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Ludmilla
avatar 14/09/2022 @ 19:27:57
https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/44600 : incontournable, je l'avais lu. Mais dans mon souvenir on ne parle pas de l'Australie, c'est plutôt l'Indonésie et le récit est plus centré sur le voyage.


En relisant ma critique je m’aperçois que je me suis trompé : ce n’est pas sur la côte est de l’Australie que le Batavia avait échoué mais sur la côte ouest.
Sans aucun doute, nos très estimés lecteurs de CritiquesLibres auront rectifié d’eux-mêmes.
J'ai corrigé, SJB :-)

Pieronnelle

avatar 15/09/2022 @ 13:40:00
Il faudra que je fasse un résumé pour Saule de l’accueil des populations qui apparemment n’avait pas été des meilleurs.


Voici ce que raconte mon livre à propos de l’accueil des habitants de l’Australie à l’équipage du Capitaine Cook  :

Cook a débarqué le 28 avril 1772 sur la côte sud-est de l’Australie dans une baie qu’il baptise : Botary-baie.

« Le premier accueil qu’il reçu de la part des indigènes fut aussi spontanément hostile que celui dont les Zélandais l’avaient gratifié. Ayant mis les canots à la mer et s’y étant embarqué avec un fort détachement de marins et de soldats, Cook descendit dans un endroit où il avait aperçu quelques indiens. Ceux-ci s’enfuirent, sauf deux qui, armés de lances longues d’environs 10 pieds, apostrophèrent les anglais dans un langage rude et dissonant auquel personne ne comprit goutte. Bien qu’ils fussent deux contre 40, les indigènes semblaient résolus à défendre aux étrangers, l’accès de leur pays.

Cook ordonna à ses rameurs de s’arrêter et jeta aux aux deux indiens des clous et des grains de collier qui parurent leur faire plaisir. Puis, par signes, il tenta de leur expliquer qu’il avait besoin d’eau et qu’il n’avait nullement l’intention de leur faire du mal. Les sauvages firent quelques signes que Cook prit pour une invitation à débarquer, mais lorsque le canot s’avança, ils parurent aussi menaçants qu’au début. Cook fit tirer, entre les deux hommes, un coup de fusil, qui ne leur causa qu’une frayeur passagère, après laquelle ils se mirent à lancer des pierres. Cette fois un coup de fusil chargé de petits plombs atteignit aux jambes le plus âgé des indigènes qui disparut et revint bientôt armé d’un boucler et de javelines qu’avec son camarade il lança sur les étrangers, sans les atteindre heureusement. Un troisième coup de fusil ayant mis en fuite ces courageux indiens, les Anglais débarquèrent. C’étaient les premiers de leur race qui mettaient leurs pieds sur le sol australien, où Cook planta aussitôt le drapeau britannique.

Ensuite le livre raconte que les Anglais s’aventurèrent dans le pays. Ils découvrirent des huttes grossières avec des enfants terrorisés auxquels ils donnèrent des cadeaux. Le lendemain ils virent que les cadeaux avaient été méprisés. Plus tard, quelques indigènes s’approchèrent en poussant des cris bizarres et en lançant des javelines avant de s’enfuir dans les bois.

Ensuite le livre raconte que les Anglais explorèrent le pays qui était magnifique puis le 6 mai 1772, ils quittèrent le pays et fit voile vers le nord.

Et là-dessus, moi, je continue ma lecture.



Je trouve ces indiens formidablement courageux et leur facon de dénigrer les "cadeaux" très digne pour des "sauvages" :-)

Saint Jean-Baptiste 15/09/2022 @ 17:56:22


Je trouve ces indiens formidablement courageux
... ça ne m'étonne pas.

Saint Jean-Baptiste 15/09/2022 @ 17:57:33

J'ai corrigé, SJB :-)
Merci, Ludmilla, c'est trop chouette.

Saint Jean-Baptiste 15/09/2022 @ 17:59:30
Et voici la suite :
Les Anglais quittèrent Botany-Bay le 6 mars 1770 (1770 et pas 1772 comme je l’ai écrit plus haut) et trouvèrent, trois lieues plus loin, un autre havre qui fut nommé Port-Jackson. C’était un pays habité seulement par quelques hordes disséminées et sauvages, vivant entièrement nus, dans une contrée boisée, fertile et peuplée d’oiseaux de la plus grande beauté. C’est là que l’Angleterre a fondé plus tard la ville de Sidney.

