La peste de Albert Camus
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Système et systèmes
La peste chez Camus est symbolique du repli sur soi...c'est à dire ne pas pouvoir communiquer avec d'autres systèmes ( groupes ) que le sien. a la longue, on verra que s'ensuivra un genre de névrose collective...
La peste, pour moi, c'est un peu l'image des sacrifices que l'on fait par rapport aux fausses idoles, au "veau d'or": religion, argent et caetera. Ne pas voir plus loin que chez soi aboutit à cette névrose dont il est difficille d'échapper. Dès qu'on approche que ces veaux d'or, on est rapidement contaminé...alors ou on se contamine ou on vit dans une certaine forme de parano...dur à vivre, camus nous le montre bien. Tel est l'intérêt de ce livre. Encore une fois, camus se sert d'une histoire pour mieux nous métaphoriser le monde dans lequel nous vivons.
Les éditions
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La peste [Texte imprimé] Albert Camus [dossier par Yves Ansel]
de Camus, Albert Ansel, Yves (Editeur scientifique)
Gallimard / Folio plus (Paris).
ISBN : 9782070394388 ; 2,97 € ; 01/01/1996 ; 406 p. ; Poche -
La Peste [Texte imprimé] Albert Camus
de Camus, Albert
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070360420 ; 7,50 € ; 25/02/1972 ; 288 p. ; Poche -
La peste
de Camus, Albert Fellmer, Philippe (Illustrateur)
Rombaldi / Prix Nobel de Littérature
ISBN : SANS000001621 ; 01/01/1964 ; 335 p. ; Relié
Les livres liés
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Les critiques éclairs (39)
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Beaucoup de fond mais un peu d’ennui
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 14 août 2024
Très honnêtement, je n’ai pas été emballé plus que cela, malgré toutes les qualités que recèle le bouquin, qui supporte assurément plusieurs grilles de lecture. Alors bien sûr, on pense immédiatement à la pandémie du Covid et au confinement qui s’en est suivi. Sauf que là, on est dans la fiction, et que le mal dont il est question est la peste, une maladie qui avait ravagé l’Europe au Moyen-âge et fait, pour les besoins du récit, sa réapparition à Oran, une ville côtière d’Algérie, le pays natal de l’écrivain.
Le personnage central du récit est le docteur Rieux, un homme discret et taiseux, qui va s’engager très rapidement pour tenter d’endiguer l’épidémie en traitant les malades placés en quarantaine. Le contexte est très différent de ce que nous avons connu en 2020. Ici c’est juste une ville qui est touchée, et les mesures ne prévoient pas de confiner les gens dans leurs habitations et de porter un masque. En revanche, nul n’a le droit d’y pénétrer ou d’en sortir. Hormis le fait que la maladie est sans remède et provoque l’agonie de la plupart des contaminés, des familles vont se trouver coupées du reste du pays pendant de longs mois. De même, des couples vont être séparés, tel le journaliste Rambert dont la bien-aimée est restée en France. Dans la première partie du livre, celui-ci va tenter de fuir clandestinement, mais abandonnera au bout de plusieurs échecs et se résignera à se joindre aux équipes médicales dans la lutte contre l’épidémie.
Ce que je retiendrai surtout du roman, c’est la façon dont Camus nous montre, de façon très réaliste, comment une population en vient à s’adapter à une situation pénible et tragique, qui rend la mort omniprésente et sournoise, pouvant toucher n’importe qui à n’importe quel moment. On ne sait pas si cela se serait passé de cette façon dans la réalité, mais on a vraiment l’impression que Camus en a fait lui-même l’expérience. Ce qui frappe, c’est la manière dont il décrit la vie quotidienne. L’attitude des habitants, au départ affectés par le chagrin lié à la perte de leurs proches, semblent par la suite s’habituer à cette épée de Damoclès permanente et interminable. Comme si la peste engourdissait tout sur son passage, y compris les sentiments. Les larmes ne servent plus à rien, chacun s’attend à être désigné par la faucheuse à tout moment, laquelle frappe sans distinction. Le climat de lourdeur est très bien évoqué, dans une ville pourtant habituée aux chaleurs estivales, une ville progressivement dépassée par les événements, avec le nombre de cadavres qui ne cesse de croître.
L’acmé du livre se situe dans le passage où un enfant trouve la mort après une longue agonie, provoquant l’incompréhension. La tragédie étant vécue comme une injustice par les proches et les fidèles de l’église du quartier, le père Paneloux va tenter d’apporter une explication, s’attirant les reproches de certains. Ainsi, lors du prêche en hommage au jeune garçon, il enjoint ses ouailles à voir dans cette épreuve, si injuste soit-elle en apparence, un bénéfice pour les chrétiens et en quelque sorte de laisser tomber les amulettes protectrices et autres superstitions. Selon lui, « il fallait demeurer, et accepter de s’en remettre à Dieu, même pour la mort des enfants, et sans chercher de recours personnel. »
« La Peste » est reconnue généralement comme un grand livre écrit par un grand auteur. On peut aisément le concevoir, car il contient, à travers les personnages du récit, moult questionnements philosophiques et ontologiques de la part de cet écrivain athée qui ne rejetait pas en bloc la religion.
Mais si l’ouvrage est extrêmement riche et dense sur le fond, j’avoue m’être parfois ennuyé, et ce pour des raisons très concrètes. L’histoire reste tout de même assez monotone, sans réel fil rouge un tant soi peu captivant, même si certains argueront que cela correspond au propos, que c’est de cette façon que la peste a imposé son ombre paralysante sur toute une ville. Il y a également beaucoup de personnages-clés (tous masculins, mais c’était sans doute l’époque qui voulait ça…) dont la pertinence ne saute pas forcément aux yeux au premier abord (d’où peut-être la nécessité d’une seconde lecture), mais surtout, on peine parfois à se remémorer qui est qui, qui fait quoi. Les conversations sont souvent longues et globalement, le style reste assez ampoulé, au détriment de la fluidité.
