Les éclaireurs de Antoine Bello
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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La vérité n'est pas forcément ailleurs
Je retrouve avec un plaisir non dissimulé Sliv et ses aventures au sein du CFR. Pour ceux qui ne connaissent pas, voyez ma critique du volume précédent, Les Falsificateurs.
Il est possible de résumer l’intrigue en une date : 11 septembre. En effet, il est impossible qu’une organisation telle que le Consortium de Falsification du Réel ne soit pas intervenu d’une manière ou d’une autre dans cet événement.
Ce qui est intéressant, c’est que l’auteur, Antoine Bello, un français vivant aux USA depuis 2002, au lieu de placer son héros en plein dans l’action (il aurait pu être à Manhattan ce jour-là par exemple), décide de le mettre derrière la ligne de front. C’est ainsi que Sliv découvre ce qui se passe depuis le Soudan où il se trouve pour assister à une cérémonie de mariage. Notre héros est donc chez « l’ennemi », je prends des pincettes en utilisant ce mot, au moment où les avions s’écrasent dans les tours jumelles.
Cet épisode tragique est le moteur de l’action, le fil rouge autour duquel s’articule toutes les intrigues secondaires. Mais cette intrigue elle-même est subordonnée à une autre, impérieuse, qui guide notre héros depuis le volume précédent : la finalité du CFR. Le 11 septembre sera le coup d’accélérateur funeste qui mettra Sliv sur la voie de la vérité.
Antoine Bello le reconnaît, son héros est son alter ego : intelligent, passionné, rationnel qui passe beaucoup de temps à se remettre en cause dans sa quête de vérité. Malheureusement, cette façon de concevoir son personnage engendre de fait une certaine naïveté qui tourne parfois à l’excès de bon sentiments.
Parallèlement, l’auteur a eu une excellente idée en choisissant l’Islande comme lieu de naissance de Sliv. Citoyen d’un des pays les plus petits du monde, il ne peut se lire ni se comprendre grâce à un prisme préexistant. Imaginez qu’il fut américain, russe ou français par exemple. Ces trois nations sont trop porteuses de clichés, leurs identités nationales sont trop fortes pour que le héros puissent n’être que lui-même. De plus, d’autres personnages sont là pour incarner ces visions nationales, tel que le personnage de Harvey, un Américain plus traumatisé par les causes et les conséquences des attentats que par les attentats eux-mêmes.
Le lecteur ne sera pas déçu par ce roman qui apporte énormément d’informations et qui garde un souffle narratif important : peu de temps morts, pas mal de vitalité dans le récit et une démonstration de logique imparable dans la révélation de la finalité du CFR et de son implication dans les événements du 11 septembre.
J’ai lu que ce roman est une sorte de curiosité littéraire en ce sens qu’il n’appartient pas à un genre en particulier. Cela est tout à fait exact. Il ne s’agit pas à proprement parler de roman policier, ni de science-fiction, ni d’anticipation… A mon avis, les deux volumes se rapprochent plus d’une série télé comme X Files, les divagations surnaturelles et extra-terrestres en moins et c’est tant mieux.
Les éditions
-
Les éclaireurs [Texte imprimé], roman Antoine Bello
de Bello, Antoine
Gallimard
ISBN : 9782070124268 ; 21,30 € ; 05/02/2009 ; 477 p. ; Broché -
Les éclaireurs [Texte imprimé] Antoine Bello
de Bello, Antoine
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070437733 ; 8,10 € ; 02/09/2010 ; 488 p. ; Broché
Les livres liés
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Décevant
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 4 septembre 2016
Je passe sur la réutilisation du 11 septembre et de la guerre en Irak : certains pourront trouver de mauvais goût, mais en même temps de tels événements ne pourraient laisser le CFR indifférent : c’est donc assez légitime même si on peut contester le traitement.
Ce qui me déçoit franchement, c’est le manque de profondeur, de réalisme. Les personnages sont tous caricaturaux, dominés par un ou deux traits de caractère. Sliv donne toujours l’impression d’un débutant parfois un peu maladroit (après 14 ans de service), son intégration précipitée au sein du Comex manque totalement de sérieux : si c’est comme ça que se fait la cooptation-promotion à la tête du CFR, pas étonnant que les 6 membres du Comex donnent l’impression d’être une bande de pieds nickelés !
