Effondrement de Horacio Castellanos Moya
(Desmoronamiento)
Catégorie(s) : Littérature => Sud-américaine
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Chronique familiale mouvementée
J’ai un faible pour cet auteur. Je le trouve intelligent et toujours intéressant. Dans ce roman, il raconte l’histoire d’une famille hondurienne aisée. Erasmo Mira Brossa est avocat et chef du Parti national du Honduras. Sa femme Lena est journaliste, poétesse et porte-drapeau de la cause nationaliste. Le couple a une seule fille en la personne d’Esther surnommée Teti. La sœur jumelle d’Esther est décédée encore bébé suite à la maladresse d’une infirmière qui l’a laissée tomber au sol. Le roman s’ouvre sur le mariage d’Esther avec un homme beaucoup plus âgé qu’elle et dont les activités professionnelles sont assez floues. Le couple partira vivre au Salvador, emmenant avec lui leur fils unique Eri mis en pension chez ses grands-parents pendant deux ans. Lena est furieuse et refuse ce mariage. De plus, elle veut garder pour elle son petit-fils qu’elle adore et surnomme « mon prince ». Elle va jusqu’à enfermer son époux dans la salle de bain afin qu’il rate la cérémonie du mariage de sa fille. Et ce n’est que le début des nombreuses péripéties familiales qui mettent à rude épreuve les nerfs de Lena qui se consume de haine pour tous les membres de la famille qu’elle accuse de traîtres, de lâches et de vauriens excepté son cher et tendre Eri.
Le roman est divisé en trois parties. Dans la première qui se passe en 1963, un narrateur relate les faits de l’extérieur alors que la deuxième est constituée d’un échange épistolaire entre Esther, partie vivre au Salvador avec son mari, et son père à qui elle demande souvent une aide financière pour la sortir du bourbier dans lequel elle se débat. Le conflit entre le Salvador et le Honduras la met en danger elle ainsi que ses deux enfants. La troisième partie qui se passe en 1991 et 1992 donne la parole à un domestique de la famille qui observe les événements avec sang-froid et circonspection.
C’est une chronique familiale avec pour toile de fond le conflit entre les deux pays voisins que sont le Honduras et le Salvador. Avec Moya, la politique est toujours présente ce que j’apprécie beaucoup car j’aime les écrivains qui accordent une place importante à cet aspect de la vie de leurs personnages. Nous assistons donc aux divers drames et conflits parsemant la vie de cette famille possédante dominée par une femme intelligente mais complètement paranoïaque et hystérique.
L’écriture de monsieur Moya est efficace, directe, sans fioritures inutiles. Il décrit tous les petits faits quotidiens et les allées et venues avec une minutie parfois un peu lassante mais si peu. Ce style d’écriture me plaît bien. Il est très proche de l’écriture journalistique. Cette minutie du détail a pour effet de nous faire pénétrer en profondeur dans la vie de la famille et de nous la rendre très proche. Nous assistons donc à l’effondrement de cette famille qui se démantèlera irrémédiablement suite à la mort de Lena et à l’éparpillement de ses membres, chacun suivant sa propre voie et renonçant à préserver cet héritage familial auquel Lena accordait tant de prix. Très bon roman d’un auteur que je lis toujours avec énormément de plaisir et qui ne m’a encore jamais déçue.
Les éditions
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Effondrement [Texte imprimé], roman Horacio Castellanos Moya traduit de l'espagnol (Salvador) par André Gabastou
de Castellanos Moya, Horacio Gabastou, André (Traducteur)
les Allusifs / Les Allusifs
ISBN : 9782923682044 ; 3,48 € ; 19/08/2010 ; 212 p. ; Broché -
Effondrement [Texte imprimé] Horacio Castellanos Moya traduit de l'espagnol (Salvador) par André Gabastou
de Castellanos Moya, Horacio Gabastou, André (Traducteur)
Métailié / Suites (Paris)
ISBN : 9791022608138 ; EUR 9,00 ; 23/08/2018 ; 192 p. ; Poche
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SPLENDEUR ET DÉCADENCE D’UNE FAMILLE SUD-AMÉRICAINE
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 22 décembre 2023
Sauf que… Sauf que Dona Lena n’approuve absolument pas ce mariage! Elle juge Clemente dit Clemen, - le futur époux de sa fille -, divorcé et avec des enfants d’un premier mariage, beaucoup trop vieux pour elle, et surtout il est salvadorien et… Communiste! Pire encore, les deux époux comptent partir vivre au Salvador et emmener avec eux Eri leur fils de deux ans, qui est élevé par Dona Lena. Celle-ci, voulant absolument empêcher le mariage, ne trouve d’autre solution que d’enfermer son mari à clef dans la salle de bain afin de l'empêcher de se rendre au mariage de sa fille…
Par la magie de l’histoire, nous retrouvons ensuite Teti quelques années plus tard. Elle est donc partie vivre avec son époux à San Salvador capitale du Salvador. Le couple à même maintenant un deuxième fils Alfredo dit Alfredito. Nous suivons sa vie à travers les lettres qu’elle envoie à son père. Celui-ci la soutient financièrement, le tout en cachette de sa mère qui n’a toujours pas digéré son mariage et son départ du Honduras. Tout irait bien dans le meilleur des mondes, si une guerre complètement inattendue n’éclatait entre les deux pays, pour des raisons absolument futiles. Une suite de drames s’ensuivent pour Teti, d'abord l’assassinat de Clemen en pleine rue et une tentative de coup d’état deux jour après…
«Effondrement» est divisé en trois parties de longueur inégale et d’écriture tout à fait différente. La première partie, - qui vaut la lecture du livre à elle seule, d’ailleurs -, se situe dans un seul lieu, la salle de bains de la maison familiale et est un dialogue entre maître Erasmo Mira Bossa et son épouse Dona Lena au sujet du mariage de leur fille.
