Le Lotissement du ciel de Blaise Cendrars

Le Lotissement du ciel de Blaise Cendrars

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Bookivore, le 7 juillet 2021 (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans)
La note : 8 étoiles
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Fin des Mémoires qui n'en sont pas

En 1945, Blaise Cendrars publie "L'Homme Foudroyé", premier volet de ses Mémoires.
Un chef d'oeuvre.

En 1946, il publie "La Main Coupée", le deuxième volet.
Un chef d'oeuvre.

En 1948, il publie "Bourlinguer", le troisième volet.
Un chef d'oeuvre.

En 1949, il publie "Le Lotissement du Ciel", le quatrième et ultime volet.

Ah-aaaah, vous vous attendiez à "Un chef d'oeuvre.", hein ?
Bah non, parce que, je dois le dire, ce quatrième tome, le plus épais de tous (pas de beaucoup : 520 pages, en gros ; je ne compte que le texte, pas la préface ni les pages de notes), n'est pas un chef d'oeuvre. C'est un excellentissime livre, vraiment pas de quoi avoir honte, même après trois volets absolument indispensables et parfaits, mais je dois le reconnaître, c'est un petit peu, juste un petit peu inférieur. En raison de la seconde partie du livre, "Le nouveau patron de l'aviation", dans lequel Cendrars, sur inspiration d'une visite de son fils Rémy (aviateur militaire ; il décèdera dans un crash accidentel en 1945), décide d'écrire une hagiographie (vie de saint) de Saint Joseph de Cupertino, un saint italien du XVIIème siècle connu pour ses lévitations miraculeuses, ce qui en ferait, selon Cendrars, le patron ultime pour les aviateurs. C'est ainsi que dans le chapitre 2 (sur 3) de cette deuxième partie, on a un défilé assez lancinant de cas de saints et de saintes qui, entre le Xème et le XXème siècle, ont eu des expériences extatiques de lévitation corporelle. On se croirait dans Huysmans et son "Sainte Lydwine de Schiedam". De la part de Cendrars, c'est étonnant, et, je dois le dire, c'est aussi un petit peu ennuyant; Rien de grave, mais bon... quand même.
La première partie, "Le Jugement dernier", fait 20 ou 30 pages, le parcours, entre le Brésil et l'Europe, de Cendrars voulant ramener des oiseaux vivants pour une petite fille parisienne, mais l'acclimatation se fait, vraiment, difficilement...
La troisième partie, "La tour Eiffel sidérale" (aussi longue que la seconde, en gros), se passe au Brésil, et on y lit notamment le calvaire amoureux d'un local, amoureux de la grande actrice Sarah Bernhardt, on a aussi une succession de "vignettes" colorées, made in Cendrars, sur la vie au Brésil, pays qu'il connaissait bien. Cette troisième et ultime partie rattrape à elle seule l'ennui de la seconde et la relative indifférence du lecteur face à la première, qui comme le prologue de "L'Homme Foudroyé", passe tellement vite qu'on ne s'en rend pas compte.

A sa sortie, "Le Lotissement du Ciel" ne fera hélas pas parler de lui, Cendrars s'en trouvera très amer. C'est devenu par la suite un des préférés de ses admirateurs, qui le considèrent comme un de ses monuments.
Me concernant, c'est, des quatre tomes de ses Mémoires, celui qui m'a le moins plu, mais ma note, 4/5, est tout de même, je pense, suffisamment bonne pour insister sur le fait que c'est loin, très loin, d'être une lecture à négliger. C'est le moins percutant, certes, mais de peu, et dans l'ensemble, ce quatuor de livres mérite un bon gros 7/5.

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