Yokyok
avatar 02/12/2013 @ 10:17:04
La seule marque sûre de la culture c'est le degré d'humanité, notre capacité à nous mettre du point de vue de l'autre.

Oui. C'est ce que développe Matthieu Ricard dans son "Plaidoyer pour l'altruisme."

Tistou 02/12/2013 @ 12:01:51
Intéressant Hirma, merci

Madame Irma ... ou Hiram ?

Saint Jean-Baptiste 02/12/2013 @ 12:12:46
La seule marque sûre de la culture c'est le degré d'humanité, notre capacité à nous mettre du point de vue de l'autre.

Oui. "


Oui, mais...
Moi je n'assimilerais pas la culture avec le degré d'humanité : je pense qu'une culture peut être très développée sans posséder de qualité d'humanité.
Par contre, il y a de « bonnes » cultures, comme la nôtre par exemple, qui ont assimilé les valeurs fondamentales de l'humanité, (valeurs véhiculées par la religion).

Mais il n'y a pas d'exclusive, évidemment. J'ai pris notre culture comme exemple.
Et je ploussoie absolument Hannah Arendt quand il dit :
« Nous n'avons pas les moyens d'assurer à coup sûr que la culture peut nous sauver de la barbarie. La barbarie est en nous. »

Et je le ploussoie encore quand il dit :
« Le mal ne vient pas toujours de quelqu'un identifié comme barbare ou mauvais. La banalité du mal consiste dans le fait que quelqu'un d'ordinaire, peut commettre des actes qui eux ne sont pas ordinaires ».

Saint Jean-Baptiste 02/12/2013 @ 12:23:40
Tout à fait intéressant, Hiram ! Merci pour ton post.

J'apprécie particulièrement la définition ontologique de la culture :
« Tout ce par quoi l'être humain s'élève au-dessus de la simple nature. »

J'ai trouvé, par contre, que le point de vue de Levis Strauss était trop restrictif :
« ... la culture c'est l'instauration des règles (...) Cela permet au groupe d'avoir un droit de regard sur les différentes relations (des autres) ».
...L'instauration des règles, c'est à dire, la législation, le code civil, les constitutions... en gros, les règles du vivre ensemble, mais la culture c'est quand même plus que ça, me semble-t-il.

Et quand Levis Strauss dit :
« on ne peut comparer les cultures en termes de progrès car chaque culture à partir de son point de départ prend une direction différente », je ne suis pas d'accord du tout.

On peut comparer les cultures et penser que certaines cultures ont pris de mauvaises directions : la culture Aztèque, par exemple, dont les dieux étaient assoiffés de sang humain.
Je crois que Levis Strass était un ethnologue un peu... Rousseau-iste.


Quant au barbare, je retiens la définition de la Renaissance :
« Le barbare c'est celui qui est cruel, féroce. C'est celui qui est capable de jouir de la souffrance d'autrui. Il va à l'encontre des valeurs morales. C'est ce qui a un caractère inhumain ».
C'est bien la définition des barbares d'aujourd'hui !

Et, pour en revenir à Hitler, (sujet du forum) je ploussoie tout à fait ceci :
« Le siècle le plus florissant de la culture a aussi été le plus barbare. La réponse la plus simple serait de dire que le barbare est celui qui n'a pas de culture mais Hitler était cultivé. Les termes culture et barbarie ne s'opposent pas forcément ».

Que c'est bien dit !

Saule

avatar 02/12/2013 @ 12:43:07
La seule marque sûre de la culture c'est le degré d'humanité, notre capacité à nous mettre du point de vue de l'autre.

Oui. C'est ce que développe Matthieu Ricard dans son "Plaidoyer pour l'altruisme."

Ce serait intéressant d'en savoir plus, car je lisais justement hier un article de Ayn Rand (la chantre du libertarianisme), et il me semble qu'elle abhore l'altruisme. Bon, j'en connais très peu que pour discourir intelligemment, mais ça m'intéresse. Il me semble que pas uniquement les libertariens mais aussi notre bonne vieille droite (le libéralisme, quoi), justifie son égoïsme (Ayn Rand fait l'apologie de l'égoïsme rationnel) sur des bases philosophiques (et pas uniquement en terme d'efficacité économique).

