Une journée d'Ivan Denissovitch de Alexandre Soljenitsyne

Une journée d'Ivan Denissovitch de Alexandre Soljenitsyne
( Odin denʹ Ivana Denisoviča)

Catégorie(s) : Littérature => Russe

Critiqué par Stéphanie, le 23 juillet 2001 (Chevreuse, Inscrite le 12 juillet 2001, 53 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 27 avis)
Cote pondérée : 8 étoiles (156ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 16 573  (depuis Novembre 2007)

La vie quotidienne au goulag

C'est en 1962 que Nikita Krouchtchev autorisa la publication d'"Une journée d'Ivan Denissovitch", premier récit d'A. Soljenitsyne sur la vie à l'intérieur d'un goulag.
Certains passages ont été à l'époque coupés (ré-introduits dans les éditions d'aujourd'hui) mais on peut tout de même s'étonner qu'un tel témoignage ait été autorisé à paraître tant les illogismes du système concentrationnaire décrits semblent représenter le monde soviétique de l'époque.
La force de ce livre ne réside pas dans la description de scènes de tortures ou autres violences physiques mais dans le récit d'une seule et "simple" journée passée au goulag -une parmi des milliers d'autres.
Tout au long de cette journée, le lecteur vivra aux côtés de Choukov suivant les règles pour survivre au sein du goulag, et rencontrera d'autres détenus, ceux qui s'en sortent grâce aux colis reçus de leurs proches et ceux qui sombrent, incapables de se faire au régime du camp et au manque d'espoir.
Ce livre est à lire, absolument, pour savoir...

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La première œuvre littéraire sur l’existence du Goulag

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 6 octobre 2020

Sibérie mon amour ! Une journée d’Ivan Denissovitch a été publié en 1962 et il faut essayer de se replacer dans ce contexte, il y a 58 ans (mon Dieu, j’étais né !) pour en mesurer la portée.
Depuis beaucoup d’écrits, d’œuvres majeures notamment (je pense à La bascule du souffle d’Hertha Müller par exemple, de films de fiction voire de reportages ont porté la réalité à la connaissance de tous. Mais en 1962 ? La guerre froide bat son plein. Les informations entre les deux blocs ne circulent pas, ou très parcimonieusement, la parution de Une journée d’Ivan Denissovitch a dû représenter une véritable déflagration ! D’autant que la comparaison d’avec les camps d’extermination nazis, pas si lointains à l’époque, s’impose d’elle-même.
Il faut prendre le titre à la lettre ; une journée. Le roman commence à cinq heures du matin ;

»Cinq heures du matin. Comme tous les jours, sonne le réveil ; à coups de marteau sur le bout de rail qui pend près du baraquement à l’état-major. Les coups saccadés ont du mal à traverser les vitres et les deux doigts de givre dont elles sont recouvertes et, bientôt, ça cesse. Il fait froid. Le gardien n’a aucune envie de sonner longtemps. »

Et se termine avec le coucher, la nuit venue ;

»Une journée a passé, sur quoi rien n’est venu jeter une ombre, une journée presque heureuse.
De ces journées, durant son temps, de bout en bout, il y en eut trois mille six cent cinquante-trois. Les trois en plus, à cause des années bissextiles …


« Rien n’est venu jeter une ombre », se dit Choukhov lorsqu’il est sur le point de sombrer dans le sommeil. Oui, rien d’extraordinaire tel qu’être jeté au cachot, avoir pu grappiller quelques miettes de pain supplémentaires et un bout de saucisson, ne pas s’être fait piquer avec un bout de lame en poche … Rien d’extraordinaire mais que de l’insupportable ordinaire, cet ordinaire du déporté en camp pour des motifs purement idéologiques et parfois d’une futilité sans nom. Ce roman c’est ce qu’il raconte – et, encore une fois, c’est la première fois pour le monde qui découvre cette réalité – l’abominable sort de millions de déportés en Sibérie qui survivent douloureusement en fournissant un travail éreintant. Gloire aux autorités soviétiques !
C’est avec le détenu Choukhov, Ivan Choukhov, fils de Denis (Denissovitch) que nous passons cette journée depuis les cinq heures du matin donc et ces coups frappés sur un rail, avec la faim en permanence, la peur en permanence, les brimades, la tâche à accomplir, le froid, … Une réalité de camp, quoi. Une réalité qu’a connue et à laquelle a survécu Alexandre Soljenitsyne.

