Marie-Antoinette de Stefan Zweig
(Marie Antoinette, Bildnis eines mittleren Charakters)
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Littérature => Européenne non-francophone
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Chronique d'une mort annoncée
C’est sans concession que Stephan Zweig commence à brosser le portrait de l’étourdie Reine de France qu’était Marie-Antoinette. Il la décrit comme l’histoire s’en souvient : oisive, frivole et dépensière. Pourtant, Zweig y ajoute une touche d’humanité aidée par une étude psychologique intéressante du personnage.
Plutôt que de la charger de tous les maux que connaissaient la France de l’époque, Zweig nous présente une archiduchesse d’Autriche, futur dauphine de France, expatriée à 14 ans et mariée à l’inconnu qu’est pour elle le futur Louis XVI, qui s’avèrera faible, indécis, timide et maladroit.
Une longue partie consacrée à la soif des plaisirs et la frivolité d’une jeune sotte, dont les vices soigneusement entretenus ont trouvé à s’épanouir grâce à un entourage envieux et malveillant, est certes divertissante. L’instant où tout bascule n’est pas clairement défini. L’insouciance est maîtresse jusqu’à ce que les mots terribles soient prononcés : "C’est une révolte ? Non, Sire, c’est une révolution".
Et commence alors le moment le plus intéressant, le plus poignant, qui révèle la femme dans toute sa profondeur. Une femme qui d’abord, refuse fièrement de s’incliner devant la Révolution pour l’honneur de la noblesse (qui se détournera lâchement d’elle) et ensuite pour que son fils soit reconnu comme héritier légitime du trône de France. Réputée pour son manque de curiosité et son manque d’intelligence, elle se révèlera pourtant d’un courage exemplaire et d’une subtilité étonnante face à tous les évènements qui aboutiront à la conduire devant ses juges pour qui elle était déjà condamnée.
On se prend de sympathie pour cette femme qui, après avoir connu et abusé de tous les privilèges que lui conférait son statut de souveraine, a essuyé ensuite toutes les avanies et mortifications au nom d’une Liberté et d’une Justice qui ont brillé par leur violence et leur iniquité. En voulant décapiter la Reine de France, ni la femme ni la mère n’auront été épargnées par des accusations aberrantes qui ont pourtant eu leur poids dans la balance de la culpabilité. Car, on le comprend clairement, le but de cette exécution était moins de "couper" tout lien avec le dernier vestige de la monarchie que de se débarrasser d’une otage encombrante. Marie-Antoinette, ex-Reine de France aura été jugée et condamnée à mort dans un procès de façade et malhonnête.
Enfin, Stefan Zweig justifie ainsi son approche humaine du personnage : "Nos idées relatives aux droits humains et moraux de la femme, le hasard l’eût-il faite reine, étant beaucoup plus large aujourd’hui qu’hier, nous sommes plus sincères et la vérité psychologique nous fait moins peur ; nous ne croyons plus, comme la génération précédente, que pour qu’on s’intéresse à un personnage historique il soit nécessaire de l’idéaliser à tout prix, d’en faire un héros sentimental ou autre, d’estomper les traits essentiels de son caractère et d’en exalter d’autres jusqu’au tragique. La loi suprême de toute psychologie créatrice n’est pas de diviniser mais de rendre humainement compréhensible ; la tâche qui incombe n’est pas d’excuser avec des arguties mais d’expliquer. Cette tâche a été tentée ici sur un être moyen qui ne doit son rayonnement en dehors du temps qu’à une destinée incomparable, sa grandeur intérieure qu’à l’excès de son malheur, et qui, je l’espère du moins, sans qu’il soit besoin de l’exalter, peut mériter, en raison même de son caractère terrestre, l’intérêt et la compréhension du présent." Ces lignes ayant été rédigées dans les années 30.
Objectif atteint en ce qui me concerne : Marie-Antoinette, ni ange ni démon… Seulement un être humain pétri d’ombre et de lumière. Un destin tragique et passionnant écrit de façon magistrale.
Les éditions
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Marie-Antoinette [Texte imprimé] Stefan Zweig trad. de l'allemand par Alzir Hella
de Zweig, Stefan Hella, Alzir (Traducteur)
le Livre de poche / Le Livre de poche.
