Un beau jour de printemps de Yiyun Li
(The vagrants)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Asiatique
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loin de tian'anmen...
Une bombe! On a beaucoup dit et écrit sur la Chine, surtout depuis les massacres de la place Tian'anmen, survenus à Pékin en 1989. Pourtant, la grogne faisait rage déjà depuis longtemps, et parfois loin de la capitale. Dans ce roman de Yiyun Li, magnifié par la traduction de François Rose, nous sommes dans une petite ville de province, peu après la chute de la "bande des quatre", commandée par la veuve de MaoZedong. Après les ravages de la "Révolution culturelle", les aspirations à la démocratie se font jour même dans les endroits les plus reculés de l'empire. A l'occasion de la condamnation à mort de la jeune GuShan, une ex-garde rouge qui a osé critiquer le régime et demander pardon pour les atrocités qu'elle avait commises au nom de sa foi communiste, les consciences des villageois vont se réveiller. Pendant ce temps, dans la capitale, une lutte se joue entre deux clans opposés. Tel est l'arrière-plan de cette vaste fresque, qui peint le quotidien pour atteindre à l'universel. Les personnages sont nombreux, qu'il s'agisse de Nini, la jeune infirme avide d'amour, du professeur Gu, qui confond encore lâcheté et sagesse, de Kai, l'artiste à la voix d'or au service du Parti, de Kwen, Bashi, et tant d'autres, tous aussi attachants les uns que les autres. Le temps de la lecture, nous vivons pleinement en compagnie des acteurs principaux du drame qui va se nouer. L'écriture est simple, sans artifices, il s'agit avant tout d'un témoignage, brutal, sur les ravages d'une pensée politique érigée en système mafieux.
Les éditions
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Un beau jour de printemps [Texte imprimé] Yiyun Li traduit de l'américain par Françoise Rose
de Li, Yiyun Rose, Françoise (Traducteur)
Belfond / Littérature étrangère
ISBN : 9782714445377 ; 21,50 € ; 01/04/2010 ; 441 p. ; Broché -
Un beau jour de printemps [Texte imprimé] Yiyun Li traduit de l'américain par Françoise Rose
de Li, Yiyun Rose, Françoise (Traducteur)
10-18 / 10-18. Série Domaine étranger
ISBN : 9782264054036 ; 2,98 € ; 07/04/2011 ; 441 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (8)
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...où comment la politique rattrape les individus.
Critique de Myrco (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 75 ans) - 27 septembre 2013
Le Parti omniprésent décide et impose la voie à suivre soi-disant pour le bien du peuple; les publications interdites sont brûlées, les survivances de croyances et coutumes anciennes réprimées; on enseigne aux enfants qu'ils sont ceux "du Parti avant d'être ceux de (leurs) parents" et l'on se doit d'assister aux séances de dénonciation publique sous peine d'être accusés de non loyauté au régime ; monde déshumanisé où l'on va jusqu'à faire payer aux parents le prix dérisoire de la balle qui doit tuer leur fille condamnée pour écrits non conformes.
D'emblée, l'auteure nous introduit sans ménagement (timorés s'abstenir) en ce jour fatidique d'équinoxe de printemps où, pour une partie de la population de Rivière-Fangeuse, le monde va bientôt basculer à l'instar du rapport entre la lumière et l'obscurité.
La mise à mort de Shan - dans des conditions atroces et en dehors des procédures normales -va entraîner un véritable séisme "pour chacune de ces pauvres âmes que ces évènements précipiteraient au fond de l'abîme. "
Le récit se déroule sur quelques semaines seulement au cours desquelles l'auteure va suivre une dizaine de personnages principaux plus ou moins liés entre eux, au sein de familles différentes, et explorer l'impact en cascade des évènements sur ces individualités disparates. Il en ressort une galerie de portraits plus ou moins fouillés et attachants qui à eux tous incarnent de multiples facettes de cette société chinoise. Certains vont se caractériser notamment par leur positionnement vis-à-vis du pouvoir, d’autres, marginaux, qui tenteront de trouver leur propre voie vers le bonheur seront inéluctablement rattrapés par la machine à broyer. Quelques mentions furtives de personnages anonymes viennent conforter cette dimension d'histoire collective à laquelle personne ne peut échapper.
