Les bisons du Coeur-Brisé (Les bisons de Broken Heart) de Dan O'Brien

Les bisons du Coeur-Brisé (Les bisons de Broken Heart) de Dan O'Brien
( Buffalo for the Broken Heart)

Catégorie(s) : Littérature => Voyages et aventures , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Littérature => Anglophone

Critiqué par Cuné, le 25 juillet 2007 (Inscrite le 16 février 2004, 57 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 859ème position).
Visites : 7 480  (depuis Novembre 2007)

Arrête de causer et agis !

Dan O’Brien est éleveur, fauconnier, et écrivain emblématique du grand Ouest américain. Il nous raconte ici les Grandes Plaines du Dakota, son quotidien, les treize bébés bisons qu’il recueille, son troupeau, ses voisins, l’histoire de cette terre, les pionniers, la vie, l’écologie, les animaux, les difficultés des éleveurs.
Le nom de son ranch, qui donne un titre sur lequel on pourrait se méprendre à ce récit, vient de son fer à marquer – un arrangement unique de lettres, de chiffres ou de symboles qu’il est le seul à pouvoir appliquer sur la peau de ses bêtes. Son fer représente un 3-V paresseux. Un 3 paresseux, c’est un 3 couché sur le ventre ; si on le place juste au-dessus d’un V en laissant un peu d’espace entre les deux, le fer forme distinctement un cœur – mais brisé en deux.

C’est beau et c’est pur, Dan est un rêveur, un cœur limpide, qui aimerait restaurer l’équilibre écologique des Grandes Plaines, tout en pouvant vivre de ses actions, et c’est un combat de chaque jour. Au fond de lui, il est persuadé que le retour des bisons sur ses terres peut et va réellement améliorer la matrice entière de l’écosystème du ranch, mais il se méfie des réponses simples à des questions essentielles, disons qu’il a grand peur de les évoquer à haute voix.
Et puis la malice n’est pas absente, la scène avec le journaliste français qui rate absolument tout ce qui est à voir, les vacances des deux adolescents et le magnétoscope, ou de petits passages comme :

« Un jour où j’inspectais mes vaches à cheval, je me suis retrouvé bloqué dans le blizzard. On n’était pas loin de la maison, moins d’un kilomètre, et pas une seconde je n’avais cru être en danger. Mais le vent glacial et la neige m’empêchaient de lever les yeux face à la tempête, or c’était la direction à prendre pour rentrer. J’ai tenté le vieux truc hollywoodien. J’ai lâché les rênes sur l’encolure du cheval, je me suis protégé le visage avec les bras et j’ai attendu qu’il que ramène à la maison. […] Je me rappelais les mouvements apaisants du cheval et le sifflement constant du vent autour de ma capuche. Je me suis souvenu du cheval qui se frayait un chemin dans la tempête, qui serpentait à travers les buissons et les ravines, et qui avait fini par s’arrêter en piétinant et renâclant. Le vent et la neige soufflaient toujours autour de ma tête baissée et en ouvrant les yeux, je m’attendais à être devant la grange. Mais pas du tout. On était en plein milieu d’une colline, sous la tempête, à cinquante mètres de notre point de départ. Cet imbécile de cheval avait tourné en rond. Tout comme l’aurait fait un humain. »

Le propos est donc tout à fait honnête, et il nous est livré brut, sans fioriture, on ne cherche pas ici à enluminer une expérience, mais à la transmettre, à témoigner, à affirmer que des actes individuels peuvent avoir un vrai impact sur tout un système.
« Arrête de causer et agis ! » est la devise au Broken Heart Ranch, et voilà, tout est là.

A titre personnel, j’ai eu du mal à venir au bout de ces pages, sans que je puisse concrètement reprocher quoi que ce soit à cet ouvrage. Je précise aussi que Jim Harrison me fait le même effet, c’est un manque de réceptivité de ma part, c’est tout.
Par contre, j’aimerais beaucoup goûter du bison de la Wild Idea Buffalo Company !