Intéressant mais ....? problème de traduction ?

6 étoiles

Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 63 ans) - 19 avril 2019

"Une journée d'Ivan Denissovitch" Alexandre Soljenitsyne
Ed. Robert Laffont poche (226p).

Bonjour les lecteurs ...

Soljenitsyne ne m'était pas inconnu, l'archipel du goulag, le pavillon des cancéreux, la maison de Matriona
S'attaquer à " la journée d'Ivan Denissovitch" est autre chose.

Pendant un peu plus de 220 pages, Ivan, prisonnier dans un goulag depuis plus de 8 ans, raconte une de ses journée type par le menu.
Ceci depuis le réveil à 5 h du matin jusqu'au couché.
Tout y est minutieusement décrit . De ces quelques instants volés à l'aube, jusqu'aux rassemblements, les " repas", les corvées.
Ivan, détenu modèle, a su se fondre dans le moule et chaque jour, tente de survivre dans cet enfer glacé.
Sa vie est fait de petits rien, quelques miettes qui améliorent son ordinaire et suite de vexations.
Il relate les règles ridicules, la transformation de l'être humain en bête de somme.
La ruse, la perte de l'espoir, le fatalisme.
Ivan se pose aussi des questions sur l'existence de Dieu, se sentant proche de la sortie, de la fin de sa vie.

A sa sortie en 1962, ce livre a eu l'effet d'une bombe: pour une fois, quelqu'un osait relater les conditions de vie à l'intérieur d'un goulag.
Cette vie devenue inutile où chaque journée se traîne, où chaque journée ressemble à celle d'hier et est identique à celle de demain.

Avec un recul de plus de 50 ans, que dire ?

Le texte récit est certes intéressant.. mais ces 200 pages sont lourdes, plombantes.
J'ai été déçue par l'écriture poussive (problème de traduction?).
Je n'avais pas eu ce ressenti par exemple lors de la lecture de " l'archipel du goulag".

Je referme ce livre mitigée, comme anesthésiée, lassée

Pas enthousiasmé.

5 étoiles

Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 14 août 2016

C'est mon premier livre de l'auteur et j'avoue que j'ai été déçu.
Il s'agit d'une telle icône que je m'attendais à autre chose.
Le récit de cette journée révèle évidemment le plaisir des camps de vacances organisés par les communistes, enfin je veux dire les camps de travaux forcés pour esprit rebelle à la doctrine.
A l'époque cela a dû en décoiffer plus d'un,surtout en France.
J'ai beaucoup de respect pour l'homme et ses idées, mais ce livre autant par la narration que par le contenu m'a déçu.
A lire pour les quelques ultras des derniers pays staliniens qui pourraient peut-être avec cette voix lointaine, parvenir à ouvrir les yeux.
5 étoiles pour l'homme, 5 étoiles pour la répercussion de son oeuvre et cet ouvrage en fait évidemment partie, 2.5 étoiles pour le récit.

Philosophie de survie

6 étoiles

Critique de Myrco (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 75 ans) - 3 juillet 2016

Si ce texte bénéficie d'une telle notoriété, il le doit avant tout au contexte de sa publication en 1962, soutenue par Kroutchev lui-même dans le cadre de la déstalinisation: pour la première fois, la vérité sur l'existence du goulag (tabou jusqu'alors, bien que déjà dénoncée par quelques écrits circulant en Occident) était officiellement délivrée aux citoyens soviétiques et ne pouvait dès lors plus être démentie.

