Demain j'aurai vingt ans de Alain Mabanckou
Catégorie(s) : Littérature => Africaine , Littérature => Francophone
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L’âge heureux
Un ouvrage que Alain Mabanckou dédie à la mémoire de ses parents, dont Michel le héros narrateur, est peut-être une projection de l'enfant que fut Mabanckou lui-même …..
Michel , jeune garçon de 10 ans vit dans un quartier populaire de Pointe Noire, au Congo dans les années 70 . On découvre son quotidien , au travers de son regard de gosse de 10 ans .
Un roman d’apprentissage, comme le suggère le titre, qui relate les dernières années d’un âge heureux qui va bientôt voir disparaître les qualités de fraicheur et de candeur propres à l’enfance , et dont le charme vient précisément de l’ingénuité dont fait preuve le héros face au monde adulte . Cette candeur est souvent source de passages qui font sourire, par ex, quand Michel rapporte ce qu’il a compris du discours de l’oncle René, communiste, qui parle « des condamnés de la terre , des forcés de la faim » ou de passages plus attendrissants , où par ex, Michel et Caroline rêvent d’un bonheur conjugal embelli par une belle voiture rouge , mais menacé par la présence du rival de Michel : Mabelé le footballeur .
De nombreux personnages pittoresques parsèment le roman : gens du quartier , camarades de classe ( classe où les sévices corporels sont monnaie courante ….), demi-frères et soeurs de Michel, c'est-à-dire enfants de la deuxième femme de son père , fratrie où l’enfant se sent bien accueilli . Mais c’est dans le cocon familial que Michel est le plus heureux, près de sa mère et d’un père réceptionniste dans un hôtel , qui rapporte à la maison un radio-cassette diffusant une unique cassette où chante Georges Brassens ( le roman a d’ailleurs obtenu le Prix Georges Brassens 2010 ……) ainsi que des livres oubliés par des clients . Michel y découvre un poète auquel il s’identifie : Arthur Rimbaud qui lui ouvre les portes de l’univers poétique . Son père écoute à la radio La Voix de l’Amérique et commente les informations qu’il y entend . C’est ainsi que régulièrement, tout au long du livre, on suit , au travers du filtre de la pensée de l’enfant, les hommes qui ont fait l’actualité des années 70 : le Shah, chassé d’Iran , qui erre d’un pays d’accueil à un autre, Idi Amin Dada, Mobutu, Bokassa et l’affaire des diamants…., ce qui donne à Mabanckou l’occasion d’insister sur la corruption des dictateurs africains et de montrer le culte de la personnalité dont bénéficie le Président du Congo, qui vit à cette époque sous un régime marxiste-léniniste .
Un roman somme toute assez classique, rafraichissant, où se mêlent humour et émotion , un peu dans la veine des souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol, mais moins décoiffant que les précédentes publications Alain Mabanckou .
Les éditions
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Demain j'aurai vingt ans [Texte imprimé], roman Alain Mabanckou
de Mabanckou, Alain
Gallimard
ISBN : 9782070129621 ; 21,30 € ; 19/08/2010 ; 381 p. ; Broché -
Demain j'aurai vingt ans [Texte imprimé] Alain Mabanckou préface inédite de J. M. G. Le Clézio
de Mabanckou, Alain
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070446230 ; 8,10 € ; 01/03/2012 ; 400 p. ; Broché -
Demain j'aurai vingt ans
de Mabanckou, Alain
Gallimard / Écoutez lire
ISBN : 9782070129720 ; 24,40 € ; 09/09/2010 ; CD
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Les critiques éclairs (14)
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Michel et les géants
Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 30 octobre 2016
Auprès de son arbre, il vivait heureux...
Critique de Ellane92 (Boulogne-Billancourt, Inscrite le 26 avril 2012, 49 ans) - 8 octobre 2013
Le microcosme qui gravite autour du jeune héros est très réussi : les personnages décrits semblent plus vrais que nature (j'ai adoré le tonton René, terrible oncle riche et communiste), les centres d'intérêts sont vraisemblables (les amis, la nourriture, l'amour, la poésie, les ... moustiques aussi !), les amalgames sur la situation politique ou les difficultés de compréhension de la chanson de Brassens sont drôles, quant aux coutumes locales et façons de vivre évoquées, elles m'ont fait voyager !
