J'ai beaucoup apprécié le roman de Diderot, et le film de Rivette , lorsque je l'avais vu, m'avait semblé lui être fidèle.
L'héroïne n'a pas la vocation d'être religieuse, et cependant elle croit en Dieu et elle aime Jésus. Ce roman a le mérite de montrer les perversions non de la religion, mais d el'institution elle-même et bien avant Freud, les malignités du refoulement sexuel. Il est précisé à plusieurs reprises que la jeune femme, est très belle (et de ce fait l'objet de convoitise ou de jalousie des uns et des unes) qu'elle n'a pas grand appétit pour les choses du sexe (elle n'est pas "tourmentée" par le désir sexuel), et qu'elle elle est sincèrement croyante et pratiquante (la priver d' assister à la messe est la plus grande cruauté qui lui sera faite). Elle n'a pas envie de renoncer au monde, mais elle n'est pas attirée par les mondanités. Elle aime lire et apprendre C'est un peu l'image d'une intellectuelle de son temps. Au fond pour cela elle accepterait assez facilement sa condition de religieuse, s'il n'y avait le fait d'être enfermée, dans un milieu qu'on devine abêtissant et futile (elle préfère méditer, plutôt que de se mêler aux conversations futiles de ses consoeurs) et si elle ne devait , surtout, se plier aux caprices d' autorités qui la tourmentent.
C'est en cela qu' avec le recul, le roman me semble intéressant. L'héroïne n' est pas qu'une oie blanche malmenée par le hasard, comme la Justine de Sade. La religieuse est bien plus impitoyable envers les dérives de la religion, au niveau institutionnel. On voit la perversion de la foi simple et de la religion tranquille par son Eglise même, la perversion du pouvoir, au fond, qui agite des esprits compliqués, avides et hypocrites au détriment des braves gens.
L'héroïne n'a pas la vocation d'être religieuse, et cependant elle croit en Dieu et elle aime Jésus. Ce roman a le mérite de montrer les perversions non de la religion, mais d el'institution elle-même et bien avant Freud, les malignités du refoulement sexuel. Il est précisé à plusieurs reprises que la jeune femme, est très belle (et de ce fait l'objet de convoitise ou de jalousie des uns et des unes) qu'elle n'a pas grand appétit pour les choses du sexe (elle n'est pas "tourmentée" par le désir sexuel), et qu'elle elle est sincèrement croyante et pratiquante (la priver d' assister à la messe est la plus grande cruauté qui lui sera faite). Elle n'a pas envie de renoncer au monde, mais elle n'est pas attirée par les mondanités. Elle aime lire et apprendre C'est un peu l'image d'une intellectuelle de son temps. Au fond pour cela elle accepterait assez facilement sa condition de religieuse, s'il n'y avait le fait d'être enfermée, dans un milieu qu'on devine abêtissant et futile (elle préfère méditer, plutôt que de se mêler aux conversations futiles de ses consoeurs) et si elle ne devait , surtout, se plier aux caprices d' autorités qui la tourmentent.
C'est en cela qu' avec le recul, le roman me semble intéressant. L'héroïne n' est pas qu'une oie blanche malmenée par le hasard, comme la Justine de Sade. La religieuse est bien plus impitoyable envers les dérives de la religion, au niveau institutionnel. On voit la perversion de la foi simple et de la religion tranquille par son Eglise même, la perversion du pouvoir, au fond, qui agite des esprits compliqués, avides et hypocrites au détriment des braves gens.
Ton éloge de l'individualisme, Mieke M, est tout à fait probant. Et il est remarquablement bien exprimé.
Ton exemple de Copernic et des féministes est bien choisi : ce sont souvent les marginaux, ceux qui sortent du rang, ceux qui pensent autrement que tout le monde, qui font progresser le Savoir et l'Humanité.
Mais l'individualisme dont parlait Jlc, comme il le précise dans son post suivant, est bien celui dont moi aussi je parlais, et qui est tout différent.
