Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Romans historiques
Moyenne des notes : (basée sur 45 avis)
Cote pondérée : (941ème position).
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Des commerces au poil sur le dos des poilus !
Comment s’enrichir pendant la Grande Guerre ? En trafiquant avec les fournitures militaires (voir à ce sujet "14" de Jean Echenoz au sujet des chaussures des poilus). Comment faire fortune après l’Armistice ? En se lançant dans le commerce de la réinhumation des corps des morts de la Première Guerre mondiale ou l’escroquerie à la construction de monuments aux morts (dont on envoie des modèles superbement dessinés et avec l’idée de partir avec les acomptes).
Sur ces points le récit se tient et est loin de relever de l’anachronisme (pour les transferts des corps) comme les pages finales nous l’apprennent. Par contre l’ouvrage commence avec un acte assez impensable. En effet un officier, pour motiver ses soldats début novembre, (on parle beaucoup d’armistice et les hommes ne désirent point être le dernier mort du conflit) tue deux hommes qu’il a envoyé en reconnaissance et fait mettre ces meurtres sur le dos des Allemands. Il s’en suit l’implication de deux poilus dans une histoire autour de substitution d’identité par une gueule cassée as du crayon (ce sont eux qui montent l’escroquerie aux monuments aux morts).
Quoique copieux l’ouvrage se lit facilement, on peut même le parcourir sans manquer les quelques moments clés. Les pages finales imaginent la vie des protagonistes au-delà des Années folles et apportent d’autre part des informations d’ordre historique.
Les éditions
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Au revoir là-haut
de Lemaitre, Pierre
Albin Michel
ISBN : 9782226249678 ; 22,50 € ; 21/08/2013 ; 576 p. ; Broché -
Au revoir là-haut - Prix Goncourt 2013
de Lemaitre, Pierre
le Livre de poche
ISBN : 9782253194613 ; 8,90 € ; 22/04/2015 ; 624 p. ; Poche
Les livres liés
- Au revoir là-haut
- Couleurs de l'incendie
- Miroir de nos peines
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Les critiques éclairs (44)
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Magistral
Critique de Plume84 (Vecoux, Inscrite le 26 août 2011, 40 ans) - 14 juillet 2019
En psychologue averti, l’auteur nous décrit des personnages si réels que l´on a l’impression de les connaître vraiment lorsque le dernier mot est prononcé.
Un roman absorbant, fascinant, poignant que l´on termine avec un regret semblable à celui qui nous saisit lorsque le mot FIN s´affiche sur l´écran au terme d´un très bon film.
Mention spéciale pour la lecture de Pierre Lemaitre qui est juste parfaite sur le livre audio avec lequel j’ai découvert l’œuvre.
Le bon, la brute et l'escroc
Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 1 décembre 2018
Ce roman m'a étrangement fait penser au film d'Amélie Poulain : il résonne comme une fable, fourmille d'idées et met en scène une galerie de personnages bien typés. Les scène peuvent être drôles, touchantes ou poétiques. Et l'écriture faisant la part belle à l'oralité (d'ailleurs depuis quand Céline en a-t-il le monopole et en est-il l'étalon?) s'inscrit parfaitement dans cet ensemble.
Au final un grand plaisir de lecture.
Bon pour les vacances
Critique de Colen8 (, Inscrite le 9 décembre 2014, 83 ans) - 21 août 2018
Les cons courent.
Critique de Pierrot (Villeurbanne, Inscrit le 14 décembre 2011, 73 ans) - 21 juillet 2018
Se croyant (en fait athée) perdu, voilà t’y pas qu’Edouard ramène sa fraise à temps pour le tirer (dans le bon sens, bien entendu !) de son sommeil. Aussi comme un bonheur n’arrive jamais seul, Albert lui, hérite dans son réveil d’une tête de canasson (Pas celle de « Glacé ») parce qu’au fond, ce n’est pas un mauvais cheval… Et Edouard, le bel Edouard, avec son côté ( effet minet) reçoit lui, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, comme lot de consolation… Une gueule cassée.
Je n’oublie pas le troisième larron, le crotale de service, l’officier qui fait toujours bonne figure, mais qui mord par derrière. Le lieutenant Pradelle le brigand bien-aimé qui fait toujours bonne figure, même en quittant le front… Car ici commence en effet le début de cette histoire savamment tranchée...
Roman fort
Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 27 mai 2018
Quel chef d'oeuvre !
Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 36 ans) - 17 février 2018
Nous avons donc d’un côté un pauvre diable qui a peu d’estime pour lui et fait peine à voir (Albert), un homme désespéré et défiguré qui n’a plus le goût de vivre (Edouard) et de l’autre, un commandant détestable à souhait et prêt à tout pour arriver à ses fins (d’Aulnay-Pradelle). L’écriture est magnifique, l’émotion, bien réelle et la fin … à l’image du livre, magistrale.
J’ai eu la chance de voir l’adaptation cinématographique le jour même où j’ai terminé ma lecture et ai pu constater les quelques différences notables que s’est accordé le réalisateur. Le parti pris de mettre le paquet sur l’aspect fantastique est très réussi ! Dans l’ensemble, les personnages restent manichéens mais profonds et sont admirablement bien campés par les acteurs. Je ne vous en dis pas plus et vous invite fortement à découvrir ce chef d’œuvre !
Escroqueries croisées et souvenirs de la Grande guerre
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 9 décembre 2017
L'existence clandestine de cette Gueule cassée excentrique qui souhaite mener la grande vie, aux frais d'une société qui a contribué à le détruire, au moins à modifier sa vie, vaut le détour. Celle des cimetières d'anciens combattants pratiquée par l'horrible lieutenant devenu le beau-frère de ce dernier représente une histoire originale. Celle de l'escroquerie du père du héros par celui-ci, alors que son géniteur le croit mort au champ de bataille détonne. L'association des trois, le brouillage des cartes, les rebondissements en série, le ton ouvertement sarcastique et gouailleur offrent tout le sel de cette oeuvre.