On est loin du pape François, dont je lisais une intervention pénétrante citée sur le blog de Paul de Jorion (avec une mini-polémique) : http://www.pauljorion.com/blog/?p=60211

Pieronnelle

avatar 02/12/2013 @ 16:04:45
Voilà, extraites directement de la fin du livre de George Steiner « Errata », ses réflexions sur ce côté monstrueux de l’homme face à la notion de Dieu :

« Lorsque je me trouve confronté, à travers des reportages et des images ou au gré de mes expériences personnelle, à des souffrances gratuites infligées à des enfants et à des animaux, je suis inondé de rage et de désespoir. Il y a ceux qui arrachent les yeux des enfants vivants, qui leur tirent une balle dans les yeux, qui frappent les animaux sur les yeux. Ces faits m’emplissent d’une abomination désolée. La haine, le désespoir qu’ils délivrent en moi excèdent de beaucoup mes ressources mentales et nerveuses.
La ténèbre bouillante dans laquelle je me sens englouti transcende ma volonté. L’énormité me possède. Mais cette haine et ce chagrin désespérants, cette nausée de l’âme ont un étrange contre-écho.Je ne sais comment dire les choses autrement.
Au centre exaspérant du désespoir, se trouve l’instinct insistant - une fois encore, je ne puis dire autrement - d’un contrat rompu. D’un cataclysme consternant et spécifique. Dans le vain hurlement de l’enfant, dans l’agonie muette de l’animal torturé, résonne le « bruit de fond » d’une horreur après la création, d’après l’arrachement à la logique et au repos du néant. Quelque chose - comme le langage peut être impuissant - a affreusement mal tourné. La réalité aurait dû, aurait pu être autrement (l’ « Autre »). La phénoménalité de l’existence organique, consciente, aurait dû, aurait pu rendre impossibles le sadisme, les blessures sans fin que nous infligeons par nos manières. La fureur impuissante, la culpabilité qui domine et surpasse mon identité portent avec elles l’hypothèse de travail, la « métaphore de travail », si vous préférez, du « péché originel ».
Je ne saurais attacher à cette expression la moindre substance raisonnée, encore moins historique. Sur un plan pragmatique et narratologique, les histoires de quelque crime initial et de culpabilité héréditaire sont des fables universelles - mystérieusement profondes et durables. Rien de plus.
Pourtant, en présence de l’enfant battu et violé, du cheval ou du mulet fouetté en travers des yeux, je suis comme possédé par une clarté nocturne, par l’intuition de la chute. Seul quelque événement de ce genre, auquel la raison ne saurait remédier, peut rendre intelligibles, quoique toujours proches de l’insupportable, les réalités de notre histoire sur cette terre dilapidée. Nous sommes condamnés à être nos « moi » cruels, cupides, égoïstes et mensongers.
Quand les choses étaient censées, auraient dû censément, se passer « Autrement ».
Quand la vérité et l’abnégation compatissante d’hommes et de femmes d’exception montrent si clairement ce qui aurait pu être. Je me suis surpris à me poser la question, à divaguer puérilement : et si l’histoire humaine était le cauchemar passager d’un Dieu qui dort ? Peut-être finira-t-il par se réveiller pour rendre inutiles, une fois pour toutes, le hurlement de l’enfant, le bâillonnement de l’animal que l’on bat »


(Je n’ai pu m’empêcher de rapprocher cette dernière phrase de celle du « coma » de Paofaia :-)

Et il poursuit plus loin avec une phrase à laquelle je me sens très proche :