Quoi qu’il en soit, j’espère me faire une idée différente en attaquant « L’Etranger », car je ne peux pas prétendre à ce stade que ce livre m’ait profondément marqué. Je peux accepter tout à fait l’idée d’une lecture difficile, du moment qu’on en retire quelque chose à la fin. Ce n’est malheureusement pas le cas ici.
Dommages collatéraux d'une épidémie
Critique de Gregou (, Inscrit le 20 février 2013, 38 ans) - 18 mars 2021
Les changements dus à un drame imprévu
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 30 juillet 2018
L'âme humaine est ici sondée dans ses tréfonds, dans sa noirceur et ses instincts de survie, quelque fois beaux. Le style est alerte et le ton rude. L'analyse reste intéressante, malgré l'âpreté assumée de son traitement.
Ce roman est suivi de la pièce L'Etat de siège, la scène se déplaçant de l'Oran des années 1940 à la Cadix médiévale.
Un jour peut-être
Critique de Lilule (baalon, Inscrite le 24 février 2006, 51 ans) - 1 novembre 2017
Décevantes retrouvailles
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 24 octobre 2015
Dans toute la première partie du récit, l'auteur ne parle pratiquement que de la progression de la peste dans la ville ; et il apparaît au fil du livre, que le seul personnage vraiment bien décrit dans ce roman est la ville pestiférée. Il est vrai qu'autrefois il fallait y voir une allégorie de la peste brune, du nazisme, mais aujourd'hui...
Les personnages, à part peut-être le docteur Rieux, sont assez inconsistants, ils n'ont pas d'épaisseur, on ne les « voit » pas, on ne les « sent » pas. Certains sont carrément funambulesques et le prêtre est stupidement caricaturé ; quant aux rares femmes de l'histoire, elles ne font qu'une pâle figuration.
Évidemment, on sait que les personnages, surtout Rieux et Tarrou, sont là pour servir de porte-parole à Albert Camus ; alors que disent-ils ?
Rieux-Camus s'interroge sur le mal dans le monde – une question vieille comme les pierres à laquelle personne n'a jamais donné de réponse – ce n'est pas très original. Le prêtre du roman donne une réponse tout à fait inacceptable, ce qui permet à Camus de taper sur la religion à bon compte. Que n'a-t-il connu l'abbé Pierre ou le Père Damien !
Camus croit en Dieu, ça me paraît évident ; mais il ne l'accepte pas ; il refuse un Dieu qui laisse mourir un enfant ; comme si c'était Dieu qui lui envoyait la peste ! Je pense que c'est un peu plus compliqué quand même.
Quant à Tarrou, qui dialogue beaucoup avec Rieux, il apparaît comme son faire valoir. Mais il a fallu attendre la fin du livre pour réaliser qu'il est là, surtout, pour condamner la peine de mort. Cette condamnation, qui s'étale sur trois pages, ne vient rien faire dans le récit ; et, franchement, aujourd'hui qui donc se passionnerait encore pour ce sujet, tant cette condamnation fait partie des évidences chez les gens civilisés !
Finalement, le héros du livre, Rieux, porte parole de Camus, est un homme de bien ; il ne se prend pas pour un saint, nous dit-il, et fait son devoir par simple honnêteté professionnelle ; mais c'est peut-être aussi par goût de l'héroïsme, un héroïsme désespéré qui, m'a-t-il semblé, le conduit à la limite de l’orgueil.
A l'époque on a voulu en faire un modèle pour la jeunesse mais son comportement ne m'a pas paru si exemplaire que ça : il est beaucoup trop résigné, beaucoup trop déterministe et manque carrément d'idéal. A mon avis, il existe de plus beaux modèles à proposer aux jeunes.
Oui, décidément, je confirme et j'assume, selon moi, ce livre a mal vieilli.
Un livre magnifique
Critique de Dirakkk (, Inscrit le 7 février 2011, 50 ans) - 10 juin 2015
Il faut le lire et c'est tout !!
Dense et complet
Critique de Ngc111 (, Inscrit le 9 mai 2008, 38 ans) - 7 mai 2015
Le personnage principal est un médecin, Bernard Rieux, qui s'appliquera à soigner du mieux possible les gens durant l'épidémie mais il est entouré d'un cercle de proches tous plus intéressants les uns que les autres, qu'il s'agisse de Tarrou, le personnage le plus énigmatique jusqu'à un certain point de l'intrigue, qui recherche le statut de saint ; Rambert, journaliste étranger qui désire quitter la ville de manière clandestine afin de retrouver un amour naissant ; Grand, employé municipal consciencieux et discret qui écrit à ses heures perdues mais s'enferme dans une éternelle réécriture de la première phrase de son supposé roman ; Cottard, sorte de contrebandier toujours inquiet d'être rattrapé par la justice mais qui profite de l'épidémie pour poursuivre et développer ses affaires. Et l'on pourrait parler des autres tels que la maman de Rieux, Castel le docteur ayant mis au point un sérum dont on attend de savoir s'il sera efficace ou non ou Othon, ce juge froid dont le comportement sera affecté par l'arrivée de la peste.