Le livre raconte ensuite que les Anglais ont fait plus loin quelques escales pour ravitailler et s’arrêtèrent à la baie Hervey : « Le pays est sec et sablonneux ; il ne produit que quelques arbres disséminés et sans broussailles. On aperçut de la fumée et plusieurs naturels se montrèrent de loin ; aucun vestige de leur habitation ne fut découvert nulle part d’où l’on conclut que ces peuples passent la nuit en plein air et les marins exprimèrent leur dédain pour cette race dégradée en concluant que c’étaient des « taata ino », des pauvres types.

Saint Jean-Baptiste 15/09/2022 @ 18:02:02
Je rappelle que mon édition date de 1884, une époque où on appelait un chat, un chat.

Martin1

avatar 15/09/2022 @ 18:43:19
Je rappelle que mon édition date de 1884, une époque où on appelait un chat, un chat.

:)))

Tistou 15/09/2022 @ 22:55:31
Je rappelle que mon édition date de 1884, une époque où on appelait un chat, un chat.

Oui oui, l'époque bénie des colonies !

Tistou 15/09/2022 @ 23:00:33
Bonsoir,
Quoiqu'il en soit c'est en collaborateur et non en conquérant que Saule a posé le pied sur l'île-continent. Tout à son honneur.
Bizarre le temps. Tendance giboulées ; du soleil et boum une pluie fine. Merci pour elle, une bénédiction du ciel.

Petite musique de nuit, Yves Simon

https://youtu.be/TUdXgIJCpgo

Minoritaire

avatar 15/09/2022 @ 23:11:47
Je rappelle que mon édition date de 1884, une époque où on appelait un chat, un chat.


Oui oui, l'époque bénie des colonies !
:)))

Martin1

avatar 15/09/2022 @ 23:18:29
Je rappelle que mon édition date de 1884, une époque où on appelait un chat, un chat.


Oui oui, l'époque bénie des colonies !

Mais nous vivons encore à l'époque des colonies.
Je loge actuellement dans un quartier urbain objectivement en pleine voie de colonisation, la seule différence, c'est qu'on appelle plus ça colonie mais vivre-ensemble.
A l'époque bénie des colonies, on appelait une colonie une colonie.

Tistou 15/09/2022 @ 23:26:42
Trop de scoop tue le scoop indigène Martin1.

Martin1

avatar 15/09/2022 @ 23:33:48
Et, c'est juste, on appelait les indigènes les indigènes. Aujourd'hui, les "indigénistes" prennent la défense des... allogènes. C'est parce que "indigène" est une appellation trop honorifique pour nous autres, il faut croire. Pourtant, il n'y a rien de plus vrai que je suis un indigène.

Minoritaire

avatar 16/09/2022 @ 14:40:21
Et, c'est juste, on appelait les indigènes les indigènes. Aujourd'hui, les "indigénistes" prennent la défense des... allogènes. C'est parce que "indigène" est une appellation trop honorifique pour nous autres, il faut croire. Pourtant, il n'y a rien de plus vrai que je suis un indigène.
"Honorifique"? Je peux me tromper, mais si j'utilisais pour les nommer les Français ou les Belges "moyens" , il y a fort à parier qu'ils n'apprécieraient pas, tant le terme, 60 ans après les décolonisations, tend encore à désigner des populations soumises aux pouvoirs politique, militaire et économique d'une nation extérieure ; tend à désigner le bas de l'échelle sociale face aux colons, images de ces pouvoirs.

Sur le vocabulaire, "indigène" est devenu moins employé que "autochtone". Pour ma part, je n'ai jamais connu que ce dernier terme pour désigner des populations in situ. Mais tu es donc un indigène si tu veux, ou un Français, un autochtone, un Français de souche ou tout ce qu'il te plait d'utiliser pour marquer une partie de ton identité, sachant que chaque expression pourra être interprétée différemment selon l'interlocuteur, (cfr. supra)

Minoritaire

avatar 16/09/2022 @ 14:43:47
Erratum :
"Honorifique"? Je peux me tromper, mais si j'utilisais "indigènes" pour nommer les Français ou les Belges "moyens" , il y a tralala.....