C'est l'individualisme de celui qui voit un homme blessé au bord de la route et qui dit : C'est pas mes affaires, je passe mon chemin.
Le contraire du Bon Samaritain, en fait !
Donc, une fois de plus, épluchons bien nos mots ;-)! : un individualiste n'est pas forcément un égoïste...
Ton exemple de Copernic et des féministes est bien choisi : ce sont souvent les marginaux, ceux qui sortent du rang, ceux qui pensent autrement que tout le monde, qui font progresser le Savoir et l'Humanité.
Mais l'individualisme dont parlait Jlc, comme il le précise dans son post suivant, est bien celui dont moi aussi je parlais, et qui est tout différent.
C'est l'individualisme de celui qui voit un homme blessé au bord de la route et qui dit : C'est pas mes affaires, je passe mon chemin.
Le contraire du Bon Samaritain, en fait !
Donc, une fois de plus, épluchons bien nos mots ;-)! : un individualiste n'est pas forcément un égoïste...
Mae, j'ai exactement le même point de vue que toi sur le livre, et si tu me dis que le film est fidèle au roman, je suis d'autant plus interpelée par les tentatives de censure.
C'est très bien dit et c'est en effet très vrai.
Je rebondis sur ton exemple des maisons de retraites. Je pense que la situation des personnes âgées abandonnées en fin de vie ne sont pas une conséquence de l'individualisme, mais d'un changement de société à un autre niveau. La principale raison qui a poussé à la création de ces institutions est... la solidarité ouvrière. L'industrialisation a poussé les gens à créer une nouvelle forme de solidarité non plus basée sur la famille, mais sur la société. Ils ont mutualisé les risques, créé un sytème de sécurité sociale et remplacé une logique de soutien aux ainés purement familiale par une logique communautaire. A cela s'ajoute l'émancipation des femmes qui ont, en toute légitimité, commencé à refuser de prester du travail gratuitement au sein de leur famille (s'occuper des enfants, puis de leurs parents) en s'engageant en grand nombre dans la vie professionnelle. Il y a enfin le culte de la jeunesse et le refus de la mort à la mode dans notre société qui incitent les gens à cacher la vieillesse et à ne plus accorder d'importance aux aînés (contrairement à d'autres cultures). Tous ces facteurs sont assez éloignés de l'individualisme-égoïsme.
Mais un individualiste ne va pas automatiquement dire "c'est pas mes affaires, je passe mon chemin". Il peut très bien décider, en toute consience, pour des raisons qui lui son propre, sur base des valeurs qu'il s'est construit, d'aider l'homme blessé au bord de la route. A ce moment-là, ça devient un acte choisi et consenti, et pas un acte imposé par les règles et la pression du groupe ou exécuté pour bénéficier de l'approbation de ses pairs. Aider son prochain devient un acte de liberté.
le monde n'avance que par les extrêmes et ne dure que par les milieux
C'est très bien dit et c'est en effet très vrai.
Je rebondis sur ton exemple des maisons de retraites. Je pense que la situation des personnes âgées abandonnées en fin de vie ne sont pas une conséquence de l'individualisme, mais d'un changement de société à un autre niveau. La principale raison qui a poussé à la création de ces institutions est... la solidarité ouvrière. L'industrialisation a poussé les gens à créer une nouvelle forme de solidarité non plus basée sur la famille, mais sur la société. Ils ont mutualisé les risques, créé un sytème de sécurité sociale et remplacé une logique de soutien aux ainés purement familiale par une logique communautaire. A cela s'ajoute l'émancipation des femmes qui ont, en toute légitimité, commencé à refuser de prester du travail gratuitement au sein de leur famille (s'occuper des enfants, puis de leurs parents) en s'engageant en grand nombre dans la vie professionnelle. Il y a enfin le culte de la jeunesse et le refus de la mort à la mode dans notre société qui incitent les gens à cacher la vieillesse et à ne plus accorder d'importance aux aînés (contrairement à d'autres cultures). Tous ces facteurs sont assez éloignés de l'individualisme-égoïsme.