Le film d'Albert Dupontel ne s'en sépare qu'à la marge.
J'ai apprécié le livre autant que le film.
Destin tragique
Critique de Kabuto (Craponne, Inscrit le 10 août 2010, 64 ans) - 5 novembre 2017
Un tout autre Lemaitre
Critique de Usdyc (Bruxelles, Inscrit le 27 août 2004, 68 ans) - 19 juillet 2017
Je n'ai pas été déçu par le livre même si ce n'est pas mon type de roman préféré. J'ai aimé car il y a effectivement une vraie histoire de deux hommes liés contre nature par la force des choses en cette fin de guerre 14-18. L'écrivain fait bien passer l'horreur de cette guerre dans la première partie du livre. Ensuite vient ce combat
entre une gueule cassée résignée et son ami pour survivre. C'est un beau descriptif des relations humaines. Et puis, il y a aussi les arnaques scandaleuses que l'auteur distille avec soin pour maintenir malgré tout un suspense qui donne envie de comprendre comment et surtout pourquoi.
Gueule cassée
Critique de Free_s4 (Dans le Sud-Ouest, Inscrit le 18 février 2008, 50 ans) - 3 novembre 2016
Et "Au revoir la haut" mon roman coup de cœur.
Avec ses deux héros borderline, Pierre Lemaitre me rappelle deux de mes auteurs préférés, a savoir Cormac Mc Carthy (Suttree, De si jolis chevaux ....) et Russell Banks (De beaux lendemains, Sous le règne de Bone ...) avec leurs personnages en marge.
La misère des gueules cassées et l'amitié des soldats des tranchées de 14/18.
Arnaque à la nation.
Je ne me suis pas ennuyé un instant, et je recommande sa lecture.
5 étoiles (plus)
Vivement la sortie du film mis en scène par Albert Dupontel.
Un Goncourt époustouflant
Critique de Evanhirtum (, Inscrit le 22 août 2016, 37 ans) - 22 août 2016
C’est l’histoire d’une survie après l’horreur, que fut cet abattoir humain. Deux jeunes gars, que tout oppose au départ, se sauvent la vie réciproquement : l’un en ressort traumatisé, l’autre avec la gueule arrachée et purulente. Ils vont devoir faire face dans cette société meurtrie, où les clivages d’avant-guerre n’en sont qu’exacerbés, et où le mythe des valeureux poilus morts pour la patrie doit s’articuler avec le rejet de ces estropiés, ces éclopés, ces gueules cassées. Les deux protagonistes vont se lancer, telle une révolte contre leur société, dans l’organisation d’une arnaque majestueusement scandaleuse d’une ampleur nationale.
La profondeur des personnages est épatante, originale et bien construite. Les seconds rôles donnent un souffle puissant au roman et incarnent littéralement l’époque. Entre la revanche d’un vieux fonctionnaire pouilleux et raté, malmené par sa hiérarchie, l’ascension capitalistique d’un officier vénal débordant d’ambition, et la nostalgie d’un capitaine d’industrie ayant négligé sa vie de famille, un vaste pan de la société s’y retrouve dessiné.
Cela se construit dans le cadre du commerce d’après-guerre, ou comment les affaires fleurissent pour certains dans ce contexte de culte patriotique et de désarroi total, avec notamment l’aménagement bâclé des cimetières militaires, où l’on ne sait jamais vraiment qui est sous la terre. On ajoute à cela le colonialisme, le clientélisme, la stratification sociale et le machisme de l’époque.
Un livre bien documenté, précis et qui se dévore.
Un film dérivé va être réalisé prochainement par Albert Dupontel. Ce n’est pas étonnant, car ils ont en commun (Dupontel et le livre) la même folie poétique et engagée.
Oui !
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 1 juillet 2016
Je ne me suis pas ennuyée
Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 15 juin 2016
Je n’ai vraiment pas de chance …. !
Critique de Chtimi59 (, Inscrit(e) le 25 février 2016, - ans) - 24 mars 2016
J’aurais du être plus attentif au nombre douze,douzième tour !... ,preuve s’il en est qu’il ne faisait pas l’unanimité au sein du jury .
Pour être dans les meilleures conditions de lecture,j’ai donc ressorti de l’album de famille une photo de mon Grand-Père paternel, (que je n’ai pas connu) ,Germain D.. , 1893 – 1939 ,oui je sais c’est jeune,mais malheureusement,il avait gardé l’habitude comme beaucoup d’autres après guerre pour oublier sûrement,l’excès de « pinard !. » ,si généreusement donné à tous les poilus.
Deux litres par jour disait-il, et souvent bien plus avant de sortir de la tranchée,bref , la photo de mon grand-père posée en évidence sur la sellette à côté d’un fauteuil moelleux propice à passer un bon moment,j’étais avec lui complètement contemporain de ce récit bien installé et prêt à faire tous les efforts possibles pour me plonger dans ce roman,et surtout faire plaisir à mon grand-père,en revivant ses années vingt,avec lui .
Et bien toute cette mise en scène n’a pas suffi,j’ai une nouvelle fois avec un roman primé eu du mal à être emporté .
La lecture est somme toute juste agréable,les pages se tournent,non pas avec paresse,le mot est trop fort,mais avec habitude,je les ai donc lues les unes après les autres,n'ai eu aucun mal à fermer l’ouvrage en cours de lecture,me disant , « je lirai la suite demain » , sans y attendre de grandes envolées,de coups de théâtre,de révélations,bref de choses qui vous font dire,il faut que je me précipite sur la suite. Je suis arrivé à la dernière page,grâce à mon reste d’éducation où l’on me disait petit « finis ton assiette »,pas que ce soit fade,mais bon , pour faire plaisir on finissait .