ISBN : 9782253146698 ; 7,90 € ; 01/01/1999 ; 506 p. ; Poche -
Marie-Antoinette [Texte imprimé] Stefan Zweig traduit de l'allemand par Alzir Hella préface d'André Billy
de Zweig, Stefan Hella, Alzir (Traducteur)
Archipoche / Archipoche
ISBN : 9791039204439 ; 9,95 € ; 11/01/2024 ; 512 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (14)
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Moitié-moitié
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 30 juillet 2017
Stephan Zweig ne trouve aucune excuse au comportement de la jeune Marie-Antoinette, et moi – sans avoir la prétention de le contredire – je lui en trouve quelques-unes : cette gamine de quatorze ans était auréolée du charme des jeunes adolescentes, elle était ravissante et on la condamnait à mourir d’ennui dans cette horrible cour de Versailles, peuplée de vieux messieurs tristes et snobs comme des pots de chambre ; elle était accaparée par ses tantes, les trois vieilles filles acariâtres de Louis XV, dont elle devait subir les radotages à longueur de temps et elle aurait dû faire la révérence devant la du Barry, cette poissarde entretenue par le Roi ! C’en était trop !
On la condamnait à s’éteindre dans les galeries de Versailles et, avec son joyeux Trianon, elle avait choisi la vie. On peut la comprendre. Bien sûr, elle aurait dû écouter les conseils de sa digne mère, l’Impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, qui lui recommandait d’être moins frivole et, surtout, moins dépensière, mais à mon avis, son jeune âge pouvait expliquer son étourderie.
Et puis je pense que, dans cette biographie, Louis XVI est méchamment caricaturé : certes, il devait manquer de caractère et d’esprit de décision. Mais je ne crois pas que c’était l’imbécile décrit par Stephan Zweig et, là aussi, sans soucis de le répéter à chaque fois qu’il parle de lui. Par contre le double jeu joué par ses frères, les futurs Louis XVIII et Charles X, est très bien expliqué et très révélateur de ce nid de vipères où vivaient les Bourbon.
Après Versailles et Trianon, quand le couple royal est ramené de force à Paris, la biographie prend de la hauteur ; Marie-Antoinette, devient un modèle d’abnégation et se trouve bientôt portée à l’héroïsme. Mais nous sommes déjà à la moitié du livre.
On ne peut pas dire qu’on s’est ennuyé jusque là, il y a eu des passages remarquablement bien racontés ; par exemple, l’arrivée de Marie-Antoinette en France, l’affaire du collier et le grand amour de Fersen… mais cette première partie ressemble un peu trop aux cancans des magazines des familles royales que lisent nos belles-mères les longues soirées d’hiver.
Quelques personnages intéressants passent dans le récit : Necker, Mirabeau, La Fayette, Desmoulins, Danton… mais, à mon goût, ils passent trop vite.
Stephan Zweig a choisi de raconter tous les événements de la Révolution à travers le regard de Marie-Antoinette. Personnellement j’aurais préféré qu’il remette Marie-Antoinette dans les événements de la Révolution, comme il l’a si bien fait pour Joseph Fouché. C’eut été une biographie moins psychologique mais plus historique.
En résumé, ce livre a des longueurs et des redondances mais il n’est jamais ennuyeux. Certains passages sont des morceaux d’anthologie comme seul Stephan Zweig peut les raconter. Finalement, avec cette biographie, les amateurs de psychologie seront comblés ; pour les amateurs d’Histoire, ce sera moitié-moitié.
absolument génial
Critique de Krys (France-Suisse, Inscrite le 15 mars 2010, - ans) - 21 mai 2017
Je conseille de poursuivre cette lecture avec la biographie de Fouché, du même auteur.
Passionnant du début à la fin
Critique de Bebern (, Inscrite le 20 juin 2016, 65 ans) - 11 juillet 2016
Un peu déçu...
Critique de Vigneric (, Inscrit le 26 janvier 2009, 55 ans) - 23 septembre 2014
Et l'histoire
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 16 juillet 2014
Un livre indispensable.
Critique de Sotelo (Sèvres, Inscrit le 25 mars 2013, 41 ans) - 15 juillet 2014
Là où le romancier rencontre l'écrivain
Critique de Florian1981 (, Inscrit le 22 octobre 2010, 43 ans) - 12 mars 2013
Ni hagiographie ni pamphlet, le livre est assez équilibré sur le personnage, ne ménageant pas les critiques sur sa frivolité mais rendant hommage à sa forte personnalité et sa dignité confrontée à la chute de la royauté. Néanmoins on sent tout de même poindre la bienveillance affichée par l'auteur vis à vis de la reine déchue.