« De la toute-puissance irraisonnée, inanalysable et souvent ruineuse de l’amour procède l’idée – est-ce, une fois de plus une puérilité ? – que « Dieu » n’est pas encore. Qu’Il ne viendra à l’être ou, plus précisément, qu’Il ne sera à la portée manifeste de la perception humaine, que le jour où il y aura un immense excès de l’amour sur la haine. Il n’est de cruauté ni d’injustice infligée à l’homme ou à la bête qui ne justifie les conclusions de l’athéisme dans la mesure où elle empêche ce qui serait une première venue de Dieu. Mais, jusque dans les pires heures, je suis incapable de renoncer à la conviction que l’amour et l’invention du temps futur sont les deux prodiges qui font la valeur de l’existence mortelle. Leur conjonction, si elle doit jamais arriver, est le messianique. »

Alors mettons-nous au travail dans ce sens, non ?:-)

Hiram33

avatar 02/12/2013 @ 16:49:34
C'est la barbarie d'Hitler qui lui a fait perdre la guerre. Le racisme, l'antisémitisme, la volonté de tuer étaient intrinsèques au nazisme. Les victoires nazies sont dues à des généraux qui ont désobéi (comme Guderian). Sans barbarie, Hitler aurait écrasé la Grande-Bretagne avant d'attaquer l'URSS et c'était fini pour tout le monde...

Saint Jean-Baptiste 02/12/2013 @ 18:24:48
C'est la barbarie d'Hitler qui lui a fait perdre la guerre. Le racisme, l'antisémitisme, la volonté de tuer étaient intrinsèques au nazisme. Les victoires nazies sont dues à des généraux qui ont désobéi (comme Guderian). Sans barbarie, Hitler aurait écrasé la Grande-Bretagne avant d'attaquer l'URSS et c'était fini pour tout le monde...

C'est vrai que Guderian a désobéi et a sauvé l'armée du désastre totale lors de la retraite de Russie, un peu comme le Maréchal Nez du temps de Napoléon.

Sinon, je ne comprends pas la « barbarie d'Hitler » qui lui a fait perdre la guerre.
Il avait espérer faire alliance avec la Grande-Bretagne, et,sinon, il avait espérer qu'elle resterait neutre. C'était surtout mal connaître Churchill. Je ne vois pas ce que sa barbarie vient faire la-dedans.

Paofaia
avatar 02/12/2013 @ 18:30:15
@SJB Pas de souci. Et toutes mes excuses si j'ai pu te blesser.

@Yokyok: peut être faut il différencier l'altruisme de la simple empathie?
A propos d'empathie, là aussi, les neuro-sciences progressent. Enfin, un peu..
http://abonnes.lemonde.fr/sciences/article/…

@Pieronnelle: merci, j'aime beaucoup Steiner.
Mais Simone Weil a aussi une vision intéressante qui peut donner à réfléchir, extraite toujours du même lien, et non de ma propre lecture:)
La métaphysique weilienne est largement la mienne pour ce qui de la création et du problème du mal. " Si Dieu était présent, il n'y aurait que lui ", dit-elle, et que serait en effet l'homme, plein de Dieu, sans liberté ? une marionnette, ou bien une sorte d'organe, et nous n'avons aucune considération pour nos organes, à qui nous demandons de servir. Weil comme la Kabbale proposent donc une approche très logique : " la Création est un acte non pas d'expansion de soi, mais de retrait, de renoncement ". " Dieu est absent ". En se retirant d'une partie de l'Univers, il a façonné un monde vide de lui, livré à la nécessité, " afin que le monde ait besoin de lui ". Se diminuer, se présenter faible comme sur la Croix, alors que toute force tend à s'employer dans toutes sa mesure, c'est par excellence anti-naturel, ou surnaturel. C'est par excellence un acte d'amour. Le Verbe cependant, la Bible, la Croix, l'Esprit, la beauté nous sont donnés à l'état de traces de cette absence pour que nous recherchions, choisissions et aimions ce qui nous manque. Dieu aime ceux qui le reconnaissent.