Toutes ces personnes seront changées par la peste et évolueront au sein d'un récit dense mais complet où Camus étudie chaque petit détail sans jamais s'arrêter trop longtemps dessus. Il nous parle des loisirs qui ne sont plus vécus comme auparavant, des rapports sociaux qui s'humanisent un peu plus en temps de catastrophe, de ces amours que l'on essaie désespéramment de rejoindre au point de plus penser aux solutions qu'aux êtres aimés, des hésitations administratives et de l'emploi des chiffres pour rassurer la population... chaque page, chaque instant, chaque fait relaté nous fait un peu plus entrer dans le fonctionnement d'une ville sous étau, d'une communauté qui se révèle ou s'adapte à des conditions de vie finalement dictées par le danger.
Car c'est là la question principale que peut poser le roman d'Albert Camus : la catastrophe et toutes les conséquences qu'elle implique est-elle un révélateur de l'âme humaine, de ses qualités et ses défauts ? Ou n'est-elle qu'une mise en situation différente, qui change temporairement ou indéfiniment, le caractère et la vision humaine, sorte d'élément déclencheur d'une modification dont on ne sait au final si elle sera meilleure ou juste différente ? Pour grossièrement résumer : l'Homme est-il bon au départ puisqu'il finit par se révéler tel quel sous contrainte ? Ou est-il mauvais et finit-il par changer grâce à un élément déclencheur ? La réponse est comme souvent plus nuancée et complexe que cela mais il n'empêche que la force du roman de Camus est de nous interroger à ce sujet.
Tout cela nous ferait presque oublier le parallèle évident que fait l'auteur entre la peste et le nazisme, qu'il annonce dès le départ avec la citation de Daniel De Foe mais qu'il a l'intelligence de rendre discret par la suite. Les allusions sont rares et plutôt fines. On peut donc y voir une double lecture sans que cela n'écrase le récit de toute son empreinte.
D'une écriture un peu sèche mais magnifique malgré tout, Albert Camus signe un roman complet, simple dans son approche et ses développements, mais qui a le mérite de s'intéresser à ses personnages et à toutes les considérations (religieuses aussi avec le personnage du père Paneloux) possibles en temps de crise.
Un ennui aussi mortel que la peste
Critique de Alvano (, Inscrit le 25 janvier 2015, 48 ans) - 25 janvier 2015
La lecture fut un supplice. L'auteur se plait à répéter les mêmes faits avec des mots différents, à détailler chaque absurdité de la vie de ces gens, pour lesquels on n'éprouve aucune empathie.
Le narrateur parle dans le vide ... parle aussi de lui-même, à la troisième personne … pour ainsi dire éternellement ! En résumé c'est élitiste et pédant. Il y avait mille moyens d'exprimer la pression vécue par ces hommes, sans tomber dans la logorrhée, ou du moins pas trop longtemps. Cependant c'est peut-être voulu, mais ces artifices ne me séduisent pas. J'ai préféré de loin l'étranger, et son style presque enfantin.
La troisième partie est la plus insupportable : un galimatias pseudo-philosophique, souffrant d'un manque de clarté.
Il nous explique une première fois que devant la lassitude due au fléau, chacun est en quelque sorte atone, pris d'ataraxie, que cela est visible en toute chose. Puis il va nous décrire comment se manifeste ce délabrement moral dans chaque moment de la journée. Au final, après qu'il ait ainsi inventorié tous les comportements, vous vous rendez-compte que vous venez de supporter une cinquantaine de pages soporifiques, pendant lesquelles il explique le sens des mots employés cinquante pages plus tôt ... merci papa mais j'avais compris en première lecture, j'ai assimilé ma langue maternelle !
J'en conviens, l'expression française est grammaticalement parfaite, mais l'intention est prétentieuse.
Du coup je me suis servi de ce livre, pour réviser toutes les amorces possibles à l’emploi du subjonctif, un mode que j’aime. Or justement, on dirait qu’il s’amusait dans ce roman - qui devait l'ennuyer autant que moi - à inventorier tous les cas possibles. Donc cette chose, est très utile comme pense-bête, c'est déjà ça. C'est aussi un puissant anesthésique. Michael Jackson aurait adoré : bien plus efficace que le Propofol.
On ne peut réduire et généraliser la peste sa dimension universelle voilà son génie
Critique de Hortenselug (, Inscrite le 2 janvier 2014, 26 ans) - 2 janvier 2014
D'autre part toute l'ingéniosité de l'oeuvre se retrouve dans la diversité du public sensible à son message. En effet beaucoup de Japonais ont trouvé dans ce livre une source d'espoir.
Enfin, il ne faut pas réduire le message de la Peste à un simple exemple de révolte face à l'absurdité d'un mal qui s'abat sans prévenir et qui massacre une population. Non Camus n'était pas désireux de faire passer un symbole de solidarité à travers son livre. Il voulait représenter ( cela reste mon avis) la prise de conscience que peuvent avoir certaines personnes et le chemin de facilité et de conformisation que peuvent choisir d'autres.
"Le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais"
Critique de Benson01 (, Inscrit le 26 mai 2012, 28 ans) - 11 juillet 2013
La peste est une œuvre lucide, qui apporte beaucoup au lecteur, un peu longue certes mais écrite somptueusement.
Il ne suffit pas de plus pour donner mon avis sur ce livre majestueux qui a déjà été critiqué 30 fois ! Je le recommande, et je lui met quatre belles étoiles significatives.
L'ennui
Critique de Lejak (Metz, Inscrit le 24 septembre 2007, 49 ans) - 23 septembre 2012
Le dessein est honorable que de vouloir revenir sur la vie des Français pendant l'occupation, mais pour moi le résultat n'y est pas.