Soljenitsyne nous livre ici un témoignage réaliste sur la vie ordinaire des camps de travaux forcés, du moins celle d'un camp similaire à celui dans lequel il passa lui-même huit années de sa vie entre 1945 et 1953. Ici, rien de comparable à l'horreur des camps nazis, le but n'étant pas l'extermination mais plutôt un reformatage qui vise à briser l'individu. Point de scènes extrêmes ou d'atrocités - même si la perspective de la mort possible au moindre faux pas est suggérée - mais les conditions drastiques de la vie de tous les jours, des conditions limites visant néanmoins à préserver le réservoir de main-d'œuvre que constituent les zeks.
Le personnage central, Ivan Denissovitch Choukov, un homme simple, honnête et courageux, condamné comme beaucoup d'autres pour des raisons totalement ubuesques, s'est constitué une philosophie de vie ou plutôt de survie: ne vivre ni dans le passé, ni dans un avenir plus qu'incertain, se concentrer sur les besoins fondamentaux au jour le jour tout en veillant à sauvegarder sa dignité d'homme. Pas de plainte ou de lamentation: on fait au mieux avec ce que l'on a. Chaque petit plus (ou absence de moins) est une "chance inouïe". Chaque journée qui s'achève est une victoire sur soi, sur les conditions extrêmes.
Aucun détail ne nous est épargné de la trivialité des rituels quotidiens, de ces petites astuces pour mieux se protéger, lutter contre la faim, le froid, le harcèlement des gardiens...Cela peut parfois être lassant, répétitif voire fastidieux mais en même temps tout à fait nécessaire pour l'édification du lecteur et lui faire toucher au plus près le vécu du zek.

On a assez peu parlé ici du niveau de langue qui, sans en avoir l'air, confère au texte sa qualité littéraire. Si la narration est confiée à une voix indéterminée qui pourrait être celle, collective, des prisonniers, la langue utilisée se veut celle du personnage principal, un langage parlé, vivant, mélange probable de parler paysan et de langue des camps, à la syntaxe parfois approximative et au lexique spécifique. Cela s'avère assez surprenant voire un peu pénible au départ mais très vite on s'habitue et on se prend à goûter la saveur particulière de cette langue fleurie. Hommage en passant aux traducteurs dont la tâche n'a pas dû être aisée!
Il faut dire que le ton souvent enjoué qui traduit bien la philosophie positive d'Ivan Denissovitch, en opposition avec la nature du sujet, une tonalité que renforcent quelques pointes ironiques de l'auteur à l'encontre du système (citons par exemple: "Porter un bard, ça ne demande pas d'intelligence. C'est pourquoi le brigadier, il y met ceux qui ont été de grands chefs.") confère au récit une dimension tout à fait inattendue et originale. Gageons qu'une façon plus convenue d'aborder les choses n'aurait peut-être pas bénéficié du même appui des autorités politiques.

Un témoignage de l'histoire à savourer

8 étoiles

Critique de Ben75011 (Paris 11e, Inscrit le 19 février 2014, 36 ans) - 27 mai 2014

24 heures dans la vie d'un détenu russe, en camp de travail. Les ambiances et personnages sont très bien décrits. On apprécie chaque page tant l'auteur écrit avec application sur les conditions de vie des détenus.
Comparé à la littérature Russe, ce livre est facile à lire, il n'y a pas trop de personnages (aux noms multiples) qui rendent le Roman difficile à suivre.

C'est un témoignage de l'Histoire, rare, à savourer.
Il permet aussi de relativiser beaucoup par rapport à nos propres conditions de vie.

Ce livre m'a fait penser à "La Mort est mon métier" de Robert Merle: on traite des camps, et l'écriture est aussi bonne.
A mettre en toutes les mains.

Une belle leçon de courage et d'optimisme

10 étoiles

Critique de Encyclopédie sur pattes (, Inscrite le 22 juin 2012, 28 ans) - 4 juillet 2013

J'ai bien aimé ce roman qui montre que l'on peut trouver le bonheur et la paix de l'âme même si tout s'y oppose. Avant de s'endormir, Ivan "satisfait pleinement" pense que cette journée était "presque une journée de bonheur". Déconcertant lorsqu'on a lu tout ce qu'il a subi (tortures, privations...) mais aussi plein d'espérance... On peut être heureux même dans les pires situations si on sait saisir le bon côté des choses et se réjouir de faits positifs, aussi simples soient-ils ! Au lieu de se lamenter vainement (et il aurait pourtant bien des raisons de le faire !) Ivan décide d'opposer son optimisme à la haine de se persécuteurs. C'est dans l'optimisme que réside la vraie résistance à l'opression barbare car c'est par la joie intérieure qu'Ivan se libère peu à peu de ses chaînes en gardant l'esprit libre et en survivant avec courage.