Je ne reviens pas sur l’histoire,très bien décrite dans les critiques précédentes, les poilus, cercueils,monuments aux morts, cela aurait pu être poignant, bouleversant, terrifiant même . Là non rien de tout ça , une histoire toute simple sur un ton monotone, sans ces petites choses qui auraient pu à un moment faire sourire, sursauter, ou étonner mon Grand-père, non, il est resté comme moi impassible, un brin d’ennui l’envahissant même, dans son beau cadre doré sur la sellette .
Content d’être ressorti au grand jour, de prendre la lumière, ça oui la lumière il a aimé mon Grand-père, trente ans d’album vous pensez, mais lui comme moi l’avons cherchée dans cet écrit, résultat…. , pas le noir complet non, mais l’instant où l’aurore est partie et la nuit encore en chemin .
C’est vrai, nous avons passé un moment ensemble grâce à ce roman, mais……, moi, assis dans mon fauteuil le livre sur les genoux, lui regardant la clarté du jour par la baie vitrée .Tout proche l’un de l’autre et pourtant sans jamais avoir eu le besoin de plonger mes yeux dans les siens pour ressentir l’époque et une partie de l’histoire, que lui à coup sûr avait connu. Pourquoi ? le style ?, la trop grande attente ?, les longueurs parfois ?, la passion de l’auteur ? le dénouement.. ?, mon dieu ce dénouement !. , un peu de tout certainement .
Une fois terminé, j’ai fermé le livre, pris la photo de mon Aïeul , retiré délicatement le cadre doré pour la remettre à sa place dans l’album de famille, c’est que j’y tiens à mon Grand-père moi, avec comme promesse de lui faire bientôt revoir la lumière, à travers un autre roman traitant de sa jeunesse. Je vais choisir ma prochaine lecture avec la plus grande attention, j’ai tellement envie de faire plaisir à mon grand-père.
J’espère cette fois qu’elle nous fera rêver, rire, vibrer, pleurer, vivre quoi… ce qui ne fut pas vraiment le cas de « Au revoir là-haut »
A la fois original et déjà vu
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 13 octobre 2015
Un coup de (Le)maitre
Critique de Lolo6666 (, Inscrit le 20 août 2009, 51 ans) - 8 septembre 2015
Essayez celui-là, pas de temps morts, limpide, drôle, sans être pissant, un bon roman. Un Goncourt ? Oulah, ce n’est pas trop… bien, d’accord.
Un merdier, la guerre 14, Edouard et Alfred, compagnons d’infortune, puis amis, presque frères et enfin alliés. Quasi aliéné pour l’un, une belle folie, une allégresse qui brave le malaise de l’autre, petit d’existence, géant du récit. Et puis il y a Monsieur Péricourt, le père d’Edouard, ainsi qu’Henri. Lieutenant Henri de machin chose. Une particule qui doit survivre à la guerre, un conflit dont l’unique finalité est de couronner cette noble distinction. Tout dans le contraste, ces quatre-là vont animer une excellente histoire, invraisemblable ? A vous de voir.
Quoi dire sinon que j’ai aimé le rythme, les personnages, le style, la simplicité. Un super moment jusqu’à la dernière page. Ne freinez pas à cause de la distinction, sans la libraire, je ne m’y serais jamais aventuré.
au revoir et merci
Critique de Pytheas (Pontoise - Marseille, Inscrit le 5 avril 2012, 59 ans) - 4 septembre 2015
Que dire sur ce roman, qu'il m'a fait penser à "l'affaire Harry Quebert", pourtant l'histoire n'a rien à voir, mais l'auteur a su distiller les ingrédients du succès avec la même Maestria (?). On y apprend quand même pas mal de choses sur la période de la proche après guerre, comment certains ont pu s'enrichir en surfant sur la vague du patriotisme, ou comment à leur retour, les combattants ont été réinsérés. Pour ces raisons je serai beaucoup moins sévère que certains autres lecteurs, on prend un plaisir certain à suivre les 3 protagonistes principaux (les personnages secondaires auraient peut-être mérité d’être plus consistants , notamment Madeleine et M.Pericourt, ainsi que la mère d’Albert). Henri Pradel est une ordure qu’on adore détester, avide et prêt à tout pour que son nom retrouve son lustre d’antan. Albert Maillard un prolo gentillet qui subit les évènements plus qu’il ne les provoque, un peu trop larmoyant mais crédible. Et Edouard Pericourt fils d’une grande famille, exubérant et provocateur , renié par un père très conventionnel.
Une fois ceci dit, il faut bien reconnaître qu'Albert Maillard fait un bien pauvre Ferdinand Bardamu même si en lisant "Au revoir là-haut" on est obligé de penser à "Voyage au bout de la nuit" mais hélas, également, de le comparer ....et là Patatras, il ne supporte pas la comparaison Céline a écrit un chef d'oeuvre dont Lemaitre est bien, bien loin. Il y a bien un effort sur le style qui tente une écriture post première guerre mondiale hélas on retrouve çà et là des tournures par trop modernes qui en cassent le charme.
Les survivants
Critique de Clara33 (, Inscrite le 29 septembre 2008, 77 ans) - 15 juin 2015
Les mois qui suivent l'armistice ne sont pas glorieux pour les survivants. Les héros fatigués, démobilisés, sont abandonnés; il n'y a pas de cellule psychologique comme maintenant: gueules cassées ou pas, à chacun de se débrouiller dans une France qui se préoccupe davantage de ses morts que des survivants.
