Hitler de Shigeru Mizuki
Catégorie(s) : Bande dessinée => Manga
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"... et celui qui le montait avait pour nom: la Mort..." Apocalypse 6:8
Tout d'abord je signale que ceci est un manga, qui se lit donc de droite a gauche. Mizuki a choisi la caricature légère pour conter la vie d'Hitler, et s'il est a noter que son oeuvre est ambiguë, il résume la bio du führer en n'omettant pas l'aspect humain: celui que certains surnommaient le caporal bohemien restera ce qu'il a été, toutefois lui-aussi a connu une jeunesse misérable, ayant eu a souffrir d'une situation politique sclérosée développant un peu partout nombre d'injustices, et ce pendant que les riches s'enrichissaient un peu plus.
Plus tard cela fera d'ailleurs le beurre ainsi que le succès des nazis. Mais de même que la Shoa n'oublions jamais le fait que d'un côté ou d'un autre les hommes demeurent des hommes (ou si peu !..) Enfin l'auteur a pris soin de bien demontrer le caractere anti-systeme sinon carrement hors-la-loi des nazis pour eviter une confusion des genres. Et aussi pour ne pas que tout recommence.
Légende du livre
Mizuki pose une question aujourd'hui encore sans réponse : qui était Hitler ? Pour circonscrire cet effrayant mystère, il convoque les avatars du führer : l'étudiant famélique, le caporal bavarois, l'agitateur politique, le chancelier du Reich, le chef de guerre. De la synthèse de ces images multiples et contradictoires naît un personnage rusé et naïf, cabotin et cruel, inquiétant et ridicule, silhouette dérisoire qui sifflote, enrage, pleure et répète : "Mon empire durera mille ans."
Les éditions
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Hitler [Texte imprimé] Shigeru Mizuki traduit et adapté du japonais par Yukari Maeda et Patrick Honnoré
de Mizuki, Shigeru
Éd. Cornélius / Collection Pierre et Paul
ISBN : 9782360810222 ; 25,50 € ; 27/10/2011 ; 296 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (2)
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Et le Führer de vivre...
Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 23 juin 2014
Cela se lit (à l'envers, hein : l'auteur est Japonais) avec intérêt, d'autant que nous sont rappelés, parfois par le menu, les grands événements de l'époque. Avouons que cela manque un rien de « suspense » : ben, oui, vous connaissez déjà la fin...
N'empêche, suivre la vie de ce personnage au travers d'une BD, c'est suffisamment curieux pour être attachant.
Et j'ai noté que le programme nazi de 1920 comportait des points « à gauche » sur le plan socio-économique (au milieu d'un fatras nationaliste évidemment). Par exemple, la nationalisation des trusts et l'interdiction du profit réalisé sans travail et sans effort. Vous me direz qu'il fallait bien attirer les classes populaires. Et vous n'aurez pas tort. D'ailleurs, aujourd'hui, Marine Le Pen l'a bien compris aussi.
Cela dit (avec une pointe de légèreté, je sais) si l'on préfère se pencher avec sérieux sur l'époque, je conseillerais plutôt le livre « Werner Best » de Ulrich Herbert, dont il est question sur le site, ici :
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/23713
Mais il n'y a pas de dessins. On ne peut pas tout avoir.
Des questions dérangeantes
Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans) - 27 novembre 2013
En faire un monstre en dehors de l'espèce humaine, ce qui est la manière la plus répandue, le point de vue psychanalytique et introspectif comme dans « Maus », qui fait des nazis et des juifs deux espèces différentes ce qui selon moi est un non-sens, l'évoquer avec un humour « hénaurme » et une extrême dérision comme dans « Hitler = SS » de Jean-Marie Gourio et Vuillemin, album d'ailleurs interdit, essayer d'en rire comme dans « la Vie est belle » de Begnini que l'on peut trouver un tant soit peu indécent au final et ce malgré les bonnes intentions.
Et enfin, la plus dérangeante des manières d'écrire dessus, comme dans ce manga, en parler comme d'un être humain qui a laissé sa part d'horreur et de mal prendre le dessus dans son esprit. C'est la plus dérangeante car pour les personnes vivant en 2013 et s'imaginant être au nadir de la civilisation du fait des progrès techniques de notre monde c'est très déstabilisant de voir que cette part d'horreur et ce mal qu'Hitler a laissé croître et se développer et qu'il a communiquée à tout un peuple, son peuple, nous l'avons tous en nous ; mais nous sommes excessivement peu à en être conscients.
Mizuki évoque les différents visages d'Hitler qui n'était pas du tout non plus la marionnette des grands groupes industriels que l'on a fait également, qui l'ont aidé certes à accéder au pouvoir par peur de perdre ne serait-ce qu'une partie de leurs dividendes. L'auteur montre bien l'humanité d'un des grands criminels de l'Histoire, son ascension progressive vers ce qu'il pensait être un destin presque cosmique. Il faut s'adapter au style particulier des images et bien entendu de la lecture de la droite vers la gauche, mais ce style est en cohérence avec l'intention de l'auteur qui offre ici une méditation sur l'humanité du « Führer », sa folie et la folie collective allemande des années 30, plus qu'une biographie didactique et informelle.
Un autre aspect extrêmement dérangeant de cette vie et du nazisme est aussi que l'on en retrouve des aspects dans notre société si avancée, ainsi l'obsession quasiment pathologique de la transparence et du contrôle des corps et des esprits, ainsi les mouvements de masse où la minorité n'est plus rien, ainsi ce rejet constaté un peu partout sur le Net de la différence de pensée, de vie, d'expression et du hors-norme, parfois au nom des meilleures intentions là encore, qui sont deux des caractéristiques des régimes totalitaires. Le rêve humide des nazis les plus radicaux s'y trouve là réalisé pleinement et accepté par la majorité des personnes dans notre monde et sur les réseaux informatiques.
Il n'y a même pas eu besoin de l'accession au pouvoir d'un Hitler.
D'autres aspects célébrés par les nazis sont également complètement intégrés et réalisés dans notre société dite libérale-libertaire. Hannah Arendt disait avec pertinence que le nazisme ne faisait somme toute qu'exacerber des tendances latentes déjà à l’œuvre dans le libéralisme et dans la plupart des idéologies. L'eugénisme, la suppression des plus faibles, des « inutiles », des vieux, des malades, des handicapés, le darwinisme social sont devenus parfaitement tolérables dans notre monde, et là encore au nom d'une idée complètement délirante du bien collectif qui méprise la liberté individuelle.
Qui les remet en question parmi les intellectuels « kipensent » et que l'on écoute en France maintenant ? Quasiment personne.
Mais hélas, nous vivons dans une période où personne ne souhaite vraiment être dérangé dans des certitudes bien confortables, des certitudes qui ne changent rien aux questions soulevées et aux réponses apportées.
Forums: Hitler
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Des questions dérangeantes sur la monstruosité | 196 | AmauryWatremez | 3 décembre 2013 @ 19:00 |