Le Fiasco du Labrador de Margaret Atwood
( Moral disorder)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Nouvelles
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"À la fin, on deviendra tous une histoire"
Beau recueil de nouvelles de la grande dame des lettres canadiennes-anglaises. L’ouvrage est tellement bien conçu, toutefois, qu’il pourrait être vu comme un roman. La colle finit par bien prendre, même si tout paraît enchevêtré au début. Au lecteur de replacer les pièces du puzzle.
Il s’agit de onze textes, largement autobiographiques, qui ont déjà paru, séparément, dans des publications de langue anglaise. Nous sommes en quelque sorte invités à consulter un album dans lequel, sous le couvert de Nell, son double, l’auteure relate ses souvenirs. Le regard juste auquel nous a habitué Atwood se porte sur la vie de campagne, la maladie, la vieillesse, la vie de couple, la solitude. Défilent sa jeunesse, ses études, sa vie à la ferme, son retour en ville. Défilent aussi des lieux géographiques: Toronto, l’Ontario rural, le Labrador… Chemin faisant, les mêmes réflexions que chacun se fait sur la route à emprunter, sur la suite à donner à sa vie.
Tout ça teinté d’un peu d’humour tranchant. Atwood raconte son passé, mais ne verse pas pour autant dans une banale nostalgie. Pourtant, le passé est important à ses yeux: «À la fin, on deviendra tous une histoire». Pas étonnant que deux nouvelles parlent de son père et de sa mère, qui finiront chacun leur vie au lit à se faire raconter des histoires sur leur passé. Pas étonnant non plus cette place accordée aux photos.
Les textes qui m’ont le plus plu sont ceux qui relatent la vie de Nell à la ferme, avec son conjoint Tig. Du véritable bonbon! Il y a place à l’humour, mais au drame aussi: la vie turbulente de sa sœur Lizzie, la chute d’Oona, l’ex-femme de Tig. J’ai beaucoup aimé aussi la nouvelle qui porte le même titre que le livre. Le père de Nell, maintenant vieux, est au lit et n’y voit plus très clair. Il aime toutefois entendre et réentendre l’histoire de ces deux aventuriers et de leur guide qui se lancent dans une expédition perdue d’avance dans les forêts sauvages du Labrador. Ça donne envie de lire l'histoire écrite en 1905 par Dillon Wallace.
Margaret Atwood nous livre donc ici un autre excellent ouvrage. Peut-être son livre est-il moins «difficile» que d’autres qu’elle a écrit, mais il n’en reste pas moins très bien pensé et intéressant.
Les éditions
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Le fiasco du Labrador [Texte imprimé], et autres nouvelles Margaret Atwood traduit de l'anglais (Canada) par Michèle Albaret-Maatsch
de Atwood, Margaret Albaret-Maatsch, Michèle (Traducteur)
R. Laffont / Pavillons (Paris. 195?)
ISBN : 9782221108567 ; 21,50 € ; 17/09/2009 ; 306 p. ; Broché -
Le fiasco du Labrador [Texte imprimé], et autres nouvelles Margaret Atwood traduit de l'anglais (Canada) par Michèle Albaret-Maatsch
de Atwood, Margaret Albaret-Maatsch, Michèle (Traducteur)
10-18 / 10-18
ISBN : 9782264054111 ; 7,50 € ; 15/03/2012 ; 285 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (9)
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Une vie éclatée
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 17 septembre 2012
Individuellement chaque nouvelle est agréable à lire, style et propos, ça me plait. Mais, quelques jours après avoir refermé « Le fiasco du Labrador », je suis même bien en peine d’en faire une critique consistante ! Embêtant ça.
Le personnage principal de tout ceci est Nell, la narratrice. Narratrice au même titre que Margaret Atwood, d’où l’idée que Nell … ?