Je n'ai pas été saisi par l'insondable horreur d'une telle épidémie. La maladie elle-même, ses conséquences dramatiques sur les familles, le traitement des morts rendu terriblement cruel du fait du sur-nombre ... Et si l'on fait le rapprochement avec les années noires des crimes de la Gestapo, le décalage me semble encore plus frappant.
Les personnages choisis par Camus pour nous présenter la vie au quotidien de cette épidémie m'ont fatigué par leurs agissements insensés. (Grand et sa phrase ré-écrite mille fois ou Cottard et ses troubles de comportement)
Même le style ne m'a pas plu avec la narration aux mains d'un inconnu, se dévoilant à la fin du récit : mais pourquoi faire !? je trouve que ça n'apporte rien.
Bref, je n'ai pas été saisi. Le but étant de se retourner sur un passé monstrueux qu'était l'occupation allemande, je trouve que l'oeuvre manque de noirceur et de puissance.
La Peste
Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 45 ans) - 28 mai 2012
Lorsqu'on regarde plus profondément, on peut y voir un lien entre la peste et l'occupation nazie. Les héros du roman représentent donc la résistance face à l'occupant. Juste pour ça, ça en fait pour moi un grand roman.
Un roman d'une richesse incroyable.
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 20 novembre 2011
Le début du roman est marqué par une description de la ville peu séduisante : une ville sans oiseaux, banale, marquée par les habitudes des oranais qui semblent répéter les mêmes gestes et les mêmes activités indéfiniment. Pourtant, un épisode va rompre ce rythme morne : l'arrivée d'une épidémie de peste annoncée par des rats. A partir de cet instant, la ville sera fermée pendant 9 mois, temps de gestation de la peste et fera de cette population des "séparés" du monde ! Camus choisit de se concentrer sur quelques personnages qui permettront au lecteur de s'interroger sur lui-même. Il y a tout d'abord Rieux, le médecin et narrateur de cette oeuvre, séparé de son épouse partie se faire soigner en montagne. Il y a aussi Rambert le journaliste venu faire un reportage sur les oranais, désormais séparé de la femme qu'il aime à cause du repli de la ville. Cottard est un personnage recherché par les autorités. Pour quel crime ? On ne sait pas, mais l'on sait qu'il a tenté de se tuer au début de l'oeuvre afin d'échapper au jugement. Pour lui, être dans une ville fermée c'est être protégé car face à la peste, ses méfaits sont secondaires.Tarrou, quant à lui, est un idéaliste désabusé qui rédige des carnets qui lui permettent de voir clair. Il y a aussi Grand l'employé de mairie, Paneloux le prêtre qui estime que la peste est un châtiment divin à cause du manque de piété des oranais ... Tous les "séparés" bénéficient d'une regard bienveillant de l'écrivain qui lui-même était un "séparé" pendant le débarquement allié en Afrique du nord en 1942 qui le sépara de son épouse et de sa famille pendant 2 ans.
Evidemment, le roman est assez long et ce sont souvent les mêmes scènes qui réapparaissent. En même temps, si l'on parle d'épidémie, il est logique que certaines scènes se répètent : morts, scènes de découragement, scènes de soin ... Le roman remue le lecteur et certaines scènes sont véritablement frappantes : la mort de l'enfant, la bêtise du premier prêche de Paneloux, la lâcheté de certains hommes qui ne pensent qu'à fuir ... Camus invite donc l'homme à réfléchir sur lui-même et sur son implication dans le monde. Tous ces hommes qui s'entraident et qui tentent parfois vainement de sauver un malade ne sont pas des héros aux yeux de l'écrivain, ils ne font qu'exercer leur "métier d'homme" ! Tout homme, naturellement, instinctivement, se montre solidaire et courageux dans de tels instants. Camus pense qu'il y a plus de bonnes choses que de mauvaises en l'homme.
A la suite des critiques postées pour ce roman, dans les forums, certains lecteurs s'interrogeaient sur la symbolique de cette oeuvre. Camus l'a formulée clairement dans une lettre qu'il rédigea à Roland Barthes :" Le contenu évident de "La peste" est la lutte de la résistance européenne contre le nazisme."
Oui la peste est une épidémie, mais elle reflète aussi les régimes fascistes et leur propagation. D'une manière plus large et moins réductrice elle renvoie au Mal qui est en chaque homme, idée fortement suggérée à la fin du roman où la Libération de la ville n'est pas définitive. Rieux invite l'homme à être avisé et méfiant et à garder toujours à l'esprit que l'on côtoie quotidiennement la bacille de la peste, l'essence du mal.
"La Peste" est un roman qui met l'homme face à lui-même et qui invite à ne plus se résigner.
La peste d'Albert Camus
Critique de Jwpack (, Inscrit le 1 novembre 2010, 44 ans) - 25 janvier 2011
Tout d'abord, voyons un résumé de l'histoire. Elle a lieu en 1940 dans la ville d'Oran en Algérie. Ce roman contient cinq actes, si vous préférez : cinq étapes. Elle débute par des rats qui sortent de leurs cachettes à travers la ville et meurent de façon inquiétante. La population en découvre tellement qu'ils décident d'envoyer tous les matins des employés de la dératisation les recueillir sur les places publiques et de les incinérer. Lorsque subitement, plus aucun rongeur ne perd la vie, c'est maintenant le tour des humains d'être infectés par cette terrible maladie mystérieuse qui s'avère être la peste. Les autorités tranchent : ils ferment la ville et l'isolent pour empêcher la propagation du fléau à l'extérieur.
