Le lecteur est ainsi sans cesse ballotté, déstabilisé par ce qu'on peut considérer comme une étude de cas pathologique .
Je ne pense pas que l'objet du roman soit de proposer une étude de cas pathologique. En revanche, je suis tout à fait d'accord pour dire qu'HH déstabilise le lecteur en soufflant sans cesse le chaud et le froid. La force et l'originalité du roman réside justement dans cette déstabilisation et dans l'échange qui se fait entre le narrateur et le lecteur qui tantôt rejette HH, tantôt s'en rapproche.
La scène où HH couche la première fois avec Lolita résume bien ce mode de narration : au début, Lolita est présentée comme consentante voire entreprenante, ce qui rassure le lecteur et lui permet de poursuivre sa lecture, mais la scène se finit, sans vulgarité, sur un détail choquant ("elle n'était guère préparée à certaines divergences entre les dimensions d'un gamin et les miennes").
La narration est un plaidoyer révélant l'humanité d'HH qui prend à parti le lecteur, use d'autodérision et se montre intelligent et cultivé. Mais en même temps, le narrateur pousse sans cesse le lecteur dans ses retranchements en rappelant ce qu'il est (toujours avec humour).
La relation entre Lolita et HH évoque la relation entre le lecteur et le narrateur. Comme Lolita, le lecteur n'arrive pas vierge quand il aborde la lecture du roman, comme Lolita, le lecteur qui accepte de lire le roman jusqu'au bout est complice du narrateur. La dernière pitrerie du narrateur est de nous révéler qu'il ne s'agissait pas du roman d'un pervers mais d'un roman d'amour.
Je crois que le livre parle avant tout de la relation, du jeu qui s'établit entre l'écrivain et le lecteur par l'intermédiaire de la narration.
Avada, bravo! Ton analyse est d'une grande justesse!
"Le chaud et le froid" et un sentiment de manipulation...
Complètement d'accord!
"Le chaud et le froid" et un sentiment de manipulation...
Complètement d'accord!
Moi aussi je trouve l'analyse d'Avada très très juste et très pertinente.
J'arrive à la fin tout doucement pour ma part.
Je ferai un bilan global quand j'aurai tout terminé.
J'arrive à la fin tout doucement pour ma part.
Je ferai un bilan global quand j'aurai tout terminé.
Je plussoie: Avada, tu as visé juste!
Notamment sur cette scène de la première fois que je viens de passer (hum, excusez ma lenteur): pendant des pages et des pages on alterne entre le caractère entreprenant & provocateur de la petite et sa fragilité en tant que petit fille de 12 ans!
Quelqu'un le disait plus haut mais beaucoup de lecteurs semblent faire le même "amalgame" : un enfant ou un adolescent n'est pas innocent ou chaste, mais son rapport au sexe est propre à son âge et ne devrait en aucun cas être confronté ou comparé à celui d'un adulte!
Notamment sur cette scène de la première fois que je viens de passer (hum, excusez ma lenteur): pendant des pages et des pages on alterne entre le caractère entreprenant & provocateur de la petite et sa fragilité en tant que petit fille de 12 ans!
Quelqu'un le disait plus haut mais beaucoup de lecteurs semblent faire le même "amalgame" : un enfant ou un adolescent n'est pas innocent ou chaste, mais son rapport au sexe est propre à son âge et ne devrait en aucun cas être confronté ou comparé à celui d'un adulte!
p.428
Ça y est, Lolita s'est envolée avec le Trapp des hallucinations (?) de HH.
Notre narrateur sombre dans une démence consciente où il ne sait plus trop où il en est.
J'attends la fin avec impatience, mais chut... suspendons le suspense avant de le laisser tomber.
Ça y est, Lolita s'est envolée avec le Trapp des hallucinations (?) de HH.
Notre narrateur sombre dans une démence consciente où il ne sait plus trop où il en est.
J'attends la fin avec impatience, mais chut... suspendons le suspense avant de le laisser tomber.
Désolé de n'avoir pu en être cette fois...
Je suis rentré hier d'un voyage et je n'avais ni mon ordi,
ni surtout mon exmplaire du livre...
Partie remise pour la prochaine lecture en commun...
Je suis rentré hier d'un voyage et je n'avais ni mon ordi,
ni surtout mon exmplaire du livre...
Partie remise pour la prochaine lecture en commun...
Je ne pense pas que l'objet du roman soit de proposer une étude de cas pathologique.
Je n'ai pas voulu dire que l'intention de l'auteur était de proposer une étude de cas pathologique, j'ai seulement indiqué que le lecteur pouvait recevoir le roman comme une étude de cas pathologique
Très belle analyse, Avada, vraiment.
Voila, je l'ai fini. Je trouve que la fin est très réussie et donne un éclairage nouveau au roman. On se dit qu'il y avait une vraie histoire d'amour, mais à sens unique (Lolita ne pense même pas partir avec lui) et qui aura fait beaucoup de dégâts.