Alain Mabanckou nous invite à observer ce jeune garçon en train de grandir (et oui, demain, il aura vingt ans... ou après-demain plutôt !). La bienveillance qu'il manifeste envers lui est contagieuse, et même si, au final, j'ai trouvé que l'ouvrage manquait un peu de profondeur, j'ai apprécié l'espoir et l'optimisme qui se dégageait de cette lecture.
Regard enfantin
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 28 septembre 2013
Bref une somme de petits riens, ... que je n’ai probablement pas su apprécier, n’y trouvant pas un grand intérêt. Je n'ai d'ailleurs pas pu le finir !
IF-0913-4098
Entre Rimbaud et Brassens
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 1 septembre 2013
Michel vit avec son père putatif, la seconde femme de celui-ci, sa vraie mère, et l’autre famille de son père nourricier qui comprend sa seconde maman d’adoption et ses sept frères et sœurs. Une galerie de portraits hauts en couleur que Mabanckou dresse avec adresse et tendresse, il semble aimer ses gens comme sa propre famille et être en parfaite empathie avec eux. L’auteur nous entraîne ainsi sur les pas du petit Michel dans les rues du quartier, dans ses deux résidences, à l’école, partout où ce gamin déambule. Il nous fait ainsi partager sa vie, celle de ses deux familles avec les multiples avatars, plus ou moins tragiques, plus souvent cocasses, de celles de ses frères et sœur, mais aussi la vie du quartier, moins la vie du pays gouverné par un pouvoir que nul ne conteste ni ne critique. Michel nous raconte aussi l’actualité internationale perçue à travers « La Voix de l’Amérique » et commentée par le papa nourricier, principalement l’errance dramatique du Chah d’Iran rejeté, chassé, pourchassé, partout où il tente de se réfugier pour mourir dignement, au grand dam du papa commentateur.
Michel vit dans cet espace restreint et ne connait le monde qu’à travers quelques bribes d’instruction récupérées à l’école, le sourire de Rimbaud, une chanson de Brassens et certains propos recueillis en écoutant la conversation des adultes et les commentaires de son père nourricier. Il construit ainsi sa personnalité et sort peu à peu de l’enfance en franchissant, avec l’aide son pote, un peu plus âgé, et sous l’influence de son amie d’enfance, sa fiancée d’adolescence, son amour de jeunesse … les paliers initiatiques qui lui permettent de progresser vers l’âge adulte.
A travers la vie de ce gamin, Mabanckou jette un regard faussement candide, plutôt narquois, ironique et même accusateur sur les travers de la société congolaise, et même africaine, hérités de la colonisation, de l’assimilation mal maitrisée des mœurs et techniques de la civilisation européenne, dans un grand mélange où essaient de s’amalgamer la tradition ancestrale africaine, les religions monothéistes européennes ou orientales et la laïcité républicaine sans oublier, bien évidemment, toutes les perversions de tous ceux qui sont en quête d’un moindre morceau de pouvoir ou d’une portion de la richesse générée par les ressources locales. L’auteur glisse parfois certaines réflexions, dépassant la candeur du héros, pour faire passer des messages sur tout ce qui gangrène l’Afrique actuelle : l’ignorance, la colonisation, l’exploitation, la corruption, et encore d’autres choses qui s’écrivent aussi en « …tion ».
In fine un livre gentil, sympathique, émouvant, agréable à lire, même si j’ai eu l’impression d’en avoir déjà lus beaucoup de semblables, mais surtout un livre qui ne sombre jamais dans le catastrophisme habituel, un livre d’espoir qui veut croire en un avenir possible même si le monde actuel est souvent cruel et toujours injuste. C’est aussi un message de paix nous rappelant qu’il y a toujours de la place pour l’amour et l’amitié, sentiments bien plus efficaces que la violence stérile trop souvent appelée à la rescousse.
Humour et tendresse
Critique de Maufrigneuse (Saulieu, Bourgogne, Inscrit le 1 novembre 2010, 35 ans) - 14 juillet 2013
Derrière le ton faussement naïf de Michel, l'auteur nous livre une critique du monde tel qu'il est fait par les grandes personnes. Le décalage des jugements enfantins du narrateur crée un effet d'humour qui ravit le lecteur complice
Cependant, le style et le procédé, surprenants et plaisants au début finissent par perdre en efficacité et deviennent lassants.
