Smokey

avatar 16/10/2008 @ 18:37:15
Bonjour!

Après avoir lu les différentes critiques portant sur ce texte, je souhaite ouvrir un peu le sujet.

En effet, l'un d'entre-nous a lancé l'idée qu'il n'y a avait rien d'intéressant dans la vie du goulag (du moins dans le livre de Soljénitsyne), et que l'histoire était fade (ou plate). Aussi, je me demandais si vous pensiez que pour traiter d'un sujet comme les goulags, les camps, les prisons, bref, l'état de captivité dans l'ensemble, il était plus intéressant de trouver du sensationnel, en somme des anecdotes croustillantes que la réalité directe qui est qu'enfermé, on s'ennuie.

Personnellement, je ne suis pas du tout dans l'optique "d'ici paris" et je n'aime pas trop les auteurs qui en font trop, ou qui du moins, préfèrent jouer sur ce que j'appellerais ( faute de mieux) le superficiel et je pense que cet ouvrage a le mérite de traiter du goulag d'une façon complétement novatrice en restant au coeur du sujet. Et que c'est grâce à cela que l'on peut faire marcher l'imagination du lecteur, en en disant peu, on en dit en fait beaucoup. De plus, l'état même de captivité ne peut pas vraiment correspondre au schéma du roman d'aventure...

Il va sans dire que je connais davantage d'oeuvres de la littérature sur les camps, aussi, les ouvrages traitants sur la vie dans les prisons et les goulags m'intéressent beaucoup, d'autant plus que j'en connais peu donc si vous en connaissez, ouvrages bienvenus...

Prince jean 16/10/2008 @ 22:19:49
Bonsoir,
je te conseil 'de la maison des morts' ou 'souvenir de la maison des morts' de Dostoievski.
Il raconte dans ce livre sa propre vie au Goulag de 1849 à 1853.
Janacek en a tiré un opera magnifique.

sur l'enfermement j'avais également beaucoup aimé le roman de Françoise Chandernagor 'la chambre' qui parle de la prison au temple où l'enfant Louis XVII est mort, seul, au milieu de ses déchets.
terrible mais tres belle ecritures, beaucoup de couleurs grises, du temps qui s'allonge, ect...

Saule

avatar 16/10/2008 @ 22:38:50
Il y a un livre vraiment extraordinaire que tu peux lire, c'est "Une vie bouleversée" de Etty Hilesum. Cette jeune femme juive, très brillante, raconte dans un journal intime qui fut publié longtemps après sa mort, un itinéraire spirituel de libération intérieure et de mysticisme très étonnant.

Ses notes se terminent dans un camp de détention, dernière escale avant le camp d'extermination, son univers intérieur est tellement grand qu'elle dépasse l'enfermement physique et la vie du camp.

Le rat pourra t'en parler dans un éventuel prochain retour, il aime beaucoup cette jeune femme.

Saint Jean-Baptiste 16/10/2008 @ 23:12:06
À marche forcée de Slavomir Rawick est un récit authentique d'une évasion des Goulag. Mais le début du livre raconte très bien les conditions des Goulag. C'est un livre passionnant.

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/4634

Edith Hillesum est un personnage extraordinaire. Ceux qui se demandent ce que c'est qu'une mystique seront comblés. Mais elle ne raconte pas vraiment la vie des camps.

Saule

avatar 16/10/2008 @ 23:32:56
Je pense que l'art d'un écrivain c'est de capter le public sans raconté rien d'exceptionnel.

Lis Barbara Pym, qui raconte les "tea party" et les ventes de bienfaisance dans la campagne anglaise, le fait le plus sensationnel étant que le diacre met deux sucres dans son thé à la page 125 ! Mais c'est passionnant, car c'est toute la destinée humaine qui est en jeux !

Ne me parle pas d'ennui, car c'est mon dada, pour moi l'ennui c'est la vie !

Saule

avatar 16/10/2008 @ 23:34:23
Je suis trop fatigué pour l'orthographe, j'arrête de poster :-).