Dans ce contexte, Pierre Lemaire dresse un portrait de l'après guerre tout à fait véridique. Ces personnages sont tous attachants, représentatifs sûrement de ce brassage de population, conséquence de la guerre.
La camaraderie est un lien très fort entre les deux héros du livre, Edouard et Albert. C'est un lien indicible qui explique le dévouement d'Albert pour Edouard.
Enfin , comment résister à cette histoire, double arnaque, magistralement imaginée par l'auteur, mais qui a pu ou a dû exister. La cupidité des hommes est universelle.
Désormais, pourra-t-on regarder de la même manière un monument aux morts dans tous ces petits villages, pourra-t-on ne pas visiter un cimetière militaire sans se poser des questions sur le soldat qui repose là? j'en doute, à la lecture de ce livre qui est pour moi, un gros coup de cœur.
De très bonnes idées ... mal exploitées
Critique de Lejak (Metz, Inscrit le 24 septembre 2007, 50 ans) - 30 mai 2015
Pourtant prometteur (prix Goncourt, 4ème de couverture), malgré un univers proche d'"Un long dimanche de fiançailles", des scandales inavouables et des arnaqueurs magnifiquement cyniques, le roman s'enlise, s'éternise et ne se relève jamais.
Même le final déçoit, dommage pour un écrivain de polar ...
Acte manqué.
Ben heu...
Critique de Dom B. (, Inscrit le 6 mai 2015, 49 ans) - 6 mai 2015
Le principal ennui de ce livre, c'est l'absence totale de complexité chez les personnages. C'est un pur combat entre le bien incarné par le type "bien" et le mal incarné par le type "pas bien".
Le protagoniste a un bon fond, et une bonne surface, puisqu'il est gentil tout plein. Il est courageux, plein d'abnégation, modeste, intelligent et très sensible.
Le méchant est pire que Dark Vador. Il est méchant, assoiffé de gloire et d'argent, vaniteux, lâche, misogyne, menteur, avare, hautain, prétentieux, arriviste. Il trompe sa femme , il trompe sa patrie, il trompe ses proches, il tromperait jusqu'à sa mère si elle figurait dans le bouquin.
Pour un prix Goncourt (?!?...) on s'attend quand-même à autre chose.
En tout cas, moi, je vais me mettre à écrire des romans et les envoyer au comité du Goncourt, on ne sait jamais, sur un malentendu...
Deux pauvres types
Critique de Fabrice (, Inscrit le 22 novembre 2009, 39 ans) - 4 mai 2015
On suit Albert, antihéros notoire, homme simple et mal assuré et Edouard, dont le visage n'est plus désormais qu'un trou béant, en convalescence dans un hôpital de campagne, puis, à Paris, où ils s'installent dans une chambre de bonne.
Albert est un timoré, qui ne demanderait qu'à mener une vie simple et tranquille. Edouard a une revanche à prendre contre sa famille, le capitaine Pradelle, le monde et la vie. Lui vient alors l'idée géniale d'une arnaque, qu'on jugerait scandaleuse si elle n'était pas orchestrée par un homme à qui la guerre a tout pris.
J'ai trouvé un réel plaisir à lire ce livre dont j'ai aimé le ton. Il y a effectivement un peu d'un "long dimanche de fiançailles" ou de "la vie et rien d'autre", dans ce roman. Les personnages sont bien campés, les rebondissements nombreux, et, contrairement à ce qu'on lit ici ou là, ce roman a un style.
Bref, je recommande !
Très bon roman
Critique de Chapitre31 (TOULOUSE, Inscrite le 18 août 2013, 55 ans) - 23 novembre 2014
Un plaisir de lecture, de qualité.
Prix ou pas prix ça se lit
Critique de Seb (, Inscrit le 24 août 2010, 47 ans) - 12 juillet 2014
Histoire très attachante
Critique de Ben75011 (Paris 11e, Inscrit le 19 février 2014, 36 ans) - 24 juin 2014
J'ai trouvé ce roman très bien écrit, facile à lire avec des personnages détaillés, fouillés. L'histoire possède suffisamment de rebondissements afin qu'on ne s'ennuie pas. Le style m'a beaucoup plu.
Deux camarades de guerre décident de monter une affaire fumeuse de monuments patriotiques.
Ils se vengent sur cette guerre, sur leur supérieur qui n'est qu'un arriviste prêt à tout.
Très bien. Je recommande.
Je préfère "l'autre"
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 22 juin 2014
Cela a-t-il gêné la lecture, me la rendant longue voire interminable (le livre dans cette collection comprend 2 tomes) ?
Je crois que ce qui m'a le plus dérangée, c'est une impression de déjà vu ou de déjà lu.
Cela commence bien sûr (et je ne suis pas la seule à l'évoquer) par le poignant "Chambre des officiers" de Marc Dugain; puis le superbe portrait de Mathilde, sa ténacité et son courage d'un "long dimanche de fiançailles" de Sébastien Japrisot (Prix interallié) mais surtout, pour ma part, un film de 1989, "La vie et rien d'autre" de Bertrand Tavernier avec Philippe Noiret et Sabine Azéma.
Donc pas facile d'oublier ces chefs-d'œuvre!
Si le contexte historique me semble remarquablement bien décrit, je reprocherais les caractères manichéens des héros, installés dans leurs identités d'un bout à l'autre du roman.
Une petite déception donc et j'avoue préférer les romans policiers de l'auteur.
Morts (ou presque) pour la France.
Critique de BMR & MAM (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 64 ans) - 3 juin 2014
On venait tout juste de découvrir Pierre Lemaître comme auteur de polars et déclarer notre coup de cœur pour la série du petit commandant Camille Verhoeven.
C’est donc avec pas mal d’attente(s) qu’on s’est jeté dans la bataille des tranchées racontée par Pierre Lemaître.