C'est l'individualisme de celui qui voit un homme blessé au bord de la route et qui dit : C'est pas mes affaires, je passe mon chemin.
Le contraire du Bon Samaritain, en fait !
Mais un individualiste ne va pas automatiquement dire "c'est pas mes affaires, je passe mon chemin". Il peut très bien décider, en toute consience, pour des raisons qui lui son propre, sur base des valeurs qu'il s'est construit, d'aider l'homme blessé au bord de la route. A ce moment-là, ça devient un acte choisi et consenti, et pas un acte imposé par les règles et la pression du groupe ou exécuté pour bénéficier de l'approbation de ses pairs. Aider son prochain devient un acte de liberté.
En évoquant le cas des maisons de retraite, je ne parlais pas de l'aspect organisationnel que tu évoques très justement. Je voulais évoquer la solitude morale et affective qui s'en suit souvent. Comme tu le dis nous sommes en train de changer de civilisation (?) où le rôle et le respect (?) des ainés n'ont plus le même sens qu'autrefois. Une des raisons me semble (et je peux bien sûr me tromper) être cette survalorisation du moi, de mon impatience à satisfaire immédiatement mes désirs,ce refus des contraintes, etc... On ne fait pas de mal aux autres, croit-on, mais on les ignore. Et ignorer c'est nier. L'exemple ci dessus me rappelle un petit livre bouleversant et grave "Fins de journées" de Jacques Chauviré.
Un des problèmes difficiles est de concilier l'individualisme avec le besoin de règles que toute société nécessite. Et cet équilibre varie en fonction des époques sans jamais être durable. SJB évoque bien ce risque de n'avoir plus qu'un nombre (trop?) minimal de règles ce qui à mon avis est préjudiciable aux plus faibles. Mon individualisme peut-il n'avoir pour limite que celui de l'autre et d'ailleurs comment le connaitre et l'admettre? Par mon individualisme, mes choix, ma religion par exemple, je peux nier les règles des autres dont le laïcisme m'horripile. Et je vais aller à l'encontre des règles de la société dans laquelle je vis. Pour ce faire je vais me regrouper avec d'autres et c'est ainsi qu'on finit dans le communautarisme qui me parait un danger imminent pour un certain nombre de sociétés.
Conclusion (provisoire?): oui l'individualisme, au sens où tu l'entends, est un progrès fantastique par rapport à d'autres approches beaucoup plus contraignantes. Mais il a aussi ses limites qui est la nécessité de vivre en commun et c'est là où les difficultés commencent.
Un des problèmes difficiles est de concilier l'individualisme avec le besoin de règles que toute société nécessite. Et cet équilibre varie en fonction des époques sans jamais être durable. SJB évoque bien ce risque de n'avoir plus qu'un nombre (trop?) minimal de règles ce qui à mon avis est préjudiciable aux plus faibles. Mon individualisme peut-il n'avoir pour limite que celui de l'autre et d'ailleurs comment le connaitre et l'admettre? Par mon individualisme, mes choix, ma religion par exemple, je peux nier les règles des autres dont le laïcisme m'horripile. Et je vais aller à l'encontre des règles de la société dans laquelle je vis. Pour ce faire je vais me regrouper avec d'autres et c'est ainsi qu'on finit dans le communautarisme qui me parait un danger imminent pour un certain nombre de sociétés.
Conclusion (provisoire?): oui l'individualisme, au sens où tu l'entends, est un progrès fantastique par rapport à d'autres approches beaucoup plus contraignantes. Mais il a aussi ses limites qui est la nécessité de vivre en commun et c'est là où les difficultés commencent.
Discussion intéressante... je n'ai malheureusement que peu de temps à consacrer à CL en ce moment, et ne fais donc que passer.
