Les Promises de Jean-Christophe Grangé
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Policiers et thrillers , Littérature => Romans historiques
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Monumental
Jean-Christophe Grangé avait quelque peu déçu ses fans, son lectorat, en 2019 et 2020, en publiant deux romans assez courts (en plus, imprimés en caractères assez gros...) et, disons les choses, simplistes : "La Dernière Chasse" et "Le Jour des Cendres". Deux thrillers qui n'étaient que des novélisations des deux premiers épisodes de la saison 1 de la série TV "Les Rivières Pourpres" lancée en 2019 (saison 2 l'an dernier, saison 3 en mars dernier il me semble, saison 4 probablement en 2022), une série TV avec Olivier Marchal (qui reprend le rôle de Niémans, flic héros du roman "Les Rivières Pourpres" et interprété par Jean Réno dans le film de Kassovitz) et Erika Sainte. Une excellente série TV, au passage, dont Grangé a écrit pas mal d'épisodes et supervisé l'ensemble.
Il avait dit, dans des interviews au moment de la saison 1 (au printemps 2019, alors que le Covid n'existait pas encore), qu'il adapterait en roman plusieurs des épisodes de la série, car ils fonctionneraient très bien en version à lire. Ce qui fut fait, donc, à deux reprises, avec deux romans certes basiques, et qui n'apporteront rien à quiconque a vu les épisodes, mais qui en sont une version écrite et développée, totalement fidèle (hormis le nom du personnage interprété par Erika Sainte dans la série, qui est renommée dans les livres : pourquoi ?).
Mais pas mal de fans, et il suffit de lire les avis sur le Net, aussi bien sur Critiques Libres que sur des sites marchands, furent frustrés, estimeront que c'était du sous-Grangé que ces deux romans, et exigeront limite que l'auteur de "Miserere" et du "Passager" revienne avec quelque chose de solide, de consistant et d'original.
Rien ne dit qu'il ne fera pas une autre novélisation d'un des épisodes (il y en a encore 10, à ce jour, de non-adaptés, il a donc de quoi faire) de la série, mais en attendant, voici son dernier opus en date, sorti il y à une poignée de jours, et celui-ci, long de ses 656 pages, est un pavé original : "Les Promises".
Autant le dire, c'est un chef d'oeuvre, indéniablement un de ses meilleurs romans, si ce n'est...le meilleur. C'est son premier roman historique, l'action se passe dans le Berlin de l'avant-guerre, en pleine période nazie donc, juuuuste avant l'invasion de la Pologne par les Allemands. 1939, quoi. Roman historique, mais aussi et surtout un thriller avec une histoire de serial killer, on parle de Grangé, après tout. Un tueur exécute, les unes après les autres, et d'une manière bien dégueulasse, des femmes de dignitaires nazis qui avaient l'habitude (les femmes, pas leurs maris à chemises brunes) de se retrouver, quotidiennement, à l'hôtel Adlon de Berlin, pour bavarder entre elles, comme des dames de bonne compagnie au salon. Plusieurs des victimes étaient des patientes (et amantes occasionnelles) de Simon Kraus, un psychanalyste spécialiste des rêves, et justement, c'est parce qu'elles faisaient des cauchemars étranges où un mystérieux "homme de marbre" les menaçait qu'elles étaient suivies par lui.
Franz Beewen, de la Gestapo, un colosse aryen au tempérament de grizzli à qui on retire sa nourriture après la lui avoir fait renifler pendant des heures, s'occupe de l'enquête, et il va rapidement collaborer avec Kraus (lequel ne porte pas les nazis dans son coeur, mais le garde pour lui, pas si con) et une autre psychiatre, directrice d'un asile, Minna Van Hassel (asile dans lequel le père de Beewen, vétéran de la 1GM gazé et devenu cinglé, réside, et dont le sort, comme celui de tous les infirmes, est, sous le régime nazi, devenu presque aussi inquiétant et tragique que le sera celui des juifs d'ici quelques années), jeune femme d'origine aristocratique mais dont les parents étaient communistes (si, si, c'est possible), et pas vraiment membre du fan-club d'Adolf-la-moustache-et-la-mèche, les trois vont former une équipe aussi hétéroclite qu'efficace pour essayer de débusquer ce tueur, dans une Allemagne au bord du chaos, devenue un Enfer...
Roman certes long mais absolument gigantesque, passionnant, que ces "Promises". Grangé a rarement déçu son monde, ses deux novélisations exceptées (et encore, me concernant, je savais de quoi il en retournait et donc je n'ai pas été frustré par ces deux romans, je n'en attendais pas de grandes choses, juste un bon moment de lecture), et ici, sincèrement, il ne déçoit pas du tout. Publié non pas comme un thriller traditionnel, mais comme un roman "normal", avec couverture blanche générique et sur-couverture illustrée (une première pour Grangé), et avec un format légèrement plus petit que d'ordinaire, "Les Promises" est un grand roman, qui offre aussi bien une histoire trépidante de traque d'un tueur insaisissable et mystérieux qu'une peinture assez réaliste, vue de l'intérieur, du Berlin de 1939, de l'Allemagne nazie. Un peu comme les romans de Philip Kerr. Absolument fantastique, à lire absolument.
P.S. : je sais bien que, compte tenu du passé d'auteur de thrillers de l'auteur (même si, en même temps, Pierre Lemaître...), "Les Promises" n'a aucune chance d'obtenir le Goncourt, Grangé ne l'attend pas et ne l'a d'ailleurs pas écrit pour ça, et ce roman ne fera sans doute pas partie de la sélection intermédiaire, mais j'aimerais bien, personnellement, qu'une telle chose arrive. Pour le geste. C'est vraiment un roman exceptionnel.
Les éditions
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Les Promises
de Grangé, Jean-Christophe
Albin Michel
ISBN : 9782226439437 ; 23,90 € ; 08/09/2021 ; 656 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (3)
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Critique de Seb (, Inscrit le 24 août 2010, 47 ans) - 1 août 2023
Du bon Grangé que j’ai dévoré en 3 jours
Au cœur du nazisme
Critique de Martell (, Inscrit le 27 février 2004, 61 ans) - 18 août 2022
Les horribles meurtres en série qui frappent les belles femmes des puissants du régime nazi seront la base pour nous faire connaître trois personnages différents et très vivant de par les détails qui nous sont livrés.
Pour un roman à saveur historique c’est l’un des meilleurs que j’ai lu ces dernières années.
Grossier
Critique de Lili87 (, Inscrite le 23 janvier 2017, 40 ans) - 6 novembre 2021
Par ailleurs, il y a de grosses erreurs qui font perdre toute crédibilité à l'œuvre : la République tchèque est citée dans les premières pages alors qu'elle a été créée en 1993 suite au démantèlement de la Tchécoslovaquie ; U-Bahn signifie métro et non tramway (Straßenbahn), donc ça ne sert à rien d'insérer des mots allemands quand on ne connaît pas la langue.
En bref, je déconseille cet auteur pour les lecteurs de romans historiques. Restez sur Ken Follett ou Charlotte Link.
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