Radetsky
avatar 16/09/2022 @ 16:16:58
Je suis un pluri-indigène ou un indigène multiple, puisque j'ai une ascendance tout à la fois française, allemande, autrichienne, italienne et puis une vague arrière-arrière grand-mère des Flandres (mais elle était sans doute Wallonne). Bon, vous agitez énergiquement, avec un soupçon de vin et de miel et vous obtenez...un ours alpin.
Amusez-vous à classer... En tout cas je me fonds dans la population dans tous ces pays :)
Le premier qui me traite d'apatride prend un coup de patte griffue !

Martin1

avatar 16/09/2022 @ 16:31:09
Et, c'est juste, on appelait les indigènes les indigènes. Aujourd'hui, les "indigénistes" prennent la défense des... allogènes. C'est parce que "indigène" est une appellation trop honorifique pour nous autres, il faut croire. Pourtant, il n'y a rien de plus vrai que je suis un indigène.

"Honorifique"? Je peux me tromper, mais si j'utilisais pour les nommer les Français ou les Belges "moyens" , il y a fort à parier qu'ils n'apprécieraient pas, tant le terme, 60 ans après les décolonisations, tend encore à désigner des populations soumises aux pouvoirs politique, militaire et économique d'une nation extérieure ; tend à désigner le bas de l'échelle sociale face aux colons, images de ces pouvoirs.

Sur le vocabulaire, "indigène" est devenu moins employé que "autochtone". Pour ma part, je n'ai jamais connu que ce dernier terme pour désigner des populations in situ. Mais tu es donc un indigène si tu veux, ou un Français, un autochtone, un Français de souche ou tout ce qu'il te plait d'utiliser pour marquer une partie de ton identité, sachant que chaque expression pourra être interprétée différemment selon l'interlocuteur, (cfr. supra)

Oui, mais je crois qu'il est plus ici histoire de connotations que de véritable polysémie.

Indigène est honorifique dans le sens où aujourd'hui c'est le statut de victime qui permet de donner du crédit à tout discours public. Se targuer d'être indigène est donc d'autant plus honorable aujourd'hui qu'il était dégradant autrefois.
Je faisais remarquer l'ironie qu'il y a à ce que nous, colonisés par excellence puisque les flux de population dont je parle sont largement supérieurs quantitativement à ceux que l'histoire de la colonisation a retenus, devions nous justifier de notre indigénat.
Quant à savoir si nous sommes dominés politiquement... c'est bien simple : en politique, c'est le nombre qui importe. Le jour où leur nombre dépassera le nôtre, alors il ne fait aucun doute que la domination changera de camp. Du reste, c'est déjà le cas dans certains quartiers. Mais pour l'instant, point ne leur est besoin de dominer, aux colons, puisque les hommes politiques organisent sciemment, par procuration, la colonisation de notre sol, et interdisent catégoriquement de donner suite aux plaintes aux indigènes de notre temps.
Tout ceci paraît très ironique, mais au fond, il n'y a ici que matière à pleurer et rien d'autre.

Saint Jean-Baptiste 16/09/2022 @ 16:39:12
Quoi qu’il en soit, continuons à nous instruire !

En cours de route, plus loin vers le nord, le vaisseau a touché un récif, il a été gravement endommagé ; il n’a pu être sauvé que par un véritable concours de circonstance qui tient du miracle. Puis, pendant qu’on le réparait, les marins explorèrent l’intérieur des terres et renouvelèrent les provisions avec de la viande de kangourous, des pigeons, des poissons, d’énormes coquillages, des tortues de mer, des fruits, des légumes, et toutes sortes de nourritures, meilleures d’après eux, que les meilleures tables d’Angleterre.