Il y a longtemps j'avais vu dans un journal américain un dessin humoristique extraordinaire. Il consistait en trois bandes d'un seul dessin, représentant chaque fois un homme en train de penser. Sur celle du haut, un Romain "I think Earth is the centre of the Universe" pense-t-il. Sur celle du milieu, un homme de la Renaissance "I think the Sun is the centre of the Universe" et sur celle du bas, un contemporain "I think... euh, no - I know I am the centre of the Universe"...
J'avais trouvé ça très bien vu. Il me semble pourtant que l'individualisme n'est pas vraiment en cause car après tout la religion chrétienne qui a forgé l'Europe est très individualiste. Mais il faut un pendant à l'individualisme, un sentiment d'unité très fort des individus et je pense que c'est plutôt ça qui a disparu.
Mieke Maaike, tu devrais lire La Paix des profondeurs d'Aldous Huxley.
Bon dimanche à tous
Il y a longtemps j'avais vu dans un journal américain un dessin humoristique extraordinaire. Il consistait en trois bandes d'un seul dessin, représentant chaque fois un homme en train de penser. Sur celle du haut, un Romain "I think Earth is the centre of the Universe" pense-t-il. Sur celle du milieu, un homme de la Renaissance "I think the Sun is the centre of the Universe" et sur celle du bas, un contemporain "I think... euh, no - I know I am the centre of the Universe"...
J'avais trouvé ça très bien vu. Il me semble pourtant que l'individualisme n'est pas vraiment en cause car après tout la religion chrétienne qui a forgé l'Europe est très individualiste. Mais il faut un pendant à l'individualisme, un sentiment d'unité très fort des individus et je pense que c'est plutôt ça qui a disparu.
Mieke Maaike, tu devrais lire La Paix des profondeurs d'Aldous Huxley.
Bon dimanche à tous
Je voulais évoquer la solitude morale et affective qui s'en suit souvent.
La solitude morale et affective existe, je ne la nie pas. Mais pour ne pas ressentir de solitude morale et affective, il ne faut pas nécessairement vivre en couple ou en famille. On vit (encore) dans une société qui propose comme seul modèle de vie le couple et la famille. Je me rappelle avoir vécu comme célibataire pendant plusieurs années, situation dans laquelle j’étais extrêmement heureuse et ne ressentais aucune solitude morale et affective (que du contraire). Mais j’étais effarée de voir le nombre de gens qui essayaient de me « caser » : des membres de ma famille qui n’avait pour seule obsession que l’idée que je rencontre un homme, des amies qui jouaient les entremetteuses, etc. Ces gens ne comprenaient pas que je puisse être heureuse seule. Le fait est que je n’avais pas de modèle pour cette vie de célibataire et que j’ai dû moi-même l’inventer et la construire. Je pense que ce sentiment de solitude morale et affective provient en partie de la survalorisation du couple et de la famille présentés comme garants du bonheur (alors que les statistiques mettent clairement en évidence que c’est le premier lieu de violences morale et physique pour les enfants, les personnes âgées et les femmes) et l’organisation de la vie qui ne permet pas toujours de vivre en couple ou en famille, comme c’est le cas dans les maisons de retraite. Je pense qu’un individualiste souffre beaucoup moins de solitude morale et affective, précisément parce qu’il n’attend pas que les autres lui garantissent son bonheur : il se le construit lui-même.
Une des raisons me semble (et je peux bien sûr me tromper) être cette survalorisation du moi, de mon impatience à satisfaire immédiatement mes désirs,ce refus des contraintes, etc...
Je ne sais pas. Je pense qu’ici aussi il faudra éplucher les mots pour bien comprendre ce que chacun met derrière.