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Les éditions

  • Les bisons du Coeur-Brisé [Texte imprimé] Dan O'Brien récit traduit de l'américain par Laura Derajinski
    de O'Brien, Dan Derajinski, Laura (Traducteur)
    Au diable Vauvert / LITT GENERALE
    ISBN : 9782846261357 ; 23,00 € ; 25/05/2007 ; 363 p. ; Broché
  • Les bisons de Broken Heart [Texte imprimé] Dan O'Brien traduit de l'américain par Laura Derajinski
    de O'Brien, Dan Derajinski, Laura (Traducteur)
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070360680 ; 8,60 € ; 07/05/2009 ; 428 p. ; Broché
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Un dinosaure ressurgi tout droit du passé !

10 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 11 octobre 2015

Dan O'Brien (1947- ) est un écrivain américain aux multiples facettes. Spécialiste des faucons, il milite pour la protection des espèces menacées et vit actuellement dans son ranch du Sud-Dakota ou il élève des bisons.
Il est aussi professeur de littérature, d’écologie ainsi qu'un spécialiste des espèces en voie de disparition.
Après le fantastique roman "Rites d’automne: le voyage d'un fauconnier à travers l'Ouest américain" (1988), Dan O'Brien nous fait partager sa vie d'éleveur de bisons avec "Les bisons du Coeur-Brisé (Les bisons de Broken Heart)" (2001)

Les Grandes Plaines du Dakota servent de décor au plus incroyable bouleversement de L'Histoire américaine.
Le pari fou d'un naturaliste écrivain, passionné par la Nature, qui décide de se lancer dans l'élevage des bisons.
Une expérience suicidaire pour certains qui réveille des pages sombres de l'Histoire de l'Amérique.
L'extermination des bisons et des... indiens qui les accompagnaient.
Le désastre écologique qui en a découlé en implantant des bovidés non adaptés à la vie dans les Grandes Plaines.
"Je vis sur une terre suspendue entre les lois de la Nature et celles de l'économie".
Dan O'Brien s'efforce de détruire le mythe des Grandes Plaines.
C'est la gestion "capitaliste" de la faune et de la flore qui mène au chaos.
L'unique alternative est la gestion éthique raisonnable des terres.

Une oeuvre magnifique et terrible à la fois.
On se prend d'affection pour "Bill Bouclé" et les "treize orphelins du Gang de Gashouse".
La réimplantation du bison comme une lente rédemption...
Un moment de lecture unique !

Ligne d'horizon

8 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 6 janvier 2014

A l'ombre des Blacks Hills se trouve le ranch de Dan sur lequel s'ébattent des vaches qui piétinent la prairie allègrement. Le travail est rude et sans garantie de résultat. Assailli par les échéances de sa banque, il exerce diverses activités afin de faire perdurer son rêve d'une vie libérée des contraintes d'une société figée dans l'éphémère et le futile. Mais l'élevage des bovins ne rapporte plus rien, ses espoirs s'éparpillent au gré du prix du marché. Au moment où tout lui semble insurmontable et voué à l'échec, il croise un bison affalé en travers de son chemin.

Dan O'Brien a parcouru durant plusieurs années les Etats-Unis pour exercer des missions d'observation et de préservation d'espèces sauvages. Ces voyages lui ont permis de découvrir non seulement la diversité biologique, mais aussi l'interdépendance des espèces vivantes qui peuplent le continent Nord-Américain. Maintes fois il a pu faire le constat de l'impact négatif de l'activité humaine sur l'environnement, agissant en prédateurs dénués de toute considération pour l'équilibre naturel, les hommes ont façonné le nouveau monde à l'aune de leurs envies égoïstes tout en détruisant ce qui en faisait sa richesse.

Il a tôt fait de comprendre que les vaches d'origine européenne, aux gènes bidouillés depuis belle lurette, sont totalement inadaptées à la rudesse du climat du Dakota. Après avoir participé à une rude journée de vaccination de bisons dans un ranch voisin, il décide de se lancer dans l'élevage de ces animaux autochtones qui ont failli disparaître dans la fumée des fusils Sharps des chasseurs de bisons. Très vite les difficultés surgissent de toute part, Dan a des sueurs froides lorsqu'il doit calculer le coût d'investissement dans les bêtes et le matériel nécessaire aux infrastructures idoines. La partie ne semble pas gagnée d'avance, bien au contraire, les doutes et les moments de déprime se succèdent au fil des saisons.

