Alors que Raoul Cauvin s'apprête à finalement passer la main avec la réalisation du numéro 65 en 2021 et que le numéro 64 de la série devrait sortir en 2020 avec de nouveaux auteurs, cet album, La Bataille du cratère, démontre une fois encore du besoin nécessaire d'un renouvellement en profondeur des scénarii.
Phare de la BD humoristique franco-belge des années 80 et 90, Les Tuniques bleues ne parviennent pas à renouer avec le succès d'estime que, jeune lecteur, je leur attribuais.
Dans cet album, le général Grant peine à prendre la ville de Petersburg et charge le général Burnside, de piètre réputation, d'emporter une position couronnées de troupes confédérées. Le plan est de charger le colonel Pleasant de faire exploser la position dominante en creusant une sape et en faisant suivre l'explosion par un assaut de deux divisions. L'une composée de blancs, celle du général Leadlie, l'autre de noirs, celle du général Ferrrero.
Blutch et Chesterfield sont de l'affaire; une nouvelle fois le 22ème de cavalerie ayant été anéanti.
Fondé sur des faits historiques, cet album est intéressant pour un aspect, la dénonciation de l'excuse anti-esclavagistes du Nord pour s'emparer par la force des territoires confédérés. Les blancs ne peuvent pas voir leurs "frères d'armes" noirs et vice-versa. Une image du racisme bien plus réaliste que celle que véhicule "Black lives matter" et autres mouvements antiracistes d'opérette. La haine de l'autre est sans doute la chose la mieux partagée par tous les peuples autour de la planète.
Le dessin de Willy Lambil est toujours très bon; j'aime notamment ses paysages, ses dessins de chevaux et les traits évocateurs de ses personnages. Espérons qu'il continue à oeuvrer sur la série après le départ de son compère Calvin (mais pas forcément ami d'après la rumeur)
L'aspect "humoristique" du scénario est à l'avenant des précédents albums, réduit à néant ou presque. Oui, Cauvin passe la main et il était temps... merci pour tous ces albums qui ont enchanté mes jeunes années.