Merci Hiram pour ce long développement.
Je suis allée me renseigner un peu plus sur ce général Heinz Guderian:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Heinz_Guderian
Ah, Adolf! Dans sa folie ( il était fou!) , il n'a pas pu comprendre qu'on ne peut pas dominer tout le monde éternellement.. Il aurait du tout faire lui même:)

Minoritaire

avatar 02/12/2013 @ 18:42:34
peut être faut il différencier l'altruisme de la simple empathie?
sans aller voir au dictionnaire, je préfère l'empathie, que j'envisage comme l'aptitude à se mettre à la place de l'autre, à lui reconnaitre un égo, une raison, une bêtise... aussi valable que les siens propres.

Paofaia
avatar 02/12/2013 @ 18:52:02
peut être faut il différencier l'altruisme de la simple empathie?
sans aller voir au dictionnaire, je préfère l'empathie, que j'envisage comme l'aptitude à se mettre à la place de l'autre, à lui reconnaitre un égo, une raison, une bêtise... aussi valable que les siens propres.


Et bien il faut de toutes façons commencer par là.. Seule l'empathie peut amener à l'altruisme. Enfin , au réel altruisme. Et à la compassion ( dans sa signification de cum patere, souffrir avec).
Maintenant, les nouvelles données scientifiques ( tous nos comportements qui ont donné lieu à de multiples débats philosophico-tout ce qu'on veut) vont bientôt s'expliquer de façon scientifique, argh!!) font réfléchir aussi.
Cela me fait penser au film de Haneke, Le ruban blanc..

Hiram33

avatar 02/12/2013 @ 19:04:40
C'est la barbarie d'Hitler qui lui a fait perdre la guerre. Le racisme, l'antisémitisme, la volonté de tuer étaient intrinsèques au nazisme. Les victoires nazies sont dues à des généraux qui ont désobéi (comme Guderian). Sans barbarie, Hitler aurait écrasé la Grande-Bretagne avant d'attaquer l'URSS et c'était fini pour tout le monde...

C'est vrai que Guderian a désobéi et a sauvé l'armée du désastre totale lors de la retraite de Russie, un peu comme le Maréchal Nez du temps de Napoléon.

Sinon, je ne comprends pas la « barbarie d'Hitler » qui lui a fait perdre la guerre.
Il avait espérer faire alliance avec la Grande-Bretagne, et,sinon, il avait espérer qu'elle resterait neutre. C'était surtout mal connaître Churchill. Je ne vois pas ce que sa barbarie vient faire la-dedans.


C'est parce que la barbarie de Hitler l'a empêché d'agir rationnellement pendant la campagne d'Angleterre. Il fallait continuer de bombarder les zones militaires anglaises et augmenter l'effort de guerre pour achever l'opération Lion de mer mais pour ça il aurait donc fallu qu'Hitler soit débarrassé de sa haine et c'était impossible sinon ça n'aurait pas été Hitler. La haine l'a aveuglé dans ses tactiques et nous sommes là pour en discuter !

Saule

avatar 02/12/2013 @ 19:09:24
Est-ce que le troisième reich n'aurait pas été plus puissant sans s'acharner sur les juifs ? Je suppose qu'ils ont perdu une bonne partie de leur force dans cette entreprise, sans compter tout les soldats juifs qui auraient combattus avec lui ? Dans ce sens, on peut dire que sa barbarie l'a perdu.

Hiram, pourquoi ne serait-on pas là pour en parler ? On en parlerait en Allemand, tout simplement.

Yokyok
avatar 02/12/2013 @ 19:09:51
peut être faut il différencier l'altruisme de la simple empathie?

Oui. L'empathie est bien l'aptitude à se mettre à la place de l'autre. L'altruisme est le fait d'aider l'autre de façon désintéressée. L'empathie peut conduire à l'altruisme, mais pas nécessairement : elle peut aussi générer une détresse émotionnelle conduisant à se détourner de la personne qui a besoin d'aide. Réciproquement, il est possible d'agir de façon altruiste sur un mode purement cognitif, sans éprouver d'empathie. (Toutefois, selon les neuroscientiques, l'empathie est plus efficace que l'approche cognitive.)