L'auteur nous fait partager son quotidien d'éleveur de bisons, une épopée humaine inscrite dans le respect de l'équilibre entre toutes les forces de la nature et une éthique revendiquée et portée à bout de bras. Loin des stéréotypes du cow-boy héroïque, il revisite les mythes éculés des pionniers qui n'ont su que piétiner et ravager d'immenses territoires sans souci de préserver l'avenir. Un récit sensible et sincère d'un homme profondément épris de nature, qui a su se mettre en retrait des logiques totalement déphasées d'un système productiviste qui méprise le genre humain et son environnement. Il sait nous faire humer l'air des grandes plaines, la vision majestueuse d'un troupeau de bisons et le son du vent qui balaie les hautes herbes qui s'étendent jusqu'au ciel pour y tracer une ligne d'horizon enchanteresse propice au vagabondage de l'âme.

Du baume au coeur

9 étoiles

Critique de Lejak (Metz, Inscrit le 24 septembre 2007, 49 ans) - 22 décembre 2013

A la croisée de 2 ouvrages qui me viennent immédiatement à l'esprit : "Winter" de Rick Bass et "Indian Creek" de Pete Fromm, Dan 'O Brien nous livre une histoire passionnante, la sienne, sur l'élevage des bisons.

Avec beaucoup de franchise, de cœur et d'humour, il nous raconte comment il est passé d'un élevage traditionnel de bétail à celui, raisonné, de bisons qui vivaient naguère dans les grandes plaines avant leur extinction.

Tout commence un jour où un bison croise sa route de façon fortuite, couché au sol au milieu de la route, lui barrant le passage de son pick-up.
Dan O'Brien nous narre son parcours, l'histoire du bison et de son extinction, celle des hommes dans les grandes plaines.
On y comprend comment beaucoup de familles se sont cassées les dents à vouloir survivre en ces lieux, à cause des sécheresses, du "dust bowl" ...

Protecteur de la nature, amoureux des oiseaux, Dan O'Brien va vivre la réintroduction du bison comme une quête initiatique. Lui même va renaître de sa vie d'éleveur fait de dettes, de difficultés en tous genres, et de drames personnels.

J'ai beaucoup aimé son honnêteté, son humilité et son humour.
Pour tous ceux qui aiment le "nature writing", l'Ouest américain, je le conseille vivement ; un coup de cœur.

Les racines du ciel en Amérique

7 étoiles

Critique de Fabrice (, Inscrit le 22 novembre 2009, 39 ans) - 22 mai 2013

Dans ce roman autobiographique, l'auteur, Dan O'Brien, décrit comment à la fin des années 1990, il a opéré une transformation de son ranch de bovins vers un élevage extensif de bisons.
Drôle de personnage que ce naturaliste, fauconnier à ses heures perdues, un peu baroudeur, un peu intello, devenu on ne sait comment éleveur de vaches. Traversant une dépression, il découvre les bisons, et décide, afin de restaurer l'écosystème appauvri des grandes plaines du Dakota, de se lancer dans l'élevage de cet animal.
L'auteur est touchant, il y a dans cette quête du "sauvage" un peu du Morel des "Racines du ciel", et parfois aussi le côté nonchalant d'Alexandre le bienheureux.
J'ai aimé cet histoire, l'ambiance des grandes plaines américaines avec un goût "Far west", ainsi que les portraits souvent touchants des gens que côtoie l'auteur.
Par contre j'ai regretté le parti pris un peu "familier" de l'auteur qui écrit comme il parle. Un peu plus de style aurait mis en valeur le fond.
A recommander pour les amateurs de grands espaces et de nature.

L'impact de l'agriculture actuelle des Grandes Plaines

8 étoiles

Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 21 février 2013

J’avais un peu d’appréhension en entamant Les bisons du cœur brisé ; ses lecteurs assimilent souvent Dan O’brien à Jim Harrison. Or, je n’ai jamais réussi à accrocher avec ce dernier. Les deux écrivains se connaissent puisque Dan O’brien parle d’un rendez-vous avec Jim Harrison dans son livre. Ils évoquent effectivement les même territoires, les Grandes Plaines de l’Ouest des Etats-Unis, avec une admiration similaire.