Smokey, je pense que "A marche forcée", c'est formidable, et que c'est tout à fait pour toi.

Saint Jean-Baptiste 16/10/2008 @ 23:36:17
Tu devrais préciser : l'ennui métaphysique ou l'ennui domestique ?

Provis

avatar 16/10/2008 @ 23:56:51
Je pense que l'art d'un écrivain c'est de capter le public sans raconté rien d'exceptionnel.
Oui, tout à fait. Tu veux sans doute parler de livres "sans action" ?

Dans cette optique, je pense au "Désert des Tartares" de Buzatti, ce soldat qui passe sa vie à attendre, ou même "Le vieil homme et la mer" d'Hemingway".
Hélas, cest bien souvent qu'on voit des lecteurs se plaindre qu'il ne se passe rein dans le livre qu'ils sont en train de lire, alors que le livre est exceptionnel..

Saint Jean-Baptiste 17/10/2008 @ 00:45:29
Le rivage des Syrtes ...le sommet ! La quintessence de l'ennui métaphysique, domestique, clinique et tchic et tchac et tout ça...
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/5666

Saule

avatar 17/10/2008 @ 09:18:39
Oui "Le désert des tartares", c'est exceptionnel, car tout est concentré dans la dernière ligne. C'est l'attente. Dans le même registre, il y a les pièces de Tchékov (Stravoguine pourrait en parler) et pour moi surtout "La Steppe" de Tchékov qui raconte le voyage à travers la Steppe d'un jeune enfant. Chaque évènement prend un relief d'autant plus grand que la Steppe est immense et vide, et ennuyeuse.

C'est un thème récurrent aussi de Edith Wharton, elle dit dans une nouvelle, à propos d'un de ces personnages au milieu de la vie : "Elle avait passé sa vie à attendre, comme un chasseur guette sa proie". Elle associe souvent ce sentiment de regret ou de peur de n'avoir pas vécu sa vie, qui va avec l'attente (comme Buzati d'ailleurs).

Stavroguine 17/10/2008 @ 09:56:58
Oui "Le désert des tartares", c'est exceptionnel, car tout est concentré dans la dernière ligne. C'est l'attente. Dans le même registre, il y a les pièces de Tchékov (Stravoguine pourrait en parler) et pour moi surtout "La Steppe" de Tchékov qui raconte le voyage à travers la Steppe d'un jeune enfant. Chaque évènement prend un relief d'autant plus grand que la Steppe est immense et vide, et ennuyeuse.


Merci Saule, mais tu me fais trop d'honneur pour le théâtre de Tchékhov: à ma grande honte, ma connaissance se limite pour l'instant à La Mouette... Mais j'y travaille (La Steppe est sur ma LAL réduite aussi) - mais beaucoup de boulot en ce moment.
Sinon, dans le même genre où une attente plane jusqu'à un tourbillon final dans les dernières lignes, on trouvera Le Château Blanc de Pamuk qui prend tout son sens dans le dernier chapitre.

Stavroguine 17/10/2008 @ 10:24:59
Et j'oubliais, récemment, La Route.

PS: Vous remarquerez qu'on parle plus du tout de captivité, mais que ça a du bon les conversations qui dévient parfois quand même, nan ?

Saule

avatar 17/10/2008 @ 11:32:40
Le lien est ténu, mais il est la !

Quand j'ai introduis Etty Hilesum, c'était pour montrer que même si il ne se passe rien à l'extérieur, et qu'on est dans un camp, tout peut se jouer à l'intérieur. Donc ma réponse à Smokey est : pour parler d'un camp il ne faut aucun évènements extérieurs extraordinaires ni rien de sensationnel.

Et on peut extrapoler à toute la littérature, comme les colistiers l'ont fait : car en effet les meilleurs livres sont souvent ceux dans lesquels il ne se passe rien "d'extraordinaire".

Stavroguine 17/10/2008 @ 11:54:17
Le lien est ténu, mais il est la !