Tout dans tout je n'ai pas vraiment apprécié ma lecture, malgré quelques très bon moment (la partie de tennis, que Pluck mentionnait, c'était tordant). Je crois aussi que je n'étais pas dans l'état d'esprit de jouir d'un bon roman et que je ne me suis jamais laissé happé par la narration. Donc c'est surtout moi le responsable de cette lecture mitigée.
Tout dans tout je n'ai pas vraiment apprécié ma lecture, malgré quelques très bon moment (la partie de tennis, que Pluck mentionnait, c'était tordant). Je crois aussi que je n'étais pas dans l'état d'esprit de jouir d'un bon roman et que je ne me suis jamais laissé happé par la narration. Donc c'est surtout moi le responsable de cette lecture mitigée.
Lecture achevée.
Je ne regrette vraiment pas d'avoir lu ce livre, qui ne me tentait pas à priori (je pensais que ça allait hyper licencieux,du trash pour faire du trash etc...) et j'ai été vraiment vraiment surprise, et ce dans le bon sens.
Littérairement c'est quand même très riche, avec comme le soulignait Avada toute cette implication du lecteur qui est à la fois juge et complice.
L'humour et l'auto dérision sont extrêmement présentes.
La folie de HH est très justement rendue, grâce aux ellipses, aux zones d'ombres parfois, ça met en avant le côté opaque de sa pensée
L'introspection est minutieuse, détaillée.
Et oui, contre toute attente, c'est bel et bien une histoire d'amour.
Tout au long du livre je me suis demandée si HH aimait "vraiment" Lolita. Au début je me suis dit fermement que non, qu'il ne pouvait s'agir que de désir (d'ailleurs il ne parle que de son corps).
Et puis finalement il s'avère que si, puisque même lorsqu'elle quitte son corps de nymphette pour celui de femme et de mère, il la supplie de le suivre..
Alors ce n'est pas une "belle" histoire d'amour, elle est moche, cette histoire.
C'est l'histoire d'un amour de fou (au sens de "taré"), mais qui se sait fou,qui se condamnerait lui même 35 ans pour viol qui sait pertinemment (et ne le pardonne pas) qu'il a volé l'enfance de Dolores Haze, mais cette sale histoire, malgré tout, émeut...grâce à la beauté du texte.
Je ne regrette vraiment pas d'avoir lu ce livre, qui ne me tentait pas à priori (je pensais que ça allait hyper licencieux,du trash pour faire du trash etc...) et j'ai été vraiment vraiment surprise, et ce dans le bon sens.
Littérairement c'est quand même très riche, avec comme le soulignait Avada toute cette implication du lecteur qui est à la fois juge et complice.
L'humour et l'auto dérision sont extrêmement présentes.
La folie de HH est très justement rendue, grâce aux ellipses, aux zones d'ombres parfois, ça met en avant le côté opaque de sa pensée
L'introspection est minutieuse, détaillée.
Et oui, contre toute attente, c'est bel et bien une histoire d'amour.
Tout au long du livre je me suis demandée si HH aimait "vraiment" Lolita. Au début je me suis dit fermement que non, qu'il ne pouvait s'agir que de désir (d'ailleurs il ne parle que de son corps).
Et puis finalement il s'avère que si, puisque même lorsqu'elle quitte son corps de nymphette pour celui de femme et de mère, il la supplie de le suivre..
Alors ce n'est pas une "belle" histoire d'amour, elle est moche, cette histoire.
C'est l'histoire d'un amour de fou (au sens de "taré"), mais qui se sait fou,qui se condamnerait lui même 35 ans pour viol qui sait pertinemment (et ne le pardonne pas) qu'il a volé l'enfance de Dolores Haze, mais cette sale histoire, malgré tout, émeut...grâce à la beauté du texte.
et ne "se" le pardonne pas
L'humour et l'auto dérision sont extrêmement présentes.
.
Le titre en témoigne déjà : "Lolita ou La confession d'un veuf de race blanche " !!!
Je viens de terminer aussi.
Que dire de plus après Avada et Sissi qui expriment toutes les deux très bien mes sentiments part rapport à cette lecture?
Sans une lecture collective, c'est un livre que je n'aurai pas commencé.
Erreur car j'ai apprécié ce moment!
Une magnifique écriture et de l'humour pour "supporter" l'abject HH.
Que dire de plus après Avada et Sissi qui expriment toutes les deux très bien mes sentiments part rapport à cette lecture?
Sans une lecture collective, c'est un livre que je n'aurai pas commencé.
Erreur car j'ai apprécié ce moment!
Une magnifique écriture et de l'humour pour "supporter" l'abject HH.
L'humour et l'auto dérision sont extrêmement présentes.
.