Troisième acte, l'épidémie s'aggrave et les gens commencent à s'inquiéter lourdement. Le père Paneloux fait un sermon en accusant les habitants d'être leur propre bourreau. La colère de Dieu a frappé les pêcheurs. Quatrième acte, les médecins testent un remède créé à partir d'une souche de la maladie. Un enfant cobaye meurt après avoir tenté l'expérience du vaccin. Dernier acte, le mal régresse tranquillement, l'injection semble faire effet et subitement, le nombre de décès diminue jusqu'à atteindre un niveau respectable. Les gens font la fête dans les rues et célèbrent leurs retours à la vie normale. À la toute fin, un tueur fou décharge son arme dans la foule.
Voilà un résumé du bouquin. Qu'est-ce que j'en pense maintenant? C'est moyen. L'histoire est bonne, je n'ai rien à ajouter à ce sujet. Par contre, il faut être un tant soit peu focalisé pour l'apprécier à sa juste valeur. Je ne dirai pas que l'écriture est fluide, ni qu'elle est ardue. Les lecteurs doivent seulement être concentrés un peu plus que normalement, c'est tout. Les personnages complexifient la chose. Il y en existe neuf principaux et secondaires inclus. Ce qui rend la tâche difficile c'est qu'on se promène de l'un à l'autre au cours du récit sans vraiment totalement se rappeler qui ils étaient. « Était-ce Cottard qui avait tenté de se suicider? Il me semble que oui... » Voilà le genre de questionnement qui se produit après plusieurs pages.
J'ajoute deux points très positifs : J'ai aimé le fait d'apprendre qu'à la fin qui est réellement le narrateur et également que nous sentons graduellement la tension monter à mesure qu'on avance dans notre lecture.
Je le conseille à ceux qui désirent se plonger dans les classiques, car « La peste » est un bon roman tout de même et il s'inscrit dans la ligne des « Oeuvres à avoir lues » avant de mourir. Dans mon cas, une note de 6 sur 10 convient à ce livre.
Que dire?
Critique de Corentin (, Inscrit le 24 janvier 2011, 29 ans) - 24 janvier 2011
La Peste, ce fléau qui nous tombe dessus tout d'un coup, sans que l'on puisse faire quoi que ce soit. Déjà il faut choisir: se battre en connaissant notre inévitable défaite, ou bien être lâche et abandonner...
Un des livres à lire dans sa vie. Le style bouleversant, Camus réussit à nous couper le souffle à chaque page.
Une analyse lointaine de l'homme
Critique de Maufrigneuse (Saulieu, Bourgogne, Inscrit le 1 novembre 2010, 35 ans) - 21 novembre 2010
On retrouve dans ce roman le détachement apparent de Camus. L'analyse est lointaine et le ton très froid et médical. Il faut attendre la fin du roman pour que le narrateur se libère un peu plus et pour que les personnages prennent réellement forme humaine. Difficile de s'atacher à des personnages qui ne ressentent rien ou presque.
C'est un livre riche en enseignement et que je gagnerais à relire. Il y a deux choses importantes que je n'ai pas compris. Pourquoi les femmes ne sont-elles présentes dans cette histoire d'hommes que par leur absence ? Pourquoi est-ce qu'il ne semble y avoir que des européens catholiques dans cette ville arabe ?
Un livre émouvant et éprouvant
Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 29 septembre 2010
Exceptionnel
Critique de Megamousse (, Inscrit le 17 juin 2009, 41 ans) - 6 septembre 2010
L'histoire peut-être la connaissez-vous, ou pas, mais la voici en quelques lignes.
Nous sommes à Oran, ville côtière d'Algérie alors sous empire français. Dépeinte sans charme particulier, la cité vit mécaniquement de son travail, de sa routine, de son désenchantement passif. L'argent y a fait son nid, et fait petitement prospérer la population, qui se complait dans une existence confortable et monotone, non pas immorale, mais amorale, déjà plus. Deuxième référence biblique - à Sodome et Gomorrhe. Non? Rieux, un médecin généraliste officiant sur place, est alors le témoin d'événements pour le moins déroutants. Des rats sortent en nombre, et viennent cracher leurs derniers râles dans les logis, sur les trottoirs. Ne recevant dans un premier temps pour sentence que l'incrédulité des badauds, ELLE finit par s’imposer à l’esprit, cette maladie, cette entité maline qu’encore on n’ose point nommer. Elle n'a pourtant pas lieu d’être ! Les épidémies de pestes, il y a bien longtemps qu'on n'en voit plus ! C’est un mal éculé !
Quelques jours plus tard, pourtant, ce sont les hommes qui commencent à y passer. Mais l'évidence ne perce toujours pas le voile opaque de terreur que les administrateurs ont placé devant leurs yeux. Car tout converge à reconnaître le fléau (qu'on a tendance à immédiatement associer à la sixième plaie d'Egypte - troisième référence biblique et *pouf*) dans ces bubons douloureux, noyés de liqueur putride, que le docteur désemparé fend à tire larigot. La peste est là, fumante, implacable. Et lorsqu'enfin son nom apparaît sur les lèvres, les victimes se comptent déjà par dizaines, puis par centaines. D'abord timorées, par peur d'affoler l'opinion publique, les mesures de prévention se multiplient, s'affermissent, jusqu'à décréter l'isolement complet de la ville.
Quel est ce Mal ? Triste hasard ou punition pour l’Exemple contre ces Hommes qui ont oublié de vivre pour être et croire, et non seulement pour avoir ?