"Alter ego" et "saligaud"
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 29 juin 2013
Ce que j'ai préféré, ce sont les reportages radio lus par un journaliste américain et écoutés par le père de Michel relatant les événements politiques internationaux comme la mort du Chah d'Iran et que le cerveau du petit Michel réarrange à sa manière ainsi que l'appareil servant à lire les cassettes du chanteur qui pleure son arbre. J'ai par contre moins aimé les amours de Michel et de son grand-frère ainsi que la recherche de la clé.
Voilà, je fais une critique courte car d'autres ont bien résumé et commenté ce livre alors inutile d'en rajouter une couche. L'histoire est savoureuse mais le style agaçant à la longue.
De la tendresse surtout
Critique de Lectio (, Inscrit le 16 juin 2011, 75 ans) - 9 juin 2013
Récit d’un jeune congolais …
Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 13 février 2013
Réjouissant
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 28 janvier 2013
La succession d’anecdotes est un délice et l’entourage est merveilleusement décrit à travers la vision d’un gamin. Puisqu’il s’agit d’un récit autobiographique fictif, l’absence d’une histoire qui aurait pu lier tous les chapitres engendre parfois des passages où l’intérêt s’estompe. Mais, ils sont rares et j’ai éprouvé un réel plaisir à cette lecture.
A travers la naïveté du héros, un survol de l'Afrique des années 70
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 6 janvier 2013
Ce roman est attachant car le lecteur se familiarise avec ces personnages au caractère trempé. Michel, personnage plutôt naïf, amuse le lecteur par ses remarques. Son regard permet aussi de deviner une critique sur les événements évoqués par Roger Guy Folly, le présentateur américain. Ce sont sans doute ces chapitres en lien avec les actualités africaines ( Amin Dada, le Shah d’Iran, Bokassa ... ) qui m'ont le plus intéressé. Le roman allie à la fois la vie d'une famille au Congo et le contexte africain, voire mondial de cette époque. L'humour est aussi présent, même si moins utilisé que dans "Verre cassé". Je n'ai pas retrouvé non plus dans ce roman la faconde et l'originalité des précédents textes de l'auteur. Le roman reste tout de même agréable à lire et vivant.
Une merveilleuse expérience
Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 4 janvier 2013
Michel, le narrateur, un petit garçon de dix ans, nous présente sa famille , ses amis, sa vie de tous les jours , ses espoirs, sa vision du monde et son amoureuse Caroline...
J'ai choisi la version audio pour faire la connaissance avec Michel. Ce récit enjoué est lu par Alain Mabanckou.
Une merveilleuse expérience d'un peu moins de 10 heures.
Tranches d'une (jeune) vie
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 3 janvier 2013
Entouré de Maman Pauline, de Papa Roger, de Tonton René, de son ami Lounès et de sa femme, ex-femme, nouvelle femme Caroline, il essaie de comprendre le monde qui l'entoure particulièrement intéressé par l'histoire contemporaine et la géo-politique.
Son jeune âge va permettre d'amusantes réflexions (vendre chèrement sa peau comme Mesrine...) et sa liberté, de belles rencontres.
Il se montrera très touché et perplexe devant les informations délivrées par Roger Guy Folly, commentées par Papa Roger, des khmers rouges, à la chute du Shah d'Iran, ou des atrocités d'Idi Amin Dada...
J'ai pour ma part, aimé sa rencontre avec Arthur Rimbaud mais plus particulièrement sa découverte de Georges Brassens.
« C 'est un Blanc avec beaucoup de cheveux et des yeux qui brillent. Il a une moustache, son regard est triste, mais son visage est très gentil. Je me dis: Il n'a jamais fait de mal à personne, je le sens. C'est les gens qui l'embêtent alors que lui il ne fait que chanter pour son arbre. Comme toutes les personnes gentilles, ce chanteur doit avoir beaucoup de globules très blancs... »
Entre le communisme et ses valeurs durement enseignées par son Oncle René ou son enseignant, (Marx, Engels comme maîtres à penser; « les livres d'Angèle – non d'Engels! ») , la religion pratiquée et les jeteurs de sorts et autres féticheurs, nous côtoyons un univers varié et contradictoire mais rempli de fraîcheur et d'humour.
Seul bémol à ce roman, l'utilisation du présent, de phrases courtes, la ponctuation pratiquement absente, confortent l'impression d'un récit enfantin direct, mais lassent aussi la lecture de ce charmant récit.