« Survalorisation du moi » : je le comprends dans le sens où l’individu prime sur le groupe, ce qui existe au moins depuis le siècle des lumières. Mais j’essaye de trouver un exemple concret où ce concept s’appliquerait de façon négative, dans le sens où le fait de refuser de se sacrifier pour le groupe serait globalement dommageable. Il y a toujours un peu cette notion d’égoïsme qui se cache en filigrane derrière ce concept. Mais cette notion d’égoïsme est très relative elle aussi. Prenons l’exemple d’un couple qui ne s’entend plus. Un membre du couple décide de s’en aller. Qui est le plus égoïste : celui qui abandonne l’autre ou celui qui exige que l’autre reste avec lui alors qu’il ne le souhaite plus ?
« impatience à satisfaire immédiatement mes désirs » : que vises-tu exactement ? L’attitude de certaines personnes, de certains jeunes, qui doivent à tout prix posséder le dernier modèle de GSM ou de MP3 ? Pour moi, il ne s’agit pas du tout d’individualisme, mais d’une soumission totale aux règles du groupe et aux normes d’une société matérialiste. Le jeune individualiste sera précisément celui qui n’achètera un gsm ou un MP3 que s’il en a besoin, en choisissant le modèle qui lui convient le mieux, sans tenir compte de l’effet qu’il produira sur ses pairs.
« refus des contraintes » : Je ne sais pas s’il y a réellement refus des contraintes. Je dirais plutôt qu’il y a un refus de l’effort. Le nombre de fois où j’ai entendu quelqu’un me dire « j’ai fait ça, je n’avais pas le choix » (soumission aux contraintes). Ma réponse est chaque fois la même : « on a toujours le choix » (mais il faut avoir plus de volonté et faire plus d’efforts).
Un des problèmes difficiles est de concilier l'individualisme avec le besoin de règles que toute société nécessite. Et cet équilibre varie en fonction des époques sans jamais être durable. SJB évoque bien ce risque de n'avoir plus qu'un nombre (trop?) minimal de règles ce qui à mon avis est préjudiciable aux plus faibles.
Il n’est pas question de mettre moins de règles, il est surtout question de mettre des règles différentes qui ont précisément comme but de protéger la liberté des plus faibles. Le but des règles ne doit pas être de protéger les gens contre eux-mêmes (on les prive de liberté pour qu’ils ne se fassent pas de mal), mais de protéger les gens – les plus faibles surtout – contre les autres (pour leur permettre d’avoir toute leur liberté).
Prenons un exemple : la gestation pour autrui (ou « mères porteuses » mais je n’aime pas cette appellation parce que le mot « mère » renvoie à un concept social et pas à phénomène naturel). Faut-il permettre aux femmes de gagner de l’argent en portant un fœtus destiné à un couple stérile ?
Je laisse SJB développer un point de vue moral sur cette question ;-).
Je développe mon point de vue basé sur la notion de liberté. Je suis pour l’autorisation de la gestation pour autrui parce que chaque individue (mon correcteur orthographique tique chaque fois sur ce mot parce que « individu » ne se conçoit pas au féminin…) dispose de la liberté de faire ce qu’elle veut de son corps. A partir du moment où elle dit « moi, l’état de grossesse me plait, je préfère gagner de l’argent en étant tranquillement enceinte chez moi plutôt qu’aller travailler 8h par jour pour un patron désagréable et en plus je rends service à un couple stérile », je ne vois pas au nom de quoi je le lui interdirais, d’autant plus qu’elle ne fait de mal à personne.
Quel est le principal argument des opposants à la gestation pour autrui : le fait que des femmes risquent d’être contraintes à une telle grossesse, acculée par des soucis financiers, ou obligée à ce type de grossesse sous la pression d’un mari ou d’une famille qui voit un intérêt financier à exploiter le ventre de leur femme ou de leur fille.
Ma réponse : c’est là que la loi et les règles sont importantes. La gestation pour autrui doit être une liberté. La liberté joue dans les deux sens : avoir la liberté de le faire et avoir la liberté de ne pas le faire. Donc il faut une loi qui permette la gestation pour autrui, mais assortie de conditions pour s’assurer qu’aucune femme n’y sera contrainte contre sa volonté (exemple (j’invente), démontrer qu’elle est en bonne santé physique et émotionnelle, avoir une entrevue préalable avec un psy, etc).