Je confirme donc mon impression après le 1er tome : Antoine Bello n’a pas les talents de scénariste et de falsificateurs qu’il prête à ses héros quand il s’agit de rendre crédible son récit.
Même si c’est une lecture facile qui détend, je regrette d’avoir acheté ce 2ème opus et ne comprends pas comment il a pu avoir un prix France Culture – Télérama, sauf à ce que le jury ait été séduit par la charge anti-américaine sur la préparation de la 2de guerre en Irak.
Du changement dans la continuité
Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 4 novembre 2015
Cette suite est très efficace avec une intrigue puisant dans l'actualité, un rythme soutenu et une intrigue accrocheuse. Ce volet apporte également des réponses astucieuses sur le mystérieux CFR.
Et surtout il nous donne l'envie de continuer l'aventure.
Fonctionne toujours aussi bien
Critique de Monito (, Inscrit le 22 juin 2004, 52 ans) - 10 février 2013
Au travers des événements post 11 septembre et de l’intervention américaine en Irak, cette mise en perspective fait à la fois froid dans le dos et rafraichit la mémoire.
Le style et la méthode quasi cinématographique fonctionnent à merveille et je m’étonne encore qu’il n’y ait pas eu d’adaptation.
Moins bon que le premier volume
Critique de Laurent63 (AMBERT, Inscrit le 15 avril 2005, 50 ans) - 7 décembre 2010
Dommage, j'aurais aimé que les aventures continuent au même rythme que dans les Falsificateurs, mais malheureusement l'auteur a fait le choix d'orienter son roman sur un sujet bien précis, ce qui gâche le plaisir que le lecteur a pu trouver auparavant.
C'est un bon roman, bien écrit, avec des rebondissements sympathiques, mais voilà je reste sur ma faim. Ayant passé un moment extraordinaire avec le premier volume, je m'attendais a être comblé avec le deuxième, d'autant plus que les critiques étaient plus favorables au second, pour ma part c'est l'effet inverse, le premier était grandiose et le second très moyen.
La suite des Falsificateurs
Critique de HakuRyoku (, Inscrit le 9 juin 2010, 60 ans) - 22 novembre 2010
Génial
Critique de Nanardstef (, Inscrit le 6 juin 2008, 47 ans) - 21 octobre 2010
Il faut considérer ce livre comme un éclairage particulier et romancé de la géopolitique moderne ; non comme un manifeste.
Cet écueil passé, on passera un bon moment et on réfléchira malgré tout sur les parts de vérité (romancées) que pourrait contenir cet ouvrage.
Une suite qui tient ses promesses
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 31 août 2010
Les Falsificateurs étaient le roman de l’initiation de Sliv, jeune surdoué gravissant l’échelle des responsabilités et manquant de se faire broyer entre deux rouages pour finalement se retrouver tout près du sommet. Les Éclaireurs sont, par contre, le roman de son émancipation et de sa chute. Le héros nous éblouit encore à coups de scénarios proprement bluffants, et à force de côtoyer les sommets, va progressivement découvrir la raison d’être du CFR.
Après l’ascension et la découverte de son nouveau jouet, le héros va ici se brûler les ailes. Cette suite tient se promesses, mais la surprise engendrée par la lecture des « falsificateurs » n’est plus présente. Ce deuxième volume s’attaque plus à la psychologie des différents personnages, là où le premier tome nous faisait découvrir ce dont le CFR était capable et multipliant les exemples les plus étonnants.
De la nécessité de falsifier le réel...
Critique de Lu7 (Amiens, Inscrite le 29 janvier 2010, 38 ans) - 15 mars 2010
Le travail de falsification et de documentation réalisé par l'auteur est remarquable, et la façon dont évoluent ses personnages dans ce contexte tendu est rythmée, sans temps mort.
Pour moi, Les Eclaireurs surpasse Les Falsificateurs en inventivité, en suspense, en émotion même.
Et quelle agréable surprise de n'avoir pas été déçue par le dénouement !!
Vraiment, chapeau !
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