En réalité on arrive juste pour la fin, en novembre 1918, à quelques jours seulement de l’armistice et de la démobilisation. Pas le moment de se faire tuer.
[…] Mourir le dernier, se disait Albert, c'est comme mourir le premier, rien de plus con.
Sauf que si ou presque. Albert et Édouard ont bien failli être les derniers cadavres de la grande boucherie. Édouard y laissera d’ailleurs la moitié de sa tête, au physique (manque le bas) comme au figuré (morphine oblige). Les deux gars ont été envoyés au casse-pipe comme tant d’autres par un officier ambitieux. Ambitieux et pas net. Retors même. Prêt à enterrer vivants un ou deux de ses hommes si besoin.
On retrouve l’écriture incisive, ironique, féroce de Pierre Lemaître et son humour un peu noir. Il faut bien tout cela pour mettre un peu de distance entre le lecteur et les horreurs des tranchées et de la Grande Boucherie.
Lorsque l’hécatombe aura enfin cessé et que les survivants, les gueules cassées pourront rentrer chez eux (non, finalement ce n’est plus vraiment possible), ce sera les traficotages en tout genre, ces petits arrangements entre amis qui font que la guerre est une très bonne chose. Pour le commerce et les affaires notamment.
Tout cela a un parfum de déjà lu. On se rappelle par exemple les enquêtes de Thierry Bourcy.
Et donc malgré cette belle écriture, ce bouquin un peu trop volumineux et cette histoire de vengeance pas très originale se traînent en longueur.
Bien sûr on est sincèrement ravis que le Goncourt vienne couronner cette histoire d’une guerre qu’on a déjà commencé à oublier (Lemaître a été prof d’histoire-géo).
Et on est sincèrement ravis que le Goncourt vienne saluer un bouquin de cet auteur, même si le bouquin en question est moins bon que ses polars auxquels il nous a habitués.
Mais on est tout aussi sincèrement convaincus que le jury du Goncourt a voulu faire passer là un étrange message, du genre : tu vois Pierrot, quand tu laisse tes polars, t’es même capable d’écrire de vrais bouquins, de la vraie littérature. Et ça on n’aime pas.
Mais ceux qui nous suivent, connaissent bien maintenant notre mauvaise foi concernant les prix littéraires en général et le prix qu’on court en particulier !
Une bonne nouvelle quand même : le polar Alex va être adapté au cinoche par un cinéaste américain James B. Harris (mais tournage à Paris avec une française dans le rôle d’Alex).
Après la guerre
Critique de Hamilcar (PARIS, Inscrit le 1 septembre 2010, 69 ans) - 21 mai 2014
Car ce livre nous dit ce que la morale réprouve. Eh oui, l'exploitation des morts existe encore et aujourd'hui, en parler sous cette forme nous soulage. Presque drôle. Immoral en tous points mais réconfortant. On peut encore immaginer le pire. Les deux escrocs confondus et la gloire restituée à qui ne la mérite pas. Bref, du politiquement correct.
Heureusement, il y a Lemaître qui nous rassure. Un livre transporte le lecteur. Et avec "Au revoir là haut" on y va. C'est immoral, bien écrit, déconcertant... jusqu'au Goncourt... ils doivent avoir là-haut la réponse.
C'est long
Critique de Ronanvousaime (, Inscrit le 13 mai 2007, 49 ans) - 7 mai 2014
Impression mitigée, même si j'ai été au bout du livre pour savoir comment ça finissait.
Difficile de le conseiller, même si ce n'est pas sans intérêt. Le principal problème, à mon humble avis, c'est de faire durer 550 pages une histoire qui tient sur 275, quand il n'y pas un style pour rendre chaque phrase passionnante..
Les gueules cassées... et après ?
Critique de AmaranthMimo (, Inscrite le 25 mai 2013, 34 ans) - 24 avril 2014
J'ai eu quelques difficultés à rentrer dans le récit, puis finalement je l'ai trouvé plutôt attrayant, j'ai d'ailleurs éprouvé beaucoup d'affection pour Edouard Péricourt et son camarade Albert tout en haïssant Pradelle.
Ce n'est certainement pas le meilleur roman traitant de la première guerre mondiale et de la reconstruction, mais Lemaître le fait de façon suffisamment légère et accessible (malgré certaines longueurs dont je ne suis pas fan).
passionnant et truculent et fou
Critique de Mine2 (, Inscrite le 11 octobre 2013, 64 ans) - 18 avril 2014
Ah c'qu'on s'emmerde ici, 'merd'ici, 'merd'ici, tsoin tsoin!
Critique de Homo.Libris (Paris, Inscrit le 17 avril 2011, 58 ans) - 5 avril 2014
Le synopsis de ce roman aurait pu faire de ce récit un excellent livre, voire un prix Goncourt :-) ! Hélas, pour cela il aurait fallu qu'il y ait un écrivain derrière la plume (le clavier, à notre époque !). Or nous en sommes très très loin.
Rabaisser Pierre Lemaître en dessous de Ken Follett (cf. commentaire de Lurette), c'est l'amener à sa juste dimension, Lenanomaître !
Le récit traine en longueur, s'enfonce dans des détails et des à-côtés inutiles, et se répète de nombreuses fois à la façon des Monty Python se moquant du style biblique (cf. le passage de la "Sainte Grenade" dans Holy Graal !) – mais ici, ça n'a aucun effet comique… aucun effet du tout, d'ailleurs, si ce n'est d'augmenter exagérément le nombre de pages !
