En mémoire de la forêt de Charles Powers
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Policiers et thrillers
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Les fantômes du passé
Quelque part en Pologne, un petit village, Jadowia, vit paisible au milieu d’un paysage alternant forêts profondes, champs cultivés et boue. Ses habitants y vivent au fil des saisons, de vodka frelatée, du fruit de leur dur labeur et pour certains, de quelques petits trafics. Pour les jeunes du village, peu d’espoir si ce n’est justement celui de quitter un jour le village, de tenter une vie moins terne à Varsovie. C’est bien ce que pensait faire Tomek jusqu’à ce qu’un jour son cadavre soit retrouvé dans une forêt proche du village. La police locale, incompétente bâcle l’enquête. Lezcek, voisin de la victime se refuse cependant à laisser cette mort inexpliquée. Il pressent que tout cela est lié à la vie de son village, à quelque secret enfoui du passé. Ceux par exemple de ces années de communisme où la délation était érigée en système. Des secrets plus profonds encore, comme durant ces années d’avant deuxième guerre mondiale où les Juifs peuplaient encore le village. D’étranges phénomènes vont réveiller ce lourd passé.
On peut parler ici de roman d’atmosphère. Il s’agit d’un thriller , certes. Mais pas un de ceux à l’américaine où tout va très vite, trop vite. L’auteur pose ses personnages, son décor lentement, progressivement comme cette Pologne léthargique et méconnue. Et puis soudain tout s’accélère quand le village devient fou, paranoïaque.
Ce livre traite de l’oubli. L’oubli progressif d’un cadavre d’un ami, d’un villageois que l’on retrouve au fond d’un bois. L’oubli de ces années noires sous le joug du communisme. L’oubli enfin, qui arrange, celui de ces Juifs autrefois présents à Jadowia, qui ont déserté le village, morts tragiquement ou en exil, loin de cette terre de cauchemars.
Où quand la culpabilité est collective.
L’auteur Charles T. Powers signe ici un roman qui prend son temps. L’action ne démarre réellement qu’après 150 pages, cela peut sembler long. Mais à condition de passer ce cap, on est face à un bon livre. L’auteur possède une vraie connaissance de son terrain romanesque, la Pologne. Il fut pendant vingt ans collaborateur du Los Angeles Times. Il a dirigé le département « Europe de l’Est » de ce journal avant de démissionner pour écrire ce qui constitue son unique roman, l’auteur décédant brutalement après avoir remis son manuscrit à son éditeur
Les éditions
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En mémoire de la forêt
de Powers, Charles
Sonatine Editions
ISBN : 9782355840692 ; 22,00 € ; 18/08/2011 ; 450 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (5)
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WWII, communisme
Critique de La danseuse (, Inscrite le 20 avril 2021, 58 ans) - 25 avril 2021
des mémoires à géométrie variable...
Critique de Deinos (, Inscrit le 14 février 2009, 62 ans) - 24 juillet 2015
A l'origine, je croyais lire un roman dit policier, ou un thriller.. mais ce meurtre initial qu'on oublie vite n'est que le catalyseur qui crée une réaction face au passé... un passé dont on voudrait se venger, tout en omettant nos petites turpitudes... et un passé que l'on nie et dont la lente remontée nous effraie... tant il révèle notre lâcheté... notre culpabilité... ce passé qu'on croyait à jamais disparu mais que quelques personnes, dont l'une en quête de pardon, ramènent aux yeux des villageois...
Je l'ai lu, si, si, pour répondre à Noir de Polars:)
Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 29 octobre 2013
J'ai eu du mal au départ à rentrer dans ce village polonais mais finalement j'ai trouvé ce roman subtil et passionnant.
Pologne après guerre
Critique de Free_s4 (Dans le Sud-Ouest, Inscrit le 18 février 2008, 50 ans) - 28 octobre 2013
Un polar, mais bien plus que ça, un roman noir (très noir) tout simplement.
La misère du milieu paysan polonais, prêt à tout pour s'en sortir.
Trafics d'armes et alcools (vodka) frelatés.
La lecture de ce livre n'est pas facile, un peu long, mais je le recommande pour son ambiance (je me répète) très noire.
Un très grand roman. Très long, aussi…
Critique de Noir de Polars (PARIS, Inscrit le 28 mai 2011, 56 ans) - 12 mars 2012
Il s’agit d’un très grand livre, au sens littéraire du terme. Je ne sais s’il fut bien écrit, mais la traduction de Clément Baude est en tous points remarquable, la langue est poétique à souhait, les mots sonnent juste… Presque un long poème qui vous berce durant de longues pages.
C’est l’histoire d’un jeune polonais nommé Leszek, qui voudrait bien savoir pourquoi son ami a été assassiné dans la forêt, et qui ne comprend, ni la lenteur voire l’apathie des policiers à rechercher le coupable, ni le silence des témoins possibles, de tous ceux qui l’ont connu alors qu’il était parti chercher fortune à la ville.
La vision de la Pologne postcommuniste est poignante, désespérée. J’ignore si elle est réelle ne connaissant pas ce pays, mais une chose est certaine, l’impression retirée ne ressemble pas du tout à celle d’un prospectus d’agence de voyages. La Pologne décrite s’assimile à un no man’s land et surtout à une terre de no future.
La tonalité, même pas noire mais gris sale, sale gris, du roman a-t-elle réussi à me cadavériser le cervelet définitivement ? Peut-être… La vérité est que je me suis profondément ennuyé lors de cette (très longue !) lecture. Ah que j’ai aimé terminer enfin, at least, ce bouquin. Oh que je suis certain de ne jamais, plus jamais, faire l’effort considérable de le relire tant elle m’a coûtée, cette lecture là.
Alors que doit-on dire d’un roman qu’on estime honnête de devoir (le devoir !) considérer comme très grand alors qu’il vous a appris le courage, qu’il vous a enseigné la volonté de tenir jusqu’au bout, qu’il vous a barbé mais avec style ? Comment le noter ? Avec sa raison ou avec ses tripes ? 2,5/5, c'est ne pas prendre parti, 2,5/5 donc.
Conseil. Achetez-le, c’est un grand, un très grand roman. Ne le lisez cependant pas, mettez-le plutôt bien en évidence dans votre bibliothèque. Vous aurez fait une bonne action, c’est déjà ça…
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