Ce n'est sûrement pas un hasard si les personnages d'activistes restent (à mon sens) un peu désincarnés par rapport à d'autres plus finement ciselés qui attirent notre (enfin, ma) sympathie; il en est ainsi de Nini et de ses rêves touchants, Nini née déjà victime des égarements de la Révolution Culturelle. De même le professeur Gu, survivant contre-révolutionnaire passif et résigné, qui sentant sa fin prochaine, déçu et amer , libèrera sa parole dont on ne doute pas qu'elle soit celle de Yiyun Li, dénonçant à la fois le régime et toutes les révolutions :
"ce qui aura marqué notre ère (...) le gémissement de nos os broyés sous le poids des mots creux"
"qu'est ce que la révolution, sinon une façon systématique pour une partie de l'espèce humaine d'en dévorer une autre?"
mais aussi toutes les manœuvres d'instrumentalisation et de récupération à des fins politiques, voire par exemple le comportement du directeur du petit Tong :
"le garçon était une ardoise vierge qu'il pouvait colorer à sa guise, en rouge ou en noir, cela dépendait de son propre génie. "
Le titre original "Les vagabonds" fait sans doute référence au couple Hua, ce couple de mendiants au grand cœur qui récupérait les bébés abandonnés de sexe féminin. Probablement, en choisissant ce titre, l'auteure avait-elle souhaité mettre l'accent sur une dimension de lumière et d'espoir ; l'éditeur aura préféré sans vergogne et non sans humour noir un titre présumé plus vendeur.
A noter que Yiyun LI, américaine d'origine chinoise, née en 1972 a vécu à Pékin jusqu'à l'âge de 24 ans. Elle avait donc 7 ans au moment du temps du roman.
Au final: je dirais qu'il s'agit d'un roman fort, intense, de par le sujet traité ; le talent de conteuse de Yiyun Li s'y révèle dans la vie qu'elle parvient à insuffler à ses personnages et la manière dont elle construit l'enchaînement implacable des évènements et leur impact sur leurs vies ; néanmoins cela ne suffit pas (selon moi) à occulter une écriture souvent assez impersonnelle qui ne la propulse pas (ou pas encore) au rang des grands écrivains.
Quelle journée de printemps !
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 20 septembre 2013
Le monde dépeint dans ce roman est sombre. Les êtres tentent de se révolter ou de faire avancer les choses, mais dans ce pays nul ne peut s'affirmer en tant qu'individu. Il y a des valeurs et des ordres qu'il faut suivre et attention à celui qui ne suit pas le bon chemin. Il est assez affolant de voir combien parfois une simple signature, un simple mensonge ou une accusation injustifiée peuvent entraîner des conséquences aussi graves.
Grâce à la structure du roman, l'on peut suivre tous ces personnages qui se démènent avec le quotidien. Contrairement à certains lecteurs, je n'ai pas ressenti de sympathie pour ces personnages, je ne les ai pas détestés pour autant. Le style simple rappelle un peu le style d'une chronique, mais manque un peu de personnalité.
Accumulation de petits faits anodins
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 8 septembre 2013
Le parti
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 8 août 2013
Yiyun Li est américaine. Son regard est externe. Sa description du milieu provincial, de ses croyances et ses traditions, est donc tout autant corrosive. Elle met en scène des personnages qui semblent parfois empruntés à un conte de Grimm. Des gens d’une grande méchanceté dont les actions donnent lieu à des moments d’une cruauté sidérante. Malgré tout, on les aime, parce qu’en quelque sorte, ils sont les victimes de leur société.
Sans artifices, le souffle de ce livre repose strictement sur un talent pour raconter des histoires. J’ai été secoué. Un roman bouleversant mais passionnant.
A l'aube du 19 mars 1979
Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 19 juillet 2013
A travers des personnages de cette ville, l'auteur va nous montrer l'implacable machine à broyer les individus qui tentent de s'opposer au régime du moment.
Un moment de lecture exceptionnel avec un premier livre hypnotique!
Chine post-Mao : le Grand Bond … en arrière
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 22 mai 2013
Il est préférable d’avoir l’esprit blindé pour attaquer « Un beau jour de printemps ». C’est que le « beau jour » en question est le jour de l’exécution, publique, de Gu Shan, une jeune femme ex-Garde Rouge devenue dissidente. Comme, de surcroît, Yiyun Li colle à la réalité, sordide et désespérante, de la Chine (au moins d’autrefois), c’est plutôt le trip « haut le cœur » que « hauts les cœurs » !