Pointe-Noire, au Congo …
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 13 décembre 2012
Oui, ça sent fortement les souvenirs autobiographiques. En tout cas c’est l’occasion de voir l’Afrique, un bout de l’Afrique centrale, à hauteur d’un garçon d’une dix – douzaine d’années. Avec évidemment des repères immatures puisqu’à hauteur d’un âge immature. Et Alain Mabanckou joue le jeu. Il ne triche pas. Le Shah d’Iran, alors tout juste renversé par la révolution islamique de Khomeiny et poursuivi impitoyablement tout au long de son exil prend des allures de héros persécuté. Michel suit les aventures du Shah – et de Idi Amin Dada, de Bokassa et d’autres tristes sires du même acabit – à travers les commentaires de son père des communiqués de « La Voix de l’Amérique » écouté nuitamment sur le poste radiocassette, un peu en cachette. Et Michel nous les raconte ces aventures une fois passées par son filtre à lui de jeune garçon congolais. Il y a évidemment un gros décalage ! Le cocasse révèle à l’occasion, en creux, les travers de l’époque, et puis de la nôtre aussi.
Et puis Michel apprend à connaître l’autre sexe. En Afrique, au Congo, ce n’est pas rien … Et ce n’est jamais simple pour un garçon d’une dizaine d’années …
On se prend à imaginer ce que donnerait le même roman aujourd’hui d’un garçon de dix ans au Congo. Et on prend conscience que les choses probablement ne sont pas allées dans le bon sens. Le Congo fait partie de cette Afrique qui continue sa lente déliquescence dont on se demande si elle pourra s’arrêter un jour.
Il y a de la tendresse chez ce Michel, pour ce Michel, de la part d’Alain Mabanckou.
Y a-t-il encore des Michel à Pointe-Noire susceptibles de devenir les Alain Mabanckou de demain ? Avec la même tendresse qu’on accorde aux souvenirs de petit garçon. Ou serait-ce alors avec l’amertume et la désillusion des garçons poussés au cœur du désespoir ?
UNE EDUCATION AFRICAINE
Critique de TRIEB (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 73 ans) - 14 mai 2012
Il semble que oui à la lecture de l’ouvrage d’Alain Mabanckou Demain, j’aurai vingt ans , qui relate l’enfance dans le Congo des années soixante-dix , d’un jeune garçon âgé de dix ans nommé Michel .Ce dernier est ainsi informé par son père adoptif , réceptionniste à l’hôtel Victory Palace , des échos de la politique internationale et de la situation de son pays , le Congo, qui accueille des touristes excessivement tristes selon son père : « C’est pas tout : il faut aussi bien faire rire les clients. Papa Roger a donc toujours un mot pour que ces Blancs rient car, dit-il, avec le froid qu’il y a là-bas en Europe les Blancs ne rient pas beaucoup. »
Michel est étonné des récits de son oncle tonton René, militant marxiste convaincu, qui tente en vain de l’initier aux rudiments d’un marxisme-léninisme transposé à grand-peine au cadre local congolais . Il éprouve de l’affection et de l’admiration pour cet oncle décidément infatigable, dont la force de conviction emporte son admiration d’enfant.
Un autre personnage du roman aiguise beaucoup sa curiosité, c’est Roger Guy Folly, journaliste à La Voix de l’Amérique, dont les interventions contredisent celles de l’oncle Roger, mais font connaître à cet enfant les premiers contours de la géographie mondiale, et le familiarisent avec les conflits et drames de l’époque : « Oui , Idi Amin Dada est vraiment un monstre plus méchant que le dragon . Moi, je n’ai plus envie de suivre son histoire que papa Roger veut nous forcer à écouter(…) Je ne peux pas quitter la table, on dirait un impoli sinon on va croire que moi Michel je ne veux pas m’informer sur ce qui se passe dans un pays de notre continent. »
Le jeune Michel est éveillé au sentiment amoureux par Geneviève, jeune fille séduisante mais inaccessible car promise à un autre homme, Yaya Gaston et de surcroît sensiblement plus âgée que lui . Il surprend un soir leurs ébats amoureux : « Ils parlent tout bas pour que je n’écoute rien. Mais pourquoi au lieu de crier au secours se met-elle à rigoler ? »
La fausse naïveté du personnage, le comique des situations, l’évocation de l’Afrique des années 70, et ses enthousiasmes postcoloniaux rattachent ce roman à la catégorie des Bildungsromane, les romans d’initiation, et le rendent hautement recommandable.
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