Stefan Zweig a réalisé un impressionnant travail d'historien, c'est une évidence! Malgré tout, il s'agit d'une biographie très largement romancée, où les sentiments -réels ou supposés - prennent largement le pas sur les faits historiques.
Ainsi, il n'hésite pas à proclamer que l'aspect psychologique doit prendre le pas sur l'absence de preuves historiques... Un peu gonflé pour des supputations pas toujours bien étayées non?
Un superbe livre.
Critique de Alexis (, Inscrit le 3 août 2012, 47 ans) - 3 août 2012
passionnant
Critique de Livin on a prayer (, Inscrite le 31 mai 2012, 41 ans) - 31 mai 2012
Frivole et digne
Critique de Emira17 (/, Inscrite le 9 juillet 2010, 27 ans) - 9 janvier 2012
J'ai eu récemment les biographies écrites par Stefan Zweig : "Marie-Antoinette" et "Marie Stuart".
J'ai d'abord été étonnée de la précision du portrait de la reine puis je me suis prise de sympathie pour son pauvre mari, Louis XVI, représenté comme faible, balourd et peu intelligent. Louis XVI est quelqu'un de plus nuancé mais Zweig l'a dépeint comme coupable de son échec conjugal. Mis à part ça, la dernière partie reste la plus passionnante, celle où Marie-Antoinette se révèle, se dévoile telle qu'elle est. Son courage n'aura d'égal que sa dignité et c'est avec courage et dignité également qu'elle affrontera la mort, peut-être comme une délivrance.
Portrait d'une femme
Critique de Hamilcar (PARIS, Inscrit le 1 septembre 2010, 69 ans) - 12 décembre 2011
Stefan Zweig nous fait un portrait de Marie-Antoinette en toute objectivité, brossant une période d’insouciance dont son désintérêt pour les choses de l’Etat accentue la légèreté de la reine jusqu’au point de la présenter frivole et cupide. Une jeunesse éclairée par les fastes de la couronne, auprès d’un mari, Louis XVI, inconsistant mais qui lui passe tout, fera de Marie-Antoinette dans les esprits de ses sujets, une débauchée dépensière quant elle ne sera pas taxée des vices les plus ignobles. Stefan Zweig nous rapporte ici l’opinion d’un peuple, pas sa vision propre.
Et puis il y a cette femme, cette mère de famille assagie qui finit par se dresser, mais tardivement, quand le destin décidera de son sort misérable. Elle aura subi les affronts les plus durs, l’ignominie la plus totale, jusqu’au supplice. L’éradication des symboles monarchiques nécessitait-il le martyre d’une femme ? Loin de se complaire dans un révisionnisme du procès, Zweig tire des conclusions par une étude psychologique qui efface à elle seule l’image d’une gorgone qu’il fallait bien abattre. Marie-Antoinette devient alors une de ces trop nombreuses victimes d’une révolution dont l’idéal se forgeait par l’horreur et l’inhumanité.
Marie-Antoinette sortirait-elle grandie dans nos livres d’histoire sans cette fin tragique ? Sans doute non. Elle ne fut certainement pas la reine appropriée pour élever son roi, timide en décisions, presque contraint de régner. Elle fut futile et linotte, dénigrant ses responsabilités, mais courageuse et battante quand l’ombre de la guillotine s’est étendue vers elle.
Ce livre est une référence et la patte de Stefan Zweig toujours autant précise.
Un couple à contre-emploi
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 23 octobre 2009
Manipulée par un entourage malveillant, elle oriente, sans le chercher pleinement, un époux faible et couard.
Est ici dressé un portrait aussi long et précis qui a dû demander un temps impressionnant de recherches. Le résultat ne s'en avère pas moins objectif et d'une grande analyse psychologique, ce qui constitue une qualité sans faille de Stefan Zweig, comme en témoignent ses nouvelles et la biographie de Marie Stuart.
Le lecteur rentre à Versailles et a l'impression de côtoyer la Reine. Cette oeuvre est brillante et passionnante.
Merci à Miss Teigne qui m'a définitivement convaincu de m'y plonger, alors que j'étais déjà inconditionnel de l'auteur, dont j'en suis à la quatrième biographie, après avoir découvert nombre de ses nouvelles.
très bonne précision
Critique de Lys10 (, Inscrite le 24 février 2009, 31 ans) - 27 septembre 2009
Passionnant!
Critique de Rouchka1344 (, Inscrite le 31 août 2009, 34 ans) - 31 août 2009
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Marie-Antoinette, Zweig et une Miss... | 6 | Saint Jean-Baptiste | 30 octobre 2008 @ 13:06 |