Les Troyennes de Euripide
(Τρῳάδες / Trōiádes)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Théâtre et Poésie => Théâtre
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Un Monument
Euripide a créé"Les Troyennes" en 415 avant Jésus-Christ, et signe là une oeuvre extrêmement originale. Aucune intrigue à proprement parler, mais une pièce linéaire, centrée autour du personnage d'Hécube. Euripide avait déjà écrit une tragédie du nom de la reine de Troie presque dix ans auparavant, mais sous un angle assez différent. "Les Troyennes" se passent à la fin de la guerre de Troie, la ville est vaincue, tous les hommes troyens sont morts, et ne restent que les femmes regroupées autour de leur reine, face à leur sort, face aux hommes grecs. Ces derniers se partagent les Troyennes, comme butin. Les différentes femmes (Hécube, Cassandre, Andromaque, Hélène) réagissent selon leurs caractères et leurs destinées respectifs. Toute l'oeuvre réside donc dans la parole, qui est élégie, et non dans l'action. "Les Troyennes" est l'oeuvre sans doute la plus pathétique (au sens fort du terme) d'Euripide, une des plus fortes, une des plus émouvantes. L'adaptation de Jean-Paul Sartre se révèle efficace et juste. Hécube se fait plus volontaire, moins hésitante que dans l'original. Elle est une reine dans toute sa noblesse, et de là, appelle davantage à la compassion.
Une oeuvre forte et émotionnelle, largement commentée par les spécialistes, mais dont la seule lecture suffit à elle-même pour saisir pourquoi "Les Troyennes" sont un de ces monuments littéraires intemporels.
Les éditions
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Les Troyennes
de Euripide, Sartre, Jean-Paul (Traducteur)
Gallimard / Collection du Théâtre National Populaire
ISBN : SANS000027663 ; 08/03/1965 ; 96 p. ; Broché -
Les Troyennes [Texte imprimé] Euripide texte établi et trad. par Léon Parmentier et Henri Grégoire
de Euripide, Parmentier, Léon (Editeur scientifique) Grégoire, Henri (Editeur scientifique)
les Belles lettres / Collection des universités de France
ISBN : 9782251001234 ; 35,50 € ; 15/04/2003 ; 466 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (2)
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Les chants les plus désespérés sont aussi les plus beaux
Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans) - 9 juin 2016
Pleurant ses enfants disparus, maudissant les Dieux, Hécube, profondément humaine, personnifie une Mater dolorosa ravagée par la perte de ses proches, jusqu’à en perdre parfois toute dignité. Les différents actes de la pièce sont rythmés par la rencontre de l'ancienne reine de Troie avec différents protagonistes féminins: Cassandre, sa fille devenue folle, Andromaque, qui préfère se tuer plutôt que d’épouser l’ennemi et enfin bien sûr Hélène, la tentatrice, figure ambiguë toujours prête à utiliser les circonstances à son profit (voir la scène X et son face-à-face avec Ménélas).
Ce sont donc bien les femmes qui sont au cœur de la pièce, et les enfants (le sort cruel de Astyanax y est évoqué), ceux qu’on appellerait aujourd’hui les victimes collatérales de la guerre. Les hommes sont cette fois-ci les figurants, soient qu’ils sont morts (Hector, Achille), soit qu’ils portent le poids des conséquences du conflit (Ménélas). Mais Euripide nous rappelle que le destin des Hommes reste aux mains des Dieux: la pièce s’ouvre par un monologue rageur de Poséidon déplorant la destruction de Troie, elle se referme sur ce même Dieu préparant une vengeance appelant à nouveau le sang.
Il reste les femmes pour pleurer
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 27 février 2013
Une tragédie grecque très forte, dérangeante, émouvante et surtout, mettant en scène des femmes qui ont tout perdu. Je tenais à lire cette pièce car dans son livre « Le carnet noir », Michel Tremblay y fait référence souvent. J’ai donc lu l’édition de Leméac dont le texte français est rédigé par Marie Cardinal. Elle a aussi rédigé une très belle préface. La pièce fut crée en avril soixante-douze au Théâtre du Nouveau Monde à Montréal. On ne peut dissocier Michel Tremblay du théâtre donc lire cette pièce, c’était plonger encore plus dans son univers si particulier et qui me touche au plus haut point.
J’ai apprécié cette lecture. La pièce est de toute beauté et frappe l’imagination. Une tragédie d’une infinie tristesse. Comment ne pas être émue par le sort de ces femmes accablées de douleur et désormais vouées à servir un peuple qu’elles haïssent et méprisent ?
« Pourtant, s’ils nous haïssent tant, ils auraient pu nous exterminer tous, qu’il ne reste rien, absolument rien de Troie. Pour eux c’était facile. Alors pourquoi épargner les femmes ? Pourquoi disséminer les Troyennes partout dans l’univers, sachant que nous allons, chacune de notre côté, chanter notre ville, nos héros, nos richesses, notre histoire ? Pourquoi les dieux agissent-ils de telle sorte que notre splendeur soit répandue et reconnue par les générations à venir ?... Je crois qu’il existe entre les dieux et Troie des liens secrets et troubles qui font ressembler leur haine à de l’amour ? »
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Les Troyennes: l'adaptation de Jean-Paul Sartre | 7 | Fanou03 | 26 juillet 2016 @ 15:19 |