Une journée au goulag ...

9 étoiles

Critique de Lecassin (Saint Médard en Jalles, Inscrit le 2 mars 2012, 68 ans) - 12 octobre 2012

« Une Journée d'Ivan Denissovitch » est publié dans la revue littéraire « Novy Mir » pour la première fois en décembre 1962 sur décision du Politburo d'URSS et sur intervention personnelle de Nikita Khrouchtchev. Il sera republié , certains passages censurés, en 1963, avant d'être traduit et édité en français en 1973…
On trouve ici les grands thèmes qui feront le succès d'Alexandre Soljenitsyne plus tard : le Goulag et la Russie profonde avec ses valeurs ancestrales et ses bassesses.
Le roman décrit les conditions de vie dans un camp de travail au début des années 1950 à travers les yeux du prisonnier Ivan Denissovitch Choukhov, que l'on suit au cours d'une des trois mille six cent cinquante-trois journées qu'il y passa. Une expérience vécue par l'auteur qui fut lui-même détenu au camp d'Ekibastouz.
Un roman qui fit l'effet d'une bombe dans l'opinion russe dans la mesure où pour la première fois un écrivain décrivait l'univers concentrationnaire de l'URSS, fort de son expérience. Une bombe dans l'opinion russe mais aussi et surtout dans l'opinion publique mondiale… fit l'effet d'une bombe. Pour la première fois, une œuvre littéraire présentait au lecteur soviétique un témoignage du Goulag.
Un roman qui outre le côté documentaire et témoignage n'est est pas moins rédigé dans un style parfois léger, mais qui ne masque jamais la brutalité du thème : l'avilissement de l'homme par l'homme.
Nota : pour aller plus loin sur le même thème : « Le Zéro et l'infini » d'Arthur Koestler…

Comment bosser dehors par -27° ?

8 étoiles

Critique de Ndeprez (, Inscrit le 22 décembre 2011, 48 ans) - 21 juillet 2012

On m'avait présenté ce livre comme un "treblinka" à la sauce Soviétique.C'est faux.
Certes les conditions d'internement au Goulag n'ont rien à envier à leurs homologues des camps de concentration mais , et je ne sais pas si vous l'avez ressenti , il règne dans ce livre une sorte de vent de liberté et même parfois d'optimisme.
Un livre à proposer dans les écoles , beau , subtil , touchant et même bouleversant.
Comme aurait pu dire Coluche :
"Le goulag c’était pas les vacances d'ailleurs heureusement parce qu'il a pas fait beau"

Tout en sobriété et en justesse

9 étoiles

Critique de Kreuvar (, Inscrit le 3 avril 2012, 41 ans) - 23 avril 2012

Une œuvre tout en sobriété et en justesse,

pas de larmoiement ni d'apitoiement,

pas de mélo ni de pathos,

un bel argot des camps agréable à lire excepté le passage un peu longuet sur la journée de maçonnerie et les détails insignifiant relatifs à l'édification d'un mur...

Un indispensable.

A lire et à relire : un livre exceptionnel !

10 étoiles

Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 21 octobre 2011

Le style, d'abord : facile, limpide, souvent la transposition du langage ordinaire des gens simples. J'ai pensé pour ma part au "Caporal épinglé" de Jacques Perret. Rappelez-vous :"Nous ferons jamais tant rire qu'ils nous font ch...".

