Le Grand Monde de Pierre Lemaitre

Le Grand Monde de Pierre Lemaitre

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Veneziano, le 23 juillet 2022 (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 424ème position).
Visites : 1 968 

La saga Pelletier à travers les colonies

Une savonnerie de Beyrouth ayant pignon sur rue sert de cadre à la naissance de la saga de la famille Pelletier, qui débute en 1948. Quelques mois seulement desservent quasiment une unité de temps, celle de l'espace étant brisée, puisque la scène se déplace à Saïgon, marginalement à Angkor. Parmi les enfants, un raté congénital marié à une intrigante, un journaliste appréciant les coups d'éclats, un apprenti-aventurier embarquant plein d'illusions pour l'Indochine se séparent, se contactent dans un désordre enjoué, au milieu duquel est noué un trafic de piastres, pièces d'une monnaie orientale.

Cet auteur excelle dans les sagas familiales, les escroqueries à grande échelle. Il mêle ici les fantasmes d'Orient, les intrigues dignes de polar. Tout cela est mené tambour battant, quitte à donner parfois le tournis. Ça ne manque pas de rebondissements et de verve. Cette lecture nécessite une concentration minimale et l'acceptation d'être guidé très loin.

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Une famille peu recommandable

8 étoiles

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 27 décembre 2022

Pierre Lemaitre continue sa saga familiale. Ici, la famille Pelletier, dont la savonnerie est florissante à Beyrouth en 1948. Louis, le père, espérait transmettre son affaire à son fils Jean, dit Bouboule, mais celui-ci est un incapable. En fait, ses quatre enfants le déçoivent : François prétend faire des études à Paris alors qu’il tente de devenir journaliste ; Etienne part en Indochine pour retrouver son amant, Raymond, soldat dans la guerre et Hélène quitte à son tour ses parents pour rejoindre ses frères à Paris et gagner son indépendance. Hélas, elle affirme vouloir étudier les beaux-arts, mais manque de véritable volonté. Chacun vit plus ou moins aux crochets des parents. Jean est marié à Geneviève, une pimbêche hargneuse toujours insatisfaite. Il est tellement frustré dans sa colère rentrée qu’il compense en déversant sa violence secrètement... Personne n’est droit dans ses bottes dans cette famille.
Pendant ce temps, Etienne est engagé – grâce à son père – à l’Agence indochinoise des monnaies à Saïgon. Il se rend vite compte de la corruption ambiante et en particulier d’un trafic sur lequel il commence à enquêter...
L’humour est toujours grinçant et les personnages peu reluisants, mais malgré tout très humains. L’auteur nous plonge dans les horreurs et l’absurdité de la guerre d’Indochine, ainsi que dans la vanité et les médiocrités d’une famille qui tente toujours de se hisser plus haut que son milieu, par tous les moyens possibles, souvent sans avoir les capacités de ses ambitions. Cette famille réussit tout de même à nous émouvoir et leurs frustrations sont communicatives. Malgré leurs disputes, leurs silences, ces membres de la famille Pelletier s’aiment à leur manière bien maladroite.

Beyrouth Saïgon Paris

7 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 29 novembre 2022

Le "pèlerinage Pelletier" réussit encore une fois à réunir toute la famille à Beyrouth, où Louis, le patriarche, a créé une savonnerie devenue une entreprise florissante.
Il aurait aimé que son fils aîné Jean dit Bouboule prenne sa succession mais son manque de compétences s’est vite avéré catastrophique pour l’entreprise ; Louis a donc accepté et financé le départ de celui-ci pour Paris ; accompagné de Geneviève, son abominable épouse.
François est lui aussi parti à Paris, mais à la grande fierté de ses parents pour y faire de brillantes études à Normale Sup. Ou du moins le laisse-t-il croire.
Étienne, quant à lui, est à quelques heures du départ pour Saïgon, où il part travailler à l’Agence des Monnaies mais surtout à la recherche de Raymond, légionnaire et amant disparu dans cette abominable conflit du Viêt-minh.
Reste la sulfureuse Hélène, si proche d’Étienne, qui ne cherche qu’à quitter le milieu familial.

Pierre Lemaitre nous raconte les destins surprenants de chacun des membres de cette famille maintenant séparée, presque désunie.
Louis, chef de famille semblant imperturbable, se révélera un stratège habile en manœuvres familiales et en relations utiles. Que ce soit dans le constat d’échec de son aîné à reprendre la société : "Jean n’avait de qualité pour rien ... M. Pelletier n’avait pas su s’y prendre, n’avait pas compris ou compris trop tard, Bouboule aurait mérité un autre père. L’échec du fils était celui du père, c’’était un vrai crève-coeur , cette histoire-là."
Dans le départ d’Etienne "il se reprochait de ne pas lui avoir dit, avant son départ, combien il l’aimait."
Pour les extravagances de sa fille "nous servons encore à quelque chose."
Comme il savait garder un secret comme celui de la carrière de François.

On retrouve l’excellent travail du romancier accompli ; avec une galerie de personnages variés, (même si deux personnages m’ont semblé moins passionnants, Bouboule et sa femme) des intrigues et des enquêtes à rebondissements, des secrets cachés ou révélés, de l’émotion, une écriture parfaite.

Et pourtant, j’ai trouvé qu’il manquait  "un petit quelque chose" pour m’enthousiasmer complètement ; peut-être l’impression d’un manque de cohésion entre les personnages et leurs histoires.

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