L'homme foudroyé de Blaise Cendrars

L'homme foudroyé de Blaise Cendrars

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par DomPerro, le 2 novembre 2006 (Inscrit le 4 juillet 2006, - ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 208ème position).
Visites : 9 031  (depuis Novembre 2007)

Écriture corrosive

Depuis avril 1940, Blaise Cendrars n’a rien écrit. Il vit en retrait, à Aix-en-Provence. Le 5 avril 1945, L’Homme foudroyé est achevé. Robert Denoël est le premier à le lire. À la suite de sa lecture, il avouera : ''Je suis comme saoul. Un livre avec de la force. Des grandes images. Jamais tu n’as été aussi libre, abondant. Tu es le seul à nous faire toucher du doigt notre époque brûlante et explosive.''

Aux yeux de Jacques-Henry Lévesque, meilleur ami de Cendrars, il s’agit d’un ''drôle de livre qui tient du roman policier, du Cantique des cantiques, de l’incantation, du reportage et des confessions d’un démiurge.'' Maximilien Vox, qui est critique et aussi l’éditeur du volume chez Denoël, mettra en doute la notion de roman pour désigner cette gigantesque construction mentale, cette exultation folle de l’écriture qui grouille de noms et qui brouille les dates. Cendrars, lui, prétendra à Raymone, sa femme, qu’il s’agit du ''meilleur livre du monde''. L’Homme foudroyé sera un succès dès sa parution en 1945.

Les critiques de Cendrars, comme Claude Leroy, qui est maintenant au sein du Centre d’études Blaise Cendrars, dit que le poète manchot a inventé la prochronie qu’il définit comme une erreur chronologique qui consiste à placer un fait plus tôt qu’à l’époque où il est arrivé. En d’autres mots, s’approprier le présent grâce au passé. D’entrée de jeu, Cendrars dira dans L’Homme foudroyé :
''Écrire c’est brûler vif, mais c’est aussi renaître de ses cendres.''

Ce roman retrace différents épisodes de la vie et de l’œuvre de Cendrars : le Transsibérien, la philosophie de Schopenhauer, Moravagine, la création de son pseudonyme, à New York, son amitié avec Gustave Le Rouge ou l’éloge de la modernité sous toutes ses formes.

Laissons les derniers mots à Cendrars qui écrit dans L’Homme foudroyé ceci :

''Aujourd’hui (1944) que nous écrivons dans une atmosphère de fin du monde, que d’une heure à l’autre une bombe peut venir mettre le point final au milieu de mon manuscrit. Les personnages dont je parle sont si lointains et si morts dans le temps qu’aujourd’hui, selon la forte parole de Saint-Paul : ''Je vois ces choses comme dans un miroir.'' C’est dire qu’elles sont dépouillées de tout sentiment d’amour ou de haine. Je ne suis poursuivi par aucun fantôme. C’est tout juste si les cendres que je remue contiennent des cristallisations donnant l’image des êtres vivants et impurs qu’elles ont constitué avant l’intervention des flammes. C’est pourquoi j’écris. Je vais tâcher de les faire revivre pour vous. J’écris. Lisez.''

Il faut lire Blaise Cendrars.

L’Homme foudroyé (1945), La Main coupée (1946), Bourlinguer (1948) et Le Lotissement du ciel (1949) représentent quatre grands titres de son œuvre romanesque qui arrivent à maturité.

Rappelons que Blaise Cendrars disparaîtra le 21 janvier 1961, à Paris.

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Les éditions

  • L'Homme foudroyé [Texte imprimé] Blaise Cendrars
    de Cendrars, Blaise
    Gallimard / Collection Folio.
    ISBN : 9782070364671 ; 9,20 € ; 26/10/1973 ; 435 p. ; Poche
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Fulgurance

10 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 5 juillet 2021

Je ne peux pas mettre autre chose que la note maximale, j'ai même l'impression de sous-noter le livre en donnant cette note, tant il mériterait un bon vieux 10/5, minimum. Premier volet des Mémoires de l'auteur, "L'Homme Foudroyé" est un monumental régal que j'ai dévoré en une journée, ne pouvant tout simplement pas lâcher le livre.
Une première partie d'une quarantaine de pages située pendant la Première guerre mondiale, remplie de longues phrases savoureuses (ahurissant, ce génie qu'avec Cendrars pour les phrases longues : tout en étant constituées de plusieurs lignes, elles semblent fluides, on n'en perd pas le sens arrivé à leur moitié, peu d'écrivains peuvent en faire autant) ; une seconde partie de quelques 150 pages, située dans le Marseille et la Provence des années 20, remarquable, souvent d'une drôlerie exquise ; une troisième partie qui représente, en quatre longues (80 pages chacune, pour schématiser) rhapsodies gitanes, plus de la moitié du livre avec 320 pages. On n'échappera pas à un petit détour par le Brésil dans l'une d'entre elles.
A la fois roman et recueil de nouvelles en lien les unes avec les autres, "L'Homme Foudroyé" bénéficie d'une écriture monumentale, et une fois le livre reposé, on n'a qu'une seule envie, lire le second tome : "La Main Coupée". Ben c'est ce que je vais faire de ce pas, me concernant.
Comme il est dit dans la critique principale plus haut : Lisez Cendrars.

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