Sur le fond ensuite ; on est étonné de la faculté de ces êtres abandonnés à trouver le bonheur dans les petits riens de la vie quotidienne, la nourriture tout d'abord. Et enfin, pourquoi les envoyait-on (à l'époque) dans ces camps ? L'auteur nous le fait deviner par petites touches et on reste sans voix. Comment le régime traitait-il son peuple ? Et dire que certains, encore, conservent la nostalgie du communisme à la sauce soviétique.

Le "si c'est un homme" russe

10 étoiles

Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 51 ans) - 22 juin 2011

Livre bouleversant sur la détention en goulag, il rappelle pour beaucoup le livre de Primo Levi "Si c'est un homme" dans les camps nazis. La même volonté pour les bourreaux d'avilir et de supprimer l'humain de leurs victimes mais aussi la même résolution de survivre pour le captif.
C'est une lecture éprouvante mais nécessaire pour ne jamais oublier que cela a existé et que cela peut encore arriver en Europe et pourquoi pas chez nous.

D'utilité publique

5 étoiles

Critique de Lejak (Metz, Inscrit le 24 septembre 2007, 50 ans) - 28 mars 2011

D'utilité publique car cette nouvelle nous permet de découvrir la vie quotidienne d'un mitard des camps d'emprisonnement soviétiques.

Maintenant, je n'ai mis que la moyenne pour ce côté "à étudier à l'école" car l'objet en tant que telle se rapproche plus du documentaire que de l'oeuvre littéraire.
Le livre manque à mon goût d'épaisseur - à tout niveau - et ne traduit pas je pense la véritable dimension de l'inhumanité de ces camps.
Nous apprenons bien des choses au travers de gestes anodins, mais la force émotionnelle est absente.

Je me suis ennuyé ferme et j'ai mis un temps fou à l'achever.

Totalement indispensable

9 étoiles

Critique de Gooneur (TOULOUSE, Inscrit le 14 janvier 2008, 41 ans) - 26 février 2009

De par sa place dans l'Histoire, de par son antériorité dans le récit du quotidien d'un goulag, ce livre est un jalon de l'histoire contemporaine. Nonobstant la relative "simplicité" de style et de narration, il en résulte un grand classique d'une force évocatrice rare.

un chef d'oeuvre

10 étoiles

Critique de Phineus (Bordeaux, Inscrit le 16 février 2009, 87 ans) - 18 février 2009

Un des premiers livres à avoir dévoilé pour ceux qui ne savaient pas encore (l'infini) la réalité du goulak et, très étrangement, à travers l'apparente banalité de la journée d'un prisonnier banal. Mais c'est surtout un magnifique texte, d'un très grand écrivain. Et une longue et bouleversante méditation sur la lueur fragile de l'âme ...

Une vie en un jour

9 étoiles

Critique de Smokey (Zone 51, Lille, Inscrite le 12 août 2008, 38 ans) - 16 octobre 2008

C'est mon premier livre de cet auteur, je le trouve très interessant du point de vue historique. On remarque bien dans le style que c'est un auteur russe, par la façon dont il fait parler ses personnages et par leur mise en situation.
Je n'avais rien lu de véritablement précis sur les goulags mais après m'être renseignée un peu plus sur un sujet peu exploité, je trouve que Soljenitsyne en fait un très bon livre. Et je suis assez étonné de voir que les goulags ressemblaient à ce point aux lagers de la période 1939 et 1945.
Une journée, c'est long pour un détenu, surtout qu'il ne se fait pas d'espoir sur sa libération.

Enfin, j'ai été très surprise de découvrir cette notion de "bonheur" au sein même du goulag exactement au même moment ( c'est-à-dire tout à la fin du livre) que chez Kertész! Y aurait-il inspiration de ce dernier par l'auteur russe?

PREMIERE GRANDE DENONCIATION DES CAMPS SOVIETIQUES!

10 étoiles

Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 7 août 2008

Le plus grand mérite de ce livre est avant tout d'exister... a vu de la série d'événements incroyables qui ont précédé sa publication d'abord en URSS et puis dans le monde entier...

Ce livre vaut avant toute chose comme la première grande dénonciation des "camps d'internement" de l'ancienne URSS.
Il est vrai qu'aujourd'hui on en sait beaucoup plus sur cette période de l'histoire et que ce livre passerait presque pour "gentil", par rapport à la réalité, il nous décrit en effet une journée parfaite du "zeks" détenu dans son camp...