Quand j'ai introduis Etty Hilesum, c'était pour montrer que même si il ne se passe rien à l'extérieur, et qu'on est dans un camp, tout peut se jouer à l'intérieur. Donc ma réponse à Smokey est : pour parler d'un camp il ne faut aucun évènements extérieurs extraordinaires ni rien de sensationnel.

Et on peut extrapoler à toute la littérature, comme les colistiers l'ont fait : car en effet les meilleurs livres sont souvent ceux dans lesquels il ne se passe rien "d'extraordinaire".


Ne t'en fais pas, Saule, je suis tout à fait d'accord avec toi : le lien existe indéniablement et on peut tout à fait suivre le raisonnement qui nous mène là. C'était juste pour dire que quand la conversation coule tranquillement vers d'autres horizons (comme une vraie conversation autour d'un verre en fait), ça permet d'aborder de nouveaux thèmes et c'est souvent enrichissant pour tout le monde.

Feint

avatar 17/10/2008 @ 15:44:03
Bonsoir,
je te conseil 'de la maison des morts' ou 'souvenir de la maison des morts' de Dostoievski.
Il raconte dans ce livre sa propre vie au Goulag de 1849 à 1853.
Janacek en a tiré un opera magnifique.

Qui nous rappelle aussi l'ancienneté de ces sinistres camps...

Avada

avatar 17/10/2008 @ 18:09:16
J'ai lu, il y a très longtemps, "Un testament espagnol", roman de Koestler qui raconte -me semble-t-il- l'emprisonnement d'un homme (ou de l'auteur?) pendant la guerre civile en Espagne .

Je pense aussi- je ne sais plus s'il a été cité- à "Si c'est un homme" de Primo Lévi. Il y a, dans ce livre, un passage stupéfiant où l'auteur explique quels types d'hommes se sont "le mieux" adaptés aux conditions inhumaines de détention des camps de concentration... Effrayant...

Dirlandaise

avatar 17/10/2008 @ 18:18:25
Explore du côté de Victor Frankl.

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/7341

Jules
17/10/2008 @ 18:44:32
Bien sûr il y a "Souvenirs de la maison des morts" dans lequel Dostoïevski a découvert beaucoup en psychologie (chose qui a fait que Freud l'admirait tellement)

Il y a bien sur "Si c'est un homme" mais également "L'écriture ou la vie" de Semprun et d'autres encore. Je pense aussi à Brodek...

Mais tu veux aussi élargir le débat: sensationnel ou non ?

Je dirais qu'il y a de très nombreuses manières de ressentir l'enfermement. Il y a même des gens qui s'y adaptent très bien !

Chacun le racontera donc suivant la façon dont il l'a perçue.

En dehors de cela cela devient du roman...

Débézed

avatar 17/10/2008 @ 19:05:56
Quelques livres sur le scamps et les prisons :

- Zhang Xianliang - La mort est une habitude
- Hwang Sok-Yong - Le vieux jardin
- Alphonse Boudart - La cerise
- Arthur Koetsler - Le zéro est l'infini
- Imre Kertész - Etre sans avenir
- Jeroen Brouwers - Rouge décanté
- Jiri Weil - Vivre avec une étoile
- Varlam Chalamov - Vuchéra
- André Siniavski - Bonne nuit
- Alexandre Zinoviev - L'avenir radieux

Et aussi :

- David Malouf - Dernière conversation dans la nuit
- Albrecht Goes - Jusqu'à l'aube
- Victor Hugo - Qhatre vingt treize
- JL coetzee - Michael K, sa vie, son temps

Débézed

avatar 17/10/2008 @ 19:09:45
"Une journée d'Ivan Denissovitch" dépasse largement la description de la vie dans les camps, il évoque aussi la relativité de la vie en montrant la possibilité de se procurer des petits moments de bonheur dans un contexte très hostile. Et ainsi qu'il faut savoir créer ces instants sans toujours compter sur les autres.

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