Mrs Palfrey, Hôtel Claremont de Elizabeth Taylor
( Mrs Palfrey at the Claremont)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Cruelle vieillesse
Mrs Palfrey, sur les conseils de sa fille, s'installe dans un hôtel londonien, qui tient plus du home pour personnes âgées que du palace. Petit à petit, elle se créée une place au milieu des pensionnaires à demeure, tous célibataires ou veufs. Elizabeth Taylor met en relief la solitude qu'éprouvent toutes ces personnes, abandonnées là par leur famille qui ne vient pratiquement jamais les voir.
Le sport principal consiste à épingler les points faibles des autres afin de se rassurer en se disant qu'il y a finalement plus malheureux et plus mal loti que soi. Bien souvent, on dit que les enfants sont cruels entre eux mais les vieillards peuvent l'être tout autant. Mrs Palfrey en fera d'ailleurs les frais, en annonçant la visite prochaine de son petit-fils qui ne viendra jamais. Ce que ne manqueront pas de lui rappeler les autres pensionnaires. Jusqu'à ce qu'une chute inopinée dans la rue ne lui fasse rencontrer un jeune écrivain fauché qu'elle fera passer pour son petit-fils. A tel point qu'elle en éprouvera pour lui une véritable affection filiale tout en s'enferrant dans les mensonges.
Elizabeth Taylor met en scène dans ce petit bijou de la littérature britannique le quotidien routinier d'une frange de la vieillesse anglaise : sa solitude, sa cruauté et sa superficialité. Pour les résidents du Claremont, tout n'est que façade et apparence : pas question de dévoiler sa solitude, son sentiment d'abandon ou de parler de maladie et de mort. La romancière livre ici un livre sensible, émouvant mais aussi cruel et sans concession avec le talent qu'on lui connaît.
Tout comme dans "Vue sur port", elle met en scène un personnage écrivain dont l'achèvement du roman coïncide avec la fin.
Je terminerai par une comparaison qu'elle fait entre la vieillesse et l'enfance :
"Une tâche épuisante, vieillir. C'est comme être un bébé, mais à l'envers. Dans la vie d'un nourrisson, chaque jour représente une nouvelle petite acquisition; et pour les vieux, chaque jour représente une nouvelle petite perte. On oublie les noms, les dates ne signifient plus rien, les événements se confondent, les visages s'estompent. La petite enfance et la vieillesse sont des périodes harassantes".
Les éditions
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Mrs Palfrey, Hôtel Claremont [Texte imprimé] Elizabeth Taylor trad. de l'anglais par Nicole Tisserand
de Taylor, Elizabeth Tisserand, Nicole (Traducteur)
Payot & Rivages / Rivages poche (Marseille).
ISBN : 9782869305458 ; 7,65 € ; 01/04/1992 ; 214 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (4)
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"Une tâche épuisante, vieillir" !
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 1 juin 2023
Sa clientèle est surtout constituée de personnes âgées que la vieillesse a contraintes à quitter leur domicile.
C'est dans ce lieu de séjour modeste qu'est venue s'installer Mrs Palfrey Les résidents y mènent une vie étriquée, plutôt monotone , rythmée par les repas. Rares sont les visiteurs, on les espère, attend on les épie, on commente leur allure.
Mrs Palfrey a bien une fille, mais elle vit loin de Londres. Elle a aussi un petit-fils Desmond qui a prévu de venir, mais il tarde …...;
Alors quand le hasard d'une chute dans la rue lui fait rencontrer un jeune homme secourable, bienveillant et qui tire le diable par la queue, la reconnaissante Mrs Palfrey devient pour lui une sorte de bonne fée et le fait passer pour Desmond, son petit-fils . Ses visites à l'Hôtel Claremont sont appréciées , elles apportent un peu d'air frais aux résidents .
Mais un jour, le vrai Desmond s'annonce …....
Elizabeth Taylor porte un regard malicieux mais tendre mais sur cette petite société de personnes au crépuscule de leur vie, contraintes de venir se retirer dans cet hôtel sans charme. Autour de Mrs Palfrey gravite toute une gamme de personnages bien typés, chacun avec ses manies, ses faiblesses, ses dernières coquetteries, ses petits mensonges pour sauver la face.
Un roman savoureux, plein d'humour.
«Une tâche épuisante, vieillir » !
mon coup de coeur
Critique de Ninon (Namur, Inscrite le 11 avril 2004, 71 ans) - 29 janvier 2008
J'invite les lecteurs de critiqueslibres à découvrir Elisabeth Taylor. "Mrs Palfrey, hotel Claremont" est son chef d'oeuvre !
Une infinie tristesse...
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 13 novembre 2007
Les différents personnages sont tous excessivement dépendants d’autrui et surtout de leur famille qui a tendance à les oublier et à les laisser se débattre avec leur problèmes et leurs angoisses. Un seul démontre une certaine compassion et agit avec une belle noblesse de cœur envers Mrs Palfrey : Ludo, le beau jeune homme que Mrs Palfrey adoptera et fera passer pour son petit-fils qui ne vient jamais la visiter. Quel beau personnage que ce Ludo et quelle belle relation s’établit entre lui et la vieille dame. Au début, il se sert d’elle pour son métier d’écrivain mais il lui reste fidèle jusqu’à la fin. Un personnage un peu difficile à cerner mais qui m’a touchée comme m’a aussi touchée cette charmante Mrs Palfrey, digne, fière et admirable. Un beau livre sur la vieillesse qui fait réfléchir sur le sort des personnes âgées dont plus personne ne veut. Cette lecture m'a bouleversée.
À lire absolument !
Une fin de vie plutôt morose.
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 3 mars 2004
L'humour et le talent de l'auteur font merveilles pour décrire, avec cruauté, certes, mais aussi une certaine tendresse, l'ambiance morose de cet hôtel milieu de gamme où quelques vieux très british échouent en fin de vie, à défaut de mieux. Les petits tracas de santé ou pécuniaire, la mesquinerie et la jalousie, l'implacable solitude, voilà le quotidien de ces vieux qui attendent la visite de l'un ou l'autre membre de la famille, histoire de montrer aux autres qu'ils ne sont pas délaissés, eux.
C'est finement observé, un régal ! Bien sûr on espère une autre vieillesse pour nous et pour nos proches, mais l'humour est omniprésent et le livre se lit avec beaucoup de plaisir.
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Elizabeth Taylor | 37 | Féline | 26 septembre 2009 @ 18:17 |