Par mon individualisme, mes choix, ma religion par exemple, je peux nier les règles des autres dont le laïcisme m'horripile. Et je vais aller à l'encontre des règles de la société dans laquelle je vis. Pour ce faire je vais me regrouper avec d'autres et c'est ainsi qu'on finit dans le communautarisme qui me parait un danger imminent pour un certain nombre de sociétés.
Pour moi, le communautarisme n’est pas le résultat de l’individualisme, mais du refus de l’individualisme. Un individualiste n’a pas besoin d’un groupe d’appartenance, vu qu’il accepte par principe les gens qui ne pensent pas comme lui ou ne vivent pas comme lui, et qu’il n’a aucun problème à les cotoyer tant que ceux-ci ne l’empêchent de vivre comme il l’entend. Le communautarisme vient surtout de l’incapacité à admettre la différence, et donc cette volonté de se regrouper avec des gens « comme soi » et rejeter ceux qui ne sont pas « comme soi ».
Il me semble pourtant que l'individualisme n'est pas vraiment en cause car après tout la religion chrétienne qui a forgé l'Europe est très individualiste.
Je pense aussi qu’on a souvent tendance à tout mettre sur le dos de l’individualisme, mais quand on gratte un peu, on trouve souvent d’autres causes.
Mieke Maaike, tu devrais lire La Paix des profondeurs d'Aldous Huxley.
A l’occasion je le lirai (même si je n’accroche pas trop à Huxley).
Ta réponse, Mieke Maaike, est très bien structurée (au fait comment fais-tu pour insérer des citations de messages précédents tout au long de ton post. Je sais le faire une fois en tête de réponse mais pas de ta façon. Merci de me donner la possibilité de l'utiliser) et c'est plus par goût du paradoxe et de la conversation que je continue.
Solitude morale et affective: je crois qu'on est globalement d'accord. Je ne défends pas les vertus traditionnelles de la famille ou du couple. Je pense aux gens qui sont seuls car ceux qui ont été leurs proches, qui ont eu un jour besoin d'eux les ont oubliés. Bien sûr qu'on peut être heureux seul et malheureux entouré (les pires époques de ma vie ont été 7 ans de pensionnat et quelques mois de service militaire où j'ai le plus vécu en communauté). Ta pensée sur la construction de l'individualiste par lui même est très forte mais elle exige une qualité de tempérament dont je ne suis pas sûr qu'elle soit très répandue.
Survalorisation du moi: c'est moins la primauté de l'individu(e) sur le groupe que la tentation du narcissisme. JE est essentiel, NOUS utile, ILS sans grande importance. Dans l'exemple du couple que tu évoques, c'est l'affrontement de deux égoïsmes plus que de deux individualismes si la méthode employée par l'un ou l'autre est dénuée de tout respect de l'autre. Dans un cas aussi difficile que celui-ci c'est le comportement qui sera déterminant.
Impatience à satisfaire: je ne pensais pas au matérialisme et ton choix est judicieux. Mais après les contraintes économiques que j'ai évoqués hier, ne sommes nous pas tentés de nous défouler en voulant tout tout de suite, le tout pouvant être aussi bien affectif que matériel. Et tu as raison quand tu mentionnes la soumission aux règles d'une société.
Refus des contraintes = refus de l'effort: oui.
On est aussi d'accord sur les règles faites pour protéger les gens contre les autres et non eux mêmes, encore que les gouvernants aient une fichue tendance à s'occuper un peu trop de nous protéger, pensent-ils les bonnes ames, contre nous mêmes. Et ton exemple sur les mères porteuses est excellent même s'il me parait difficile d'aller bien vérifier que la mère n'y a pas été contrainte, ne serait-ce que pour des raisons strictement financières. Et il serait important de s'occuper de la mère après l'accouchement car elle peut avoir alors un sentiment d'arrachement.