Beaucoup d'anachronismes. Par exemple, peut-on imaginer un poilu (Albert) écrivant à un autre poilu (Edouard) en commençant un nombre important de phrases par "En même temps, …", tic verbal du 21ème siècle, très en vogue dans la logorrhée diarrhéique des chroniqueurs de TV ! Et ce n'est pas le seul (anachronisme) ! En plus, Lenanomaître ne nous épargne aucun poncif, ni aucun cliché de roman de gare : vous savez le genre "… avec une incroyable rapidité chez un homme de sa corpulence." qu’on trouve deux fois dans le roman ! Le reste est à l'avenant ...
Il n'y a plus de relecteur ni de travail d'éditeur aux éditions Albin Michel ?!
Seul point positif de ce livre : la quatrième de couverture donne fortement envie de lire ce roman. Bravo à son rédacteur. Dommage que ce court texte ne reflète en rien le contenu du livre ; mais est-ce toujours le rôle de la quatrième de couv' à notre époque ?!
Heureusement ce ne sont pas les bons romans (écrits par de vrais écrivains, à la plume certaine !) avec en toile de fond la guerre de 14-18 qui font défaut :
- L.-F. Céline : Voyage au bout de la nuit ;
- R. Dorgelès : Les croix de bois ;
- G. Chevallier : La peur ; Crapouillot ;
- E.M. Remarque : A l'ouest rien de nouveau ;
- S. Japrisot : Un long dimanche de fiançailles ;
- M. Dugain : La chambre des officiers ;
- Ph. Claudel : Les âmes grises ;
- etc.
Une belle arnaque
Critique de Syalles (, Inscrite le 22 mars 2014, 69 ans) - 26 mars 2014
Pourtant l'auteur ne s'attarde pas à dépeindre les horreurs de la guerre. L'important, ce sont ces hommes qui la subissent, nouent une amitié, s'en tirent... Et puis qui doivent exister dans un monde qui les oublie alors qu'on glorifie les disparus. Après cette guerre, une arnaque magistrale, et du suspens jusqu'au bout.
Cette revanche muette du fils est ...magnifique !
Emouvant.
désolant
Critique de Lurette (, Inscrite le 10 juillet 2010, 85 ans) - 25 mars 2014
J'ai eu plus de courage que ChloeChatrian, je suis allée jusqu'au milieu du livre. Je ne supporte pas de laisser une lecture en cours de route. C'est plus fort que moi, même si j'ai conscience de perdre un temps précieux à lire de telles nullités alors que tant de bons bouquins attendent et que je n'aurai pas le temps de savourer...
Je voulais savoir comment finirait cette histoire, puis je me suis dit que de toutes façons la fin ne justifierait pas le temps passé à supporter ce style vulgaire et lourd.
Je n'ai malheureusement ou heureusement (?) pas su la fin sur les Critiques Libres puisque le suspense sert à donner aux autres l'envie de lire.
Vraiment, là, j'ai senti plus fort que jamais qu'un livre pouvait être un objet commercial.
Monsieur Lemaître n'est pas un maître de la littérature.
Ken Follett fait mieux dans l'écriture de ses scénarios. C'est dire...
Aïe...
Critique de ChloéChatrian (, Inscrite le 17 mai 2013, 27 ans) - 3 mars 2014
a) un livre sur la première guerre mondiale pour le centenaire de celle-ci..
b) une mauvaise imitation de Céline, qui fait du " et je me suis mis à le regarder comme ça Alcide" un vulgaire "je l'ai regardé Pradelle"
Les références détournées sont bien trop nombreuses...
c) un pathétique à faire pleurer les cœurs simples, qui, avant d'avoir dépassé les 30 pages de texte, a déjà tenté sur au moins 5 pages de faire pleurer le lecteur avec une sensation d'étouffement.
J'en serais presque confuse. J'ai l'impression d'avoir dans mes mains un exemplaire de littérature alimentaire pour ménagère au cœur sensible d'environ 50 ans.
À lire la guerre, reprenons Céline et Japrisot.
Alors au revoir la haut, je pars en voyage au bout de la nuit.
Très bon livre
Critique de PPG (Strasbourg, Inscrit le 14 septembre 2008, 48 ans) - 19 janvier 2014
Nous sommes très rapidement plongés dans l'horreur de la Première Guerre Mondiale, avant d'être le témoin des comportements souvent hautains et lâches des acteurs de ce drame historique. Personne n'est épargné dans cette fresque. Les protagonistes s'enfoncent progressivement dans leurs travers, leurs petitesses, dans un enchaînement de faits dévastateurs.
Un ouvrage de qualité, touchant et dur à la fois. La lecture est facile. Le mystère quant à la fin du récit ne se dévoile que dans les toutes dernières pages, ce qui nous tient en haleine jusqu'au bout.
Un très bon roman populaire
Critique de Fredericpaul (Chereng, Inscrit le 19 mai 2013, 63 ans) - 3 janvier 2014
Pierre Lemaître réussit ici un grand "roman historique", genre souvent considéré comme mineur et snobé par les cuistres.
On prend un réel plaisir à lire cette aventure; sa progression est rapide et les rebondissements - pour spectaculaires qu'ils soient - sont acceptés par le lecteur.
Nous connaissons tous l'antienne "on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments" …mais ici, elle se trouve infirmée. La rédemption sort vainqueur de cette histoire et cela nous réjouit. Ici, les forces de l'argent, la loi de la jungle, l'individualisme sont mis à mal…. et cela fait du bien. Pourrait-on transposer cette histoire en 2014 ? Je l'espère, mais l'imagination me fait ici défaut….
Merci Monsieur Lemaître
Réconcilié avec le Goncourt
Critique de Mimi62 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 71 ans) - 21 décembre 2013
Cette fois, j'ai trouvé un roman accessible.
Faut-il voir dans ce choix du comité une évolution des mentalités où le polar n'est plus considéré comme un sous-genre littéraire ?
