Faut se méfier des belles créatures...

A tous ceux qui ne sont pas encore convaincus de la qualité de la narration graphique selon Tome et Janry, je demande de prendre cet album et de lire la première planche avec décontraction, ouverture et sans aucun a priori… Vous allez, très rapidement être pris par un mouvement, une dynamique, un élan qui ne sont pas sans faire penser à la narration de Franquin, vous savez ce petit jeune qui a repris les aventures de Spirou et Fantasio entre 1945 et 1968…
La première vignette est simple, mais déjà une voiture arrive à grande vitesse…Celle de Fantasio… Il se gare, un peu à la ramasse sur les Champs-Élysées… et nous entrons, légèrement avant lui, chez un photographe… Il est en train de faire l’article d’un appareil qui se démonte entièrement… Mais le plus fort, c’est quand, dans la troisième vignette, il remonte, sans un mot, le matériel… La planche va se terminer au moment où Fantasio rapporte le même appareil et demande au distingué vendeur de tester ce matériel… En effet, on découvre qu’un petit clic peut engendrer un gros Tchac… C’est franchement très drôle, bien raconté et plein d’onomatopées, de rythme dans le graphisme… Du grand art… Quant au patron qui refile une machine infernale à Fantasio, je ne vous en dis pas plus… « le machin » !
Pour le reste revenons, un instant au scénario. Le comte de Champignac est resté en Australie, il a invité nos deux amis à aller passer quelques jours au château… et les voilà qui arrivent au village un jour de grosse tension…
C’est dans la gare que les masques tomberont et que Fantasio va pouvoir délivrer une pauvre femme liée… mais c’est aussi le début des malheurs pour tout un village et surtout pour le pauvre Spirou… Car il va falloir rattraper Cyanure avant qu’elle ait mis à feu et à sang toute la région…
Je n’ai pas besoin de vous dire que Spirou triomphera du « mal »… Mais à quel prix ? En utilisant quelle énergie ? Avec quelles pertes collatérales ?
L’ensemble de toute l’histoire est véritablement un album d’école pour ceux qui comme moi sont persuadés que la bédé c’est raconter une histoire avec des dessins, des textes et une bande son. La bande son est délirante, époustouflante, efficace… Cris, bruits de toutes natures, présences techniques, électriques et mécaniques… Sans oublier les coups de poing, les coups de pied, les crocs en jambes [de ce point de vue là, la machine anti-resquilleurs de Caténaire est fantastique]…
Cet album est aussi l’illustration qu’en bédé tout est possible tandis que s’il fallait adapter « Qui arrêtera Cyanure » au cinéma le budget serait tel que l’opération serait impossible…
Janry et Tome ont atteint dans cet épisode la maîtrise presque parfaite des aventures de Spirou et Fantasio et cela m’a réjoui le cœur !!!
J’ai vu une mise en dessins animés de cette histoire, à la télévision, c’était il y a quelques années, et j’avais trouvé que c’était de très bonne qualité… Comme quoi, quand le scénario est bon, on peut presque en faire ce que l’on veut… A vous de vous en rendre compte…

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  Qui arrêtera Cyanure ? [Texte imprimé] [texte et dessins] par Tome et Janry

  de Janry, (Illustrateur) Tome, (Scénariste)
  Dupuis / Spirou et Fantasio
  ISBN : 9782800111360 ; 10,95 € ; 01/01/1985 ; 325 p. ; Album

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