La Note américaine de David Grann

La Note américaine de David Grann
(Killers of the flower moon )

Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques , Littérature => Anglophone , Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Poet75, le 26 novembre 2023 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 68 ans)
La note : 8 étoiles
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L'incroyable histoire des Osages

On doit, entre autres, à David Grann, le passionnant récit intitulé « The lost city of Z », qui fut brillamment adapté au cinéma par James Gray en 2016. Mais il faut lire aussi ce livre-enquête faisant la lumière, autant qu’il est possible, sur un des épisodes les plus sombres et les plus occultés de l’histoire américaine. Un épisode qui fait froid dans le dos, mais dont il n’est pas permis de mettre en doute l’authenticité, tant le journaliste s’est appuyé sur les nombreuses sources et archives qui sont énumérées à la fin de l’ouvrage.

On sait, bien sûr, que les États-Unis ne se sont construits qu’au prix soit du massacre des Indiens soit de leur déplacement forcé dans des réserves. Mais sait-on quel sort affreux s’abattit sur les tribus Osages, des Indiens du Kansas qui furent privés de leur terre à la fin du XIXème siècle afin d’être parqués sur un territoire réputé infertile qui, plus tard, prit le nom d’Oklahoma ? Or, quelques décennies plus tard, c’est à ce même endroit que l’on découvrit du pétrole en abondance.

Ces terres qu’on avait méprisées pour les laisser aux Osages devinrent donc, en peu de temps, parmi les plus convoitées du pays. Ce qui, apparemment, profita largement aux Indiens qui croulèrent tout à coup sous les dollars. Eux qui jusque là étaient dépossédés de tout se mirent à vivre dans l’opulence. En vérité, dès le début, même si les Indiens semblaient être riches, ils étaient déjà, le plus souvent, placés sous la tutelle de curateurs blancs car, bien sûr, l’on estimait que leur « faiblesse raciale » ne les autorisait pas à gérer des richesses aussi fabuleuses.

Mais le pire advint au début des années 20, durant une période qui fut désignée sous l’expression de « règne de la terreur ». Des rapaces blancs, qui ne supportaient pas d’être supplantés par des Indiens et qui entendaient profiter abondamment des richesses générées par le pétrole, se mirent à perpétrer des meurtres d’Osages. Le taux de mortalité de ceux-ci prit bientôt de telles proportions qu’il ne fut pas envisageable de ne pas mener une enquête. C’est là qu’intervint un certain John Edgar Hoover qui, plus tard, dirigea le FBI.

Il y eut tant d’assassinats, en vérité, qu’il n’est pas possible de les dénombrer. Pas une famille d’Indiens Osages ne fut épargnée. David Grann s’attache particulièrement à décrire l’effrayante destinée de l’une d’elles. Les ruses démoniaques avec lesquelles opérèrent certains Blancs laissent pantois. Elles sont pourtant solidement démontrées par l’enquête. Le livre est étayé, rigoureux, terrible et nécessaire. Il rend justice aux opprimés, aux méprisés, aux assassinés, à tous ceux dont le sang a imprégné les terres d’Oklahoma. Comme affirme l’une des descendantes des familles d’Indiens persécutés, rappelant la parole que Dieu avait dite à Caïn après le meurtre d’Abel : « La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi ».

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