La première partie m'a permis de toucher du doigt ce qu'on put ressentir les poilus. Le comportement du lieutenant peut sembler caricatural mais pas mal d'exemples connus (la pratique de la décimation, l'attitude du fameux général Nivelles) soutiennent la cohérence de cette description.
La partie suivante m'a fait comprendre ce que l'on appelait "les gueules cassées" dont l'intitulé figurait sur les billets de loterie nationale de mon enfance.
La partie médiane est peut être plus molle mais n'est-elle pas simplement l'illustration de l'errance dans laquelle se trouvent les personnages, tout comme le sont les soldats revenus de conflits. Cette situation a été plusieurs fois décrite, tant dans des romans que dans des films traitant des divers conflits du XXème siècle.
Pour le dernier tiers, j'ai eu le sentiment de retrouver le Pierre Lemaitre que j'ai connu dans ses polars. Les personnages voient leur vie emprisonnée par les conséquences d'événements antérieurs forts. J'aime cette façon de décrire ses personnages plus à travers leurs comportements que par des paragraphes de dissertations pseudo psychologiques.
L'amoralité reste le maître mot jusqu'à la fin du roman mais comme dès les premières pages la normalité n'existe pas, c'est probablement là que se trouve la normalité.
Un roman que j'ai eu plaisir à lire mais qu'il faut éviter d'aborder dans une période de déprime, tout au moins pour la première partie.
Il ne me reste pas moins une interrogation : ce roman aurait-il eu le Goncourt s'il avait paru à une autre date que l'anniversaire du conflit évoqué ?
Un polar historique ?
Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 13 décembre 2013
Il se lit vite car le style est facile (trop ?), on peut même sauter des passages. Les personnages, comme les situations historiques sont approximatifs, peu fouillés. Les rebondissements abondent, parfois peu crédibles et caricaturaux. Bien sûr, la création des cimetières militaires s'est accompagnée de certains scandales, mais était-ce le cas général comme le laisse supposer l'auteur qui accable bien vite les autorités politiques, pourtant bien surveillées par les "bons" fonctionnaires si mal récompensés.
On peut lire ce "Goncourt" sans ennui, mais on peut l'oublier sans remords.
Goncourt d’un bon cru
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 6 décembre 2013
Un bémol tout de même reste le style de l’auteur qui, bien qu’agréable, s’octroie des libertés dans sa ponctuation ou dans la formulation de ses phrases. J’ai donc dû quelquefois revenir en arrière pour être certain de saisir le sens du texte. Par ailleurs, si au cours de cette lecture on peut avoir des doutes sur la vérité historique, l’auteur termine son ouvrage en expliquant qu’il se base sur des faits réels tout en admettant les avoir romancés.
Par ailleurs, si certains de mes prédécesseurs voient plusieurs messages au travers de ce roman, je ne les contredirais pas, cela valorise l'ouvrage, mais ce n'est pas l'essentiel à retenir.
Je reste finalement très positif à l’égard de cette œuvre et je me permets de féliciter le jury du Goncourt qui a élu un livre très abordable et qui redonnera à certains l’envie de se replonger dans des lectures intelligentes et de qualité.
A la vie, à la mort
Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 4 décembre 2013
Le côté supercherie, arnaque aux morts est l’aspect cocasse de ce roman. Il y a du Jean Teulé là-dessous, une ironie cynique. Elle est également présente dans le caractère d’Edouard, le rebelle de sa famille, l’artiste délirant et jubilant qui se déguise sous des masques de sa fabrication. On dirait que l'auteur s'est bien amusé à dépeindre ces caractères.
LES PERDANTS ,CE SONT LES PEUPLES
Critique de TRIEB (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 73 ans) - 30 novembre 2013
Dans son roman Au revoir là-haut , Pierre Lemaitre envisage le cas de figure suivant : des anciens combattants de la Grande Guerre ont une idée cynique mais porteuse de tous les profits et bénéfices . Ils veulent monter une entreprise , fictive, nommée le Souvenir Patriotique , dont l’activité apparente consistera à faire passer commande à des collectivités territoriales , des mairies , de monuments aux morts et de sépultures contenant les cadavres des anciens combattants morts au champ d’honneur .
Ces personnages sont présentés dans les cinquante premières pages du roman avec une grande maestria . Il y a tout d’abord Albert Maillard, simple soldat, enlevé à sa fiancée Cécile, et à sa banque, dans laquelle il travaillait avant le conflit. L’homme qui va se lier à lui est Edouard Péricourt, dont les origines bourgeoises le classent dans le camp des bien-nés. Le supérieur hiérarchique d’Albert Maillard , le lieutenant d’Aulnay-Pradelle, est un homme arriviste, dépourvu de tout scrupule, avide d’ascension et de reconnaissance sociale à tout prix … En l’occurrence, le prix à payer sera pour lui de participer à cette arnaque , à ce montage factice d’une société fantôme qui exploitera les sentiments patriotiques des Français , tout juste sortis d’une guerre atroce et meurtrière.
Au départ, Albert Maillard fait croire à la mort d’Edouard Péricourt par une substitution d’identité. Cette opération est rendue nécessaire par le fait qu’Edouard est une gueule cassée, vocable employée à l’époque pour désigner les soldats gravement mutilés au visage.