Nous sommes à Rivière Fangeuse, petite ville provinciale chinoise loin des centres de décision, et Gu Shan donc, va être, est exécutée. Yiyun Li nous fait vivre ce jour et quelques autres après avec une partie de la population de Rivière Fangeuse : ses parents, des notables et de simples quidams de Rivière Fangeuse. Yiyun Li nous décrit la naissance d’une tentative de protestation vis-à-vis de ce qui est vécu comme une injustice, comme un acte barbare par certains. Naissance d’une dissidence en quelque sorte. Naissance et répression. Ca aurait pu marcher, Yiyun Li nous décrit les potentats locaux en attente de l’attitude officielle du pouvoir à Pékin vis-à-vis d’un « Mur de la Démocratie » qui vient d’être érigé … mais le balancier part dans le sens « orthodoxe » – je veux dire répression – et une nouvelle exécution de jeune femme s’ajoutera à celle de Gu Shan.
Peu de plages de respiration, d’espoir, dans ce roman. A l’image de ce qui se passait (passe ?) en Chine à cette époque. Noir c’est noir et surtout pas d’espoir !
« Pour le Pr Gu,le 21 Mars 1979 commença avant même le lever du soleil, quand, à peine éveillé, il trouva sa femme sanglotant sans bruit sous sa couverture. C’était l’équinoxe de printemps, un jour d’égalité, comme il se l’était dit plus d’une fois en songeant à cette date. La vie de leur fille allait prendre fin aujourd’hui où ne domineraient ni le soleil ni son ombre. »
La bonne façon de penser !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 18 mai 2013
"Un beau jour de printemps" est son premier roman.
L'action se déroule à Rivière-Fangeuse, petite ville de la Chine profonde en 1979.
L'exécution publique de Gu Shan, ancienne garde rouge passée dans le camp de la dissidence, est l'événement du jour. Une contre révolutionnaire de 28 ans qui a pris le risque de penser par elle-même plutôt que d'adhérer au raisonnement de la masse invisible. Une femme responsable de l'avenir de sa nation et qui s'est élevée avec courage contre un système corrompu.
Toute la population doit assister aux séances de dénonciation de la contre révolutionnaire et prendre la mesure de la réponse du Parti envers les insoumis.
L'humiliation et l'exécution pour marquer les esprits.
Sur fond de torture, de prélèvement d'organes et de disparition du corps, un vent de résistance populaire s'abat sur Rivière-Fangeuse.
Une évocation poétique et barbare de ce que pouvait être une journée "type" dans la République Populaire de Chine en 1979.
Autour de cet événement, une galerie de personnages très attachants, luttant pour vivre et se taire.
Un roman historique, qui dénonce la cruauté du pouvoir communiste et la force de ces milliers d'individus aux petites vies remplies d'espoir et d'amour.
440 pages qui passent vite, trop vite.
Nini et Bashi qui outrepassent les obstacles du quotidien par l'Amour .
Une extraordinaire premier roman.
J'ai A-DO-Ré !
le battement de l'aile d'un papillon
Critique de Ellane92 (Boulogne-Billancourt, Inscrite le 26 avril 2012, 49 ans) - 19 mars 2013
Pour en revenir à Un beau jour de printemps, ce livre est porté par l'écriture précise et impartiale de l'auteure (et de sa traductrice). Sans emphase ni effet de style, elle nous immerge dans le petit village de Rivière Fangeuse, nous introduit auprès de ses habitants, tisse des liens entre eux, nous fait partager le cours de leurs pensées et leur mode de vie, et effleurer du doigt les conséquences du régime politique encore en œuvre en Chine. Sans éclats, sans pamphlet, sans jugement, Yiyun Li nous livre des tranches de vie, des personnages dont on se dit qu'on pourrait les reconnaitre dans la rue si on les croisait. Elle ne dénonce pas, elle témoigne, sans jamais tomber dans la facilité. Il en ressort un livre coup de poing délivré sans violence, et dont la conclusion est que ceux qui vivent là-bas ont une pilule bien amère à avaler. Mais qu'ils n'ont d'autre choix que de l'avaler.
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