Communautarisme: l'individualiste peut avoir et probablement souvent a des convictions fortes surtout quand elles vont à l'encontre des idées reçues. C'est là où j'y vois le danger du communautarisme mais peut-être après tout suis-je un peu pessimiste.
Solitude morale et affective: je crois qu'on est globalement d'accord. Je ne défends pas les vertus traditionnelles de la famille ou du couple. Je pense aux gens qui sont seuls car ceux qui ont été leurs proches, qui ont eu un jour besoin d'eux les ont oubliés. Bien sûr qu'on peut être heureux seul et malheureux entouré (les pires époques de ma vie ont été 7 ans de pensionnat et quelques mois de service militaire où j'ai le plus vécu en communauté). Ta pensée sur la construction de l'individualiste par lui même est très forte mais elle exige une qualité de tempérament dont je ne suis pas sûr qu'elle soit très répandue.
Survalorisation du moi: c'est moins la primauté de l'individu(e) sur le groupe que la tentation du narcissisme. JE est essentiel, NOUS utile, ILS sans grande importance. Dans l'exemple du couple que tu évoques, c'est l'affrontement de deux égoïsmes plus que de deux individualismes si la méthode employée par l'un ou l'autre est dénuée de tout respect de l'autre. Dans un cas aussi difficile que celui-ci c'est le comportement qui sera déterminant.
Impatience à satisfaire: je ne pensais pas au matérialisme et ton choix est judicieux. Mais après les contraintes économiques que j'ai évoqués hier, ne sommes nous pas tentés de nous défouler en voulant tout tout de suite, le tout pouvant être aussi bien affectif que matériel. Et tu as raison quand tu mentionnes la soumission aux règles d'une société.
Refus des contraintes = refus de l'effort: oui.
On est aussi d'accord sur les règles faites pour protéger les gens contre les autres et non eux mêmes, encore que les gouvernants aient une fichue tendance à s'occuper un peu trop de nous protéger, pensent-ils les bonnes ames, contre nous mêmes. Et ton exemple sur les mères porteuses est excellent même s'il me parait difficile d'aller bien vérifier que la mère n'y a pas été contrainte, ne serait-ce que pour des raisons strictement financières. Et il serait important de s'occuper de la mère après l'accouchement car elle peut avoir alors un sentiment d'arrachement.
Communautarisme: l'individualiste peut avoir et probablement souvent a des convictions fortes surtout quand elles vont à l'encontre des idées reçues. C'est là où j'y vois le danger du communautarisme mais peut-être après tout suis-je un peu pessimiste.
au fait comment fais-tu pour insérer des citations de messages précédents tout au long de ton post. Je sais le faire une fois en tête de réponse mais pas de ta façon. Merci de me donner la possibilité de l'utiliser
C’est très simple, tu prend la phrase à mettre en citation, et tu la mets entre les signes suivants : [ quote ]phrase[ /quote ] (en enlevant les espaces dans les crochets).
Ta pensée sur la construction de l'individualiste par lui même est très forte mais elle exige une qualité de tempérament dont je ne suis pas sûr qu'elle soit très répandue.
Elle n’est d’autant pas répandue que l’individualisme est totalement décrié parce que dévoyé de son sens réel.
Sinon je suis d’accord avec le reste de ton message, si ce n’est sur la question du communautarisme. Pour moi, c’est un non sens que l’individualisme produise du communautarisme puisque par principe l’individualiste refuse la soumission aux injonctions du groupe. C’est plutôt l’incapacité de s’affirmer comme individu libre et autonome qui pousse les gens à se regrouper entre eux et à fustiger ceux qui ne sont pas comme eux pour garder la cohésion du groupe. Selon moi, l’individualisme est clairement une réponse aux dérives communautaristes.
En fait il ne faut pas confondre individualisme, particularisme et indifférence.
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