour la guerre de 14-18, Orages d'acier raconte de façon détachée, clinique et en même temps captivante, quatre années d'un conflit apocalyptique.
Ce récit nous est très familier car il narre sans héroïsme ni forfanterie, la vie au quotidien d'hommes embringués dans la plus gigantesque boucherie que le monde ait jamais produite. Leurs misères, leurs désirs, leurs angoisses sont nôtres, tout du moins nous le pensons.
Ce récit nous est totalement étranger car nous sentons bien que l'inconcevable, la folie guerrière transcendante dépasse l'entendement.
Pour Jünger, il le développa longuement plus tard, cette guerre fut le triomphe de la technique, d'une industrie lourde devenue autonome, comme maîtresse de ses créateurs, et qui imposa sa loi d'airain à de pauvres êtres de chair et de sang devenus jouets de la lutte des nouveaux Titans . Mais, plus que tout, la calme sérénité de Jünger, observateur neutre et en même temps acteur du maelström meurtrier, suscite la plus grande des fascinations comme si naissait devant soi une nouvelle race de surhomme. Il y'a là quelque chose d'inintelligible, une dimension métaphysique incarnée par un homme qui serait revenu de l'enfer.
Pour ceux qu'attirent les ultimes limites, là où les hommes ne sont plus tout à fait eux-mêmes, Orages d'acier reste un admirable ouvrage, école de l'impossible et de la folie raisonnée.
Les éditions
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Orages d'acier [Texte imprimé], journal de guerre Ernst Jünger nouvelle traduction de Henri Plard
de Jünger, Ernst Plard, Henri (Autre)
Christian Bourgois
ISBN : 9782267002812 ; 27,84 € ; 18/01/1995 ; 475 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (5)
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Carnet de bord d'un soldat allemand
Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans) - 9 octobre 2020
« Orages d’acier » est le témoignage au jour le jour d’un soldat allemand lambda qui monte les échelons, subit toutes les épreuves de cette terrible guerre, le froid, la boue, l’humidité, les rats, les gaz, les pilonnages d’artillerie, les combats à la grenade ou au corps à corps avec un courage et une abnégation remarquable. Son récit assez brut de décoffrage reste dans la lignée d' « À l'ouest rien de nouveau » d’Eric-Maria Remarque côté allemand ou des « Croix de bois » de Roland Dorgelès, voire du « Feu » d'Henri Barbusse côté français. Mais sans aucun romantisme ni pathos. Junger ne se plaint jamais. Il subit tout avec calme et constance. Il parle français, s’entend parfaitement avec les gens qui le logent et n’a pas le moindre mot haineux ou méprisant envers ses adversaires. Chevaleresque, il leur rend hommage pour leur courage et leur détermination quand certains sont ses prisonniers. Il est même très impressionné par la bravoure des Highlanders écossais. Son récit, qui n’est qu’une longue suite de combats, de descriptions de soldats blessés ou tués de toutes les manières possibles et imaginables, donne une idée de ce que nos anciens ont dû endurer des deux côtés de la ligne de front.
Un p'tit vergiss mein nicht pour mon oncle Gaston
Critique de Homo.Libris (Paris, Inscrit le 17 avril 2011, 58 ans) - 22 décembre 2015
Le style du livre est d'une maîtrise parfaite, et la traduction est impeccable (Henri PLARD, Universitaire belge, félicité par l'auteur, qui parlait français couramment).
On trouve dans ce livre le même fond que dans "La peur" de Gabriel CHEVALLIER ou "Les croix de bois" de Roland DORGELÈS, les combats violents, les pluies d'obus, la mort, la putréfaction, l'ennui, la boue, les camarades, les poux, etc. JÜNGER n'épargne rien au lecteur, les morts laissés à l'abandon sur le champ de bataille, les cadavres décomposés dans lesquels on s'enfonce en traversant les terres-sans-hommes, la boue fétide des tranchées, le staccato des mitrailleuses, les crânes de camarades qui explosent sous la mitraille des shrapnells, etc. Tim WILLOCKS peut toujours se rhabiller avec les descriptions de batailles dans son roman "La Religion".
Mais contrairement à CHEVALLIER ou DORGELÈS chez qui l'humanité, la peur, la compassion, sont omniprésentes, JÜNGER prend une grande distance, et son récit paraît froid, chirurgical. L'auteur prend dans sa description des combats et des champs de bataille le même recul qu'un médecin-légiste devant les odeurs de putréfaction ou les affres des morts violentes. Pourtant, il n'est pas inhumain, aimant ses hommes, aimé d'eux, admiratif du courage et des exploits de l'ennemi, inquiet pour la population civile restée dans les villages voisins des combats, etc. Mais son ton purement descriptif, loin de toute émotivité, laisse le lecteur en proie d'un malaise d'une profonde tristesse.
Étonnamment, le récit s'achève fin septembre 1918, sans aucun commentaire sur l'issue de la guerre.
Cent ans après ces événements, ce témoignage, tout comme ceux de CHEVALLIER, DORGELÈS, REMARQUE, CELINE, etc. est de très grandes valeurs historique et littéraire.
La terrible loterie de la guerre
Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 21 février 2013
La guerre, ultime épreuve.
Critique de Ciceron (Toulouse, Inscrit le 21 août 2007, 76 ans) - 14 janvier 2008
Il vaut mieux avoir essuyé le feu pour camper sur une position aussi incorrecte. Et on peut dire que Jünger maîtrise son sujet : 4 ans de combat, devient chef d’un détachement d’assaut, est blessé 14 fois. Lieutenant d’infanterie, il reçoit l’Ordre pour le Mérite, la plus haute distinction de l’armée allemande.
“Orages d’acier“, rédigé d’après son carnet de route, est son premier livre, d’un éclat (sans jeu de mot) et d’une sérénité saisissante dans le laminoir. Ne peux surpasser les commentaires éclairés du petit peloton, forum compris, regroupé autour de ce livre majeur. Très belle écriture, modestie, aucune emphase. Orainvile, Bazancourt, Hattonchatel, Les Eparges, Douchy, Guillemont, il y a une poésie très France profonde et rurale dans ses titres de chapitres.
Remarque et Malaparte viennent aussitôt à l’esprit, ne pas oublier le jeune lieutenant de panzer Von Kageneck dans sa “Guerre à l’est“.
Jünger est mort à 103 ans, à 100 ans il donnait des interviews avec une rare lucidité et un esprit toujours acéré.
Il avait la tête d’une sculpture d’Arno Brecker.
5 étoiles sans aucune hésitation.
Un point de vue intéressant
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 1 octobre 2001
Bravo pour cette critique sur un des drames majeurs du vingtième siècle. Le film "La Chambre des Officiers", qui sort maintenant, nous en donnera encore un autre éclairage...Et nous n'avons rien, à ma connaissance, sur cette guerre vue du côté des Russes. Pour les Italiens, nous avons "L'Adieu aux Armes" d'Hemingway et quelques autres ouvrages comme "Kaput" de Malaparte.
Forums: Orages d'acier
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Junger, délicieusement (dangereusement?) dérangeant | 13 | Timo | 19 novembre 2011 @ 11:43 |