La ressemblance entre les deux hommes s’arrête là selon moi. En effet ce récit autobiographique de Dan O’brien a un schéma narratif très simple, contrairement par exemple à celui de Dalva de Jim Harrison qui comporte de nombreuses ellipses.

Ici, seul le quotidien d’éleveur de Dan nous est conté : son rythme de vie, sa passion des bêtes et notamment des faucons, ses angoisses et ses solutions pour rembourser ses prêts, sa façon de considérer son bétail, de l’admirer, ses contemplations de ses terres, ses questionnements métaphysiques… Surtout, Dan O’brien cherche à corriger la vision que nous avons souvent des cow-boys, vision véhiculée par des films hollywoodien à gros budget dont l’impact n’a justement rien de positif pour ces terres. Il nous explique également avec beaucoup de rigueur et de simplicité en quoi l’élevage de vache est délétère sur ces terres et qu’il faut lui préférer celui des bisons, même si les bénéfices financiers et environnementaux se verront seulement à long terme.

Le style des passages narratifs comme descriptifs et des discours est très simple, le langage familier. Cela renforce la simplicité du message que cherche sûrement à nous faire passer Dan, à savoir qu’il est bon de prendre en considération notre impact sur l’écosystème lors de l’emprise de nouveaux projets.

Contrairement à Cuné, je me suis donc délectée de ce témoignage et je ne peux que le recommander à tous les amateurs de nature.

L’HOMME QUI MURMURAIT A L’OREILLE DES BISONS...

10 étoiles

Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 5 juin 2012

Dan O’BRIEN est un grand écrivain, non un éleveur de bisons… non en fait les deux… Dans ce livre il nous raconte sa vie au cours des années 1998-2003, au cours desquelles il abandonne l’élevage des vaches pour se consacrer à l’élevage des bisons.

L’auteur est en effet un écologiste convaincu, et il décide de faire ce qu’il y a de mieux pour l’écosystème des Grandes Plaines du Dakota du Sud où se situe son ranch, le «Broken Heart»…
En effet, après des siècles d’élevage bovin et d’agriculture intensive, les terres sont détruites, définitivement stérilisées. O’BRIEN décide donc de revenir à l’élevage des bisons plus traditionnel, et plus adapté à la région.

Il nous raconte alors sa vie, son combat, son travail de tous les jours, ses efforts permanents pour trouver de l’argent afin rembourser les banques, ses inquiétudes pour ses bêtes, ses nuits sans sommeil rongé par le doute… Mais aussi ses premières victoires, ses amis, les premières naissances dans son ranch… Cet homme aime ce qu’il fait et aime ses animaux, il sait nous le faire partager, en le suivant on devient peu à peu un véritable spécialiste des bisons…

Un extrait : «Accroupi près de mon buisson à cinquante mètres du premier bison, le vent soufflant à présent sur ma gauche, je me sentais invisible. En m’installant, j’avais pu sentir l’odeur des bisons. Leur parfum était doux et enivrant, et j’imaginais qu’une telle odeur avait dû faire saliver les loups de la prairie, un siècle plus tôt.
Comme la puissance de l’ouragan ou des marées océanes, l’odeur du bison sauvage m’a aidé à prendre la mesure de ma nature humaine et, à nouveau, je me suis dit que ces bisons devaient avoir une saveur délicieuse. Cette fois-ci, j’ai rêvé de frotter un steak avec de l’ail et de le faire cuire au-dessus d’un feu de noyer… ».

Ce livre vaut autant pour son écriture que pour son ambiance unique… On voit les Grandes Plaines, on respire les Grandes Plaines, on vit les Grandes Plaines, on sent les Grandes Plaines… Les saisons défilent, les paysages aussi, magnifiques, indescriptibles… Une ode au Grand Ouest américain…
Inutile de dire que j’ai aimé, beaucoup aimé cette écriture unique, ce livre unique, à tel point que sur la fin je me suis mis à ralentir le rythme de ma lecture, pour en faire durer le plaisir…

Il est étonnant que Dan O’BRIEN est si peu connu par rapport à son illustre voisin, Jim HARRISON. Ce magnifique livre est d'ailleurs lui aussi bien trop méconnu, mais heureusement, il n’est jamais trop tard pour découvrir un grand livre…

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