Elle nous confie des morceaux de son enfance, sa vie de jeune femme, de femme mariée, de femme plus vieille, avec des incidences plus ou moins marquées vers des sujets en rapport avec sa vie, vers ses parents, jeunes et vieux. Encore une fois, chaque morceau m’a intéressé. Mais les agencer ? Pas facile. Elle nous perd, Margaret, et c’est dommage …
Nell. Son mari Tig. Oona, l’ex de Tig. Lizzie la sœur de Nell. La mère et le père de Nell et Lizzie. Des collègues de travail du père de Nell. Des aventuriers en quête de nature vierge au Labrador (le fameux fiasco), … des protagonistes variés qui sont censés tous se ramener d’une manière ou d’une autre à Nell. Mais Dieu que c’est épars !
Fragments de vie éparses
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 7 septembre 2012
C’est un récit plat, parfois teinté d’humour mais il ne s’en dégage rien que l’on puisse signaler. Je ne vois vraiment pas quoi en tirer de particulier.
IF-0912-3948
Bonne surprise
Critique de Shan_Ze (Lyon, Inscrite le 23 juillet 2004, 41 ans) - 25 juillet 2012
Et si la vie était le personnage principal de ce roman ?
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 5 juillet 2012
Ce recueil de nouvelles a un fil conducteur, cela pourrait parfaitement être un roman avec quelques sauts temporels. Nell est le personnage central de cette oeuvre, personnage que l'on suit à travers diverses époques, à travers divers lieux et en compagnie de diverses personnes de son entourage proche. On fait donc la connaissance de Tig, l'homme qu'elle aime, d'Oona l'ex femme de Tig, Lizzie la soeur fragile de Nell ...
Margaret Atwood peint tout simplement la vie, la même que nous menons ou que nous pourrions mener, avec ses heurts, ses joies, ses émotions. La force des évocations repose sur la magie du style de l'auteure. Avec précision, le lecteur parvient à imaginer les tableaux peints. Tout devient pittoresque. M.Atwood donne à sentir les ambiances, les couleurs, les bruits. Elle crée des atmosphères en utilisant essentiellement des allusions végétales et des éléments visuels.
La maladie, la vieillesse, le divorce, l'hypocrisie, les blessures mortelles d'animaux sont évoqués, des sujets lourds qui pourraient angoisser le lecteur, mais l'humour désamorce souvent certaines scènes tragiques.
Une évocation touchante de l'existence.
Aquarelles d'une vie !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 7 avril 2012
Je partage à 100% l'excellente critique de Débézed.
L'auteur dresse une série de peintures sur des étapes majeures de la vie de Nell au Canada.
L' enfance, l'adolescence, la vie de femme et la lente conscience du déclin en observant l'inexorable déchéance physique et mentale de ses parents .
Quelques aquarelles floues , sans relief, ni piment.
Une vie banale... mais une vie quand même .
Je dois avouer m'être passablement ennuyé à la lecture de ce roman , pourtant organisé en courtes histoires.
Le style est agréable mais le fond , d'une banalité sans nom .
La vie de millions de gens sur terre avec ses joies , ses peines , ses accidents , ses controverses.
Pas de quoi fouetter un chat !
Une sélection CL que je vais m'efforcer d'oublier au plus vite.
À la fin, on deviendra tous une histoire
Critique de Mandarine (, Inscrite le 2 juillet 2010, 52 ans) - 23 février 2012
Vous trouverez dans ce livre, un succession de ce que j'appellerais des "moments de vie". Ces courts chapitres ne sont pas des nouvelles (si on reprend la définition : il n'y a pas de chutes, le sujet n'est pas forcément prenant ...). Et bien alors, y' a quoi dans ce livre, me direz vous ????
Il y a encore beaucoup de choses, des personnages attachants, une histoire de famille, des vies qui se croisent, qui se cherchent. Il y a des moments de tristesse, des moments de joie et ces autres moments qui restent à jamais gravés dans notre tête et qui n'ont d'intérêt que pour ceux qui les ont vécus (je pense au chevalier sans tête par exemple).
Voilà ce qu'il me plaît, c'est que ce livre n'est "que" le reflet de vies, pas forcément bien rangés ou logiques. Et ces moments de vies sont sans prétention et pourtant je trouve qu'ils sont très bien rendus avec cette narration un peu poétique d'Atwood. Le fiasco du labrador m'a particulièrement touchée : ce jeu parallèle entre l'histoire du livre et l'histoire réelle est un délice !