Le récit se transforme alors subitement en une sorte de huis clos, surdimensionné, mais non moins étouffant. S’agissant de l’intrigue, je n’ai pas grand-chose à ajouter. La peste s’installe, s’incruste, envahit l’air, la terre et les corps et les englue de son atmosphère épaisse et tiède, malsaine. De nouveaux des personnages font leur entrée aux côtés de Rieux : Grand, Terrou, Rambert, Cottard, Paneloux, chacun harnaché de son ballot d’espoirs, de doutes, de désillusions, de peines, ou de secrets. Des liens se nouent entre ces hommes séparés de leurs repères, prisonniers dans un cube virtuel aux frontières irradiées de mal. On les voit lutter, aider, fuir, abdiquer, perdre, gagner, évoluer dans leur appréhension du fléau, et de leur existence en général.
La Peste est une magnifique parabole, qui soulève, avec le mérite d’y apporter quelques réponses – certes subjectives mais réponses tout de même – moult problématiques sur le sens de la vie et sur la nature humaine, ou sociale plutôt. Car ce n’est pas forcément l’Homme en tant qu’individu qui doit se sentir en premier lieu visé par cette sanction que Paneloux, homme d’Eglise, qualifie de divine au passage, mais l’Homme de collectivité : icelui-même qui avance, tête froncée comme un bœuf de labour, déchirant médiocrement les jours comme s’ils étaient faits de papier mouillé, avec l’indifférence ingrate d'un parvenu arrogant, qui oublie de penser et s’en remet à l’opinion du plus grand nombre, la plus immédiate.
Je parlais aussi de la réflexion sur le sens de la vie. Oui certes, mais c’est une autre interprétation du fléau qui nous y amène, non pas une interprétation fondée sur la foi, mais au contraire sur sa contingence. Quel crédit donner à la vie, à l’amour, au Bien, quand une maladie qu’on croyait morte se réveille du jour au lendemain et frappe de mort en aveugle, bonnes comme mauvaises gens ? La lutte, notamment celle qui n’a pas d’espoir, celle de principe, est-elle vaine ou au contraire donne-t-elle tout son sens à l’existence humaine ? Camus a sa petite idée, que vous découvrirez soit en lisant l’œuvre, soit en lisant entre ces lignes. Petit indice : ce n’est pas très difficile à comprendre, même si votre constat pourra mettre à mal une fausse idée assez répandue sur la personnalité de ce bon Albert.
Si le ressort philosophique évident qu’abrite ce bijou de littérature moderne ne vous a pas encore effrayé, j’espère que vous serez également séduits par le style d’écriture sobre et raffiné de l’auteur. Des descriptions saisissantes, des caractères si réels qu’on voudrait les toucher, une sélection verbale parfaite, le tout dans des phrases simples. Pour le lecteur, cela se traduit par du plaisir à l’état brut. Il est des livres dont on se rappelle, pour le stimulant de leur intrigue, la réflexion qu’ils sous-tendent, la finesse de leurs personnages, leur style enlevé. Mais il en est peu qui nous donnent tout à la fois. La Condition Humaine me l’avait donné. La Peste me l’a donné. Et l’album n°5 de Garfield aussi mais chut.
Bref. Mangez-en. Ce Camus est un livre d’intellos pour grand public, mais dans le bon sens de l'expression. Denrée rare s’il en est.
Maîtrise absolue de la littérature
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Critique de Adrien34 (, Inscrit le 18 janvier 2009, 34 ans) - 23 décembre 2009
De la grande littérature et de la grande philosophie
Critique de Matthias1992 (, Inscrit le 27 août 2007, 32 ans) - 17 mai 2009
Etat de siège
Critique de Manumanu55 (Bruxelles, Inscrit le 17 février 2005, 45 ans) - 11 décembre 2008
Révolte limitée
Critique de Gryphon (Mexico DF, Inscrit le 22 juillet 2004, 59 ans) - 12 octobre 2008
On a dit que "La Peste" était une allégorie de l'époque nazie. Là encore, je ne pourrai pas suivre. C'est avoir une piètre idée du roman en tant que genre que d'en faire une version petit-nègre de l'essai philosophique. Toi y en a pas comprendre essai? Toi y en a lire jolie histoire avec plein de morts. C'est à bien y penser avoir également une piètre idée de la philosophie.
Le problème avec une certaine vision populaire de concepts tels que "révolte" ou "solidarité", c'est qu'on en fait de la métaphysique. En d'autres termes, on en fait une valeur absolue, transcendante à laquelle il suffit de se raccrocher pour donner sens à la vie. Très joli, mais rien à voir avec Camus, dont la pensée est à la fois plus fine et plus complexe.
Pour Camus, le monde est absurde, c'est à dire dénué de sens et sans horizon salvateur, qu'il soit religieux ou séculaire. D'où trois comportements possibles: soit on se suicide et on a donc paradoxalement l'espoir que ça ira mieux une fois quitté ce bas-monde. Soit on se résigne et on végète sa vie durant. Soit, enfin, on se révolte: c'est à dire on accepte le monde absurde en tant que tel, et ceci nous fournit un gros avantage: puisqu'il n'y a plus ni transcendance ni futur contraignant, ça nous laisse beaucoup plus de liberté d'agir au présent, ici et maintenant. Ces actes sont eux-mêmes sans espoir, puisque sinon nous quitterions le monde absurde pour un monde sensé et nous serions en contradiction avec nous-mêmes. Et surtout, ce ne serait plus une révolte. Vu comme ça, c'est une pensée assez radicale et ça reste assez actuel.
La solidarité, enfin, naît d'une complicité entre individus qui en sont arrivés au même constat. Elle est donc possible, mais ce n'est pas une nébuleuse préexistante, elle se crée entre individus révoltés. C'est là que j'ai quelques doutes; il me semble que dans "La Peste", la solidarité redevient malgré elle une valeur transcendante, comme si Camus faisait un pas un arrière...
Je vais sembler méchant, mais...
Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 28 mars 2008
Désolé pour ma note, basse, mais je ne me voie pas donner une note supérieure pour le simple fait que ce roman est considéré comme un 'mètre-étalon' de la littérature. Pour moi, cette note médiocre se justifie.
Quel livre!
Critique de Bételgeuse (, Inscrite le 7 décembre 2007, 45 ans) - 7 décembre 2007
ça donne à réfléchir
Critique de Soleada (, Inscrite le 21 janvier 2007, 35 ans) - 23 septembre 2007
MON Roman !
Critique de Libero (, Inscrit le 17 janvier 2007, 47 ans) - 17 janvier 2007
Depuis je l'ai relu plusieurs fois, avec toujours le même plaisir. Le plaisir de retrouver Rieux, le plaisir de retrouver la plume de Camus qui excelle dans son art.
On est emporté par les lignes, les pages défilent, il est quasi impossible de s'arrêter sans rester pour quelques minutes à Oran, perdu dans cette atmosphère terrible. Le message du livre est évident, et on suit le combat du personnage avec entrain. Intense et puissant ....
Bien
Critique de Dalania (Dijon, Inscrite le 25 octobre 2006, 38 ans) - 8 décembre 2006
Volupté
Critique de Soili (, Inscrit le 28 mars 2005, 51 ans) - 16 octobre 2006
Le rapport avec la guerre est bien sûr évident, et on s'amuse à y trouver les analogies avec un pays occupé, le marché noir, la résistance,le passage en zone libre, la séparation d'avec les proches et bien sûr la mort omniprésente qui touche tout le monde sans distinction.....
Pourquoi la peste ( ou la guerre selon la vision de chacun ) apparait, pourquoi elle disparait , voilà bien une question en suspens, tout en sachant une chose primordiale : la bête n'est pas morte et demeure tapie prête à bondir.
Petits destins et grands malheurs
Critique de FightingIntellectual (Montréal, Inscrit le 12 mars 2004, 42 ans) - 20 juin 2006
Contrairement à ce qui a été dit plus haut, je ne crois pas que ce roman baigne dans l'absurdité de la souffrance. C'est le récit de Bernard Rieux, qui, selon moi, vient donner une autre teinte à ce récit de malheur et de souffrance. C'est cette indissociabilité de Rieux au récit (que l'on apprendra plus tard, qui est pour une excellente raison), qui m'a fait comprendre ce récit comme une façon d'étayer les thèses de Camus sur la révolte.
Mais qui dit révolté en Rieux ne dit pas nécessairement violent. C'est dans la galère de la peste d'Oran que Rieux viendra à tisser des liens d'amitié hors du commun avec des gens qui eux, n'ont rien, hors du commun, sinon leur individualité propre. Dans le malheur, on nage dans une zone grise, on tisse des liens, un peu comme dans le superbe film de Jean Renoir "La Grande Illusion".
Le passage qui m'a le plus marqué justement est cette affirmation d'une révolte non-violente de Rieux, son bain de mer nocturne avec Tarrou où, faisant un pied de nez à la peste, les deux hommes goûtent au bonheur d'un geste simple, qui était au quotidien d'une ville autrefois heureuse. Comme enchantée par le caractère divin du geste de Rieux et Tarrou, la ville vient à prendre du mieux jusqu'à faire disparaitre le syndrome de la peste, laissant Tarrou comme martyr au passage.
Camus, malgré les intentions qu'on lui prête , est un humaniste, et La Peste en est le plus vibrant de ses témoignages.
de l'homme et de son pauvre et terrible amour
Critique de Valéry (, Inscrit le 7 janvier 2006, 38 ans) - 7 janvier 2006
Je ne sais plus si cela ne soit qu'un aveu impuissant chargé de tout le mépris possible contre la dualité de l'amour mais en même temps je me sens si proche de cette claustration propre que l'idée même d'avoir raison m'ébranle.
La peste (brune)
Critique de Oxymore (Nantes, Inscrit le 25 mars 2005, 52 ans) - 31 mars 2005
intéressant
Critique de Norway (Entre le Rhin, la Méditerranée et les Alpes !, Inscrite le 7 septembre 2004, 49 ans) - 30 mars 2005
La peste, bain révélateur
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 20 juin 2004
Je reste d’abord frappée par les individus, comme le docteur Rieux, Tarrou, Rambert ou Cottard et par leur évolution. Bien sûr, la peste est aussi l’histoire globale de la réaction d’un groupe face au fléau. Mais au sein de cette machinerie qui finit par s’organiser, les personnalités se révèlent et se marquent : l’un ne pense qu’à franchir illégalement le cordon sanitaire pour s’en aller retrouver sa belle (mais le fera-t-il le moment venu ?), l’autre utilise la carence en aliments pour faire du marché noir, un troisième, médecin, s’immerge dans son travail (qui n’est plus de guérir mais d’évacuer les mourants) tout en tentant de garder la tête hors du marécage, et s’empêche de trop penser à sa femme, malade loin de lui…
La narration de la mort d’un enfant, entre autres, est particulièrement réussie dans la mesure où, sans jamais donner dans l’émotion facile, Camus, sobre, décrit néanmoins avec précision cette agonie : le résultat ne se fait pas attendre, nous sommes avec l’enfant, avec le docteur Rieux. Quand je disais qu’il y a moyen de s’y noyer, dans ce livre…
Camus ne se prive évidemment pas d’enraciner dans l’histoire toute une série de réflexions. En voici deux :
« (…) mais puisque l’ordre du monde est réglé par la mort, peut-être vaut-il mieux pour Dieu qu’on ne croie pas en lui et qu’on lutte de toutes ses forces contre la mort, sans lever les yeux vers le ciel où il se tait. »
« Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l’ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n’est pas éclairée. Les hommes sont plutôt bons que mauvais, et en vérité ce n’est pas la question. Mais ils ignorent plus ou moins, et c’est ce qu’on appelle vertu ou vice, le vice le plus désespérant étant celui de l’ignorance qui croit tout savoir et qui s’autorise alors à tuer. L’âme du meurtrier est aveugle et il n’y a pas de vraie bonté ni de bel amour sans toute la clairvoyance possible. »
40 de fièvre
Critique de Wakkafr (Paris, Inscrit le 12 juin 2004, 51 ans) - 13 juin 2004
roman réputé difficile ?
Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 14 septembre 2003
En 1947, la deuxième guerre mondiale était dans tous les esprits, et le quotidien des Français sous l'occupation se retrouve à peine masqué dans le roman. On sait que cette oeuvre se veut la chronique d'une épidémie fictive à Oran, dans les années 40. Or la mise en quarantaine de la ville offrait bien des similitudes avec ce qu'avaient vécu les contemporains : la séparation d'avec les proches, les privations, l'écoute des nouvelles à la radio, le désir de franchir des barrages, le recours aux passeurs et au marché clandestin, la correspondance codée, sont autant les propriétés d'une ville isolée que d'un pays coupé en deux et soumis à la surveillance de l'occupant. Les interrogations : combien de temps le mal va-t-il durer ? les alternances d'espoir et de découragement, de révolte et de résignation, tel était le pain quotidien, dénominateur commun entre la "peste brune" fasciste dévalant sur l'Europe et une réelle épidémie, réputée galopante.
Nul doute que ces circonstances ont su faire passer le message. D'un côté, ceux qui pactisent avec le mal, de l'autre ceux qui luttent pied à pied. Les personnages sont bien typés : le jésuite qui sait adapter ses thèses à l'état d'esprit du public, l'ancien engagé des brigades internationales qui voit les atrocités de l'adversaire mais aussi les erreurs de son camp, le militant dévoué qui ne se ménage pas, le journaliste hésitant sur la conduite à tenir et qui finit par franchir le pas.
Toutes ces conduites parlent de l'acceptation ou non de la souffrance, de la validité d'un idéal, d'une révolte foncière contre le mal, de la peine de mort et... de la durée des bonnes résolutions officielles. Même si des personnages comme Grand irritent d'autant plus que l'auteur leur décerne de provocants éloges, on reste accroché par le livre à cause de moments privilégiés : une discussion sous la lampe, une baignade en signe de l'amitié, l'attente de l'issue fatale pour un enfant qui souffre. On passe alors sur les gros traits de caricatures humaines, et on se demande comment serait lue cette oeuvre dans des pays qui attendent ou vivent le fléau.
Je me souviens
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 9 septembre 2003
Je me souviens de l'objet, cette édition « livre de poche » des années 50 que je tenais de mon père. Cette inquiétante et belle couverture où la bête noire de la peste envoie ses rats crever dans les rues d’une cité riante. Cette quatrième où un jeune homme en pull, l’air bougon, fume une cigarette. L’auteur. Et cette phrase entourée d'un trait rouge comme tracé au crayon : « L’un des plus grands romans de notre temps ». Je me souviens de ma sympathie pour Rieux, et surtout pour Tarrou. De cette bulle de bonheur dans la boue de l'absurde qu’est le bain de mer qu’ils s’offrent « pour l'amitié ». Je me souviens des premiers mots du prêche de Paneloux : « Mes frères, vous êtes dans le malheur. Mes frères, vous l’avez mérité. » Et du dialogue de Paneloux et Rieux au chevet de l’enfant mort : « Celui-là était innocent, vous le savez. » « & Je comprends maintenant ce que l'on appelle la Grâce. & C’est ce que je ne possède pas. » Ces phrases qui firent beaucoup pour m'éloigner de la foi de mon enfance. Je me souviens de l’absurde vieil asthmatique qui passe ses journées à faire passer des petits pois d’une marmite dans une autre : le Temps, l'absurde Temps, l’horrible et stupide ogre du temps personnifié. Je me souviens des efforts scolaires du brave petit Grand pour produire LE livre, celui face auquel les critiques unanimes s’exclameront : « Chapeau bas, messieurs. » Je me souviens du traître Cottard et de la porte où il a écrit à la craie : « N’entrez pas, je suis pendu », et de cette remarque de Rieux au journaliste Rambert : « Il peut y avoir de la honte à être heureux tout seul. » Je me souviens de ce terrible final où le docteur Rieux contemple de sa fenêtre la foule qui fête la fin de la peste : « Mais le docteur Rieux savait ce qu’ignorait cette foule, et qu’on trouve dans les livres. Que le bacille de la peste pouvait rester des années au fond d’une armoire ou dans une pile de draps, et qu'un jour viendrait où, pour le malheur et l’enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats pour les envoyer mourir dans une cité heureuse. » La peste, ou la peste brune…
Encore et toujours plus...
Critique de Leura (--, Inscrit le 29 janvier 2001, 73 ans) - 16 octobre 2001
Il y aurait beaucoup à dire...
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 16 octobre 2001
Forums: La peste
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A propos de "La Peste" | 12 | Jules | 25 octobre 2015 @ 09:50 | |
Camus et Sartre | 7 | Bristlecone | 11 mai 2007 @ 18:41 | |
Cottard | 5 | Luludu60 | 28 janvier 2005 @ 13:11 | |
Pourquoi lire encore La Peste aujourd\'hui? | 7 | Hambraine | 22 mars 2004 @ 23:18 |