La plus belle piste de lecture que j'ai personnellement pu trouver est celle de l'utopie du détenu politique qui passe ici sa journée à maçonner et construit... les murs de son propre (futur) camp de détention... et en plus il essaie de faire du mieux qu'il peut et de construire le mur le plus droit possible...

Sinon, je n'ai pas beaucoup à rajouter aux critiques précédentes, à part que j'ai vraiment beaucoup, beaucoup aimé ce livre, et qui pour moi aussi à été un livre très marquant dans ma "carrière" de lecteur!

Une simple journée banale d’Ivan Dénissovitch de Soljenitsyne

10 étoiles

Critique de Bertrand-môgendre (ici et là, Inscrit le 9 mars 2006, 69 ans) - 2 avril 2006

Sous la glace, la vie au ralenti.
Khrouchtchev, est le dirigeant qui a rédigé le rapport secret sur les crimes de Staline, et permit à Soljenitsyne de publier son premier livre (parution officiellement reconnue).
Si Soljenitsyne, avec son Archipel du Goulag, en a donné un inoubliable témoignage littéraire, « une journée d’Ivan Dénissovitch », nous propose ici la vie quotidienne de centaines de zeks , avec pour toile de fond, en filigrane suggéré, l'absurdité des arrestations, la cadence infernale des travaux conduisant à la résignation monotone des survivants s’auto dirigeant pour tenter d’aménager des stratégies de survie. Au quotidien l’auteur nous décrit les banales scènes de levers matinaux, d’appels et de rassemblements suivis de fouilles , sans mettre en avant les violences inouïes et la mort omniprésente. Les yeux de Choukov Ivan Denissovitch, sont ceux d’un personnage innocemment gentil, naïf, bon camarade et surtout bon ouvrier, malléable.
Les camps ou Kontslaguer apparurent en Russie dès 1918 comme instrument de répression politique. De la Révolution à la Glasnost, 18 millions d'individus en furent les victimes ; 4,5 millions n'en revinrent jamais., Ces camps devinrent peu à peu, une « civilisation » à part entière, avec ses propres lois, sa diversité sociologique, sa littérature (dissimulée sous la forme d’un chapelet), son argot, ses coutumes : c'est au cœur ténébreux de ce monde que nous convie l'auteur.
Bien entendu, Khrouchtchev n’a pas compris Ivan Denissovitch. Il a pensé : " Voilà un récit qui parle de souffrance, mais en même temps il y a un certain enthousiasme pour le travail, imprimons-le ». Pierre Daix dans sa préface, dit : c’est un mélange " d’audaces mesurées et de concessions à la logomachie stalinienne "
Choukov, Ivan Dénissovitch, simple paysan, est résolu à accepter la violence du système, en ayant pris soin de restreindre son humanité aux besoins élémentaires de subsistance (manger, dormir et ne pas avoir froid aux pieds et aux mains) gardant comme objectif, ses espoirs à survivre jusqu'au lendemain.
Chaque détail de ce récit, tracé comme épure d’un compagnon bâtisseur, revêt un tout autre caractère lorsque , une fois assemblées, les pièces du puzzle révèlent la lutte acharnée des fourmis contre un monstre tentaculaire couleur rouge sanglant.
Quand Alexandre Soljenitsyne arrive en Occident après son expulsion d'URSS le 13 février 1974, il n'est pas un inconnu. Auteur de plusieurs romans et du récit Une journée d'Ivan Denissovitch, première peinture d'un camp de concentration, l’écrivain soviétique est sans doute le plus célèbre des dissidents (revoir l’interview avec Bernard Pivot).

Avec son témoignage, cet auteur important obligea les communistes européens à réviser leurs positions (lire « le terrorisme intellectuel » de Jean Sevilla)
Même vidé de sa moelle, l’os reste inflexible, avant qu’il ne se brise. Bertrand-môgendre

À vous glacer les os...