Yokyok
avatar 02/12/2013 @ 19:27:50
Le point de vue d'Ayn Rand, rapporté par Matthieu Ricard, est le suivant (en gros) :
(1) Le désir fondamental de l'homme est de rester en vie et d'être heureux
(2) Donc il doit être égoïste
Selon Matthieu Ricard, la faille logique se situe au niveau de ce donc, un égoïsme aussi extrême que celui préconisé par Ayn Rand ayant beaucoup plus de chances de rendre l'individu malheureux que de favoriser son épanouissement. Rand considère l'altruisme comme sacrificiel et facteur de frustration ; Ricard soutient au contraire qu'il s'agit d'une des principales sources de bonheur et d'épanouissement chez l'être humain.

Paofaia
avatar 02/12/2013 @ 19:40:13
peut être faut il différencier l'altruisme de la simple empathie?


Oui. L'empathie est bien l'aptitude à se mettre à la place de l'autre. L'altruisme est le fait d'aider l'autre de façon désintéressée. L'empathie peut conduire à l'altruisme, mais pas nécessairement : elle peut aussi générer une détresse émotionnelle conduisant à se détourner de la personne qui a besoin d'aide. Réciproquement, il est possible d'agir de façon altruiste sur un mode purement cognitif, sans éprouver d'empathie. (Toutefois, selon les neuroscientiques, l'empathie est plus efficace que l'approche cognitive.)


Ca se complique, ces forums:):)
Bien sûr que des actions altruistes peuvent être effectuées sans empathie:)
La détresse émotionnelle, l'impression d'être débordé, c'est l'hyperempathie ( ou alors des situations qui dépassent certaines capacités, ça arrive très vite) . Et ça peut amener à certains syndromes psychiatriques bien connus.
Mais pour l'absence d'empathie et le déficit émotionnel, je ne sais pas si on peut lire l'article du Monde?

Yokyok
avatar 02/12/2013 @ 19:47:29
si on peut lire l'article du Monde?

Je suppose que tu es abonnée ? Je n'ai accès qu'au début de l'article (un paragraphe et demi).

Saint Jean-Baptiste 02/12/2013 @ 19:50:17



C'est parce que la barbarie de Hitler l'a empêché d'agir rationnellement pendant la campagne d'Angleterre.

Ah bon ! Maintenant, je comprends le sens que tu donnes au mot « barbarie ». Et je suis d'accord avec toi.

Paofaia
avatar 02/12/2013 @ 19:58:13
Oui, voilà, moi je peux lire l'article .
Ce n'est pas très long, je copie:

"De manière récurrente, des faits divers surviennent en France ou ailleurs qui étonnent par leur degré de violence et par l'âge de ceux qui les commettent. Pour expliquer les conduites excessivement agressives chez les jeunes, on invoque souvent et à juste titre le contexte familial et socio-économique. Mais le rôle d'éventuelles anomalies du développement et du fonctionnement cérébral est parfois avancé, non sans susciter des réactions vives contre les discours « biologisants », les risques de « dérive » du dépistage précoce et la stigmatisation des enfants à risque.

De quoi parle-t-on exactement et que nous disent les travaux scientifiques ? Des études montrent qu'il est possible d'identifier chez les adolescents présentant des conduites sociales déviantes une forme marquée d'insensibilité émotionnelle. Ce trait, répertorié dans le manuel de diagnostic psychiatrique DSM-5, se caractérise par une absence de culpabilité vis-à-vis des actes répréhensibles, l'indifférence aux échecs successifs (à l'école, par exemple), ainsi qu'une faible capacité d'empathie. Ce dernier point est intéressant.

On distingue deux niveaux d'empathie : une empathie cognitive, c'est la capacité à percevoir les intentions et les pensées d'autrui, et une empathie émotionnelle, se traduisant par des réponses physiologiques involontaires (changement du rythme cardiaque, transpiration) face à la détresse d'autrui.