Ce livre, au début, je dois avouer, n'était pas dans mes priorités (le titre ne me plaisait pas, sans parler de la couverture, ce livre ne faisait pas l'unanimité des CLiens), mais faisant partie de la sélection 2012 CL, ce livre "devait" être lu ... Et c'est avec un grand regret que j'ai tourné la dernière page.
A vous de vous faire une idée !!! Bonne lecture !
Sans étincelles
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 29 janvier 2012
Bien que la collection semble décousue, Nell serait le fil conducteur de toutes ces histoires. Une sorte d’archétype pour présenter les différents rôles de la femme. Mais cela n’est pas clair et certainement mal véhiculé par l’auteur. De même, le ton apocalyptique se prête mal à ces chroniques souvent ternes. Il n’y a pas de meurtres ni de violence psychologique ou physique alors la gravité de l’ambiance devient totalement décalée.
Le titre original « désordre moral » représente mieux le livre sans être tout à fait exact. Atwood a un talent certain, d’ailleurs de nombreux tableaux sont intéressants. L’ensemble toutefois ne tient pas la route.
Décousu
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 18 janvier 2012
J'ai donc pris ce roman comme tel (noté d'ailleurs sur la page de garde); en me disant que si la première n'était pas passionnante, d'autres me séduiraient davantage.
Mais, contrairement aux apparences, ce n'était pas des nouvelles que j'étais en train de lire mais des chapitres de vie – autobiographiques selon la quatrième de couverture-.
La personne âgée du premier chapitre est donc la même personne que l'on retrouve chargée de famille auprès d'une mère supportant mal sa grossesse ou d'un bébé caractériel.
Nous allons donc reconstituer sa vie en ayant, presque à chaque chapitre, l'impression de commencer une autre histoire.
A relever quelques expressions savoureuses « l'épinosité et la sangsunesse du mariage » ou « les jeunes épouses en mode Echap » qui permettent d'apprécier le travail de la traductrice.
Troisième roman de cette auteure (Le tueur aveugle en 2003, Le dernier homme en 2006) dont je n'avais et n'ai toujours pas de souvenirs de lecture, je pense que celui-ci rejoindra les deux autres dans la case « livres que j'ai oubliés ».
Désordre moral
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 27 décembre 2011
La vie d’une femme de la deuxième moitié du vingtième siècle qui pourrait être considérée comme une allégorie de la population canadienne possédant encore quelques uns des gènes des pionniers qui ont construit le pays, mais qui sombrerait doucement dans une certaine forme de décadence évoquant la langueur et le renoncement qui prévalaient dans les mouvements hippie des années soixante-dix.
Un recueil de nouvelles qui prendrait la forme d’un roman sous l’œil perçant de Margaret Atwood qui a le don de l’observation des gens, de leur environnement, de leurs sentiments, de leurs émotions et de leur comportement dans une société délétère où les familles se défont, se recomposent, mal, où les mœurs se dégradent, oubliant les vertus des pionniers mais banalisant certaines déviances comme l’usage de la drogue. Un recueil qui décortique tous les passages importants d’une vie : l’enfance, l’adolescence et le passage à l’âge adulte, les premiers émois de la chair, la formation et la décomposition des ménages, l’entrée dans la dépendance et la fin de la vie. Un regard qui embrasserait l’ensemble d’une existence et des rites de transition entre les différents âges dans une société décadente qui aurait oublié ses valeurs et ses fondements. Un peuple de pionniers à l’arrêt qui se ramollirait progressivement et inéluctablement.
Un projet ambitieux qui m’a vite intéressé et qui m’a même, à un certain moment, emballé mais, hélas, le rythme a rapidement baissé, le texte s’est essoufflé, et ma lecture est, elle, devenue plus laborieuse, moins passionnée, même si le style de l’auteur et la judicieuse construction du recueil ne sont nullement en cause. C’est simplement le projet littéraire que j’avais cru deviner au départ qui s’est évanoui peu à peu, avant même la moitié du livre, pour disparaître totalement, ou presque, dans les dernières nouvelles. Mais c’est peut-être moi qui me suis égaré au milieu de ses textes, dommage j’aimais bien l’idée que j’avais forgée au début de cette lecture.
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