9 étoiles

Critique de Eric R. (, Inscrit le 23 octobre 2004, 39 ans) - 23 octobre 2004

Avant d'entamer le roman, il est indispensable de procéder à une mise en contexte de façon à ce que le lecteur soit à l'affût de l'impact historique énorme engendré par la parution de ce récit dénonciateur sur la population de l'URSS suite aux aberrations communistes du régime stalinien. La vie dans les camps de concentration (bagnes), pour la plupart des lecteurs sans doute, était à la limite de ce que l'on considère comme une existence qui n'en vaut pas la peine. Une journée d'Ivan Denissovitch raconte l'histoire d'hommes qui font preuve d'un courage sans frontières dans la poursuite de leur but ; donner un sens à une vie qui n'en a pas de façon à conserver leur honneur. Voici donc ce que je considère comme le mot clé de l'oeuvre : l'honneur.
À tous ceux qui accusent le soit-disant manque de détails croustillants, je vous suggère soit de vous louer un film d'action américain, soit de considérer sérieusement les conditions de vie de l'époque pour mieux comprendre l'horreur et la noirceur dans laquelle étaient maintenus les esclaves du bagne.
Pour les autres, j'espère que vous aurez autant profité de la lecture de ce récit que moi, car je dois avouer que le livre a été des plus marquants en ce qui me concerne.

Une oeuvre bouleversante

10 étoiles

Critique de Arkady (, Inscrit le 29 mai 2004, 42 ans) - 31 mai 2004

Alexander Soljenitsyne a écrit sur les goulags, et il sait de quoi il parle, puisqu'il a lui même été déporté par le régime communiste de l'Union Soviétique.

"Une journée d'Ivan Denissovitch", c'est une journée dans un camp de concentration communiste. Une journée de survie, une journée où l'on cherche le moindre plaisir pour oublier la souffrance.

Choukhov, le personnage principal, symbolise à lui tout seul toute l'horreur du régime communiste. Un passage très émouvant décrit le repas des détenus. Choukhov savoure avec délice son ignoble soupe. La vie quotidienne du camp y est minutieusement décrite.
Après avoir lu cette oeuvre bouleversante, on a du mal à se plaindre de notre condition.

"Une journée d'Ivan Denissovitch" est un témoignage sur la barbarie communiste.
C'est aussi Un très grand livre sur la nature humaine, sur l'espoir. Même dans des situations extrêmement pénibles et douloureuses, l'homme s'accroche à la vie.

A travers ce roman Soljenitsyne nous donne une leçon d'humanité.

Est-ce un oubli ?

9 étoiles

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 3 février 2004

Ce livre est un récit presque minute par minute d'une journée dans un camp du Goulag. C'est écrit d'une manière volontairement très simple dans un style dense et rythmé : on suit pas à pas ces prisonniers traqués jour et nuit par les gardiens et par la mort.
C'est un témoignage émouvant, pour moi c'est un sommet du genre.
Il y a un passage que j'ai lu et relu trente six fois ; et à chaque relecture, j'ai ressenti la même émotion sans pouvoir m'expliquer pourquoi. C'est la description du travail en équipe des prisonniers du camp quand ils construisent un mur.
Ce texte est un hommage au travail manuel et au devoir accompli. Mais c'est aussi un hommage au paysan russe au prise avec lui-même, qui lutte pour sauver sa vie et surtout pour sauver sa dignité.
Et ça justement dans un régime dont le but suprême était de détruire l'individu sur l'autel de la collectivité.
Il y a eu sur ce site un forum sur la littérature russe (où est-il passé ? a-t-il disparu ?) où "la journée d'Yvan Denissovitch" n'est même pas mentionné !
On me dira : oui mais Tolstoï, oui mais Dostoïevski, Crime et châtiment, Les frères Karamazov… Oui, d'accord, d'accord, mais n'en déplaise à Saule, après ça, on peut encore lire autre chose ! …Quand-même !