L'insensibilité émotionnelle associée aux comportements violents ne concernerait que le second niveau de l'empathie, signifiant que le fait de comprendre l'état d'autrui ne garantit pas que l'information sera relayée vers les circuits nerveux des émotions.

Récemment, l'équipe de Jean Decety, de l'université de Chicago, a identifié un marqueur cérébral, la réponse N120, une onde observée sur l'électroencéphalogramme lorsque l'on regarde des images de personnes exprimant de la souffrance, dont l'absence chez certains de ces jeunes serait associée à l'insensibilité émotionnelle. D'autres chercheurs décrivent des anomalies perceptives lors de l'identification des émotions sur les visages, associées à une diminution de l'activité de l'amygdale, cette région-clé du cerveau pour la régulation émotionnelle et la peur. De plus, une région du cerveau embryonnaire - le cavum septum pellucidum, qui se rétracte au cours de la gestation pour permettre le développement normal de l'amygdale -, serait trop large chez les jeunes présentant des traits antisociaux.

Enfin, une étude, parue dans l'American Journal of Psychiatry en 2010, étonnante par sa durée (vingt-trois ans) et son ampleur (1 795 sujets), montre qu'un défaut d'apprentissage du réflexe pavlovien à la peur - réalisé en associant un stimulus neutre à un son désagréable et en mesurant la réponse conditionnée du système nerveux végétatif - chez des enfants de 3 ans prédit les conduites antisociales à l'âge adulte.

Mais, face à de telles données, sommes-nous en train d'analyser des causes ou des conséquences ? Une prédisposition innée ou le résultat d'interactions précoces gènes-environnement ? Il est trop tôt pour conclure, d'autant que les marqueurs de risque sont peu sélectifs et ne peuvent en aucun cas servir au diagnostic, mais ces recherches apportent un autre éclairage sur les conduites déviantes des jeunes et suggèrent que, dans certains cas, une réponse précoce et médicale serait plus avisée qu'une réponse tardive et répressive."

Cela me faisait penser au Ruban blanc d'Haneke, car , par certains aspects donnés à voir, il y développait la thèse que l'éducation très rigoriste des jeunes allemands avait pu amener à certaines conduites.En fait, il s'en est défendu par la suite, et tout peut être source d'interprétations, mais on ne pouvait s'empêcher d'y penser en le voyant..
http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Ruban_blanc

Saule

avatar 02/12/2013 @ 20:01:33
Le point de vue d'Ayn Rand, rapporté par Matthieu Ricard, est le suivant (en gros) :
(1) Le désir fondamental de l'homme est de rester en vie et d'être heureux
(2) Donc il doit être égoïste
Selon Matthieu Ricard, la faille logique se situe au niveau de ce donc, un égoïsme aussi extrême que celui préconisé par Ayn Rand ayant beaucoup plus de chances de rendre l'individu malheureux que de favoriser son épanouissement. Rand considère l'altruisme comme sacrificiel et facteur de frustration ; Ricard soutient au contraire qu'il s'agit d'une des principales sources de bonheur et d'épanouissement chez l'être humain.

Merci, je me sens beaucoup plus proche de ce que pense Ricard que Ayn Rand. J'avais acheté un ouvrage de Ricard mais c'était vraiment trop difficile à lire, je pourrais ré-essayer.

Les libertariens et les libéraux durs se réclament souvent de Ayn Rand, je crois que les monétaristes américains (Friedman etc) qui ont eu tellement d'influence dans la politique américaine sont de cette lignée. Je connais des gens intelligents et respectables qui sont de droite, donc je suppose qu'il y a quelque chose qui m'échappe, mais pour moi c'est redhibitoire: je ne peux imaginer l'accomplissement personnel comme un bonheur égoïste. Peut-être est-ce une question de caractère (les introvertis étant plutôt porté sur la collectivité et les extravertis sur le libertarianisme, sur l'accomplissement individuel). Par ailleurs, à l'instar du pape François (cité dans un lien plus haut), je n'ai jamais cru à cette histoire de ruissellement de la richesse.

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