Juste pour le plaisir de Mercedes Deambrosis

Juste pour le plaisir de Mercedes Deambrosis

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Policiers et thrillers , Littérature => Romans historiques

Critiqué par Patman, le 8 octobre 2009 (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 534ème position).
Visites : 4 278 

Puzzle macabre

Il faut bien l'avouer, j’ai bien failli ne pas lire ce livre, décontenancé en début de lecture par ce puzzle de petits paragraphes (on ne peut pas appeler ça des chapitres) qui se succédaient à toute allure et sans lien apparent entre eux. Heureusement, ce rythme effréné fait qu’on se retrouve à la page 80 sans s’en rendre compte et arrivé là on se dit que, tout compte fait, on ira bien au bout…et on fait bien !
L’action se situe en des lieux (Espagne, France, Pologne, Allemagne) et à des époques différents (40-45 d’une part, 1987 d’autre part), les personnages ne semblent pas avoir de rapport entre eux et pourtant petit à petit ils s’entrecroisent parfois sans se (re)connaître. Il y a Simon Lambert, policier parisien embarqué à collaborer malgré lui dans la rafle du Vel’ d’Hiv’ tout en menant une enquête sur un triple meurtre commis à Montreuil, Zacharie Poletti, alias Edouard Gaillard, alias… qui change d’identité et de nationalité au gré des circonstances, tueur froid et machiavélique à l’aise dans ce monde des années noires de la guerre d’Espagne puis du 2ème conflit mondial, il y a aussi le capitaine Rivet, geôlier aigri depuis 30 ans du septième prisonnier à Spandau, Adelaïde Meïer, née Ziegler, Otto Coblenz, Désiré et Germaine Cottencin, les d’Armentières, le docteur Simonot et plein d’autres personnages tous confronté à la violence (physique ou morale) par choix pour certains, par lâcheté pour d’autres ou par malchance pour la plupart. Cruels ou désabusés, misérables pantins manipulés par un destin implacable, ils luttent comme ils peuvent pour survivre. Y aura-t’il un gagnant ou seulement des perdants au grand jeu de la vie ?
Au final 460 pages d’une écriture vive et efficace que l’on ingurgite goulûment plus comme un thriller que comme un roman historique. Il y a par moment un petit air de déjà lu (« La Nuit des Généraux » de Hans Helmut Kirst, excellent roman racontant l’histoire d’un flic français et d’un ex-officier allemand qui pistent un tueur sadique 20 ans après la guerre) mais le plaisir est là, même si le sujet est grave. Un bon gros roman à lire « juste pour le plaisir »

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Kaléidoscope.

7 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 19 mars 2010

Kaléidoscope. Comment définir autrement ce gros roman qui s’apparente aussi bien au roman d’histoire récente (la seconde guerre mondiale) qu’au polar ? Kaléidoscope car Mercedes Déambrosis a eu une grosse ambition ; celle de nous conter parallèlement une enquête menée pendant notre époque contemporaine (1980 – 1990) qui trouve ses racines dans des évènements survenus pendant la seconde guerre mondiale, et les dits évènements en 1940 – 1945.
Elle nous les conte parallèlement mais surtout de manière très fragmentée, très éclatée. Trop à mon goût parce que j’ai eu beaucoup de mal à retrouver mes petits. Beaucoup d’histoires, beaucoup d’intervenants, une complexité telle qu’il faut être extrêmement concentré pour tout « rabouter ».
En fait tout tourne autour d’un homme qui prendra de multiples identités, dès la période de la guerre et qui prendra surtout goût au sang, profitant des errements de l’époque pour tuer, apprendre à tuer, y goûter et ne plus pouvoir arrêter.

« Il préfère Zach à Zacharie.
Ici, il passe pour un espagnol. Brun, carré, les joues recouvertes d’ombre. En traversant la frontière il a tout de suite été dans le bain, pas besoin de lui faire un dessin, ni un discours. Les discours il en a soupé, chez lui, à l’école, avec les commissaires politiques, avec les filles. Maintenant il sait les faire taire. Il a tout compris.
Il n’était pas manchot au couteau, il s’en est servi. Le commissaire politique a été le premier.
La mort, on s’en fait une drôle d’idée. Pourtant, rien à dire. Il n’y a rien à dire. Juste « avant » et « après ».
C’est beau le sang, chaud, mousseux. Tout dépend de l’endroit où la lame s’enfonce. Dans le cou, les reins, le ventre, le cœur. Les possibilités sont infinies. Il ne peut pas toujours choisir, il n’a pas toujours le temps. Mais il préfère le cou, la petite mousse, le gargouillis gai comme le champagne. »

Soit donc un monstre qui va tuer, abondamment, gratuitement souvent, pour faire souffrir, pour « le gargouillis gai du champagne », à multiples époques et notamment pendant la guerre. Soit une foultitude d’intervenants au gré des besoins de la narration. Soit Simon Lambert, policier parisien qui commence sa carrière par une collaboration avec les nazis au moment de la rafle du Vel d’Hiv, et qui croisera la route très tôt – non, pas la route, la piste – du tueur avec une enquête qui n’aboutira pas du meurtre de trois très jeunes femmes à Paris exécutées au couteau. Un Simon Lambert qui, sur la fin de sa carrière, parviendra - ou fera tout pour y parvenir – à comprendre qui, comment, à défaut de pourquoi.
Un sacré ouvrage qui a dû demander beaucoup de notes, de préparation, de concentration mais qui, au final, s’avère tout de même délicat à appréhender. Dommage, c’est une belle écriture, aisée à lire mais pas « bradée ». Un ouvrage d’envergure.

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