Jules

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 29 janvier 2002

Dostoïevski aussi a fait plusieurs années de bagne en Sibérie et nous en a ramené le "Souvenir de la maison des morts". C'est là aussi qu'il a puisé une bonne partie de ses personnages et leurs psychologies. Il y avait des politiques, comme lui, mais aussi des parricides, des voleurs, des assassins pour divers motifs et ceux qui frappaient le plus: les infanticides ! Il nous décrit toute cette humanité en détail, avec les forts et les faibles et les difficultés personnelles qu'il y a rencontré pour s'inrégrer parmi cette humanité, rien que par le fait qu'il était un "intellectuel".
C'était la version ancienne du "Goulag", perfectionnée par la suite par les soviétiques. Mais il convient de noter que ces camps n'ont jamais eu pour objectif l'extermination, comme certains camps nazis. Les hommes y étaient mis à l'écart de la société, pour des raisons politiques ou criminelles, mais pas pour y être exterminés. Ils mouraient parfois aussi, mais de mauvais traitements, du manque de nourriture, du travail trop dur à fournir (comme poser des pipe-lines à travers la Sibérie, ou des voies de chemins de fer)n mais ce n'était pas le but poursuivi par le pouvoir. Effectivement, ce genre de livre ne peut pas être très drôme, mais qu'est ec qu'il apprend sur l'humanité dans des circonstances plus que particulières !

Témoignage plus que récit...

8 étoiles

Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 29 janvier 2002

Il vaut effectivement mieux aborder Soljenitsyne par un autre livre. Celui ci est en effet plutôt déprimant. Mais il prête à réfléchir , ce qui n'est pas rien.

Mais il ne se passait rien de passionnant au goulag !

10 étoiles

Critique de Stéphanie (Chevreuse, Inscrite le 12 juillet 2001, 53 ans) - 29 janvier 2002

Il ne s'agit pas ici d'un roman mais du quotidien de centaines de milliers de personnes exportées dans les camps soviétiques. Et si rendre "l'histoire" moins fade, c'est donner des descriptions de tortures alors effectivement, Platonov, je comprends que tu n'aies pas été intéressé par ce livre qui n'en contient pas.
L'intérêt de ce livre réside également dans le fait qu'il a non pas été le premier à aborder le sujet du goulag mais le premier a avoir été distribué de façon massive et au niveau international. Il a donc ainsi permis aux autres pays de savoir ce qui se passait dans ce grand empire soviétique, et rien que pour cela, c'est un très grand livre.

Déçu

3 étoiles

Critique de Platonov (Vernon, Inscrit le 7 septembre 2001, 41 ans) - 25 janvier 2002

Je m'attendais à mieux pour ce premier livre de Soljenistsyne que je lisais. Je trouve qu'il ne se passe rien de bien passionnant et n'apprend quasiment rien sur la vie au goulag. Certes la langue est belle, c'est facile - et court- à lire, mais l'histoire en tant que telle est bien fade. Mais bon, c'est juste mon avis; apparamment les autres internautes ont beaucoup aimé ce livre...

Une petite rajoute...

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 26 juillet 2001

Les Jeux Olympiques de 2008 ont été donnés à la plus grande dictature du monde en population. On nous dira que l'espoir est qu'ils vont pousser cette dictature à évoluer... Je n'y crois pas ! Comme pour les Jeux de Moscou, ils vont écarter les opposants et toutes les personnes susceptibles de créer un problème et cela pour la durée des jeux. Ils vont les exiler, les parquer temporairement et créer un véritable cordon sanitaire... Tout ! Mais pas un Tien-An-Men en plein Jeux dans Pékin !... Tout ce que nous aurons gagné c'est que des citoyens vont à nouveau se retrouver parqués dans des "zones", ou vastes camps...

Excellent !...

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 26 juillet 2001

Un très bon livre de Soljénitsyne ! A mettre en rapport avec celui de Dostoïevski "Souvenir de la maison des morts"... Les goulags ne changent que bien peu ! Seuls les dictateurs et les raisons de s'y retrouver évoluent... Quand le pouvoir a peur des hommes, il doit les faire taire, les écarter...

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  Comment écrire la captivité? 72 Smokey 26 octobre 2008 @ 02:49

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