L’arnaque fonctionne au début, les commandes affluent. Une ironie suprême est d’attribuer l’adresse du Souvenir Patriotique à une boîte postale dont le numéro, 52, est identique à l’adresse 52 rue du Louvre Paris, qui est l’adresse d’un bureau de poste …
Les personnages sont décrits dans ce roman avec toute leur humanité, leur limites, leurs craintes ; Ainsi Albert Maillard déchante rapidement : « Au début du conflit, cette vision sentimentale, il la partageait avec bien d’autres. Il voyait des troupes sanglées dans de beaux uniformes, rouge et bleu avancer en rangs serrés vers une armée adverse saisie de panique. (…) Au fond, Albert s’est engagé dans une guerre stendhalienne et il s’est retrouvé dans une tuerie prosaïque et barbare qui a provoqué mille morts par jour pendant cinquante mois. »
Le roman est bien écrit, le style alerte, très plaisant. L’humour y voisine avec la gravité. Il parvient à mettre en évidence la persistance des différenciations sociales, même en temps de guerre, temps durant lequel elles sont censées d’estomper. Il rappelle à point nommé que les après-guerres sont toujours l’occasion de rejets, de silence, d’amertume, que les peuples y perdent, toujours…
Sister Morphine
Critique de Ndeprez (, Inscrit le 22 décembre 2011, 48 ans) - 11 novembre 2013
C'est une belle histoire d'amitié que Pierre Lemaitre nous livre là , celle de deux soldats dont l'un doit sa vie à l'autre , qui à la démobilisation ne retrouve pas sa place dans la société...surtout quand l'un des deux est une "gueule cassée".
Leur vient l'idée folle de monter un arnaque spectaculaire...
Une bien belle description de la France (et ses mœurs) de l'après première guerre mondiale avec le rejet des survivants mutilés et la manière dont l'état les a lâchés.
Au revoir là haut est un bon livre , qui tombant à point en cette période du centenaire de la guerre a su trouver un public et séduire les jurés de prix littéraires.
Chers lecteurs qui , pour des raisons louables , sont allergiques aux prix , prenez le temps de parcourir "Au revoir là Haut".
Fresque historique
Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 45 ans) - 10 novembre 2013
L'écriture de Pierre Lemaître est très ordinaire, simple et agréable et son aventure hérite des techniques du polar qu'il utilisait sûrement dans ses thrillers précédents et qui rendent le déroulement de l'histoire captivant. J'ai passé un bon moment sympathique en compagnie de ces personnages, et je n'ai pas lâché le livre tout au long de cette fresque historique et familiale.
Une légion d'étoiles...
Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 4 septembre 2013
Cette magnifique fresque « à allumage progressif » de la société du début du 20e siècle que Pierre Lemaître a osé écrire, capture avec férocité le drame des jeunes sacrifiés au front sans aucune vergogne, par les puissants amateurs de gloire, d’argent et de beurre.
Une double intrigue et un suspense insoutenable forcent le lecteur à ouvrir les yeux sur ce que l’on a préféré laisser longtemps caché. La fin justifie les moyens, c’est la devise crapuleuse du lieutenant d'Aulnay-Pradelle noble et désargenté. Quelle escroquerie colossale va-t-il tramer en toute impunité? Qu’on se le dise, l’écriture de Pierre Lemaître utilise l’eau-forte et forge des cicatrices indélébiles sur sa galerie de personnages, jouant au passage avec les masques de James Ensor qui font exploser l’imaginaire. Les descriptions sublimes et percutantes sont à la fois hugoliennes et baudelairiennes, la langue est acérée comme les pluies d’obus ou le bistouri du chirurgien et remue le lecteur jusqu’au tréfonds des entrailles.
L’auteur se révèle un romancier remarquable. Il a recueilli soigneusement le parler sec et pittoresque des anciens combattants, leurs expressions désuètes, bon Dieu de bois, celles de nos arrière (arrière) grands-pères. Un mantra inévitable revient à plusieurs reprises : quel gâchis cette guerre! Quel gâchis, toute guerre, a-t-on envie d’ajouter ! Et que faire des survivants démobilisés, de cette génération perdue? L’engrenage dans lequel se retrouvent les deux rescapés des bombes devient au fur et à mesure encore plus terrifiant que la vie dans les tranchées… Il est difficile d’imaginer situations plus intenables, au point de faire passer Guernica presque comme une image pieuse.
De plus, un puissant symbolisme charpente ce drame psychologique émouvant. Le chapelet d’expériences traumatiques de ce roman d’une puissance évocatrice ahurissante démontre aussi que le fondement de la guerre se loge à l’intérieur même de l’homme. Il faut le trouver dans l’orgueil souvent blessé des relations stratégiques père-fils ou mère-fils. Sacrilège? Mais toute guerre est sacrilège, petite ou grande. Et la cupidité ou l’amour-propre démesuré sont les moteurs délétères, prêts à balayer toute humanité: faire taire les voix, et défigurer le visage humain.
Cependant, l’humanité survit péniblement à travers l’amitié des deux éclopés de la guerre : Albert Maillard (poursuivi par le souvenir de sa mère et Edouard Péricourt (poursuivi par le souvenir de son père). Un fantastique à la Günter Grass se répand dans les interstices de l’âme dévastée par l’angoisse d’Albert Maillard, pauvre entité négligeable et le corps disloqué d’Edouard Péricourt. « Il dut se rendre à l’évidence. La fin, celle-ci ou une autre, devait survenir, parce qu’elle était écrite depuis longtemps.» La tragédie humaine.
La revanche muette du fils est inscrite dans ses carnets de croquis et dans sa belle escroquerie aux monuments funéraires. « A force de détailler l’œuvre à venir, son monument, M.Péricourt s’attacha de plus en plus, non pas au visage étrangement familier que Madeleine lui avait signalé et dont il s’était si bien souvenu, mais au soldat mort allongé à droite sur la fresque et au regard inconsolable de la Victoire posé sur lui. Et monsieur Péricourt sentit monter les larmes lorsqu’il comprit que les rôles s’étaient inversés. La Victoire, c’était son fils qui posait sur son père ce regard douloureux désolé à vous briser le cœur.»
Le coup de cœur de la rentrée 2013-2014.
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