Le titre en témoigne déjà : "Lolita ou La confession d'un veuf de race blanche " !!!
je ne comprends toujours pas le "de race blanche" et pourquoi insiste t-il sur le statut de "veuf" alors qu'il l'a clairement souhaité...?
Et oui, contre toute attente, c'est bel et bien une histoire d'amour.
Tout au long du livre je me suis demandée si HH aimait "vraiment" Lolita. Au début je me suis dit fermement que non, qu'il ne pouvait s'agir que de désir (d'ailleurs il ne parle que de son corps).
Et puis finalement il s'avère que si, puisque même lorsqu'elle quitte son corps de nymphette pour celui de femme et de mère, il la supplie de le suivre..
Alors ce n'est pas une "belle" histoire d'amour, elle est moche, cette histoire.
C'est l'histoire d'un amour de fou (au sens de "taré"), mais qui se sait fou,qui se condamnerait lui même 35 ans pour viol qui sait pertinemment (et ne le pardonne pas) qu'il a volé l'enfance de Dolores Haze, mais cette sale histoire, malgré tout, émeut...grâce à la beauté du texte.
Encore une fois, je partage complètement ton point de vue Sissi.
Oui, les derniers chapitres montrent bien combien HH aime vraiment Lolita.
Et après avoir éprouvé du dégoût pour le personnage, on se retrouve émue...
Bravo M. Nabokov!
Et après avoir éprouvé du dégoût pour le personnage, on se retrouve émue...
Eh oui, mais n'est-ce pas là justement le problème ? A-t-on réellement besoin d'être émue pour "comprendre" le personnage? Est-il apte à être compris ? L'amour est-il suffisant pour justifier l'injustifiable. Car j'ai lu avec énormément d'attention vos commentaires et celui formidable d'Avada m'a fait comprendre pourquoi je ne voulais pas lire ce livre (je connaissais le film) et ne voudra jamais le faire : l'implication du lecteur! (ce qui n'existe pas dans le film) .Vous avez l'air tous enthousiasmés de l'avoir lu et ce qui ressort c'est la belle écriture et l'émotion qui vous a fait "passer" le reste. Ne vous reste-t-il pas un goût amer d'avoir été en quelque sorte "complices" avec le narrateur habile à l'extrême pour faire accepter sa perversion (dont il souffre peut-être mais qu'il aurait pu peut-être essayer de contrôler car il y a eu viol et violation d'une enfance) par des artifices de mots, d'humour...
En tout cas vos avis étaient passionnants...
On en revient à ce que j'ai éprouvé au début à savoir qu'il est étonnant de constater l'admiration dont nombre de lecteurs font preuve envers cette histoire scabreuse alors que d'autres auteurs sont presque lynchés pour avoir écrit sur le même sujet avec infiniment plus de classe et de beauté. Pour ma part, je l'ai classé dans les mauvais romans à la prose imbuvable. La fin est dans le plus pur style de BEE, vulgaire à souhait.
. Ne vous reste-t-il pas un goût amer d'avoir été en quelque sorte "complices" avec le narrateur.
Bien sûr que si...
Ce livre met mal à l'aise, bien évidemment.
Et pour ma part je n'excuse rien du tout, simplement j'étais persuadée que je ressentirais que du dégoût et de la colère et du mépris etc... et non, parce que HH, avant d'être un monstre, est un fou.
Et qu'il n'est à aucun moment à l'aise avec lui-même. (il dit que s'il devait se juger il se condamnerait à 35 ans pour viol, alors qu'il n'y a pas eu de viol)
Pieronnelle, la force de ce livre est justement dans le pouvoir de retournement. Moi qui ai failli arrêter la lecture au début du livre, je me suis laissée prendre au piège par le talent de l'auteur.
Avada l'a remarquablement bien expliqué et ce n'est pas facile d'admettre que j'ai apprécié une lecture dont le héros est un véritable pédophile.
Avada l'a remarquablement bien expliqué et ce n'est pas facile d'admettre que j'ai apprécié une lecture dont le héros est un véritable pédophile.
. Ne vous reste-t-il pas un goût amer d'avoir été en quelque sorte "complices" avec le narrateur.
Bien sûr que si...
Ce livre met mal à l'aise, bien évidemment.
Et pour ma part je n'excuse rien du tout, simplement j'étais persuadée que je ressentirais que du dégoût et de la colère et du mépris etc... et non, parce que HH, avant d'être un monstre, est un fou.
Et qu'il n'est à aucun moment à l'aise avec lui-même. (il dit que s'il devait se juger il se condamnerait à 35 ans pour viol, alors qu'il n'y a pas eu de viol)
Quand tu dis qu'il n'y a pas eu de viol: tu parles de la prétendue acceptation et même incitation de Lolita?
N'est-ce pas justement pour cela que l'a "maturité sexuelle" est fixée à 15 ans? Une adolescente de 12 ans ne peut être considérée comme "responsable", il y a donc bien eu viol...
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