Cléa de Lawrence Durrell

Cléa de Lawrence Durrell
(Clea)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par CCRIDER, le 13 novembre 2004 (OTHIS, Inscrit le 10 janvier 2004, 76 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 268ème position).
Visites : 5 656  (depuis Novembre 2007)

Génèse de l'oeuvre

"Cléa" est le quatrième mouvement du "Quatuor" et sans doute le plus achevé et le plus important pour la compréhension de l'histoire . Cette fois , l'auteur se met plus franchement en scène et rapporte le début , l'accomplissement et le délitement de son amour pour Cléa , l'artiste peintre , la secrète , archétype de la femme aussi belle que créatrice .
Bien sûr Alexandrie est toujours présente , mais l'époque n'est plus à l'insouciance . Nous sommes en pleine deuxième guerre mondiale . Les combats que l'on devine en toile de fond marqueront la fin d'un monde et le départ des occidentaux vers l'Angleterre , mais aussi vers la France . Mountolive sera nommé à Paris . Darley ( alias Durrell ) y retrouvera peut-être , mais on en doute , Cléa à Paris .
Dans ce livre Durrell excelle toujours dans les descriptions de paysages , de situations et de sentiments . Les personnages familiers de la saga réapparaissent ( Balthazar ) .On y parle beaucoup de Pursewarden , l'écrivain irlandais par le biais de sa soeur aveugle , qui cherche à mieux le comprendre au delà de la mort . Et puis surtout Scobie , le vieux marin alcoolique , béatifié maintenant par les musulmans au point de lui avoir consacré une journée de commémoration avec derviches tourneurs , baignoire sacrée et dévotes hystériques en mal d'enfants . Dans ce cas , comme dans celui des "homoncules" , Durrell va un peu trop loin dans la fantaisie , mais on lui pardonne bien volontiers car il a commis une grande oeuvre , une sorte de monument littéraire .

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  Le Quatuor d'Alexandrie.

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Quatrième et dernier roman du « Quatuor d’Alexandrie »

9 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 11 juin 2012

« Le quatuor d’Alexandrie constitue l’œuvre majeure de Lawrence Durrell. Il s’agit d’une histoire racontée à quatre voix (Justine – Balthazar – Mountolive et Clea), une histoire alexandrine, de cette ville d’Egypte, Alexandrie, où le statut d’apatride semble celui qui convient (convenait ?) le mieux. Dans les quatre romans, on reviendra sur la même histoire peu ou prou, valse lente entre une dizaine de protagonistes à Alexandrie, mais la même histoire sera revisitée à chaque fois par un personnage différent, apportant un éclairage supplémentaire ou noyant dans une ombre inquiétante ce qu’on croyait avoir compris …
Dernier roman du « Quatuor » donc, même s’il se dit que Durrell aurait pu avoir l’intention d’écrire un cinquième roman, qui aurait pu s’appeler « Capodistria », celui dont la mort au cours d’une partie de chasse au canard avait clos « Justine » et dont nous apprenons qu’elle n’était en fait qu’un subterfuge aux fins politiques, dans la droite ligne du recentrage effectué dans « Mountolive », le troisième opus. Un cinquième roman ? Pour un « Quatuor » ? Oui, mais le terme de quatuor, à quoi se rattache-t-il en fait ? Aux quatre ouvrages, vraiment ?
Nous avons fait un bond en avant dans le temps avec « Clea ». Une Clea qui fût toujours présente, en filigrane ou en intervenante secondaire et qui va s’avérer l’élément principal ici, avec, il faut le souligner, le retour au premier plan de Darley. Un Darley qui retrouvera Justine histoire de clôturer définitivement cette histoire particulière, et qui trouvera Clea … pour mieux la perdre (l’amour n’est jamais simple …, mais je crois l’avoir déjà dit (cf « Mountolive »)).
C’est la seconde guerre mondiale et la fin de celle-ci, vécue à Alexandrie, et c’est peu de dire qu’elle a peu de rapports avec ce que connaissait l’Europe. Mais ce n’est pas l’affaire de Durrell. Son affaire va plutôt consister à faire des rattaches à différents brins d’histoire éparpillés tout du long du « Quatuor ». Et puis à rajouter des incidences, des occurrences, histoire de laisser le jeu ouvert et le lecteur dans une certaine expectative, comme si la conception du roman selon Lawrence Durrell était de ne surtout pas placer son lecteur en position de confort mais d’éveiller son attention constamment par des zones de clair-obscur. Et de ces zones il en restera à l’issue de la lecture ! Comme dans la vie somme toute. Mais existe-t-il réellement une lumière omnisciente, infaillible ? Certainement non.
Un extrait de « Clea » afin de donner une idée de l’inventivité, de la profondeur de pensée et du style de Lawrence Durrell :

« Amaril essaya bien, à sa manière gauche, de me psychanalyser – mais que peut-on dire de cette science très approximative qui a déjà étourdiment empiété d’un côté sur l’anthropologie et de l’autre sur la théologie ? Il y a encore bien des choses qu’ils ignorent : par exemple que l’on se met à genoux à l’église parce que l’on se met à genoux pour pénétrer une femme, ou que la circoncision dérive de la taille de la vigne, sans quoi les feuilles prolifèrent, et elle ne produit pas de fruits ! Je n’ai aucun système philosophique sur quoi m’appuyer alors que même Da Capo en possède un. Vous rappelez-vous l’exposé de Capodistria sur la nature de l’Univers ? « Le Monde est un phénomène biologique qui ne parvient à son terme que lorsque tous les hommes ont eu toutes les femmes, et lorsque toutes les femmes ont eu tous les hommes. Evidemment, il y faut le temps. »
Voyager et emmener « Le Quatuor d’Alexandrie » dans ses bagages ? Une riche idée, assurémment.

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