La deuxième partie, fort différente, se déroule entre 1969 et 1972. Elle se présente sous forme épistolaire mais, même si quelques autres intervenants sont présents, c’est quasiment exclusivement un dialogue père-fille, entre maître Mira Bossa au Honduras et sa fille «Teti» qui habite au Salvador.
La troisième partie, qui se déroule bien plus tard, dans les années 1991-1992, nous est, elle, contée par Mateo qui n’est autre que l’homme de confiance et l’homme à tout faire de Dona Lena, et la personne qui s’occupe d’elle après la mort de son mari.
C’est avant tout une vision très lucide, servie il est vrai par l’écriture très crue, avec beaucoup de verve et sans aucune… Fioriture de l’auteur! M. CASTELLANOS MOYA n’a en effet pas son pareil pour dénoncer les tares des pays d’Amérique du Sud avec leurs défauts endémiques, comme les guerres qui les ont opposés, parfois pour les motifs des plus futiles, les dictateurs qui succèdent aux dictateurs, l’armée omniprésente, la violence politique, les coups d’états qui succèdent aux coups d’état, la bêtise des dirigeants, la corruption à tous les niveaux, la pauvreté, l’analphabétisme, les assassinats par des groupes paramilitaires, etc etc… Et c’est aussi une critique très acerbe du mariage et de tout ce qui va avec, de la petite bourgeoisie, des relations parents-enfants, de l’hypocrisie et de la superficialité de la société actuelle, de la politique, des «fake news»…
Comme dans tous les livres de M. CASTELLANOS MOYA, - qui a regroupé toute son œuvre sous le titre de la «comédie inhumaine» des Aragón -, celui-ci est relié (et fait référence), à de nombreux autres du même auteur. Ainsi dans ce livre p. ex. le personnage de Clemen est un des personnages principaux du livre «La mémoire tyrannique» (1), le personnage d’Alfredito, est un des personnages qui apparaît dans «La servante et le catcheur» (2), quant à Eri c’est le héros du livre «Le rêve du retour» (3).
Que dire de plus? Que l’écriture de M. CASTELLANOS MOYA (*1957) est toujours aussi belle, facile et plaisante à lire, sans doute? L’auteur revient ici sur un de ses thèmes fétiches, -, à savoir la guerre civile qui ensanglanta le Salvador durant les années 1980 - 1992. Le thème de l’exil forcé du pays natal est aussi traité, autre thème que l’auteur connaît fort bien d'ailleurs, pour l’avoir lui-même vécu!
Est-ce que je conseille la lecture de ce livre? Oui. Même si je trouve que ce livre n’est le meilleur de l’auteur et sans doute pas le meilleur pour découvrir l’œuvre du salvadorien en ce sens qu’il n’est pas très représentatif de l’immense talent d'écrivain de M. CASTELLANOS MOYA… On peut toutefois quand même prendre quelques heures de lecture pour l’un des meilleurs auteurs latino-américains actuels… Alors, n'hésitez pas et lancez-vous!..
(1). : Cf. la recension de ce livre sur CL. : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/57495
(2). : Cf. la recension de ce livre sur CL. : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/35279
(3). : Cf. la recension de ce livre sur CL. : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/46219
Histoire Honduro-salvadorienne
Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 62 ans) - 16 janvier 2020
Ed. Métailié.
Bonjour les fous de lectures...
C'est toujours avec un grand plaisir que je retrouve cet auteur et là pourtant un léger bémol….
1963..
Vent de panique dans la famille hondurienne Mira Boss.
Leur fille unique s'apprête à épouser non seulement un salvadorien beaucoup plus âgé mais qui de surcroit serait communiste.
La mère en devient folle et se transforme en véritable harpie.
Le père joue l’apaisement et essaye d'arrondir les angles .. en vain.
Voici la première partie.
La suite du livre est sous forme épistolaire.
Le temps est passé, la fille est partie au Salvador et y a fondé sa famille.
A travers les échanges entre père et filles, nous suivons les tensions existant entre les deux pays et ce sur fond de crise de la mère toujours aussi déchainée.
La guerre est inévitable … aussi bien entre les deux pays qu'au sein de cette famille.
Les années apaiseront les conflits diplomatiques , à peine les familiaux malgré la mort du gendre maudit.
La dernière partie, la harpie est veuve, se meurt… meurt en ayant fait le vide autour d'elle.
C'est l'effondrement.
Si l'on retrouve l'excellente verve d'Horacio Castellanos Moya, j'ai été moins captivée par ce récit .
Est-ce du à la forme épistolaire d'une grande partie du livre ?
N'empêche que, comme tous les récits de cet auteur, le livre en reste intéressant.
Nous apprenons beaucoup sur la situation délicate entre ces deux pays voisins, leur histoire et les mœurs de l'époque.
De plus la plume de Castellanos Moya reste un régal.
Joli portrait - au vitriol- de la société "honduro-salvadorienne" qui fait largement référence à" la guerre de cent heures". qui a opposé ces deux pays à l'occasion d'une représentation de football.
Horacio Castellanos Moya reste un incontournable de la littérature sud américaine.
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