Alors l’auteur en revient aux indigènes :
« Quelques indigènes apparurent enfin. On sembla ne prêter aucune attention à leur présence, aussi, peu de temps après, ils revinrent avec bon nombre de compagnons. Ils s‘approchèrent tous davantage et Cook leur ayant offert de monter à bord, ils acceptèrent sans hésiter l’invitation. Apercevant des tortues qui se trouvaient sur le pont, ils s’emparèrent de deux d’entre elles et les traînèrent du côté du bâtiment où était leur pirogue. Les gens de l’équipage les leur reprirent de force et non sans peine ; enfin, après plusieurs tentatives pour se saisir du précieux butin, les indigènes sautèrent dans leur embarcation et ramèrent vers la côte. Dès qu’ils furent débarqués, ils bondirent sur leurs armes et prenant un tison sous une chaudière, ils enflammèrent avec une promptitude surprenante l’herbe qui se trouva sur leur chemin. Cette herbe qui avait 5 ou 6 pieds de hauteur et qui était sèche comme du chaume s’alluma instantanément. Le feu fit des progrès rapides vers une des tentes qui put être sauvée. Tout ce qu’il y avait de combustible dans la forge qu’on avait établie sur le rivage (pour réparer le navire – note du copiste) fut consumé. Enfin l’incendie put être maîtrisée dans les parages du petit camp des Anglais, mais il se propagea très loin dans la montagne. Heureusement, la veille, les tonneaux de poudre qui avaient été déchargés pendant que s’effectuait la réparation du navire, avaient été reportés à bord ».

A mon avis, le comité d’accueil n’était pas encore très bien rodé ; mais ça n’a pas empêché quelques valeureux petits Belges, des années plus tard, de bien collaborer.
;-))

Pieronnelle

avatar 16/09/2022 @ 18:07:04
Il faut reconnaître que l'episode des tortues est assez drôle et dans la bagarre il a dû être bien difficile de discerner ceux qui etaient les plus "taata ino" ! :-)

Minoritaire

avatar 16/09/2022 @ 18:24:18

Oui, mais je crois qu'il est plus ici histoire de connotations que de véritable polysémie.

Indigène est honorifique dans le sens où aujourd'hui c'est le statut de victime qui permet de donner du crédit à tout discours public. Se targuer d'être indigène est donc d'autant plus honorable aujourd'hui qu'il était dégradant autrefois.
Mouais, c'est une interprétation un peu tordue à mes yeux.
Je faisais remarquer l'ironie qu'il y a à ce que nous, colonisés par excellence puisque les flux de population dont je parle sont largement supérieurs quantitativement à ceux que l'histoire de la colonisation a retenus, devions nous justifier de notre indigénat.
Quant à savoir si nous sommes dominés politiquement... c'est bien simple : en politique, c'est le nombre qui importe. Le jour où leur nombre dépassera le nôtre, alors il ne fait aucun doute que la domination changera de camp. Du reste, c'est déjà le cas dans certains quartiers. Mais pour l'instant, point ne leur est besoin de dominer, aux colons, puisque les hommes politiques organisent sciemment, par procuration, la colonisation de notre sol, et interdisent catégoriquement de donner suite aux plaintes aux indigènes de notre temps.


Ah ? nos dirigeants-dominants politiques ne sont pourtant pas si nombreux. Mais blague à part, Martin, une fois de plus, tu déformes la parole de l'autre à ton avantage. J'ai bien dit, parlant de colonisation : "pouvoirs politique, militaire et économique d'une nation extérieure" ; je n'ai pas parlé du poids démographique dans certains quartiers d'un ensemble de populations. D'autant que certaines ont été carrément importées et implantées, comme ce fut le cas des Turcs et des Marocains en Belgique jusqu'au milieu des années septante. Quand on connait les conditions de cette immigration, présenter ces personnes et leurs familles comme des colons relève de la manipulation historique. Que tu te sentes en insécurité par rapport à ton identité nationale, ça te concerne, mais présenter l'allochtone, même d'immigration récente, comme un colon est inexact. Je t'aurais cru plus sensible à la valeur des mots, Martin ; Ce que tu nous sers, ce n'est même pas un discours politique, c'est un discours de politicien.

Quant au statut de victime, il est vrai qu'il est à la mode, mais tout le monde s'en sert ; ce n'est pas l'apanage d'un groupe en particulier.

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