Effondrement
de Horacio Castellanos Moya

critiqué par Dirlandaise, le 2 octobre 2011
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Chronique familiale mouvementée
J’ai un faible pour cet auteur. Je le trouve intelligent et toujours intéressant. Dans ce roman, il raconte l’histoire d’une famille hondurienne aisée. Erasmo Mira Brossa est avocat et chef du Parti national du Honduras. Sa femme Lena est journaliste, poétesse et porte-drapeau de la cause nationaliste. Le couple a une seule fille en la personne d’Esther surnommée Teti. La sœur jumelle d’Esther est décédée encore bébé suite à la maladresse d’une infirmière qui l’a laissée tomber au sol. Le roman s’ouvre sur le mariage d’Esther avec un homme beaucoup plus âgé qu’elle et dont les activités professionnelles sont assez floues. Le couple partira vivre au Salvador, emmenant avec lui leur fils unique Eri mis en pension chez ses grands-parents pendant deux ans. Lena est furieuse et refuse ce mariage. De plus, elle veut garder pour elle son petit-fils qu’elle adore et surnomme « mon prince ». Elle va jusqu’à enfermer son époux dans la salle de bain afin qu’il rate la cérémonie du mariage de sa fille. Et ce n’est que le début des nombreuses péripéties familiales qui mettent à rude épreuve les nerfs de Lena qui se consume de haine pour tous les membres de la famille qu’elle accuse de traîtres, de lâches et de vauriens excepté son cher et tendre Eri.

Le roman est divisé en trois parties. Dans la première qui se passe en 1963, un narrateur relate les faits de l’extérieur alors que la deuxième est constituée d’un échange épistolaire entre Esther, partie vivre au Salvador avec son mari, et son père à qui elle demande souvent une aide financière pour la sortir du bourbier dans lequel elle se débat. Le conflit entre le Salvador et le Honduras la met en danger elle ainsi que ses deux enfants. La troisième partie qui se passe en 1991 et 1992 donne la parole à un domestique de la famille qui observe les événements avec sang-froid et circonspection.

C’est une chronique familiale avec pour toile de fond le conflit entre les deux pays voisins que sont le Honduras et le Salvador. Avec Moya, la politique est toujours présente ce que j’apprécie beaucoup car j’aime les écrivains qui accordent une place importante à cet aspect de la vie de leurs personnages. Nous assistons donc aux divers drames et conflits parsemant la vie de cette famille possédante dominée par une femme intelligente mais complètement paranoïaque et hystérique.

L’écriture de monsieur Moya est efficace, directe, sans fioritures inutiles. Il décrit tous les petits faits quotidiens et les allées et venues avec une minutie parfois un peu lassante mais si peu. Ce style d’écriture me plaît bien. Il est très proche de l’écriture journalistique. Cette minutie du détail a pour effet de nous faire pénétrer en profondeur dans la vie de la famille et de nous la rendre très proche. Nous assistons donc à l’effondrement de cette famille qui se démantèlera irrémédiablement suite à la mort de Lena et à l’éparpillement de ses membres, chacun suivant sa propre voie et renonçant à préserver cet héritage familial auquel Lena accordait tant de prix. Très bon roman d’un auteur que je lis toujours avec énormément de plaisir et qui ne m’a encore jamais déçue.
Histoire Honduro-salvadorienne 7 étoiles

" Effondrement " d'Horacio Castellanos Moya (192p)
Ed. Métailié.

Bonjour les fous de lectures...
C'est toujours avec un grand plaisir que je retrouve cet auteur et là pourtant un léger bémol….
1963..
Vent de panique dans la famille hondurienne Mira Boss.
Leur fille unique s'apprête à épouser non seulement un salvadorien beaucoup plus âgé mais qui de surcroit serait communiste.
La mère en devient folle et se transforme en véritable harpie.
Le père joue l’apaisement et essaye d'arrondir les angles .. en vain.
Voici la première partie.
La suite du livre est sous forme épistolaire.
Le temps est passé, la fille est partie au Salvador et y a fondé sa famille.
A travers les échanges entre père et filles, nous suivons les tensions existant entre les deux pays et ce sur fond de crise de la mère toujours aussi déchainée.
La guerre est inévitable … aussi bien entre les deux pays qu'au sein de cette famille.
Les années apaiseront les conflits diplomatiques , à peine les familiaux malgré la mort du gendre maudit.
La dernière partie, la harpie est veuve, se meurt… meurt en ayant fait le vide autour d'elle.
C'est l'effondrement.
Si l'on retrouve l'excellente verve d'Horacio Castellanos Moya, j'ai été moins captivée par ce récit .
Est-ce du à la forme épistolaire d'une grande partie du livre ?
N'empêche que, comme tous les récits de cet auteur, le livre en reste intéressant.
Nous apprenons beaucoup sur la situation délicate entre ces deux pays voisins, leur histoire et les mœurs de l'époque.
De plus la plume de Castellanos Moya reste un régal.
Joli portrait - au vitriol- de la société "honduro-salvadorienne" qui fait largement référence à" la guerre de cent heures". qui a opposé ces deux pays à l'occasion d'une représentation de football.
Horacio Castellanos Moya reste un incontournable de la littérature sud américaine.

Faby de Caparica - - 61 ans - 16 janvier 2020